Dysphasie : Retard important du langage chez l`enfant

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PE2 – Groupe 6
Sarah BAUDET et Isabelle URBANIK
L’ENFANT DYSPHASIQUE
De
Christophe-Loïc GERARD
Jean-Charles RAFONI
Année 2006 - 2007
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION
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I. LA DYSPHASIE
4
A) Vers une définition
4
B) Les syndromes dysphasiques
5
1-Un syndrome de type phonologique – syntaxique
2-Trouble de la production phonologique
3-Dysphasie réceptive
4-Dysphasie mnésique
5-Dysphasie sémantique-pragmatique
C) Comment repérer les difficultés langagières chez un enfant dysphasique ? 6
D) Examen de l’enfant dysphasique
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II. LES AIDES APPORTEES
7
La rééducation orthophonique
7
A) Intégration de l’enfant dysphasique en milieu scolaire
8
III.
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CONCLUSION ET PERSPECTIVES
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INTRODUCTION
Cet ouvrage « L’enfant dysphasique » a été écrit par Christophe Loïc-Gérard et publié
le 1er décembre 1993.
Christophe-Loïc Gérard est un neuropédiatre. Il travaille depuis quelques années avec une
équipe de cliniciens et de thérapeutes à l’hôpital Robert Debré à l’analyse et au traitement des
troubles de développement de l’enfant. Il enseigne la pathologie du langage à la faculté de
médecine Pitié-Salpêtrière.
L’exposé que nous allons vous présenter a été structuré en deux parties. Dans une
première partie, nous vous exposerons la nature du problème posé par la définition de la
dysphasie, puis nous évoquerons les classifications des syndromes dysphasiques. Nous
finirons cette première partie en vous parlant de l’examen clinique de l’enfant dysphasique,
comment favoriser le dépistage précoce d’enfants potentiellement atteints d’un trouble du
langage oral et écrit et ce dès la maternelle.
Dans une seconde partie, nous évoquerons les aides apportées à un enfant dysphasique
(rééducation orthophonique), son intégration en milieu scolaire. Nous conclurons en
élargissant notre exposé sur les perspectives d’avenir des adolescents et adultes dysphasiques.
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I) LA DYSPHASIE
A) VERS UNE DEFINITION DE LA DYSPHASIE
Si on se réfère à la définition donnée par Christophe-Loïc GERARD , « la dysphasie
se définit par l’existence d’un déficit durable des performances verbales, significatif en regard
des normes établies pour l’âge ». Il explique que la dysphasie est un trouble spécifique de
l’apprentissage et du développement du langage oral. L’enfant dysphasique ne développe pas
son langage de façon normale.
L’auteur met en évidence que cette pathologie est assez méconnue mais fréquente car
le phénomène dysphasique touche au moins 1% des enfants en âge d’être scolarisés. Il
souligne que les enfants dysphasiques ne sont atteints d’aucun retard intellectuel, d’aucun
déficit sensoriel, ni d’autisme, ni de troubles du comportement même si ces enfants peuvent
paraître agités, peu attentifs et parfois agressifs, révélateur d’un certain mal-être. Ils ne
souffrent pas de déficit auditif, ni de malformation des organes phonatoires. La dysphasie
n’est pas liée non plus à une lésion cérébrale et ni à une forme de dyslexie. Beaucoup
d'enfants catalogués "dyslexie grave" sont en fait dysphasiques.
La dysphasie touche des enfants sans histoire médicale particulière. Néanmoins, ces
enfants cherchent à communiquer avec les autres, recherchent le contact à l’inverse des
enfants autistes. Christophe Loïc Gérard rappelle que les garçons sont plus touchés que les
filles. Cette pathologie peut s’avérer plus ou moins sévère et revêtir différentes formes où
l’enfant utilise des paroles indistinctes, présente des troubles de syntaxe, a un discours plus ou
moins construit, s’exprime avec des mots-isolés, a une compréhension partielle du langage
oral (…).

4
(Ed. De Boeck Paris, "L'enfant dysphasique", Ch.-L. Gérard, p. 12.)
B) LES SYNDROMES DYSPHASIQUES
Les études menées mettent en évidence qu’il existe plusieurs dysphasies. L’auteur
distingue cinq classifications de syndromes dysphasiques  :
1. Un syndrome de type phonologique-syntaxique
L’enfant présente un trouble phonologique. Parfois, la formulation d’un son est
incorrecte en situation dirigée, mais est correcte en situation spontanée. Il présente des
troubles praxiques oro-faciaux, caractérisés par des difficultés à produire des sons verbaux. Il
s’exprime parfois en utilisant un style télégraphique. L’enfant utilise un vocabulaire restreint
lié au déficit de développement du langage oral. Il peut parfois pallier ce déficit par la
mimique gestuelle ou faciale.
2.
Trouble de la production phonologique : trouble au niveau du contrôle
phonologique
L’enfant présente essentiellement des difficultés expressives. Les productions sont de
type dyssyntaxique. Il a une bonne compréhension verbale, son langage est informatif. Il a du
mal à faire des enchaînements de phrases et peut présenter des troubles associés. L’enfant
peut rencontrer des difficultés graphiques.
3. Dysphasie réceptive
La dysphasie réceptive est plus rare et aussi plus grave. Les difficultés de l’enfant
résident essentiellement au niveau du décodage. Il a du mal à différencier certains sons. En
situation dirigée, son langage devient dyssyntaxique. Il éprouve beaucoup de mal parfois à
trouver ses mots en situation dirigée et spontanée, à comprendre ce qu’on lui dit. Ses propos
sont incohérents et réitère sous plusieurs formes différentes un même trait signifiant.

