M.A.E., F.S.P. « Sud-Expert-Plantes » Composante 3 : « Projets de recherche » FICHE RESUME Réservé au Secrétariat exécutif Numéro Recevable Signature Avis CR SCAC Avis Expert 1 Avis Final K€ Avis CS K€ Rapporteur Avis Expert 2 Avis N° Dossier 381 Titre court ECOSYSTEME FORESTIER MADAGASCAR Titre Approche de la dynamique des écosystèmes forestiers de Madagascar et des Comores : application de la dendrochronologie aux espèces et aux forêts du domaine occidental malgache et comoriennes Thème Ecosystèmes forestiers Mots clés dynamique des écosystèmes, âge des arbres, dendrochronologie, dendroécologie, gestion durable des écosystèmes, Madagascar, Comores Région(s) Océan indien Pays Madagascar, Comores Coordinateur Edmond ROGER / Pascal DANTHU Institution Université Antananarivo/Cirad/ URP Forêts et Biodiversité [email protected] Courriel Téléphone 032-07-411-10 [email protected] Nb chercheurs & enseignants Total chercheurs & enseig. cherch. en équivalent temps plein Madagascar 10 1.5 Comores 2 0.2 Equipes Pays URP Forêts et Biodiversité (Université d’Antananrivo, Fofifa et Cirad) Université des Comores Budget total (€) 150 000 Contribution SEP 50 000 % temps cumulé Nb étudiants en Master 2 35 Nb étudiants en Thèse 4 1 Autres financements Projet Corus en phase d’acceptation Utilisation de la contribution SEP (€) Total 50 000 Durée (années) 3 Salaires temporaires 10 000 Bourses 5 000 Equipement 6 000 Missions terrain 12 000 Autres missions 10 000 Fonctionnement hors missions 7 000 PARTENARIAT Liste des chercheurs impliqués dans le projet Mr Nom Prénom ROGER Edmond Mme RAKOUTH Bakolimalala Mme ANDRIANOELISOA Hanitra Mme RALAMBOFETRA Eliane Mr RABEVOHITRA Raymond Mr RAKOTOVAO Georges Mr RAKOTONDRAOELINA Hery Mr RANDRIANJAFY Honoré Mr SOULÉ Hamidou Mr DAROUSSI Mohamed Mr COLLAS Philippe Mr DANTHU Pascal Laboratoire (nom complet) Madagascar Université d’Antananarivo Faculté des Sciences Université d’Antananarivo Faculté des Sciences Fofifa DRFP Université d’Antananarivo Faculté des Sciences Fofifa DRFP Fofifa DRFP Fofifa DRFP Fofifa DRFP Comores Université des Comores Faculté des Sciences Université des Comores Faculté des Sciences Madagascar/France URP Forêts et Biodiversité Antananarivo, Madagascar URP Forêts et Biodiversité Antananarivo, Madagascar Adresse et E mail % temps [email protected] 20 [email protected] 10 [email protected] 15 [email protected] 10 [email protected] 15 [email protected] 20 [email protected] 10 [email protected] 10 [email protected] 20 appui [email protected] 10 [email protected] 15 Noms des autres personnes impliquées dans ce projet Mr, Mme Nom Prénom Institution & Laboratoire Mr GERARD Jean Mr CHAIX Gilles Mr CARCAILLET Christopher Mr BARTHELAT Fabien Mr URBINATI Carlo Mr CARRER Marco UPR Valorisation des bois Cirad, Montpellier UPR Génétique forestière Cirad, Montpellier Centre de BioArchéologie et d'Ecologie, Montpellier DAF-SEF Station de Coconi Mamoudzou, Mayotte Università Politecnica delle Marche, Padoue, Italie Università degli Studi, Pdoue, Italie Padova Courriel [email protected] appui [email protected] appui [email protected] appui [email protected] appui [email protected] appui [email protected] appui - Noms des Ingénieurs et techniciens participant : RAHAJANIRINA Voninavoko, botaniste RAKOTOARISOA Emilson, technicien forestier RAMAHAFALY Wilfred, pépiniériste BENJA Rakotonirina, pépiniériste MOHAMED Andyliat, botaniste - Nom des Post-doctorants participant : LEONG POCK TSY Jean Michel GANDOLFI Nicola - Noms des étudiants en Master participant : trois stages pratiques pour des étudiants de master seront proposés dans la durée du projetUniversité des Comores Faculté des Sciences - Nom des doctorants participant : RAZAFIMAMONJY Nivo (Université d’Antananarivo), thèse en cours RAZANAMEHARIZAKA Juvet (Université d’Antananarivo), thèse en cours SOULE Hamidou (Université des Comores), thèse débutant RAKOTOBE Miarantsoa (Université d’Antananarivo), thèse débutant % temps DESCRIPTION 1. Contexte et justification Les Mascareignes sont classées parmi les principaux centres de biodiversité de la planète. Au cours des derniers siècles, la forêt malgache et comorienne a été l’objet de nombreuses altérations essentiellement d’origine humaine : feux de pâturage et