CONVERGENCES POUR UNE SORTIE DE CRISE
Le Réseau pour la Justice Fiscale a organisé, le 14 février dernier, une
journée de rencontre, à la F.G.T.B., à Bruxelles, afin de mettre en commun
les analyses et remèdes face à la crise préconisés par les forces
progressistes de Wallonie et de Bruxelles. Le RJF partait du constat que,
face à cette crise globale, une réaction structurée et unitaire peinait à se
mettre en place. Et qu’il était, par conséquent, nécessaire de rassembler
acteurs syndicaux et associatifs afin d’établir des convergences sur des
propositions à défendre ensemble, par la suite.
ANALYSE DE LA CRISE : QUELQUES IDEES-FORCE DES
DIFFERENTS INTERVENANTS
THIERRY BODSON (F.G.T.B. wallonne)
La crise est l’occasion de rendre à l’Etat le rôle régulateur qu’il a perdu, non
seulement dans le domaine financier, mais aussi dans l’ensemble de
l’économie.
Dans la mesure où le gonflement de la bulle financière est
essentiellement à l’accumulation des profits au détriment des revenus du
travail, il est important de se rendre compte du rôle indispensable de la
2.
sécurité sociale et de la fiscalité. En effet, les sommes consacrées à l’impôt
et à la sécurité sociale sont soustraites aux bénéfices plantureux des
actionnaires. De la même manière, en défendant la pension légale, on
soustrait des sommes à la spéculation.
Les outils publics de financement de l’économie en Wallonie (comme la
S.R.I.W.) échappent à l’obligation de return direct. Leur but est de
développer l’activité économique et non pas de faire du profit à court terme.
Créer une banque publique en Belgique a du sens. Par contre, nationaliser
Fortis serait une hérésie. Car il existe des règles au niveau mondial (même
si on ne les accepte pas).
La transformation d’une banque privée, comme Fortis, en banque publique
pourrait faire fuir les investisseurs de notre pays.
ARNAUD ZACHARIE (C.N.C.D. 11.11.11.)
Nous nous trouvons dans une crise globale. Face aux réponses actuelles
qui sont tout à fait insuffisantes, il faut donner des réponses à l’ensemble
des crises. C’est l’intérêt d’établir des convergences entre mouvements
travaillant sur des thèmes différents.
Le Forum Social Mondial de Belém a été le meilleur de tous ceux qui ont eu
lieu jusqu’à présent. Suite au G20 de Washington, on a assisté à une forte
mobilisation des mouvements sociaux d’Amérique du Nord. La fusion des
assemblées « Emploi » et « Crise financière » en une seule assemblée a
produit des positions communes qui ont servi de base à l’Appel « Mettons
la finance à sa place ! » signé par un grand nombre de syndicats,
d’associations et de mouvements sociaux.
3.
FRANCOIS GOBBE (KAIROS EUROPE W-B et TAX JUSTICE
NETWORK)
La crise financière tire son origine de l’accumulation des dettes
(phénomène qui a commencé, il y a un certain temps déjà, dans le Tiers
Monde), de la baisse des salaires et du manque de régulation.
Le développement et l’exportation de produits financiers complexes, s’est
effectué via l’infrastructure du système parallèle des banques (« shadow
banking system »), logé dans les paradis fiscaux (centres offshore) à faible
régulation. Ce système a encouragé un développement parallèle des
risques et des profits. Avec la chute des profits, il en résulte un blocage de
la confiance entre les banques dû à l’existence de produits dits « toxiques »
qui sont de valeur difficile à évaluer.
FELIPE VAN KEIRSBILCK (C.N.E.)
Tous les pays sont en voie de développement « durable ». Aucun pays ne
concilie, en effet, un haut niveau de développement humain et une faible
empreinte écologique.
Mettre l’économie au service du bien-être passe par un renforcement de la
sécurité sociale. La sécurité sociale n’est pas seulement un facteur de
redistribution des revenus. Elle est également :
- un instrument de politique sociale : Par exemple, en faisant le choix
de la gratuité pour les soins dentaires des enfants de moins de 18
ans, plutôt qu’en avantageant fiscalement l’achat de 4 X 4 ;
- une puissance d’émancipation des travailleurs : l’existence des
allocations de chômage permet de pouvoir dire « merde » à son
employeur.
4.
THIERRY JACQUES (M.O.C.)
Et si cette crise que l’on dit financière ou boursière était avant tout une crise
sociale ? Si la cause de cette crise n’était ni les subprime américains, ni la
dérégulation du système financier, mais bien plutôt le capitalisme financier
lui-même, qui produit (et a besoin…) des travailleurs mal payés et
précaires, mais aussi totalement endettés ?
Si le fondement de cette crise était à chercher du côté des inégalités de
revenus qui, se cumulant avec toutes les autres inégalités, se trouvent à la
base du fonctionnement du système capitaliste actuel ?
Dans cette perspective, relancer la machine économique sans aller vers un
développement plus égalitaire nous amènera à d’autres crises.
ANNE DE VLAMINCK (INTER-ENVIRONNEMENT WALLONIE)
Sortir de la crise, c’est marcher vers une autre civilisation, c’est remettre en
cause les postulats qui dirigent notre société, postulats fondés sur la
domination par l’Homme de la nature.
Pour assurer la transition économique vers une économie sans pétrole, il
faut :
- adapter la société à l’énergie rare
- utiliser la fiscalité « verte » comme un levier d’innovation
- mettre en œuvre un plan « logements » et un plan « mobilité » dans
le but d’économiser l’énergie.
5.
QUELLES CONVERGENCES POUR UNE SORTIE DE CRISE ?
Le Réseau pour la Justice Fiscale a réalisé un travail de synthèse au départ de
plusieurs sources d’information :
- les analyses et propositions produites par les principales forces syndicales et
associatives constitutives du Réseau ;
- le contenu des interventions et des débats, lors de la journée du 14 février ;
- l’Appel « Mettons la finance à sa place » du Forum Social Mondial de Belém.
Il est remarquable de constater qu’il y a effectivement convergence sur un certain
nombre de propositions concrètes dans le domaine de la régulation financière et dans
celui des alternatives à opposer au modèle de développement inégalitaire et destructeur
que nous connaissons.
Le RJF constate que les moyens utilisés jusqu’à présent pour faire face à la crise se
limitent à socialiser les pertes, en vue de sauver sans contrepartie le système financier.
Il est nécessaire au contraire de mettre l’économie au service du bien-être en
développant un certain nombre d’outils dans ce but.
Ces outils sont des objectifs à moyen et long termes. Ils devront être détaillés, par la
suite, afin de devenir des revendications précises à l’intention des responsables
politiques.
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !