L’alcoolisme chez l’adolescent
- véritable problème de santé publique sous-estimé et méconnu
prise de conscience relativement nouvelle
- comportement évolutif jouant une fonction adaptative chez la plupart
des jeunes
- l’adolescence apparaît comme une période de remaniement important
entraînant une situation de vulnérabilité propice à l’installation de
consommations pathologiques
Données épidémiologiques :
Toutes les enquêtes épidémiologiques témoignent de
l’existence d’une alcoolisation importante chez les adolescents.
Les consommations d’alcool qui avaient significativement diminué
chez les jeunes de 1984 à 1991 ont très nettement progressé depuis
1991
Selon la DGS et le CFES
47% des 12-18 ans consommaient de l’alcool en 1991
65% ---------------------------------------------------- 1996
La consommation d’alcool fort a doublé entre 1991 (25%) et 1996
(47%)
Le nombre d’ivresse est en forte augmentation, supérieur à 30%
Selon une enquête de l’Inserm en 1994 on remarque :
- l’augmentation nette des consommations avec l’âge
o 4% des garçons et 1%des filles de 11 à 13 ans consomment de
l’alcool au moins 2 fois par semaine
o 15% des garçons et 3% des filles de 16 à 17 ans consomment de
l’alcool au moins 2 fois par semaine
o 22% des garçons et 5% des filles de 18 ans et plus consomment
de l’alcool au moins 2 fois par semaine
- la fréquence relative des ivresses
o 17% des garçons et 10% des filles de 16 à17 ans ont été ivres
trois fois ou plus dans l’année
o 33% des garçons de 18 ans ou plus ont été ivres trois fois ou
plus dans l’année
- un usage différent selon les sexes
o les garçons sont nettement plus consommateurs de drogues et
d’alcool que les filles
- une forte association avec d’autres produits licites (tabac) ou illicites
(cannabis, héroïne) et les troubles du comportement (fugues
absentéisme scolaire, violence…)
Une étude de Bailly et col. Réalisée en 1993 dans la région Lilloise chez
des enfants de 7 à 11 ans scolarisés dans la région Lilloise a montré que :
70,8% des enfants avaient consommé au moins une fois de l’alcool
8,7% buvaient régulièrement
l’ivresse précoce pourrait constituer un facteur prédictif de
l’expérimentation d’une drogue illicite ou du passage vers
l’alcoolodépendance
Selon Miller et col. l’alcoolisme de l’adolescence s’intègre souvent dans
une polyaddiction
Les premiers contacts avec l’alcool sont précoces (entre 10 à 12 ans) et
se font souvent dans les familles :
36 % des enfants ont été initiés aux boissons alcoolisées par leurs
parents avant l’âge de 8 ans.
31 % des garçons et 15 % des filles, parmi les lycéens, consomment
déjà régulièrement des boissons alcoolisées.
L’âge de la première ivresse se situe en moyenne entre 14 et 16 ans.
Forte corrélation entre la consommation des parents et celle des
enfants : modèle, rôle propre de l’éducation (normes, interdits
répression…)
Il semble que la consommation des jeunes ne soit pas liée au milieu
socio-économique d’appartenance.
Les jeunes semblent délaisser le vin au profit de la bière et des alcools
forts. (bières whisky vodka…)
Dans la plupart des cas, il s’agit de consommations de groupe, entre
copains, souvent limitées aux week-ends.
Ces comportements d’alcoolisation vont de pair avec des situations à
risque par rapport aux contaminations virales (hépatites B et C, VIH)
en raison de l’effet euphorisant et désinhibiteur de l’alcool favorisant
des pratiques sexuelles à risque. (non protégé, partenaires multiples,
impulsivité voire violence…)
Mais l’alcoolisation des adolescents est un comportement hétérogène,
qui revêt des significations diverses.
1 - alcoolisations excessives, sans expression clinique :
Certains adolescents consomment de l’alcool de façon déjà excessive,
souvent en famille ou en groupe, sans que ce comportement n’entraîne
de conséquences somatiques, psychiques ou sociales.
Ces alcoolisations, surtout à la bière, parfois aux alcools forts, sont
régulières, souvent associées à un tabagisme précoce et, chez les filles,
à une consommation de médicaments psychotropes.
Elles semblent favorisées par des facteurs socio-culturels, incitation
familiale d’abord, puis incitation par le groupe des « copains ».
L’alcool est un élément de socialisation, d’appartenance au groupe,
symbole d’intégration. L’alcool devient signe de maturité et
d’indépendance.
Pression du conformisme pour s’adapter aux pratiques du groupe avec
phénomène de surenchère « être à la hauteur », « capable de tenir le
coup », « en faire plus que l’autre »…
Il s’agit en fait d’une conduite adaptative d’intégration au monde des
adultes et en premier lieu au groupe des pairs
Cette consommation, déjà excessive mais encore silencieuse mérite
d’être dépistée car, parmi ces adolescents, certains évolueront, par le
biais d’une augmentation insidieuse de la tolérance et des quantités
consommées, vers une dépendance véritable.
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