feux de brousse, défrichement pour culture sur brûlis (tavy), production de charbon de bois et récolte de bois d'œuvre. Aujourd’hui, on estime que la végétation primaire ne couvre plus que 9.9% du territoire malgache (Kull, 2000 ; Myers et al. 2000). Ce constat est connu depuis plus d'un siècle (Perrier de la Bâthie, 1921). Très tôt le discours des naturalistes a incité l’administration à prendre des mesures afin d’enrayer la destruction des écosystèmes. A Madagascar, la réponse a tenu en deux points majeurs : la promulgation d’un corpus législatif très répressif (codes forestiers de 1900, 1913 et 1930) et dès 1927 la création d’un réseau d’aires protégées dont le but était de créer « de véritables sanctuaires où la flore et la faune seraient respectées en tout intégrité, où se conserveraient des milliers d’espèces végétales non encore décrites, des bois précieux, des essences d’utilités diverses pour l’industrie, la pharmacie », ces réserves étant « affranchies de tous droits d’usage, fermées à la chasse, la pêche, l’exploitation minière, la récolte des produits naturels » (Petit, 1928 ; Lavauden 1934). Selon la FAO (2001) 20% du territoire malgache sont couverts de forêts. Aux Comores, seuls 4% du territoire sont forestiers, avec un taux de régression annuel record de -4,3%. Le réseau actuel des aires protégées à Madagascar représente environ 3% de la surface du pays (1,7 millions de km²) et le Président de la République malgache s’est engagé en 2003, au Congrès mondial des Aires protégées à Durban de porter cette surface à 6 millions d’hectare avant 2008. (Angap, 2003 ; Ingram et al. 2005). Plus récemment, l'octroi de tout nouveau permis d'exploiter est suspendu depuis le 18 octobre 2004 sur 45 % de la surface forestière, tandis que 12% de cette surface est déjà incluse dans les aires protégées.Aux Comores, le système d’aires protégées forestières n’existe pas encore Bien que les feux de végétation continuent à parcourir l'île, malgré les chiffres de la déforestation avancés (200 à 300 mille hectares annuellement) (Kull, 2000) et malgré la très forte réduction des autorisations d'exploiter, l'Observatoire du Secteur Forestier note en juillet 2006 que " [...] les différents entrepôts des commerces de bois, observés au niveau des principales villes du pays, se trouvent néanmoins bien approvisionnés". Cette persistance de produits forestiers sur les marchés intérieurs en dépit de toutes les mesures de rétorsion des activités humaines en forêt amène donc objectivement à poser les termes d’un paradoxe qui pourrait s’expliquer par différentes hypothèses dont : - les aires protégées sont encore le siège de prélèvements qui seraient dans ce cas illicites, - il reste encore suffisamment de formations forestières en dehors de ces aires protégées pouvant répondre à la demande et les accroissements naturels de ces formations forestières plus ou moins anthropisées couvrent pour l’instant (durablement ou pas) les prélèvements en produits ligneux. La première hypothèse est envisagée dans différentes études en cours, aussi la présente proposition est elle centrée sur l'examen de la seconde hypothèse. Elle a donc pour finalité d’apporter des éléments objectifs concernant les dynamiques des écosystèmes forestiers malgaches et comoriens. . 2. Objectifs Les objectifs généraux de la proposition en terme de contribution au développement et à la recherche sont les suivants : - L'objectif de développement est d’évaluer les niveaux de production ligneuse tant au niveau de l’écosystème que pour quelques espèces ligneuses utiles et/ou menacées, - L'objectif de recherche est de mettre en évidence des marqueurs de l’histoire environnementale malgache et des indicateurs des changements naturels et/ou d’origine anthropique sur la dynamique des écosystèmes. 