LES
HYM~ES
Or'
je
vois COlllmencer maintenant à vous faire
Un sacrifice neuf qui vous pourra complaire,
Non par sang de taureaux, ou de vaches
encor,
240
Ou
de beufz qui auront le haut des cornes
d'or
Tuez
en hecatombe : ains
je
vous sacrifie
Des ores, à vous tous, mon esprit & ma vie,
Mes Muses & ma
plume,
&
si
jure les eaux 1
244
De
Pimple & de Pegase, & les Tertres jumeaux
De
Parnasse sacré, choses
non
perjurables
A ceux à qui les
Sœurs
se mOllstrent favorables,
Qu'ingrat
je ne seray par
le
temps apperçeu
248
Du bien & de
l'honneur
que de vous j'ay reçeu 2
Et sans me reposer,
par
les terres estranges J
Tousjours
de mieux-en-mieux j'envoiray les loüenges,
Non pas de l'oncle seul, mais de tous les nepveux,
25%
Atlxquelz bit!n
humblement
j'appens icy mes
vœuxo4.
[73]
Car, soit que Lachesis de
coupper
n'ait envie
Pour
vingt ou
pour
trente ans
la
trame de ma vie,
Ou
soit qu'elle & ses
Sœurs
d'une
cruelle main
256
Tranchent
bien tost le
fil
de mon mestier humain
5,
racheveray
tous jours
d'ourdir
en
mll
pensée
De l'oncle & des nepveux l'histoire commencée
6.
FIN.
1.
C.-à-d.:
et ainsi je jure par les eaux (latinisme).
2.
En quoi consista ce
bien?
C'est probablement la cure-baronnie
d'Evaillé, au Maine (cf. L. Froger, Ronsard ecclésiastique, p.
Il
et
Il).
Quant
à
l'honneur,
on peut penser que c'est
le
titre de
.•
poëte du
Roi.,
que
Ronsard obtint en 1554, ou bien la Aeur d'églalltine qui lui fut adjugée
cette même année par les mainteneurs des Jeux floraux
de
Toulouse et
fut suivie
c:n
1 S S 5 du don
d'une
Minerve en argent, peut-être
sur
la
recommandation du cardinal
Odet,
1l10r5
archevêque de Toulouse.
3.
C.-à·d.
: dans les pays étrangers.
4.
C..à-d.:
mes offrandes,
ou
mes tableaux votifs.
i.
Prendre le
mot.
mestier
)j
au seus technique de machine à fat-ri-
querles
tissus.
6. R01lsard oublia sa promesse pendant les gu.:rres de religion,
qUillld
DE
P.
DE RONSARD
HYMNE
DE
LA
PHILOSOPHIE.
[74]
A TRESILLUSTRE
ET
REVERENDISSIME
CARDINAL
DE
CHASTILLON
1
VERS
COMMUNS
2.
Si quelquefois Cleio J m'a decouvert
Son cabinet, à peu de gens
ouvert,
Pour
y choisir un present d'excellence,
Present,
qui
fust la digne recompense
D'avoir servy la
troupe
de ses
Sœurs
Depuis huict ans,
par
cent mille labeurs 4 :
EDITIONS:
Les Hyml/es,
ISH.
-Œuvres
(Hymnes,
livre), 1560 à
1,87
et
Cd.
suiv.
-Réédité à
pan
en 1582 par
J.
Febvrier, avec un
commentaire de Pantaléon
Thevenin.
Titre:
67-7J a;oule,"
Odet
tUl'a,JI Cardinal el suppriment Vers
com-
muns
1 78-87 A Odc:t de Colligny, Cardinal de Chastillon.
1-2.
78-87 Si Calliope autrefois de bon gré (84.87 son gré) M'a des-
couvert (84-87 rait
ouvrir)
son cabinet sacré
6.
;8-87
Depuis vingt ans
il
vit
les trois Chastillons dans le camp des huguenots. Non
seulement
il
ne leur adressa plus aucun
ven,
mais
il
supprima
tout
ou partie de
certaines pièces
qu'il
leur
avait adressées avant 1560. Il
eut
même
un
mot
horrible à l'égard de l'amiral Coligny, assassiné
:i
la Saint-Barthé-
lemy
(dans
l'Hym,.,
des
Estoilles).
