Vie musulmane en Suisse, Profils identitaires, demandes et perce

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Vie musulmane en Suisse,
Profils identitaires, demandes et perceptions des musulmans en Suisse,
Rapport réalisé par le Groupe de Recherche sur l’Islam en Suisse (GRIS), publié en 2005 par
la Commission fédérale des étrangers (CFE) :
Synthèse sur la base d’extraits du rapport
Postulat
La cohésion sociale dans notre pays ne peut être garantie que si toutes les couches de la
population suisse trouvent leur place dans notre société.
Rappel historique sur les mouvement migratoires
Le premier mouvement migratoire s’est déroulé à la fin des années 60. La Suisse ayant un
urgent besoin de main-d’œuvre, va assister à l’arrivée des premiers immigrés de religion
musulmane répondant aux exigences de son économie. Les ressortissants turcs et
yougoslaves. L’immigration est essentiellement composée d’hommes qui ne pensent pas à
s’installer.
Dans la 2ème partie des années 70, la Suisse autorise le regroupement familial. Les femmes et
les enfants s’installent. Les musulmans en Suisse se sédentarisent,
Le 3ème mouvement migratoire s’explique par des raisons politiques, avec les exilés de l’ex
Yougoslavie, Afrique du Nord et subsaharienne, résultat de guerres civiles, dictatures et autres
famines. 90% des musulmans en Suisse sont originaires des pays européens. La moitié de la
population musulmane en Suisse à moins de 25 ans.
La Suisse compte environ 150 associations musulmanes et 130 centres culturels et lieux de
prière (26 d’origine arabe, 49 albanais, 21 bosniaques, 31 turcs).
Une étude, basée sur 30 entretiens collectés auprès de musulmans vivant en Suisse, apporte
quelques éclairages.
Demandes
Il existe des profils identitaires forts différents parmi tous les musulmans.
Une grande partie des musulmans interrogés :
o ne se reconnaît pas dans les demandes et prises de position des leaders associatifs ou
religieux s’exprimant en leur nom, et la ressentent comme une menace pour leur
propre intégration et pour l’image donnée à la culture musulmane.
o considèrent possible et facile de pratiquer l’islam en Suisse. La laïcité pragmatique en
Suisse, facilite la pratique des religions, permet des accommodations ponctuelles aux
demandes des musulmans.
o préconisent de faciliter l’apprentissage de la langue.
La totalité des personnes interrogées se dit contraire à des pratiques telles que l’excision, la
punition corporelle à l’égard des femmes, le mariage des enfants ou la polygamie.
Le point sur les enjeux les plus médiatisés
o Le port du foulard islamique : les autorités cantonales acceptent le port du foulard de
la part des écolières et des étudiants, mais, en vertu du principe de laïcité, elles
n’autorisent pas la manifestation de signes d’appartenance religieuse de la part des
agents de l’Etat.
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o Les cimetières confessionnels : les autorités de plusieurs villes (Neuchâtel, Zurich,
Genève, Bâle, Berne,….) ont modifié ou modifient les lois ou règlements concernant
les cimetières pour les adapter aux demandes des musulmans.
o Produire de la viande halal obtenue par saignée du bétail : une procédure de
consultation étudie la modification de la loi suisse sur la protection des animaux, qui
interdit toute forme d’abattage sans étourdissement préalable de l’animal.
o L’enseignement religieux dans le cadre des écoles publiques : des parents musulmans
ont demandé la possibilité pour leur enfant de bénéficier d’un enseignement religieux
de l’islam au même titre que d’autres confessions.
o Un autre aspect lié à l’éducation concerne le traitement des écolières de religion
musulmane par rapport au port du voile et à la non-mixité (notamment dans le cadre
des cours d’éducation physique)
o Se pose la question de la création d’écoles coraniques, avec les implications qui en
découlent comme les autorisations et les subventions publiques.
o Se pose la question de la reconnaissance des associations musulmanes en tant
qu’associations d’utilité publique
Citoyenneté
L’hostilité face à l’inclusion de l’Autre est potentiellement plus forte si ce dernier affirme la
volonté de maintenir ses propres différences culturelles et, qui plus est, de les voir admises et
respectées.
Or, les demandes visent une adaptation et une interprétation des lois suisses afin de trouver
des accommodations raisonnables, de trouver un terrain d’entente pour réaliser une
intégration positive.
Contrairement à d’autres pays européens, des enjeux tels que la participation et la
représentation politique des musulmans ou des discriminations sociales ou économiques sont
généralement peu thématisées par les leaders des associations musulmanes en Suisse.
La citoyenneté est vue comme le signe de l’aboutissement du processus d’intégration. Ce sont
les études, la connaissance et l’instruction qui sont avancées comme étant des facteurs
nécessaires à l’intégration. Une partie non négligeable des musulmans interrogés est contraire
à la proposition d’attribuer automatiquement les droits politiques aux étrangers. Cependant,
un lien est souvent établi entre absence de droit de vote et faible implication dans la vie
politique.
On sait, plusieurs recherches l’ont montré, que la participation politique requiert un certain
nombre de conditions préalables, telles qu’une bonne estime de soi et un sentiment
d’efficacité politique (penser que la participation peut avoir un effet concret sur les décisions).
Ces facteurs sont largement influencés par le regard des autres, la manière dont les membres
de la culture majoritaire réagissent à la participation des membres des minorités.
La majorité silencieuse des musulmans a une vision apolitique de la citoyenneté, ce qui
permet de nuancer l’idée répandue dans l’opinion publique selon laquelle les musulmans se
mobilisent et se politisent en Suisse.
Discrimination
Si l’aversion pour la plainte et la culture du respect pour celui qui reçoit et accueille peut
expliquer des propos relativement acritiques du modèle d’intégration en Suisse, plusieurs
témoignages font état de phénomènes de discrimination à l’égard des musulmans.
« le regard des autres, les préjugés » « l’exclusion, c’est ce qui nous fait le plus mal, c’est
refuser le travail à un musulman, exclure ou mal se comporter avec un jeune à l’école »
« lorsqu’on s’arrête sur un passage pour les piétons pour laisser passer le piéton, lorsqu’il
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s’adresse à vous pour vous dire merci et qu’il voit que vous avez une tête basanée, il tourne la
tête comme si vous n’existiez pas »
« Il y a ce fascisme flagrant dans la rue : le fait d’insulter une musulmane, de lui cracher
dessus, de lui enlever son foulard, et ainsi de suite, c’est courant. »
« Avant le 11 septembre, on n’avait pas le courage de montrer son comportement raciste.
Depuis le 11 septembre, les gens se méfient de nous »
Les médias sont souvent perçus comme étant des vecteurs de propagation et de reproduction
d’images négatives à l’égard des musulmans et de l’islam.
La méfiance ressentie pousse parfois les musulmans à une plus grande adéquation aux normes
et aux coutumes suisses, ou à une demande de plus grande compréhension et connaissance des
musulmans de la part des non musulmans.
« Si je devais enlever le foulard et renier ma religion, je ne trouverai pas cela juste ».
Un thème récurrent du débat est celui de la tension entre intégration, assimilation et respect de
la différence.
Le rapport conclut sur 3 pistes :
1. l’octroi par l’Etat d’un statut de droit public à l’islam au même titre que les religions
catholiques et protestantes
2. l’organisation entre communautés islamiques pour se parler entre elles et proposer un
interlocuteur à l’Etat, représentatif des musulmans de Suisse
3. se donner les moyens de former les imams officiant en Suisse pour qu’ils soient des
courroies de transmission entre le monde musulman et le monde non musulman,
facilitant l’intégration.
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