4/15 Plus spécifiquement, en utilisant la dendrochronologie comme descripteur de l'histoire individuelle et collective des arbres d'un écosystème, la proposition apportera des moyens d'exploration des dynamiques forestières naturelles ou anthropisées. Ces données manquent effectivement fortement au point que se développent des discours idéologiques quant à la croissance des espèces ou à l'histoire des forêts. La recherche a pour objectif de fournir des données objectives au service de politiques fondées. Se basant sur le raisonnement selon lequel pour prévoir l'évolution des écosystèmes il est impératif d'en connaître l'histoire, les données qui seront acquises permettront de dégager les potentiels de développement des ressources utiles et d'en déduire des modalités de gestion durable des prélèvements 3. Résumé Quel âge a un palissandre ayant atteint le diamètre minimum d’exploitabilité ? Quel est l’accroissement moyen annuel de la forêt caducifoliée de l’ouest de Madagascar ? Quels âges ont les baobabs de Morondava ? Quelle est la dynamique de croissance des Dalbergia et des Ocotea malgaches et comoriens ? Peut-on utiliser ces arbres longévifs comme des témoins de l’histoire environnementale des Mascareignes ? Ces questions, certaines très appliquées, d’autres plus fondamentales, n’ont à l’heure actuelle aucune réponse fiable. Notre projet se propose d’apporter des éléments d’informations objectives et plus généralement proposer une évaluation raisonnable des dynamiques des écosystèmes forestiers malgaches et comoriens. Afin d’approcher les dynamiques forestières, nous nous proposons de développer nos investigations à deux niveaux : écosystémique et générique en focalisant sur les forêts sèches de l’Ouest malgache et quelques espèces comoriennes du domaine des forêts humides sempervirentes. Ce projet adaptera les outils et méthodes de la dendrochronologie (analyse des séquences de cernes annuels de croissance) et de la dendroécologie aux espèces tropicales afin d’évaluer les dynamiques de production ligneuses des écosystèmes et espèces étudiés et envisager une utilisation des ces espèces (et en particulier des espèces longévives comme les baoabs) comme témoins de l’histoire de la dynamique forestière des Mascareignes. . 4. Méthodologie Afin d’approcher les dynamiques forestières, nous nous proposons de développer nos investigations à deux niveaux : écosystémique et générique. Pour que le programme soit compatible avec les trois ans impartis au projet et les moyens humains disponibles, nous proposons d’effectuer les choix simplificateurs suivants : - disposer notre étude dans un seul des écosystèmes forestiers à Madagascar : les forêts sèches de l’ouest et dans deux sites représentatifs de ces formations : la Forêt de Kirindy sur laquelle un grand nombre de données floristiques et faunistiques ont déjà été capitalisées et le parc national d'Ankarafantsika où des inventaires et des suivis écologiques sont disponibles. Le domaine occidental, de par une saison sèche marquée, est plus propice à la possibilité de lecture de cernes. - évaluer la capacité de transfert des outils mis au point pour le domaine occidental en focalisant sur quelques espèces comoriennes du domaine des forêts humides sempervirentes. - focaliser l’approche générique sur quatre genres choisis pour leur représentativité et/ou pour leur implication dans des filières d’exploitation à Madagascar et aux Comores. En première approche le choix se portera sur Dalbergia, Adansonia, Commiphora et Ocotea pour les motifs suivants : actuellement, personne ne connaît avec certitude l’âge d’exploitabilité d’espèces nobles et à croissance lente comme les palissandres. Il a bien été constaté la présence de cernes dans le bois, mais sans qu’il ait été possible de définir leur origine, et en particulier sans savoir s’ils représentent des cernes de croissance annuels, les baobabs, espèces forestières par nature sont souvent les derniers vestiges de zones anciennement forestières. Ils présentent dans de nombreux sites des déficits de régénération puisque les plus petits diamètres présents sont de un mètre, mais on ignore encore quels ages ont ces plus petits individus. La flore malgache contient sept espèces de baobabs et un travail récent d’inventaire vient de montrer que 5/15 les Comores (en particulier l’île de Mayotte) possèdent deux espèces (A. digitata et A. madagascariensis).A notre connaissance, le seul travail mené est celui de Swart (1963) qui relate une datation au radiocarbone (14C) effectuée sur des cernes de cœur d’un unique individu d’A. digitata, de 15 pieds de diamètre. Il semble que ces espèces puissent être considérées comme témoins de l’histoire de la dynamique