internationaux et donc, d’une certaine façon, sa puissance relative) et les troupes allemandes ne pouvaient plus
occuper le territoire français.
— En Allemagne, avec le Kulturkampf, Bismarck avait maille à partir avec les catholiques des États du sud qui
trouvèrent des soutiens en France, parmi les partisans de l’Ordre moral.
— Le vote d’une nouvelle loi militaire, en 1875, permit à la France de mieux encadrer son armée. Elle provoqua
la réaction du chancelier allemand. Le Post publia l’opinion de l’état-major prussien, favorable à une guerre
préventive contre la France, ce qui confirmait aussi à l’ambassadeur de France à Londres un collaborateur
proche de Bismarck. Les réserves de l’Angleterre, souhaitant que Bismarck « calme les inquiétudes de l’Europe
» et celles de la Russie qui ne souhaitait pas voir une Allemagne hégémonique en Europe (le tsar rencontra
personnellement Bismarck) provoquèrent le recul de Bismarck qui, selon l’opinion des historiens, ne semblait
pas vouloir aller jusqu’à la guerre.
La détente (1875-1887). Des raisons propres à l’évolution des deux pays et aux relations internationales
expliquent cette évolution :
— En France, la deuxième partie des années 1870 fut largement dominée par les problèmes intérieurs (lois
constitutionnelles, crise parlementaire et conquête de la République par les Républicains).
— La première crise balkanique (révolte engagée par les populations chrétiennes de l’empire ottoman),
l’émergence de la Serbie et la volonté du tsar d’en finir avec les Turcs préoccupaient l’opinion. L’intervention
heureuse de la Russie aboutit à la défaite du Sultan et à la signature du traité de San Stefano (3 mars 1878).
Mais il fut refusé par l’ensemble des grandes puissances, et surtout de l’Angleterre qui ne voulait pas voir une
Turquie asservie à la Russie et cette dernière occuper une position stratégique de premier ordre en
Méditerranée. Le déséquilibre engendré par cette crise provoqua un revirement de Bismarck à l’égard de la
France.
— Pour Bismarck en effet, les orientations étaient toujours simples : détourner la France de toute idée de
revanche et de reconquête des deux provinces perdues. Pour ce faire, il appuya sans réserve les ambitions
coloniales des Français, ce qui permettait de préserver l’équilibre européen sans remettre en cause la
domination allemande. La présence de Ferry aux affaires fut incontestablement une aubaine pour Bismarck. En
effet, toute idée de guerre contre l’Allemagne était à repousser pour le Français.
— Face au système d’alliances mis en place par Bismarck, particulièrement efficace, Ferry avait aussi besoin
d’un appui indirect du chancelier pour faire pression sur l’Italie (Tunisie) ou sur l’Angleterre (Extrême-Orient,
colonies). Il repoussa cependant d’aller jusqu’où Bismarck aurait souhaité le mener : conclure une alliance, qui
aurait eu pour effet d’isoler l’Angleterre mais surtout de la brouiller avec la France, sans compter les réactions
immédiates qui se seraient exprimées chez les patriotes français, alors actifs.
Au Congrès de Berlin (15 juin-15 juillet 1878), Bismarck déploya une activité diplomatique intense dans laquelle
il marqua, entre autres choses, sa volonté d’établir avec la France des relations plus cordiales. Il accepta et
favorisa même l’expansion coloniale de la France. Le contrôle de la Tunisie qui s’inscrit dans ce cadre, satisfit
une partie de l’opinion française mais provoqua la rupture entre les deux soeurs latines : l’Italie, humiliée, fut
contrainte — comme on l’a vu — de se rapprocher de la Duplice pour trouver une aide possible contre la
France et l’Angleterre (alors que c’est l’Allemagne qui avait tiré les ficelles...).
Autre élément fondamental de ce congrès : la mauvaise humeur des Russes, conscients de ne pas avoir tous
les moyens d’exploiter leur victoire militaire sur les Turcs et contraints de renoncer aux avantages
considérables que leur avait donné le traité de San Stefano. Leçon reçue pour un possible renversement des
alliances.
Nouvelles tensions (1887-1889). La France était en quelque sorte condamnée aux conquêtes coloniales avec
les avantages qu’elle avait tirés du Congrès de Berlin. Mais, sur le front intérieur, Ferry en subit les
conséquences : il fut mis en minorité et l’agitation nationaliste favorisa le développement du boulangisme.
Berlin s’inquiéta, malgré les déclarations d’apaisement exprimées par le ministère des Affaires étrangères et
l’ambassade de France à Berlin.
Bismarck voulut-il brusquer les choses en arrêtant Schnæbelé, attiré en territoire allemand pour être arrêté et