1.
Il s'agit encore
d'Odet
de Coligny, cardinal de Chastillon, frère de
l'amiral
(V".
la pièce précédente et la dédic:lce des Hymrus).
2.
Ronsard qualifie ainsi les vers décasyllabiques, par opposition
lUX
vers alexandrins,
qu'il
appelle.
héroïques ».
J.
Pour
cette graphie, calquée
sur
le grec, v. l'ode A
la
Mllse Cltio",
au tome
l,
p. 219. Exceptionnellement
cc:
nom n'est pas francisé ici. -
Dans
la
variante, Calliope remplace Clio comme
la
première des Muses,
la Philosophie
étant
la Science par excellence, ou
plutôt
celle
De qui
tout
autre
emprunte
S:l lumiere
(nrs
20).
4. Cela nous reporte à l'année 1547, Ronsard commença
en
effet
son trav.ail acharné
sur
les livres anciens sous la discipline de Dorat
et
publia sa première ode dans
le
re;ueil dei Œuvres
~oètiqlUs
de
J.
Pele-
lier(v.
le tome
1,
p. 3).
86
LES HYMNES
C'est
maintenant
que
je
doy
de
mon
coffre
8 Le
retirer,
pour
en
faire
un
bel offre
A la
grandeur
d'ODET, à qui ne faut
Rien
presenter,
si le
present
n'est
haut,
De
bonne
estoffe, & de valcu r semblable
Il
A la valc:ur de
sa
V c:rtu loüable :
Aussi ne veux-je offrir à sa
grandeur
Un
don
qui
sc,it de petite valeur :
Mais
un
present
admirable
à
l'Envie
1,
16
Orné
du
loz de la
PHILOSOPHIE,
Laquelle
doit
-entre les
bons
espritz [75]
Sur
tous
les ars
avoir
le
premier
prix,
D'autant
que
c'est la science
premiere
30
De qui
toute
autre
emprunte
sa
lumiere
1.
Elle.
voyant
qu'à
l'homme
e~toit
nyé
D'aller au Ciel, disposte, a delié
Loing,
hors
du
corps,
nostre Ame
emprisonnée,
34
Et
par
esprit aux astres l'a
menée,
Car en dressant de nostre Ame les yeux,
Haute,
s'attache aux merveilles des Cieux,
R.
71'78
un'
belle offre 1 84-87 le"te
primitif
9. 78-87 A
mOIl
OJet,
Prelat a
qui
ne faut
Il.
7,V-87
A la vertu qui le
renJ
admirable'
13'14.
67-87
il tel seigneur
Un
don qui soit (78-87
orné)
de
mediocre
bonneur
16.
78
Comme
present de la Philosophie 1
84-87
L'hymne sacré de
la
Philosophie
.
34.
H-7J
par erreur la menée (i/l.
wiv.
corr.)
1.
C.-À-d. :
dont
le~
Envieux memes reconnaissent l'excellence.
l.
Ronsard entend par
CI
les
arts.
a
la
fois les lettres et les sciences,
comme les Latins par les mots artes
honae,
inlenuae, liheralts. Au
XVI'
siécle
11
philoiophie était considérée comme la synthèse des
con-
naissances. Aussi
va·
t-il passer en revue. parl1li ses domaines, la méta-
physique et
la
démonologie
(par
e\le touche il la théologie), la cos-
mologie,
la
phy~ique,
l'océanographie, la
géo~raphie,
la
législation, la
morale j il Y rattachera
m~me
la
médecine, la poesie,
l'astrologie,
la magie.
DE
P. DE
,RONSARD
Vaguant par
tout,
& sans estre lassée
l8
Tout
l'Univers discourt 1
en
sa pensée,
Et seulle
peut
des astres s'alier
Osant
de
DIEU
la
nature
espier
1.
