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DESCRIPTION
1. Contexte et justification
Les Mascareignes sont classées parmi les principaux centres de biodiversité de la planète. Au cours des derniers
siècles, la forêt malgache et comorienne a été l’objet de nombreuses altérations essentiellement d’origine humaine :
feux de pâturage et feux de brousse, défrichement pour culture sur brûlis (tavy), production de charbon de bois et
récolte de bois d'œuvre. Aujourd’hui, on estime que la végétation primaire ne couvre plus que 9.9% du territoire
malgache (Kull, 2000 ; Myers et al. 2000).
Ce constat est connu depuis plus d'un siècle (Perrier de la Bâthie, 1921). Très tôt le discours des naturalistes a incité
l’administration à prendre des mesures afin d’enrayer la destruction des écosystèmes. A Madagascar, la réponse a
tenu en deux points majeurs : la promulgation d’un corpus législatif très répressif (codes forestiers de 1900, 1913 et
1930) et dès 1927 la création d’un réseau d’aires protégées dont le but était de créer « de véritables sanctuaires où
la flore et la faune seraient respectées en tout intégrité, où se conserveraient des milliers d’espèces végétales non
encore décrites, des bois précieux, des essences d’utilités diverses pour l’industrie, la pharmacie », ces réserves
étant « affranchies de tous droits d’usage, fermées à la chasse, la pêche, l’exploitation minière, la récolte des
produits naturels » (Petit, 1928 ; Lavauden 1934).
Selon la FAO (2001) 20% du territoire malgache sont couverts de forêts. Aux Comores, seuls 4% du territoire sont
forestiers, avec un taux de régression annuel record de -4,3%. Le réseau actuel des aires protégées à Madagascar
représente environ 3% de la surface du pays (1,7 millions de km²) et le Président de la République malgache s’est
engagé en 2003, au Congrès mondial des Aires protégées à Durban de porter cette surface à 6 millions d’hectare
avant 2008. (Angap, 2003 ; Ingram et al. 2005). Plus récemment, l'octroi de tout nouveau permis d'exploiter est
suspendu depuis le 18 octobre 2004 sur 45 % de la surface forestière, tandis que 12% de cette surface est déjà
incluse dans les aires protégées.Aux Comores, le système d’aires protégées forestières n’existe pas encore
Bien que les feux de végétation continuent à parcourir l'île, malgré les chiffres de la déforestation avancés (200 à
300 mille hectares annuellement) (Kull, 2000) et malgré la très forte réduction des autorisations d'exploiter,
l'Observatoire du Secteur Forestier note en juillet 2006 que " [...] les différents entrepôts des commerces de bois,
observés au niveau des principales villes du pays, se trouvent néanmoins bien approvisionnés". Cette persistance
de produits forestiers sur les marchés intérieurs en dépit de toutes les mesures de rétorsion des activités humaines
en forêt amène donc objectivement à poser les termes d’un paradoxe qui pourrait s’expliquer par différentes
hypothèses dont :
- les aires protégées sont encore le siège de prélèvements qui seraient dans ce cas illicites,
- il reste encore suffisamment de formations forestières en dehors de ces aires protégées pouvant répondre à
la demande et les accroissements naturels de ces formations forestières plus ou moins anthropisées
couvrent pour l’instant (durablement ou pas) les prélèvements en produits ligneux.
La première hypothèse est envisagée dans différentes études en cours, aussi la présente proposition est elle centrée
sur l'examen de la seconde hypothèse. Elle a donc pour finalité d’apporter des éléments objectifs concernant les
dynamiques des écosystèmes forestiers malgaches et comoriens.
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2. Objectifs
Les objectifs généraux de la proposition en terme de contribution au développement et à la recherche sont les
suivants :
- L'objectif de développement est d’évaluer les niveaux de production ligneuse tant au niveau de
l’écosystème que pour quelques espèces ligneuses utiles et/ou menacées,
- L'objectif de recherche est de mettre en évidence des marqueurs de l’histoire environnementale
malgache et des indicateurs des changements naturels et/ou d’origine anthropique sur la dynamique des
écosystèmes.