The Movies Voici donc le dernier bébé de Sieur Peter Molyneux, l’homme qui a permis aux joueurs de devenir un Dieu virtuel. The Movies va permettre à tous ceux qui en ont toujours rêvé de faire des films tranquillement assis devant leur PC. Le concept était ambitieux ; qu’en est-il au final ? Peter Molyneux nous a-t-il une fois de plus offert un jeu digne de ce nom ? Réponse ici. Tout joueur qui se respecte connaît forcément Peter Molyneux ou en a, tout du moins, entendu parlé. Le programmeur anglais n’est autre que le créateur de Populous, le jeu qui a inventé le genre du god-game, mais aussi Powermonger, Syndicate, Theme Park, Dungeon Keeper, Black & White et, dernièrement, Fable. Peter Molyneux est une légende vivante de l’industrie du jeu vidéo et il nous propose une fois de plus, avec The Movies, un jeu au concept original et inédit. Simple programmeur, comme il se qualifie lui-même, Mr Molyneux aurait voulu être réalisateur, c’est pourquoi il a eu l’idée, en 2002, de créer un jeu qui permettrait à n’importe qui de créer ses films, sans contrainte et sans nécessité de connaître toutes les ficelles du métier. En résumé, un jeu de gestion simple et intuitif. La gestion du studio Donnez un nom à votre studio, choisissez un logo pour le représenter et c’est parti. Nous voici donc lancés dans la jungle du cinéma, de la concurrence et des caprices de stars. Le mode carrière commence en 1920, l’époque des films muets en noir et blanc. Avant de songer à réaliser un film, il va falloir gérer le studio au mieux afin de pouvoir recruter des acteurs, réalisateurs, figurants mais aussi agents de maintenance, bâtisseurs, scientifiques, scénaristes et autres équipes de tournage. Le seul bâtiment créé au début du jeu permet de recruter les bâtisseurs et agents de maintenance grâce auxquels on pourra construire des bâtiments, décors et veiller au bon entretien du studio. Avant toute chose, il faut construire une école d’art dramatique grâce à laquelle on pourra recruter les futures stars ; vient ensuite le bureau de casting qui permettra de déterminer le rôle de chacun des acteurs, le choix du réalisateur et des figurants. Il faudra ensuite ériger un bureau d’équipe qui, comme son nom l’indique, permet de recruter les membres des équipes de tournage (il faut bien quelqu’un pour tenir le micro, la caméra …) ; il est indispensable de construire ensuite le bureau de script de base où les scénaristes employés pondront de petits courts-métrages et, enfin, un bureau de production qui permettra de gérer les salaires des stars et surtout la sortie des films réalisés. Une fois ces bâtiments créés, des gens se rueront à leur entrée dans l’espoir de se faire embaucher. Pour que le studio fonctionne aux mieux, il faudra aussi construire des commodités et des lieux de restauration. Chacun des bâtiments doit être relié par des chemins afin d’assurer leur accessibilité et quelques éléments de décorations (plantes, mobilier …) seront les bienvenus. Une fois cette base établie et un premier script rédigé, il va falloir songer à ériger des décors. Au départ, seuls 5 décors assez basiques sont disponibles mais, rassurez-vous, au fil des années vous en obtiendrez des nouveaux puisqu’en 1990 on a à notre disposition pas moins de 40 décors. Si au départ le studio acquiert les nouvelles technologies du cinéma automatiquement, en 1928 il vous faudra créer un laboratoire dans lequel des scientifiques se chargeront de les acquérir. C’est par ce biais que vous pourrez alors obtenir des technologies de pointe avant la concurrence. Le laboratoire est divisé en 4 sections et permet donc d’obtenir, au fil des années, de nouvelles technologies (caméra motorisée, film 16 mm, effets spéciaux, caméra dolly, maquillage réaliste, pellicule de film colorisée à la main, camera reflex, film couleur, film 35 mm, costumes en latex, son stéréo, caméra numérique …) mais aussi de nouveaux décors (Salon de banlieue, Chambre d’hôtel, Voiture en marche, Wagon de métro, Rue Far West, Couloir d’école de banlieue, Cimetière, Monde extraterrestre, Plage tropicale, Saloon, Prison moderne, Champ de bataille de guerre …), de nouveaux