Elle
congnoist
des Anges les essences,
Jl
Leur
hierarchie
J,
& toutes les puissances
Des
grands
Daimons, & des Herôs, plus bas
Que
les Daimons, le siege & les
estats.,
Et
comme
DIEu, par eux nous
admonneste,
J6
Et
comme
promptz
ilz
portent
la requeste
19-30. 78-87 Et seule osant des Astres s'allier, Veut du grand
Dieu
la nature espier
p.
67-87
La Hierarchie
3 J. 78 Et des Daimons
J J-16.
84-87
)UpprllMt/t
ces
quatre t'trs
tl
raccordent
ainsi
l,
1'c:rs
J:l au
'IIers
17 :
toutes
les puissances
Oe
ces Démons
qui
habitent le lieu
r. C.-a-d. p"rcourt en différents sens (latin discurril). Cf. ci-après
l'hymne
des
VaimOfls,
vers
l5.
3
...
[out
cecy est imité,
vl>ire
tuduit
du livre du
MOllde,
chap.
l,
de
quelque
auteur
que soit
ce
livre.
(note
de
Ricbdet).
C'est
le
traité du
pseudo-Aristote, paraphrasé
p~r
Apulée.
Void
la traduction du
p"s~;Jge
correspondant d'Apulée (prologue, lignes 9 et
suiv.):
Le:s
hommes
réduits à
leur
corps (corport) ne pouvaÏ<:nt pas parcourir le monde et ses
mystères,
et
c'est seulement de
leur
terrestre séjour qu'ils apercevaient
les région! supérieures. M
..
is ayant trouvé dans la philosophie un guide
et
s'étant Imprégnés de ses découvertes, ils oserent voyager en esprit
("ni,"o) à travers les espaces célestes, par ces routes
qu'une
exploration
pé?étrante
et
la
rètlexiol~
se~le
leur
avaient révélées
•.
V encore Ovide:,
Met.,
XV, vers
63
et
SUIV.,
a propos de
Pyth
..
gore, et Boèce,
COI/Sol.
i"
Phi/os.
J. Elle varie
suivant
les religions et b théosophie:.
Le
christi.lllisme
admet trois hiérarchies : l'Assistante, la Dirigeante et la Réalisante,
dont
chacune
comprend trois
chœurs:
la première les Séraphins, les
Chérubins
et
les
Trônes
j la seconde les Dominations, les Principautés
et
les
Puissances:
la troisième les Vertus, les Archanges et les Anges
(d'après saint Denis l'Aréopagite, Hiirarcbie
céleste,
chap.
l).
4. Les
héros.
sont
ici les âmes désincarnées des morts, assimilées
aux
demi-dieux
parce qu'ellcs
tiennent
il la (ois de la nature humaine
et
de la
nature
divine,
tandis
que
les.
daimons sont des divinités qui
participent moins a la
nature
humaine (d'où
leur
rang supérieur). Même
sens dans Habelais, IV, cbap.
26
et
suiv.,
et
ci-aprés, Hymne dt
la
Mort,
vers Joo. Cf. les
Vers
dorts de
Pythagore,
début,
et
le commentaire
d'Hiéroclh
(édition Mario Meunier).
88
LES
HYMNES
De
l'homme
au Ciel,
eux
habitans le lieu
De
l'air, qui est des
hommes
& de
DIEU
Egual-distant
l,
&
comme
tous les songes
40 Se font par eux vrais,
ou
plains de mensonges,
Car elle sçait les bons & les mauvais "
[76]
Leurs qua litez, leur forme, & leurs effectz,
Et
leur
mystere, & ce
qu'on
leur
doit
faire
H
Pour
les facher,
Çlu
bien
pour
leur
complaire
Et
pourquoy
c'est qu'ilz
sont
tant
de3ireux
De la matiere, &
couhards,
&
poureux,
Craignant le
coup
d'une
tranchante
espée
l,
48
Et
par
quel
art
leur
nature
est
trompée
Des
enchanteurs,
qui
les
tiennent
serrez.
Estroitement
dans des anneaux ferrez
4,
41. 78-84
Seule
elle
sçait
46.
78-84
&
couards
&
peureux
41-48.
87
supprime
ClS
buit t'ers
49.
87
Comme
une
voix les
peut
rendre
enserrez
1.