forestière des Mascareignes à condition de pouvoir valider un système de datation dendrochronologique couplé à l'utilisation de la mesure au radiocarbone. L’équipe a déjà une bonne approche de ces espèces soit du point de vue biomécanique (Chapotin et al., 2006) que concernant leur écologie (Razanameharizaka,et al., 2006) Les Commiphora représentent souvent dans les forêts sèches la moitié du volume commercialisable. La proportion relativement faible d'individus de régénération laisserait penser qu'il s'agirait d'une espèce plutôt pionnière héritée d'une époque où la forêt a peut être été plus ouverte. Les déterminations d'ages dans les catégories de diamètres à fort effectif couplées avec les ages des baobabs avoisinants permettraient d'avancer des explications sur l'histoire plus ou moins lointaine de ces forêts et d'examiner la démographie et l'exploitabilité des Commiphora Les Ocotea sont des Lauracées présentes à Madagascar (environ 35 espèces endémiques) et aux Comores, O. comoriensis y est d’ailleurs endémique. Cette espèce est maintenant en danger critique (Mohamed et Roger, 2006). - utiliser les méthodes de la dendrochronologie comme base de notre étude. Cet outil a été par exemple utilisé au Cameroun pour accéder à la dynamique des espèces et à une évaluation de leur production de bois en forêt tropicale ainsi que l’ont montré Worbes et al. (2003). De plus notre zone d’étude correspond aux forêts caducifoliées caractérisées par une alternance d’une saison humide et d’une saison sèche. La probabilité de pouvoir mettre en évidence des croissances périodiques est donc, a priori, élevée. Le projet impliquera deux institutions malgaches : l’Université d’Antananarivo et le Fofifa ainsi que l’Université des Comores. Divers partenaires français et européens viendront en appui à ce projet : le Centre de BioArchéologie et d'Ecologie de l’Université de Montpellier, le Cirad ainsi qu’un partenaire italien : les Uuniversités d’Ancône et de Padoue. Le projet sera porté par l’Université d’Antananarivo et en particulier la Faculté des Sciences (E. Roger, B. Rakouth, botanistes et écologues) (dans le cadre l’URP Forêts et Biodiversité qui implique le Cirad et le Fofifa). Ce projet impliquera aussi l’Université des Comores et un appui est envisagé de la part de la DAF de Mamoudzou (Mayotte) car une partie des espèces modèles retenues dans cette étude sont comoriennes. Le département de recherches forestières et piscicoles du Fofifa (Centre National de Recherche appliquée au Développement Rural) a développé de nombreuses données descriptives sur les essences forestières et les bois de Madagascar. Il interviendra par son technologue du bois, spécialiste des bois malgaches, G. Rakotovao et par son botaniste forestier, R. Rabevohitra. Le partenariat envisagé implique le Cirad qui interviendra par deux équipes: - une équipe basée à Madagascar (impliquée dans l’URP Forêts et Biodiversité) apportant au projet une vision écologique et impliquée dans les dispositifs de terrains : P. Collas (écologue et aménagiste forestier) et P. Danthu (écologue et physiologiste végétal) - une équipe basée à Montpellier et spécialiste de la technologie du bois (J. Gerard) Le Centre de BioArchéologie et d'Ecologie, UMR CNRS à Montpellier (C. Carcaillet) ainsi que l'Université d'Ancône (C. Urbinati) et l’Université de Padoue (M. Carrer) seront impliqués concernant les datations des bois et la conception des relations âge-diamètre ou âge-surface terrière. Ils participeront à la formation d’un étudiant malgache et donc à la création de compétences nouvelles à Madagascar 6/15 Carte 1 : sites d’études retenus 5. Activités Sur une surface significative de l'ordre de un hectare, les ages de tous les arbres de plus de 10 cm de diamètre seront déterminés par datations radiocarbone et par lecture des cernes sur des carottes radiales et également sur quelques rondelles permettant un certain nombre de vérifications. Cette radioscopie des ages permettra de - situer le système forestier dans son histoire sylvigénétique : s'agit il d'un peuplement de type forêt secondaire en cours de reconstitution ou de forêt plutôt mature, quels sont les épisodes de vie du peuplement au regard des plus vieux arbres que sont a priori les