bâtiments (nouvelles caravanes pour les stars, chirurgie esthétique, réadaptation pour soigner les dépendances des stars, restaurant, bar, bureau de script intermédiaire, bureau de postproduction, bureau de script personnalisé …) et de nouveaux costumes. La plupart des bâtiments les plus intéressants, comme le bureau de promotion et le bureau de script excellent ne seront disponibles qu’en remportant certaines récompenses de carrière. Pour ce faire, il faudra atteindre des objectifs bien précis comme produire un film à 2 ou 3 étoiles, avoir une star qui obtient 2, 3 ou 4 étoiles, avoir une une certaine somme d’argent sur son compte, avoir gagné un certain nombre de récompenses aux cérémonies, avoir un certain nombre d’étoiles à son studio … Un évènement bien particulier a lieu tous les 5 ans : la cérémonie des Lionhead Motion Picture Awards. Il s’agit là tout simplement d’une remise de prix pour le travail fourni par chacun des studios de cinéma existants. Si l’on compte 5 studios en 1920, il y en a 10 en 1980, gare à la concurrence. En 1920 la cérémonie ne décerne que 3 prix mais en 1975 on compte 13 récompenses : star la mieux classée, film le mieux classé, meilleur acteur, meilleur réalisateur, meilleur espoir, meilleur employeur, meilleure progression de studio, star la plus prolifique, meilleur studio (studio le plus esthétique) … Si ces récompenses valorisent votre ego, elles servent surtout à obtenir des bonus très appréciables comme : scientifiques travaillent plus vite, diviser par 2 les salaires des stars, les stars ne craignent plus la dépendance, les stars gagnent plus vite de l’expérience, les films réalisés suscitent l’intérêt du public quel que soit le genre … La gestion des stars En plus de gérer le studio et la création des films, il faut aussi s’occuper de ses stars. Il faut savoir que l’un des points assez énervant du jeu est que des acteurs ou autre type de personnel ne se présenteront aux portes de votre studio que si ce dernier est bien classé. La gloire appelle la gloire. Les stars se gèrent un peu à la manière des sims, en beaucoup moins évolué bien sur, on ne gère pas leurs besoins quotidiens mais des éléments spécifiques que sont le stress et l’ennui. Une star stressée jouera mal et sa mauvaise humeur aura une incidence néfaste sur son jeu d’acteur et donc sur le film. Pour se détendre, rien de tel qu’un petit passage au bar ou encore un dîner au restaurant. Cependant, il faut bien faire attention à ne pas trop les y emmener et à ne pas les y laisser trop longtemps car les dépendances à la nourriture et à l’alcool doivent également être gérées. Une star qui a dépassé son seuil d’alcool ou de nourriture ne sera quasi plus contrôlable, elle partira boire ou manger au lieu d’aller jouer son rôle dans un film et sera stressée beaucoup plus vite. Le centre de réadaptation permet aux stars de rectifier les dépendances. D’autres paramètres sont pris en compte : le salaire, l’image, l’entourage, la caravane, le relationnel, la presse, le physique et la branchitude. Il ne faut pas avoir peur de tous ces paramètres, l’ensemble se gère d’une manière très simple, le seul problème étant que les stars sont diablement exigeantes. Elles voudront des assistants, des salaires plus élevés, une caravane plus luxueuse, plus de repos … Il est possible, et recommandé pour la qualité des films, de travailler le relationnel des stars entre elles. Deux stars qui s’entendent bien travailleront mieux ensemble. D’ailleurs, les relations peuvent être de différentes nature : simple connaissance, ami, meilleur ami, âme sœur et amant. Au fur et à mesure que les années passent, il faut que les stars restent à la mode, la salle de relookage permet de changer leurs vêtements, accessoires, maquillage, coiffure, couleur de cheveux … Si une star commence à prendre de l’âge ou que simplement son physique ne lui convient pas, il suffit de l’envoyer dans la salle de chirurgie esthétique pour un petit lifting, une liposuccion ou encore la pose d’implants. Enfin, des photographes se pointeront souvent à l’entrée de votre studio, attendant de trouver des sujets compromettants sur