Cf. le
sonnet
de 1 S
53:
Ailés
démons
qui
tenez
de
la
terre
Et
du
haut
ciel
justement
le
milieu
(tome
IV,
p.
H),
et
ci-après
l'hymne
des
Daimons.
2.
C'est
Xénocrate,
disciple
de
Platon,
qui
le
[remier
répartit
les
démons
en
deull classes, les
bons
et
les
mauvais;
c . l'bynllle des
Dai-
"'""S,
201
à 2
JO.
J.
V.
ci·aprés
l'hymne
des Da;/n"ns,
Hl'et
suiv.
4.
Sur
les
anneauli
m:lgiques
des.
enchanteurs
"
v.
le
commentaire
de
Thevenin
dans
l'édition
séparée
d~
IS8:z; cf.
l'hymne
des
Daimons,
40~
et
sui".,
Richelet
rappelle il ce
sujet
l'anneau
de
Gygès
(Lucien),
celui
d'Angélique
(Arioste)
et
celui
de
Charlemagne
qui
le
rendit
amoureux
du
lac
d'Aix-la·Chapelle,
il
fut
jeté
par
l'archevêque
Tur-
pin
"
et
il
ajoute:
Encor
Lucien
observe
au
Navigage
que
ces
anneaux,
oi
oC&X'tVÀ{OI,
avoient
des
vertus
différentes,
selon
le
pouvoir
limité
du
Daimon
enfermé
dedans,
les
uns
de
rendre
invulnérables,
les
autres
capables
de
voler
en
l'air,
les
autres
de
se
rendre
invisibles,
les
autres
d'estre
aimez
de
tous,
et
autres
semblables
effects,
dont
neantmoins
il
se
mocque.
Et
toutefois
sons
la
superstition
des
anciens
ces
:mneaux
se
vendoient,
et
prenoit-on
garde
il les forgerAOus
l'ascendant
heureux
de
quelque
bon
astre.
et
un
meilleur
aspect
de
1.
lune;
y meslalls
quelques
herbes
favorisées
de
leurs
constellations
et
les forgeans
aussi
d'un
metal
DE
P.
DE
RONSARD
Ensorcelez,
ou
par une figure,
SJ
Ou
par le bruit
d'un
magique
murmure,
D'espritz divins se rendans serviteurs
(Tant
ilz
sont
sotz) des
humains
enchanteurs 1
Non
seulement elle
entend
les pratiques
S6
Et les vertus des sept feux erratiques
2,
Mais
d'un
clin
d'œil,
habile, elle
comprend
Tout
à la fois le Ciel, tant soit-il
grand:
Et
comme
on voit la sorciere
importune
60
Tirer
du Ciel par ses charmes la Lune,
Elle, sans plus, la Lune
ou
le Soleil
N'atire à bas par son art nompareil,
Mais
tout
le Ciel fait devaller en terre,
64
Et
sa
grandeur
en
une
sphere enserre
(Miracle
grand)
qui
tant d'astres contrains, [77]
Comme
un
joüet, nous
met
cntre
les mains
J.
Donc, à
bon
droit
cette
PHILOSOPHIE
68
D'un
Jupiter
les menaces
de6e,
Qui,
plein d'orgueil, se vante que les Dieux
Ne le sçauroient à bas tirer des Cieux,
de mes.me.
Ainsi
nostre
Autheur,
auquel
il
n'eschappe
ri~n
de
sçavant,
n'oublie
pas
ces
anneaux
sorciers
qui
se
portoient,
et
que
Pline
appelle
ditilis
Deos
testllre
.•
1.
D'esprits
divins"
qu'ils
estoient
avant
leur
cheute,
ou bien
eu
esgard
a
leur
nature
premiere
" ils se
rendent
nos
serviteurs
"
comme
estant
subjects
aux
passions
ainsi
que
nous.
(note
de
Ricbelet,
qui
ren-
voie il
saint
Augustin,
Cité
de
Die", livre
XII).
2.