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(2) (Ed. De Boeck Paris, "L'enfant dysphasique", Ch.-L. Gérard, p. 28.)
4. Dysphasie mnésique ou lexicale-syntaxe
L’enfant est en permanence à la recherche de ses mots et de la structure de ses phrases.
Il a un trouble de l’expression et de la compréhension. Il apprend à lire mais reste gêné par
son problème de mémorisation et par ses difficultés à trouver ses mots.
5. Dysphasie sémantique-pragmatique
En situation dirigée, l’enfant présente un trouble de compréhension et de la
formulation. Son discours restera marqué par l’utilisation de formes plaquées.
L’auteur rappelle qu’il est difficile dans certains cas de diagnostiquer chez un enfant
les symptômes propres à la dysphasie. Dépister précocement un enfant qui présente des
troubles spécifiques de développement du langage est capital pour lui proposer des mesures
adaptatives.
C) COMMENT REPERER LES DIFFICULTES LANGAGIERES CHEZ UN
ENFANT DYSPHASIQUE
L’auteur cite certains indices permettant de s’interroger à propos d’un retard de
langage.
En général, les parents consultent un spécialiste si l’enfant ne produit pas de mots à deux ans
qui ont une signification comme papa, maman, boire, donne (…), s’il ne dit pas de phrases
significatives de 2, 3 ou 4 mots : toto maman - pour aller en voiture, si à l'âge de 3 ans, il ne
fait pas de phrases et utilise des gestes pour se faire comprendre et pour demander des choses,
s'il ne pose pas de questions : Pourquoi ? C'est quoi ? (…) si l'enfant cherche ses mots, dit un
mot à la place d’un autre ou encore invente des mots, si l'enfant semble ne pas comprendre ce
qu'on lui dit, à moins que la demande ne soit accompagnée de gestes.
Parfois, la consultation est demandée à l’initiative de l’école en général en grande section de
maternelle quand on juge l’enfant inapte à l’apprentissage du langage écrit.
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D) EXAMEN DE L’ENFANT DYSPHASIQUE
En fonction de l’âge de l’enfant, différents examens et tests seront pratiqués. Une
évaluation sera faite selon une échelle de dysphasie et des critères bien définis, indispensables
à la mise en œuvre de solutions adaptatives pour l’enfant.
Il existe parfois d’autres troubles isolés ou associés entre eux, souvent communs à
l’ensemble des dysphasies, notamment des troubles praxiques où l’enfant peut avoir des
difficultés à réaliser un geste et/ou à manipuler des objets, à écrire, des troubles de la
mémoire, du comportement, de l’organisation spatiale et temporelle ainsi que des troubles
psychomoteurs.
II) LES AIDES APPORTEES
Les aides apportées aux enfants dysphasiques sont sous 2 formes : médicale et
scolaire.
A) LA REEDUCATION ORTHOPHONIQUE
La rééducation ne permet pas de guérir mais elle rend possible de corriger certaines
causes d’inadaptation et d’anticiper les difficultés. L’auteur souligne qu’il n’existe pas de
« bilan type » de la dysphasie, ni de « rééducation type ».
Plusieurs interlocuteurs interviennent dans la rééducation orthophonique des enfants
dysphasiques, notamment l’orthophoniste. Il joue un rôle prépondérant dans le traitement des
dysphasies mais il n’est pas exclusif.
Il est consulté par les parents inquiets pour leur enfant et effectue un bilan de langage
quantitatif et qualitatif. Ce bilan permet d’établir soit un diagnostic de retard de parolelangage (trouble fonctionnel) soit un diagnostic de dysphasie (trouble structurel).
Le bilan débute par un entretien avec la famille pour retracer l’histoire de l’enfant,
l’évolution des troubles, le développement général de l’enfant. Puis, se déroulent les épreuves
de compréhension lexicale et syntaxique, les épreuves d’expression en distinguant
l’articulation, la phonologie et le langage. D’autres capacités sont explorées comme la
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rétention auditive et visuelle, la discrimination auditive, la conscience phonologique,
l’organisation spatiale et le repérage temporel. Selon le diagnostic établit, il sera proposé soit
une rééducation qui se déroulera sur un temps donné avec un second bilan de contrôle, soit
une consultation chez un médecin spécialisé, soit un médecin de rééducation ou neuropédiatre
ou soit un neuropsychologue, pour des examens complémentaires.
L’équipe éducative est par ailleurs le premier interlocuteur des parents. Son rôle est
d'accompagner quotidiennement l’enfant. Elle a le devoir de faire part des difficultés que
l’enfant rencontre dans les apprentissages.
La complexité du trouble et le fait qu'il concerne une pathologie qui a un effet direct
sur les apprentissages, oblige à prendre en compte différentes compétences.
Chaque "catégorie professionnelle" interviendra à son niveau en fonction des besoins et de ses
compétences particulières :