baobabs, quelles hypothèses de changement naturels ou anthropiques pourrait on avancer ? - déterminer par espèces ou groupes d'espèces des potentiels de développement attestés par des données d'accroissement moyens en diamètre. Il est en effet bien démontré qu'en prenant en compte tous les individus, on ne peut pas dégager de relation fiable entre l'age et le diamètre. Chaque individu a sa propre histoire de vie fortement influencée par la très variable compétition de son environnement. Mais en s'intéressant d'une part aux extremum : les plus jeunes ages dans les plus gros diamètres ou les plus grands ages dans les petits diamètres et d'autre part en stratifiant les diamètres en fonction de classes de hauteur, en fonction de groupements végétaux fonctionnels ou en fonction des densités du bois, il est possible d'en déduire des potentiels de croissance et par la suite de formuler des hypothèses de prélèvements. La dendrochronologie (analyse des séquences de cernes annuels de croissance) est très largement appliquée pour les espèces tempérées car les saisonnalités marquées induisent des cernes bien différentiés (Schweingruber, 1996). Cette méthode a déjà été employée pour reconstruire l’histoire des forêts tempérées (Worbes et al. 1993 ; Carrer et Urbinati, 2004, 2006) et l'histoire des facteurs environnementaux influant la croissance des arbres (Schweingruber, 1983). Pour les essences tropicales les évidences sont moindres, cependant, de nombreuses espèces montrent des croissances périodiques en particulier sous les climats présentant une saison sèche (Mariaux, 1967, 1970 ; Schweingruber, 1983 ; Detienne, 1989 ; Belingard et al. 1996 ; Worbes, 1999, 2002). Sur cette base, un premier essai d’analyse de la structure des âges, de la dynamique et de la productivité ligneuse a été mené sur les forêts 7/15 tropicales camerounaises (Worbes et al. 2003) ou pour approcher la démographie de Juniperus procera en Ethiopie (Couralet et al., 2005). En outre, les progrès considérables dans les techniques de mesures au 14C apportent aujourd'hui une fiabilité plus grande aux datations. Ces moyens d'investigations vont nous permettre de déterminer les structures d'âge et d'estimer des taux de croissance (en diamètre ou en surface terrière). En y rajoutant une analyse de la répartition spatiale de tous les individus sur la placette d'un hectare, on pourra définir les variations de la structure spatiale en fonction de la maturité forestière. Ce dernier point peut être abordé par une comparaison de la structure spatiale entre différents sous-ensembles du peuplement qui présentent différents degrés de maturité forestière (fort recouvrement d'âge moyen, fort recouvrement plus jeune, zones ouvertes). Par ailleurs, l'analyse statistique des classes d'âges dans le peuplement en fonction des séries météorologiques permet de déduire l'importance des variables climatiques sur la dynamique de la communauté (League et Veblen, 2006). L'étude des anomalies de recrutement des espèces ligneuses permet d'inférer des usages forestiers différents par les populations humaines, voire mieux, d'utiliser les usages comme variables explicatives si des registres d'exploitation sont disponibles (Mountford and Peterken, 2003 ; Motta et Lingua, 2005). Une analyse fine de la répartition spatiale de la régénération (diamètres en dessous de 10 cm et plus particulièrement en dessous de 5 cm) permettrait de compléter les résultats obtenus en précisant l'origine de la dynamique de la structure spatiale (relations inter-spécifiques). Pour les individus cartographiés pied à pied, les fonctions de Ripley pourront être utilisées. Pour les individus non cartographiés pied à pied (diamètres inférieurs à 10 cm) pour lesquels seule la densité a été estimée, les méthodes d'analyse de la variance interquadrat seront utilisées. Les méthodes de Ripley (Ripley, 1981) offrent la possibilité d'analyser le positionnement relatif entre deux groupes, c'est-à-dire de déterminer s'il y a attraction (effet de facilitation sous-jacent) ou répulsion (effet de compétition sous jacent) des deux groupes. Cette proposition de recherche s’inscrit de façon pertinente dans le contexte environnemental des Mascareignes qui est caractérisé par deux contraintes