Les planètes,
ainsi
appelées
d'un
mot
grec
qui
sj~nifie
astres erranls
et
que
les
latins
ont
traduit
par
erra"Ua sidtra;
ceue
denomination
n'im-
pliq ue pas
que
l(ur
cours
soit
irrégulier
ou
capricieux,
mais
les oppose
simplement
aux
étoiles dites fixes. -
Ronsard
entend
par"
pratiques
et
vertus.
des planètes
leurs
évolutions
et
leurs
influenc~s
propres.
J. Les
philosophe,
se
servaient
d'une
sphère
cèleste
pour
enseigner
l'astronomie
(v.
Lucien,
qui
s'en
moque.
[(arorn;"ippt,
6).
-Le
miracle
grand.
consiste
a
voir
tout
le ciel, il
comprendre
toute
la
science sidérale à
l'aide
de cc
petit
globe;
cf.
Claudien,
Epitr.
XVIII,
[,a
sphaeram Ar·chil/ua;s.
90
LES-
HYMNES
Tirassent ilz
d'une
main conjuree: 1
71
Le
bout
pendant de
la
cheine ferrée,
Et que luy seul, quand
bon
luy semblera,
Tous
de sa cheîne au Ciel les tirera
3.
Mais les effors d'une telle science
76
Tire
les Dieux, &
la
mesme puissance J
De
Jupiter,
&
comme
tous
charmez
Dedans du bois les detient enfermez
4,
Elle premiere a trouvé
l'ouverture
80 Par
long
travail des secretz de Nature,
A sçeu de
quoy
les tonnerres se font,
Pourquoy
la
Lune a
maintenant
le front
Mousse
s,
ou
cornu,
&
pourquoy
toute
ronde
84
Ou
demi-ronde elle apparoist au Monde,
A sçeu
pourquoy
le Soleil perd couleur "
76-78. 71-87 corrigml
Tire
m
Tirent
mais
zanù,,'
le
si"zuli"
detient
ni
sous-nllnuilJ"t
le
suj,t elle
x.
Par
conspiration
eutre
eux.
1.
Ce
mythe
d'une
chaine
de fer, 3 laquelle
Jupiter
tient
le
monde
suspendu,
se
trouve
dans
Homère,
Il.
VIII,
18.et
suiv.
(Ronsard
a
résumé
id
le discours de
Jupiter
aux
autres
dieux).
-
Cette
chaine,
dit
Richelet,
n'est
ricn
autre
chose
que
l'ordre,
la raison et la
suitte
des
Cluses
et
chas.:s cn!':.:s,
qui
dépend
de la puissance
ct
volonté
de
Dieu»;
et
il
renvoie
à
Aristote,
interprète
de cette fiction
d'Homere,
Du mou-
t'el/Ullt
des
animaux,
chap.
4
et
à
saint
Augustil'l, Cité
d,
Ditu,
livre
V.
}.
C.-à-d.
:
1.&
puissance
même,
ou
m~me
la
puissance.
4.
C.-à-d.
: la
philosophie,
comme
si les
dieux
etaient
tous
charmes
par
clle,
les
tient
enfermes
dans
la
sphère
en bois
mentionnée
ci-dessus
(au
vers 64). - A
noter
les verbes tire
et
altient au
singulier,
bien
que
leur
sujet
soit
au
pluriel;
c'est
une
varié te
de
syllepse
(voir
la
variante).
Quant
au
mot
cbarm~,
il
fait
allusion.
aux
charmes
des
sorciers,
qui
pres.:rivent
et
limitent
aux
Daimous
certain
espace de lieu
qu'ils
n'osent
outrepasser.
(Richelet).
S.
La
lune
est
mousse,
c'est-à-dire
émoussee,
entre
le
premier
quar-
tier
et
la
pleine
lune
et
entre
la pleine
lune
et
le
dernier
quartier,
alors
qu'elle
est
entre
ronJe
et
demi·ronde.
6.
Au
moment
de
son
éclipse.
En
réalité le solèil ne
perd
pas sa
couleur;
c'est sa
lumière
seulement
qui
est
obscurcie,
étant
interceptée
par la
lune.
88
100
D~
P.