vos stars. Si l’une d’entre elles entretient une relation poussée avec une autre star ou si elle se comporte bizarrement sous l’effet de l’alcool, on peut placer un photographe près de la star concernée et il se fera une joie de faire le paparazzi et partira en courant, photo à l’appui. Les conséquences peuvent être bonnes ou mauvaises, réfléchissez donc bien. A noter que le petit logiciel StarMaker, fourni avec le jeu, permet de créer de toutes pièces différentes stars (retouches du visage : nez, oreilles, lèvres, yeux …, cheveux …). Une fois dans le jeu, il suffit de placer un acteur demandeur d’emploi sur l’option Importer star de l’école d’art dramatique pour l’inter changer avec une star créée dans le logiciel. La création de film Voilà donc le troisième aspect du jeu, le plus intéressant et celui sur lequel vous passerez le plus de temps. Au départ, on ne possède que le bureau de script de base mais, très vite, on obtient grâce au laboratoire le bureau de script personnalisé. C’est ici que vous pourrez créer vos films de A à Z ou travailler sur un script écrit par vos scénaristes. Les fenêtres qui apparaissent et l’interface peuvent faire peur de prime abord mais on s’y fait très vite, l’ensemble étant très intuitif. De plus, de nombreux didacticiels vous expliqueront la signification du moindre icône présent. On commence tout naturellement par donner un titre au film, on choisit ensuite un genre parmi les 5 disponibles (Action, Comédie, Horreur, Amour et Science-fiction), un type de structure (simple, détaillée ou libre) et les acteurs qui participeront au tournage ; on peut également donner un nom de rôle à chacun des acteurs (1 rôle principal et 2 rôles secondaires), on pourra également faire intervenir autant de figurants qu’on le souhaite. On arrive ensuite sur la fenêtre de création du film, on va pouvoir créer chaque scène du film, une par une. Il suffit de choisir un décor puis une scène parmi celles proposées. Pour rechercher une scène en fonction de nos désirs, des filtres de sélection ont été intégrés : déplacement, incident, poursuite, amour, intro, résolution, violence, préparation, investigation, préparation et conversation. Bien sûr, on retrouve certaines scènes dans plusieurs filtres. De très nombreuses scènes diverses et variées ont été intégrées et il y a vraiment de quoi faire. Une fois une scène choisie, on peut modifier selon notre convenance les costumes des acteurs, les effets météorologiques (temps clair, brouillard, pluie), la lumière, la toile de fond, les accessoires, le rôle des acteurs et les figurants. Deux vues dont disponibles : la vue libre et la vue cinéma. On pourrait regretter que l’on n’ait pas le choix des angles de vue mais cette option est disponible pour certaines scènes. Les costumes mis à disposition sont tout simplement innombrables, on trouve de tout : sous-vêtement, scientifique, prêtre, serveur, poulet, gorille, ange, lapin, loup-garou, esclave de l’espace, gigolo, soldats des différentes guerres, cow-boy, disco, citadin, gangster, détective privé, vagabond, clochard, barman, clown, amérindien, policiers, gogo, fantôme, danseur, majorette, robe de mariée … Dans la plupart des scènes il est également possible de changer le jeu d’acteur ; par exemple, dans le cas d’une scène de danse, on peut choisir l’humeur du danseur (heureux, intense, triste, en colère), la durée (court, moyen, long) et l’aptitude de danse (novice, entraînement, professionnel). Dans le cas d’un combat (le kung-fu est au programme), on peut choisir l’intensité de la bagarre (agression, extrême, horrible). C’est vraiment un bonheur. Enfin, votre script personnalisé est achevé, il faut ensuite lancer le tournage et choisir un réalisateur. Lorsque le film est terminé, il est possible de le retoucher une ultime fois dans le bureau de postproduction. Il est alors possible d’ajouter ses propres musiques ou doublages, de modifier le générique du film (police d’écriture, couleur, toile de fond), faire des fondus entre les scènes, déplacer ou couper des scènes. Lorsque le bâtiment est disponible, il est ensuite vivement conseillé de faire de la promo au