Décolonisation et politique intérieure française

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Décolonisation et politique intérieure française.
I / Les partis politiques à l’épreuve du processus de décolonisation.
A / Les affrontements entre les partis.
Ramadier, Mollet, Mendès-France, Letourneau, Coste-Floret, Poujade.
B / La décolonisation, facteur de division au sein même des partis.
Daniel Mayer, Jules Moch, Alain Savary, Mendès-France, René Mayer.
II / L’érosion des institutions de la IVe République en raison des crises successives de
décolonisation.
A / La diminution du rôle effectif du Parlement.
B / L’instabilité ministérielle et la paralysie des gouvernements.
Mollet, Bourgès-Maunoury.
III / La crise algérienne : la mise en jeu du régime politique français.
A / La question algérienne et la menace de guerre civile en France.
B / Le renversement de la IVe République et l’élaboration de la Ve République.
C / De Gaulle et les réactions face à sa reprise en main des questions coloniales.
Bibliographie :
JULLIARD J., La IVe République : 1947-1958, 1981, Paris, Calmann-Levy, 351p.
CHAPSAL J., La vie politique sous la Ve République, 1984, Paris, PUF, 900p.
RIOUX JP. (dir.), La guerre d’Algérie et les Français, 2001, Paris, Fayard, 700p.
LEVEQUE P., Histoire des forces politiques en France, Tome 3 : 1940 à nos jours, 1997,
Paris, Armand Colin, 511p.
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Décolonisation et politique intérieure française.
Intro : La décolonisation correspond sur le plan intérieur à une période d’instabilité et de
confusion politique, dominée par les affrontements et les rivalités entre partis, ainsi que par la
formation de coalitions éphémères.
PB : Quel est le rôle du processus de décolonisation dans l’instabilité de la 4e République ?
Quelles ont été les répercussions du processus de décolonisation sur la vie politique intérieure
française ?
I / Les partis politiques à l’épreuve du processus de décolonisation.
Dans un climat d’incessantes luttes partisanes, les crises coloniales ne pouvaient manquer de
fournir aux uns et aux autres un certain nombre de thèmes polémiques facilement exploitables
et d’une indiscutable puissance mobilisatrice.
Il est nécessaire de voir rapidement l’évolution des positions des différents partis face au
processus de décolonisation.
A / Affrontements entre les partis durant processus de décolonisation.
PCF : Seul parti à se déclarer ouvertement anticolonialiste. Encore faut-il distinguer 2
périodes ou le PC pris une position inverse.
La première période se situe, avt 1947, c’est-à-dire avant l’exclusion ministres communistes
du gvt Ramadier. La décolonisation n’est pas alors sa priorité.
2e période se situe entre les années 1955 et 1956. Les députés communistes votèrent le 12
mars 1956 les pouvoirs spéciaux au gvt Mollet dans espoir que cela favorise une union de
toute la gauche, suite à la formation du Front Républicain en janvier 1956
Mais dès juin 1956, les communistes restant coupé du gvt, retrouve leur position anticoloniale.
SFIO : Théorie politique traditionnelle de la SFIO veut la disparition de toute trace
d’oppression coloniale.
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Mais jusqu’en 1951-1952, SFIO ne réagit pas face à répression à Madacasgar ou guerre en
Indochine.
Puis on note une phase anticoloniale, notamment en ce qui concerne Indochine ou le Maghreb.
Ainsi, SFIO forme le Front Républicain avec les Radicaux de PMF, une fraction des
Républicains gaullistes sur le thème de la fin de la guerre Algérie.
Mais une fois élu, Mollet amplifier la répression en Algérie.
Cette attitude peut s’expliquer par le fait qu’une fois au pouvoir 1 coalition est contrainte de
rassembler des courants contradictoires qui se paralysaient mutuellement.
Radicaux : Parti divisé entre un courant colonialiste et un autre qu’on appelle mendésiste, du
fait de la position de PMF sur les questions coloniales. Ce dernier entendait maîtriser le
processus de décolonisation. Ainsi, il met fin à la guerre d’Indochine, prépare l’autonomie
tunisienne (31 juillet 1954), et des réformes en ce qui concerne Algérie.
MRP : Courant démocrate-chrétien est profondément colonialiste, jusque 1954 pratiquement
le monopole des affaires concernant UF : Letourneau et Coste-Floret, m chargés des relations
avec les Etats associés. Pour beaucoup, le MRP a une grande part de resp dans l’évolution de
la situation indochinoise.
Droite libérale et conservatrice : dans l’ensemble une prise de position coloniale notamment
parce que la majeure partie de son électorat était constitué de représentants des grands intérêts
éco et financier en Indochine et Maghreb.
D’1 manière générale, une majorité de la droite (not CNIP, centre national des indépendants
et des paysans) était partisane de la fermeté. (Une partie d’entre eux évoluent vers des positions
extrémistes : Duchet est un des 4 principaux leaders de Union pour salut et renouveau de Algérie française,
avril 1956. Veut une intégration complète à la métropole.)