fortes : - la complexité des systèmes écologiques liée en partie à la présence de trois types biogéographiques distincts : les forêts humides et sempervirentes de l’est malgache et des Comores, les forêts sèches et caducifoliées de l’ouest et le bush du sud. (voir carte), à la grande richesse de la flore qui comprendrait entre 10 000 et 12 000 plantes supérieures et au degré très élevé d’endémicité des espèces végétales estimée entre 22 et 38% au niveau générique et entre 82 et 89% au niveau spécifique est aussi un facteur de complexité qui, en outre limite les l’utilisation des modèles établis pour d’autres écosystèmes. - le peu de connaissances actuellement disponibles sur la dynamique de ces écosystèmes : très peu d’éléments d’écologie fonctionnelle sont disponibles concernant les forêts malgaches et comoriennes. Les stratégies écologiques des espèces et la relation avec la structure et la composition spécifique de la végétation, ainsi que le fonctionnement des écosystèmes ont été très peu (voire pas du tout) abordées. Comparé à d’autres écosystèmes tropicaux (Amazonien, et en particulier Guyanais ou d’Afrique centrale) le déficit d’information est très significatif. Aussi ce projet a-t-il pour ambition de combler ce déficit d’informations de façon fiable et dans un délai aussi court que possible. Son objectif est de produire des résultats objectifs qui permettrait de « parler vrai » en sortant des discours idéologiques quant à la productivité, la croissance et la résilience des écosystème forestiers. Discours qui varient dans des proportions très larges selon qu’ils sont tenus par un exploitant ou un tenant des idées conservationnistes. Les modèles de l’écologie fonctionnelle pourraient être valablement utilisés pour caractériser les dynamiques de reconstitution forestières. Cependant pour leur adaptation à Madagascar, il faut des données de croissance et de mortalité qui demandent des dispositifs de terrain souvent lourds et des suivis sur le long terme : mise en place de placeaux permanents (Gourlet-Fleury et al., 2005). Ces dispositifs ne peuvent être informatifs que sur le long terme et non dans le temps du projet. C’est pourquoi, notre projet développe une approche originale du fonctionnement des espèces et des écosystèmes : il est centré sur l’utilisation des méthodes d’analyse des cernes du bois : dendroécologie et dendrochronologie couplées à des datations notamment au 14C. 8/15 6. Résultats attendus Au-delà des connaissances issues du contenu de la proposition, le projet collaboratif produira des effets significatifs de trois ordres : - le renforcement des capacités, en particulier des équipes malgaches : une thèse d’un étudiant malgache devrait être initiée dans le cadre de ce projet. Cette thèse sera réalisée dans un co-encadrement avec les équipes du nord et une partie significative des travaux réalisée dans les laboratoires français et italiens. Trois autres thésards malgaches travaillant sur des sujets connexes devraient pouvoir bénéficier des résultats obtenus pour renforcer leurs connaissances sur les dynamiques des palissandres, des baobabs et de katrafay ; - une production scientifique sous forme d’articles dans des revues internationales : un minimum de deux papiers peut être envisagé ; - une mise à disposition de données fiables et objectives permettant de poser les bases de modalités de gestion durable, de reconstitution et de protection des espèces bois d’œuvre des forêts de l’ouest malgache. Les efforts de restitution des résultats auront pour prétention de donner plus de poids aux âges déterminés par rapport aux suppositions d'âges qui actuellement donnent lieu à des interprétations diverses : on devrait retrouver le "parler vrai" mentionné dans le contexte. Au-delà des partenaires mobilisés dans le projet, il faut signaler que cette recherche impliquera à divers niveaux d’autres partenaires. On peut citer : - L'administration de l'Environnement des Eaux et Forêts qui sera in fine un utilisateur principal et naturel des résultats du projet. Son implication commencera à Kirindy puisque cette administration est tutelle de l'organisme de gestion de la forêt de Kirindy. - l’ANGAP (Agence nationale de gestion des Aires protégées de Madagascar), notamment au travers de sa direction scientifique intéressée à la compréhension et au suivi écologique des écosystèmes à protéger. Ce projet n’a pas pour vocation à être isolé. Il entre dans une stratégie concertée entre les différents partenaires pour le développement de la problématique initiée. D’autres financements devraient venir en renforcement et en complément de ce projet. En outre, un appui du Cirad devrait être facilement mobilisable pour renforcer les appuis au séjour en France ou en Italie des thésards, ceci par l’obtention de bourse « Desi » ou « Appui thésard du Sud ». 