
Rémy Belleau (rue et statue) 
Né à Nogent-le-Rotrou dans un site champêtre, Rémy Belleau 
complète à Paris, vers 1553, une formation dominée par l'amour 
de la poésie grecque. Intelligent sans surcharge d'érudition, il 
était avant tout «un homme qui plaisait». 
Il  rejoint  bientôt  le  groupe  du  Collège  de  Coqueret  (Pierre  de 
Ronsard,  Jean Antoine  de  Baïf,  Joachim  Du  Bellay),  cette  pre-
mière «Brigade» (troupe de jeunes auteurs enthousiastes, bientôt 
grossie d'une foule d'adeptes et d'imitateurs) puis la Pléiade (dans 
la «Brigade», Ronsard se plut à distinguer une «Pléiade») et pu-
blie en 1556 une traduction des Odes d'Anacréon: le succès de ce 
lyrisme léger, blasonneur de «petits» sujets est considérable.  
Bien qu'un peu sèche selon Ronsard, cette translation vient enrichir la «Brigade» d'un nou-
veau style; elle a pour elle la fidélité et l'exactitude qui en firent le succès. Le talent délicat 
et mignard de Belleau s'accommode bien de l'art d'Anacréon. Dans une veine proche, Bel-
leau blasonne encore dans les «Petites Inventions». 
Après avoir penché pour la Réforme, l'auteur se rallie au parti de ses protecteurs, les Guise. 
Précepteur à Paris de Charles de Lorraine, il  résidera jusqu'à sa  mort (1577)  en l'hôtel de 
Guise. 
En 1560, des Amours de Ronsard, paraissent acompagnés d'un commentaire de Belleau, té-
moignage d'une intime complicité poétique. Il fut l'ami sans nuage de Ronsard et l'on sait 
que «Belleau et Ronsard n'étaient qu'un, et que tous deux avaient un même coeur commun». 
Ses poèmes personnels manquaient encore d'originalité et il fallut attendre 1565, où Précep-
teur  chez  l'un  des  Guise,  le  marquis  d'Elbeuf,  au  château  de  Joinville,  où  il  situe  sa 
«Bergerie», chef-d'oeuvre de la poésie pastorale pour que se révélât sa veine, mineure mais 
personnelle. qui insufflent à ce recueil de structure académique un souffle d'air frais et d'au-
thenticité. On y trouve de jolis tableaux de nature et plus d'une fois un sens réaliste de la 
campagne plus plaisant au lecteur d'aujourd'hui que l'allégorie politique qui s'y insère. 
En 1576, paraissent Les Amours  et  Nouveaux  Eschanges des pierres précieuses, vertus et 
propriétés d'icelles. Cette oeuvre, qui utilise la tradition des lapidaires, décrit les propriétés 
des pierres, raconte leur histoire, le mythe de leur origine. 
Belleau est aussi l'auteur d'une comédie, La Reconnue (composée vers 1563 et publiée après 
sa mort en 1578, où, délaissant la grossièreté de la farce médiévale, il s'orienta vers la co-
médie de mœurs. 
Selon certains le moins lyrique des poètes de  la Pléiade, le plus pudique au  dire d'autres, 
Rémy Belleau ne déborde certainement pas d'imagination et il imita plus qu'il ne créa, mais 
il demeure un orfèvre du verbe dont Ronsard écrivit: «Luy mesme a basti son tombeau de-
dans ses pierres précieuses». 
Sa mort survenue en1577, fut l'occasion d'un hommage poétique exceptionnel, rendu par ses 
nombreux amis. Son charme avait  conquis tous  les cœurs  –  y compris celui  de poètes  ri-
vaux, – au point qu'ils éditèrent, cette même année, le reliquat de son œuvre dans le Remigii 
Belloquei poetae Tumulus.