Mais, l'Europe à peine sortie du Moyen Âge voit s'affronter deux conceptions : la
première fondée sur la doctrine de l'équilibre européen postule qu'aucun État ne devrait
détenir une puissance telle qu'il imposerait sa domination aux autres ; la seconde vise au
contraire au non d'une volonté « messianique » à regrouper tous les pays européens sous une
autorité unique, l’Empire universel. Ainsi, la nostalgie d'une unité perdue sous Rome va
animer les ambitions de Charles Quint, souverain du Saint Empire Romain Germanique
(1500-1558), qui sera la cause d’incessants conflits à l'Est contre l'Empire Ottoman et à
l'Ouest contre le Royaume de France.
Avec ses héritiers Philippe II d’Espagne et Ferdinand II d’Autriche (1578-1637) ce
sont les prétentions des Habsbourgs de réunifier l'Europe sous la bannière du catholicisme qui
se heurtera à la Réforme. Née d’une querelle religieuse opposant des Princes allemands
protestants à l’Empereur, la Guerre de Trente ans (1618-1648) vit s’affronter sur le territoire
allemand les impériaux et leurs alliés (Bavière, Espagne) aux partisans de la Réforme
soutenue par la France et la Suède, soucieuses toutes deux d’empêcher une hégémonie de
l’Empire. La Paix de Westphalie qui met fin au conflit fut l'occasion de la première
conférence diplomatique européenne qui a consacré la théorie de l'équilibre européen.
Napoléon 1er reprendra à son compte le flambeau d’une Europe impériale mais devra
s’incliner lui aussi face à une coalition des nations à Leipzig (1813)
et à Waterloo (1815).
Les précurseurs
Bien avant la deuxième Guerre mondiale, l’abbé de Saint-Pierre, Emmanuel Kant,
Jean-Jacques Rousseau, Saint Simon ou Proudhon prônaient déjà l’avènement d’une Europe
pacifiée et fédérée. Leurs réflexions visionnaires furent jugées utopiques dans une Europe
engagée dans d’incessantes rivalités de puissances. On mentionnera notamment :
. A la Renaissance, le Tractus rédigé en 1464 par le roi de Bohême Podiebrad répondait au
souci de rassembler les peuples de la chrétienté face à l’Empire ottoman conquérant dans un
pacte prévoyant une juridiction et un Parlement des Etats ;
. Le Projet politique du duc de Sully, ministre d’Henri IV publié seulement en 1788 contenant
une correspondance avec la reine d’Angleterre Elisabeth 1er ;
. L’Essai du Quaker William Penn intitulé Present and Future Peace of Europe (1693);
. L’abbé de Saint Pierre, plénipotentiaire français aux conférences qui adopteront le Traité
d’Utrecht (1713-1715) mettant fin à la guerre de Succession d’Espagne a proposé un Projet
pour rendre la paix perpétuelle en Europe (1713) et un Projet pour rendre la paix perpétuelle
entre souverains chrétiens (1717) ;
. Jean-Jacques Rousseau dans son Jugement sur la Paix perpétuelle est favorable à une
fédération ou une confédération ;
Cette bataille est plus connue sous l’appellation de « bataille des nations ».