DE
RONSA~D
Que
c'est qu'i! est,
ou
lumiere
ou
chaleur,
A sçeu
comment
tout
le firmament dance,
Et
comme
DIEU
le guide à la cadance,
91
A sçeu les corps de ce
grand
Univers,
[78]
Qui
vont
dançant de droit,
ou
de travers,
Ceux qui
vont
tost au son de
l'harmonie,
Ceux qui
vont
tard apres leur compagnie
1,
Comme
Saturne aggravé de trop d'ans
Qui
suit le bal à pas mornes & lens
3.
Elle
congnoist
comme
se faict la gresle,
Comme se
faic~
la neige, &
la
niele,
Les
tourbillons,
&, curieuse, sçait
Comme
sous nous le
tremblement
se faiet
J.
Bref, elle sçait les ventz, & les orages,
Et
d'où
s~
font en l'air ces longs images
Qui
nous
troubloient
d'époventementz vains
..
,
Et la premiere asseura les
humains
s,
97.
71
-7]
Ses
tourbillons
(éd. suit,. co,.r.)
101.
~r~-87
Troublaus
nos
cœurs
d'espouvantemens
"ains
r.
Sur
l'harmonie
des
sphères,
v.
Platon,
Rép.,
X
(songe
d'Er
de
Pamphylie);
Cicéron, Rip.,
VI,
Il-l}
(épisode
du
songe
de
Scipion);
Pline,
Hist. nat.,
Il,
J ;
Apulée,
traite
du
Mona,.
Ronsard
en
parle
sou·
vent
(v.
par
e~.
l'Ode
at
la
Paix;au
tome
III,
p. 6,
et
ci-après
l'Hym"t
du Ciel, vers 4')
et
suiv.).
1.
La
planète
Saturne
etait
alors la
plus
lointaine
qui
eût
été
décou-
verte. -
Ronsard
assimile
par
fiction cette
planète
au
dieu
père de
Jupi-
ter.
Or,
si le
dieu
Saturne
est
le
plus
vieux des
dieux,
la
planète
du
même
nom
n'est
pas de
plus
ancienne
creation
que
les
autres,
et
n'a
pas
un
mouvement
moins
rapide;
elle
est
seulement
plus
éloignée
que
les
autres
et
met
par
suite
plus
de
temps
à parfaire sa
révolution
autour
du
soleil. Cf.
Sénèque.
Quaest.
""t.,
VII,
ch.
19,.
."
}. Cf.
Virgile,
Géorz.,
Il,
4ï9
:
Unde
tremor
terns
...
<lJlant a la ",tle,
c'est
un
synonyme
de
brouillarJ
(lat.
nebula):
cf
X,
p.
104
n.
4.
C'est
ce
que
Sénèque
appelle
fJQstorum
i/nQzi"es il";,,,n
(QUlJest.
""t.,
l,
l,
fin), à
savoir
les comètes, h:s
étoiles
filautes et autre$
météores.
S.
C.-à-d.
:
leur
donna
de
l'assurance,
les
rassura
contre
leurs
vaines
terreurs.
C'est
ce
que
fit Lucrèce en
maints
endroits
de
son
poème.
,08
lU
u6
LES HYMNES
Les
guarissant
du mal de l'Ignorance,
Et de vertu
leur
donnant
congnoissance,
Pour
les
apprendre
à congnoistre
lt.
bien,
Fuïr le vice, & ne
douter
de rien
'.
Puis,
tout
ainsi que s'elle avoit les relies
Du filz de Maie à
l'entour
des esselles
3,
Vole
aux Enfers, & recongnoist bas
Ce qui est vray, & ce qui ne l'est pas,
Elle
congnoist
Eaque, & Rhadamante,
Leur
sort,
leur cruche " &
leur
loy violente,
Elle
congnoist
la Roüe, & les Vautours, [79]
Et du Rocher les tours & les retours
.,
Elle congnoist le grand Chien à trois testes,
Et les Fureurs
s,
& les horribles Bestes
104·
78-84 Et des vertus 1 87 Des bauts secrets leur
d"unant
cognois.
sance
106.
87 Les asseurer & ne douter de rien
lU.
67,84
Le
Sort.
la
Cruche,
lie
la(84
leur)
Loy
violente 1
BI.