Pour le repérage "cet enfant parle mal" : les parents, les enseignants et les médecins.

Pour le dépistage "cet enfant a un trouble du langage" : les médecins et les
orthophonistes.

Pour le diagnostic "cet enfant a un langage dysphasique" : les médecins (le plus
souvent neuropédiatres ou médecins de rééducation), les orthophonistes ou les psychologues,
ou mieux les neuropsychologues.
B) INTEGRATION DE L’ENFANT DYSPHASIQUE EN MILIEU SCOLAIRE
L’enfant dysphasique ne peut développer les apprentissages suivant les mêmes voies
que les autres enfants, car le savoir est transmis et contrôlé essentiellement par le langage.
L’enfant dysphasique ne peut s’adapter à l’école telle qu’elle est. Mais celle-ci peut-elle
s’adapter à l’enfant dysphasique ?
Certains pays européens comme l’Angleterre et la Belgique ont développé
l’intégration scolaire des enfants dysphasiques tandis que la France ne développe aucune
réflexion à ce sujet. Cela s’explique par le fait que le dysphasique n’est pas reconnu.
Le parcours scolaire d’un enfant dysphasique se résume souvent ainsi :
 CP redoublé voir triplé car il n’arrive pas à apprendre à lire,
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 Il est admis dans une classe de perfectionnement où il sera ensuite orienté en
section d’études spécialisées.
Selon l’auteur, ce bagage est insuffisant pour s’adapter à une formation
professionnelle qui a recours, en grande partie, à des examens écrits. Le manque de
concertation entre psychologue, orthophoniste et psychiatres entraîne l’échec.
Pour lui, les enfants dysphasiques ont besoin d’une pédagogie adaptée et
individualisée, associant de façon complémentaire :

La rééducation spécifique des troubles langagiers visant à leur réduction, en
relation individualisée

Des techniques d'apprentissage didactique, de type palliatif, en groupe.
Christophe-Loïc Gérard parle d’un schéma idéal d’action qui consisterait à :
 Diagnostiquer de façon précoce les facteurs de tout échec de l’apprentissage du
langage écrit.

Procéder à des évaluations fonctionnelles aboutissant à une action concertée
entre tous les intervenants : médecins, paramédicaux, parents, enseignants pour
déterminer la manière dont on peut organiser les soins nécessaires et la structure
scolaire. Les classes d’adaptation de l’enseignement public et les classes à petit
effectif de l’enseignement privé sont les seules possibilités actuelles.

Procéder à une évaluation périodique des progrès de l’enfant par l’équipe
multidisciplinaire.
Il met en évidence que le schéma est difficile à mettre en place dû à la faiblesse
numérique des équipements en classe à petit effectif, à la nécessité de trouver des facilités de
transport pour permettre à l’enfant de suivre à la fois l’école et les rééducations. L’idéal serait
que ces structures se concentrent dans un même lieu et dans un temps limité. Le
développement de telles structures permettrait l’élaboration de techniques de traitement plus
spécifiques, de répondre aux besoins des enfants dysphasiques et d’avoir une réelle
coordination entre les intervenants, reconnaissant à l’enfant la possibilité d’avoir son rythme
propre d’évolution.
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CONCLUSION :
La dysphasie perturbe durablement et parfois gravement les apprentissages scolaires,
le développement personnel et la vie familiale des enfants et des adolescents qui en sont
atteints.
L’auteur parle d’un déficit durable pour expliquer le caractère handicapant de ce trouble dont
souffre l’enfant dysphasique qui trop souvent se solde par un échec scolaire et/ou l’exclusion
sociale.
Toutefois, l’auteur souligne qu’un dépistage précoce et une remédiation des troubles du
développement du langage oral sont des moyens efficaces pour lutter contre l’échec scolaire
et les difficultés d’intégration sociale. Il déplore le manque de structures adéquates pour ces
enfants à l’école mais il ressort des études qu’en règle général, les adolescents et adultes
dysphasiques se tournent vers des métiers manuels et/ou techniques.
La science actuelle ne permet réellement pas d’expliquer comment et pourquoi on
devient dysphasique. L’origine de ce trouble est donc méconnue mais la recherche médicale
œuvre en ce sens pour trouver l’origine qui semblerait être d’ordre génétique ou périnatal.
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