Montée extrême droite : le problème de la décolonisation allait provoquer une flambée du
nationalisme.
La guerre d’Indochine, mais plus encore la crise algérienne créer un terrain fav à renaissance
d’1 ex-Droite nationaliste, qui va du traditionalisme au néofascisme.
On peut citer l’UDCA de Poujade (union de défense des commerçants et artisans) qui prend
une importance grandissante. Ainsi, en janvier 1956, il obtient 11% voix, soit plus que MRP.
De manière générale, l’Algérie française devient le cri de ralliement de l’ex-droite durant
cette période.
B / Division au sein même des partis.
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Le débat colonial ne se limitait pas au sein des Assemblées, il avait également lieu au sein
même des partis politiques.
SFIO : L’exemple le plus frappant est peut être celui de la SFIO qui à la suite des oppositions
sur les questions coloniales de divisa en deux groupes.
Les premières traces d’opposition se firent par rapport à la politique gvt Mollet au début
année 1957. Va s’amplifier avec des hommes comme : Daniel Mayer, Jules Moch, Alain
Savary… Envisage même une scission.
Parenthèse avec 13 mai : réflexe unanime de défense républicaine.
Mais division (automne 1958) quand même PSU qui devient par la suite le PSA contre G
Algérie.
Radicaux : De même, il y eut de nombreux débats au sein du courant radical qui aboutirent à
la formation d’1 groupe radical mendésiste.
La chute du gvt PMF, le 5 février 1955, est la preuve de cette opposition. La droite coloniale
vota contre Mendès-France. Mais ce fut au sein de son propre parti que Mendès-France
trouva ses pires adversaires, dont René Mayer.
Ainsi, 24 parlementaires radicaux sur 74 votèrent pour renversement du gvt.
Transition : On constate donc l’impuissance des partis de la métropole à prendre en compte la
nouveauté historique du phénomène de décolonisation. Aucun d’entre eux sauf PC, déterminé
mais isolé, n’est ouvertement anticolonialiste.
La division entre partis ne facilita pas la mise en place d’1 majorité ministérielle. Ce qui va
jouer à long terme sur la stabilité des institutions de la 4e République.
II / L’érosion des institutions de la IVe République en raison des crises successives de
décolonisation.
S’il est erroné d’imputer aux guerres de décolonisation tous les dysfonctionnements
institutionnels de la 4e République. Il faut reconnaître que la décolonisation a joué un rôle
important dans le dvpt de 2 phénomènes parallèles : à savoir la détérioration du
fonctionnement du PLT et l’instabilité croissante du gvt.
Décolonisation a donc joué un rôle décisif dans l’échec des institutions de la 4e Republique.
A / Le Parlement.
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Les questions coloniales ont contribué à réduire le rôle effectif du Parlement dans la conduite
des affaires du pays. Ainsi, les grandes décisions ne furent plus qu’entérinées par le Parlement.
Par exemple, les dépenses de la guerre Indochine payées par des crédits ouverts par décret
approuvés d’avance. La conduite des opérations militaires échappait donc totalement au
contrôle préalable de l’Assemblée nationale.
Ce qui constituait en fait un renoncement de l’Ass à exercer une de ses prérogatives
essentielles.
De même, le PLT renonça à plusieurs reprises à sa vocation naturelle à légiférer. Ainsi, la loi
d’état d’urgence votée le 3 avril 1955 et celle sur les pouvoirs spéciaux, le 16 mars 1955,
laissaient au gouvernement et aux représentants en Algérie l’initiative pour le maintien de
l’ordre, ainsi que dans les domaines éco et sociaux.
Transition : On constate donc des renoncements successifs du PLT au profit du gvt. Pourtant
le problème de l’instabilité ministérielle, résultant notamment du jeu des partis, empêchait
celui-ci de suivre une réelle politique de décolonisation.
B / L’instabilité ministérielle.
aucun gvt n’arriva pas à définir une politique sur long terme. Cela était notamment du au fait
que les gvt n’avaient pas la maîtrise du suivi de leur politique, en raison de l’instabilité
ministérielle.
Les guerres coloniales ont joué le rôle de catalyseur. Ainsi, il y a peu de crises ministérielles
ou la décolonisation n’a pas joué de rôle décisif.
On peut ainsi étudier les répercussions directes de la guerre Algérie sur la formation et la
démission des cabinets :
_ la question algérienne a eu une influence directe sur échec de plusieurs procédures
investiture :
- Ainsi, l’investiture fut refusé à Mollet, 28 oct 1957, en raison des perspectives de cessezle-feu.
_ La question algérienne a eu également une influence sur la chute de nombreux cabinets :
- Le gouvernement Bourgès-Maunoury tomba le 25 sept 1957, à cause d’un projet de loicadre. La droite craignant que la mise en place d’1 collège électoral unique étouffe la
minorité européenne en Algérie.