film. Il suffit de le placer dans le bureau pour en faire la pub. Il est aussi possible d’y envoyer les acteurs qui ont participé au film pour des interviews, leurs relations avec la presse s’en amélioreront. Une fois la campagne de pub achevée (quand bon vous semble), il faut choisir un budget marketing lors de la sortie du film correspondant à l’opinion publique. Lors de la sortie d’un film, divers critères sont pris en compte et reçoivent une appréciation (médiocre, mauvais, moyen, bon, excellent) pour obtenir une note globale du film. Seront jugés la performance des acteurs, du réalisateur, les relations entre les stars, l’état des décors, l’expérience de l’équipe, la puissance de star (si elles sont bien classées ou non), la popularité du genre, l’originalité et la technologie employée. On nous indique ensuite l’impact de la sortie du film sur le personnel et le studio, le coût et la durée de production. Enfin, on reçoit, tremblant, les critiques des journalistes. Il ne tient qu’à vous de créer des films qui seront au top du classement et de propulser votre entreprise en haut du podium des studios hollywoodiens. Graphismes Les graphismes sont vraiment soignés en général tout comme les animations légèrement caricaturées, un peu à la manière des Sims. Il est possible de zoomer à un niveau impressionnant, on peut alors profiter des détails des moindres recoins du studio et des personnages. La seule petite réserve que j’émettrais concerne justement les stars ; si leur modélisation est très soignée, elle n’atteint pas le niveau de celle des Sims, là ça aurait été exceptionnel. 16/20 Bande Son Tout simplement d’une qualité exceptionnelle. Le jeu est intégralement doublé en français et le résultat est vraiment convaincant. Les diverses musiques d’ambiance sont attachantes, variées et nous bercent idéalement lors du déroulement du jeu. Le must incontesté revient aux interventions radiophoniques qui sont toujours bourrées d’humour. Je ris encore en repensant à la jeune femme qui présente une émission sur les nouvelles technologies dans les années 70 ou aux commentaires du présentateur des nouvelles légèrement raciste (les rouges, les rosbifs …). 18/20 Jouabilité Simple, intuitif, le gameplay fonctionne à la quasi perfection. La gestion du studio est classique mais efficace, celle des films nécessitera un petit temps d’adaptation pour en apprendre toutes les subtilités mais, une fois l’essentiel intégré, on s’amuse comme un fou à créer ses films. De plus, de nombreux didacticiels sont présents, tous intégralement doublés en français, et d’une clarté exemplaire. Le petit hic concerne, une fois de plus, les stars. Il est parfois difficile de les contenter au mieux et elles ont parfois des réactions surprenantes, enfin, ça ne doit pas être évident la vie de star. 17/20 Durée de vie Le mode carrière commence en 1920 et ne s’arrête jamais. Jusque dans les années 90 on suit l’évolution du cinéma et des technologies puis on peut 17/20 faire perdurer notre studio jusqu’en 2500 si cela nous chante. Il faudra de nombreuses heures de jeu et du talent si l’on souhaite obtenir les quelques 9 récompenses de carrière disponibles dont les critères d’obtention sont de plus en plus difficiles à réaliser. De plus, le mode Bac à Sable propose de se concentrer sur la création de film puisque l’on peut choisir l’année de début de jeu ainsi que le budget de départ du studio. Avec les 40 décors disponibles, il y a vraiment beaucoup de films à faire. Verdict The Movies remporte avec brio un pari qui était risqué. Peter Molyneux et toute l’équipe de Lionhead Studios ont fourni un travail exceptionnel pendant près de 4 ans pour nous offrir aujourd’hui un simulateur de réalisateur hollywoodien et, en même temps, d’un gestionnaire de studio. Les possibilités sont innombrables et c’est un vrai bonheur que de visionner ses œuvres, les envoyer à des amis … S’il est vrai que The Movies aurait pu aller encore plus loin, on a plaisir à penser que d’éventuels add-ons ou patchs viendront ajouter du contenu à ce jeu déjà exceptionnel tel qu’il est. Un gros coup de cœur et un grand merci à Mr Molyneux. 18/20