Leur
sort, leur urne (texte
fantaisie)
III
-12
S.
87 supprime
ces
qui,,:{e vers,
les
rempkue par
CI
distique:
Pour
ddivrer
de frayeur et de crainte, Nos cœurs gennez
d'une
frivole feinte,
et
rtl('CQrtl,
ai"si
nt,"
le
tiers
u6
: Puis de la
bas
revolant
lCy
haut
Pleine
d'ardeur,
saDsqui l'art rien ne
vaut
1.
Cf. Aristote, Météorts, livre
l,
et
Ciceron, Tuseul., livres
Il
et V. _
Cette revue des question< qui sont du domaine de
la
philosophie a
semblé à Richelet imitée de Claudien, Pa"il'''''
Mallius,
100
a
lU:
'"
dementa
doces, semperque fluentis
Materiae causas, quae vis alllmaverit astra,
Impuleritque choros, quo vivat machina motu
Sidera
cur
septem retro
nitantur
in
ortus
Obluctata polo, etc.
2,
Mercure, fils de Maia
et
de Jupiter. Cette périphrase vient d'Horace,
Car",.,
1,2,
4i,
J,
C.-i·d.
: leur tirage des
noms
au sort,
et
l'urne
qui sert
pour
ce
tirage. Encore
un
souvenir d'Horace,
Car",.,
Il,
3,
fin, et III,
l,
'5-
16
Cf.
le
tome Il de
la
présente
édition,
p.
u8
et
'97,
Allusion aux supplices
d'Ixion,
de
Tityos
et
de
Sisyrhe.
S,
Le
chien
,Cerbère et les Furies.
120
1211
IJ2
q6
DE
P.
DE
RONSARD
Qui
font leur giste au portal de
Pluton:
Elle
congnoist
Cocyte, & Phlegeton,
Styx, &
Charon,
&.
des Ames prisées
Les beaux sejours aux plaines Elysées,
Et
les plaisirs, & les tourmentz souffers
Que
gravement
les Juges des Enfers
Dedans leur chaire
ordonnent
sans envie
A ceux, jadis qui furent bons de vie,
Ou
entachez de vicieux dcfaut
J.
Puis, de bas revolant icy haut,
Vient mesurer les grands mers fluctueuses,
Baille des
noms
aux troupes monstrueuses
Du vieil Prothée
2,
& par mille façons
Le naturel recongnoist des poi,ssons,
93
Des beaux Dauphins, des
Thyns
J & des Murenes,
Et de tous ceux qui par les eaux
Tyrrenes,
Et par l'Egée en grands escadrons
vont,
Des Hotz salés sondant le plus profond.
Elle congnoist les
Tritons
& Neptune,
Et pourquoy c'est que l'inconstante Lune
Regist
la
mer:
elle sçait les saisons [80]
131.
84
Des
Thons,
Dauphins, Haleines & Murenes
1 J
J,
84 en
~randes
troupes
vont
.
13
78 les
fritons
de Neptune 1 84 &
Tnton
~
~eptune
J
ll-
1 tB.
87
supprime
çes
h'lit
'LUS
et
raccorde
alI/SI
avec
le
tiers
1
J~
:
Elle cognoist ces baleines qui ventent, Et pourquoy c'est
que
la mer Ils
tourmentent
1.
Cf. Virgile, En., VI,
l7J
à
no,
417
et
s~iv.
(description de
l'entree des Enfers,
du
Tartare et des Champs Elyseens).
2.
Protée, dieu marin, ch'lfgé
de
garder les troupeaux monstrueUI de
Neptune
et
d'Amphitrite.
Il
avait
le
don de
proph~liser
et
de changer
de forme à volonte quand on l'interrogeait
sur
l'avenir. Cf. Homère,
Od.
'IV,
l84
et
suiv.;
Virgile. Georg., IV, l87 et suiv,
J. C.-à·d. des Ihons, comme l'indique la variante.
La
forme
cc
thyns.
vient
du
grec
6vV\lo;;
on la trouve encore ci-après, dans
l'hymne
des
Dnimons, vers 274.
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