7. Indicateurs mesurables de succès du projet Plusieurs publications scientifiques dans des revues internationales sont attendue : deux minimum Formation d’étudiants en master (2 minimum) et thèses (4). 9/15 DEPENSES ET BUDGET Budget général Montant total (€) Partenaire / Catégorie de dépense Contribution de Sud Expert Plantes (€) URP Forêts et Biodiversité Madagascar/ Université d’Antananarivo Fournitures Equipement informatique Autres équipements Personnels temporaires Bourse Mission de terrain 2 000 2 000 2 000 4 000 URP Forêts et Biodiversité Madagascar/ Fofifa Fournitures Equipement informatique Autres équipements (ponceuse à bord). Personnel temporaire Bourse Mission de terrain URP Forêts et Biodiversité Madagascar/ Cirad Fournitures Equipement informatique Autres équipements. Personnel temporaire (un technicien forestier) Bourse Mission de terrain Université des Comores Fournitures Equipement informatique Autres équipements. Personnel temporaire Bourse Mission de terrain Partenaires du Nord Fournitures Equipement informatique Autres équipements. Personnel temporaire Bourse Mission de terrain (4 missions d’appui à Madagascar et aux Comores) Total 4 000 3 000 3 000 2 000 5 000 1 000 2 000 3 000 2 000 2 000 3 000 150 000 10 000 50 000 Dépenses annuelles sur la contribution Sud Expert Plantes Contribution de Sud Expert Plantes (€) Année 1 Année 2 Année 3 4 000 3 000 3 000 4 000 3 000 3 000 4 000 3 000 3 000 4 000 3 000 3 000 4 000 3 000 3 000 20 000 15 000 15 000 Partenaire URP Forêts et Biodiversité Madagascar/ Université URP Forêts et Biodiversité Madagascar/ Fofifa URP Forêts et Biodiversité Madagascar/ Cirad Université des Comores Partenaires du nord Total 10/15 SIGNATURES Titre Approche de la dynamique des écosystèmes forestiers de Madagascar et des Comores : application de la dendrochronologie aux espèces et aux forêts du domaine occidental malgache et comoriennes Thème Ecosystèmes forestiers Région(s) Océan indien Pays Madagascar et Comores Coordinateur Roger Edmond / Danthu Pascal Institution URP Forêts et Biodiversité/Université d’Antananarivo /Cirad Nom et fonction du Chef de Nom et fonction projet responsable de projet du co- Nom et fonction du responsable habilité de l’institution porteuse du projet Antananarivo, le 10 mai 2006 Antananarivo, le 5 mai 2006 Antananarivo, le 10 mai 2006 Edmond ROGER Maître de conférence Université d’Antananarivo Pascal DANTHU Coordinateur URP Forêts et Biodiversité (Université d’Antananarivo/Fofifa/Cirad Bruno ANDRIANANTENAINA Doyen de la Faculté des Sciences Université d’Antananarivo 11/15 BIBLIOGRAPHIE DES EQUIPES IMPLIQUEES RELATIVE AU PROJET CARRER M, URBINATI C 2004. Age-dependent tree-ring growth responses to climate in Larix decidua and Pinus cembra. Ecology 85, 730-740. CARRER M, URBINATI C 2006. Long-term change in the sensitivity of trre-ring growth to climate in Larix deciduas.New Phytol 170, 861-872. CHAPOTIN SM, RAZANAMEHARIZAKA JH, HOLBROOK NM 2006. A biomechanical perspective on the role of large stem volume and high water content in baobab trees (Adansonia spp.; Bomcacaceae). Amer J Bot 93, 12511264. MOHAMED D, ROGER E 2006. Evaluation écologique des cinq espèces les plus utilisées du massif Ntringi (Anjouan)) RAKOUTH B, 1988. Ecological anatomy: examples from some Malagasy Dalbergia (Leguminoseae). In Rakotovao L, Barr V, Sayer J: L’équilibre des ecosystèmes forestiers à Madagascar. Acte d’un séminaire international. Antananarivo, Madagascar. 269-273. RAZANAMEHARIZAKA J, GROUZIS M, RAVELOMANANA D, DANTHU P 2006. Seed storage and seed germination in African and Malagasy baobabs (Adansonia species). 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