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Ainsi, perpétuellement menacé de révocation, privé de toute perspective de survie, exécutif
était totalement paralysé. Les gvt s’efforçaient de concilier des intérêts incompatibles et on
aboutissait ainsi à un parfait immobilisme.
Transition : La plupart des crises coloniales furent donc aggravé par le jeu des institutions de
la 4e République. Certains évoquèrent alors la nécessité de réformer le régime.
Ce fut la guerre d’Algérie qui joua le rôle de catalyseur et accélérateur du changement de
régime en France.
III / La crise algérienne : la mise en jeu du régime politique français.
On a souvent dit que la 4e Rep était morte de la guerre d’Algérie : cela est vrai mais il faut
s’entendre sur le sens de la formule. En effet, ce n’est pas en Algérie mais en France que se
jouèrent les batailles décisives de la guerre coloniale.
A / La question algérienne menace la France de guerre civile.
En 1956, le gvt Mollet, qui tenu 17 mois, pu donner un temps l’impression d’une stabilité
retrouvée.
A la chute du gvt, 28 mai 1957, on prit conscience de l’ampleur de la crise politique et
institutionnelle. Cela se matérialisa notamment par 1 vacance du pouvoir de 4 mois au début
de l’année 1958. (Après chute gvt Gaillard, le 8 février 1958, il fallut attendre le mois de mai pour que
Ass discute de investiture d’1 nouveau gvt, le gvt Pflimlin.)
Pendant ce temps le mécontentement augmente en Algérie. Et on aboutit le 13 mai 1958 à la
mise en place d’1 Comité Salut Public à Alger constituait de militaires (gal Massu),
d’Européens rattachés à ex-droite, et de qq gaullistes. Le but essentiel était de former un
gouvernement décidé à défendre l’Algérie française.
France était alors menacé de guerre civile.
La France cherchait alors un homme providentiel pour sauver la République française. Ce fut
DG qui utilisa ces événements comme moyens de pressions pour revenir au pouvoir de
manière légale.
B / Le renversement de la IVe République et l’élaboration de la Ve République.
Les partis sont en effet divisés par rapport à arrivée du pouvoir de DG.
Ainsi le 1er juin lors du débat investiture, 329 parlementaires votèrent pour le gouvernement
DG, et 224 contre, c’est-à-dire les communistes, une grosse moitié des socialistes, qq
mendésistes et qq radicaux.
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PLt donna au gvt les pouvoirs spéciaux en Algérie, ainsi que le pouvoir de réforme de la
constit.
En effet, pour DG il fallait d’abord réformer Etat. C’est cela seul qui devait permettre de
résoudre la question algérienne.
La 5e Rep est mise en place par le referendum du 28 sept 1958 : 79,25% de oui.
C / De Gaulle et les réactions face à sa reprise en main des questions coloniales.
En France, les questions coloniales restent au centre des débats. On assiste au renforcement de
2 courants extrêmes : un, fidèle à une République unitaire, et hostile à un véritable
fédéralisme ; l’autre prêt à tout céder.
_ Le principal fait reste la montée du nationalisme d’ex-droite qui continu à réclamer
l’Algérie française. Or la politique de DG se dirigeait vers 1 Algérie avec la France.
En réaction les formations d’Ultras se multiplient, ex : FNAF de Le Pen (Front national pour
Algérie française). De même en 1961 est créer l’OAS.
Ces organisations rêvent d’1 second 13 mai. Ce sera, en avril 1961, le putsch des généraux qui
constituait un véritable coup d’état.
Mais à ce moment là toutes les forces politiques de la métropole réagissent contre le putsch, à
exception du Centre national des indépendants et des paysans. (droite conservatrice)
Cette défaite porta un coup sévère à ex-droite en France.
_ A la fin des années 1950, de nombreux partis comme le MRP ou la SFIO suivirent DG dans
ses efforts de décolonisation.
En effet, avec la 5e Rep, le processus de décolonisation s’accentue : après Algérie, ce sera
l’Afrique noire et madagascar. 1958, DG déclare : « les colonies c’est fini », puis en 1960 « il
n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités ».
En 1960, la majorité parlementaire approuve DG en matière de décolonisation. La plupart des
parlementaires se rendirent à l’évidence la France ne pouvait plus empêcher l’émancipation et
la liberté des peuples colonisés.
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Conclusion :
Pas plus que la France du 19e siècle n’avait eu de doctrine coloniale, celle du début des 50’s
n’eut de doctrine de décolonisation. Les pouvoirs responsables furent pris de court par une
décolonisation tournante : Indochine, Maghreb…
Les passions mises en cause par le débat colonial ont donc eu de réelles conséquences. En
effet, développées dans le cadre d’un régime aux assisses mal établies, liées à toutes les
compétition pour le pouvoir et à toutes les tensions d’une situation très généralement
conflictuelle, elles se sont trouvées par la même amplifiées et exacerbées.
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