L’EXPERIENCE SOCIOLOGIQUE (2007)
FRANCOIS DUBET
I-MOUVEMENTS SOCIAUX
Sociologie post 68
Le courant intellectuel le plus influent:le marxisme structuraliste incarné par Althusser,
Poulantzas…
= vision de la société pensé comme un système bouclé de domination dans lequel l’ideologie
dominante englobait la totalité des institutions devenues « appareils idéologiques d’Etat » et où
l’action etait elle-même enfermée dans un déterminisme sans faille.
Les nouveaux mouvements sociaux
Selon Touraine, nouveaux mouvements sociaux sont les symptômes de la formation d’une
société post industrielle après le choc de 1968 et de la vague de la contestation et de la contre-
culture américaine.
L’intervention sociologique
Nouvelle méthode de Zsuzsa Hegedus, Michel Wieviorka et Francois Dubet (recrutés par Alain
Touraine): ils souhaitaient dégager des significations et tester leurs consistances auprès des
acteurs concernés en travaillant avec des groupes de militants pour saisir la dynamique des
relations entre diverses tendances et d’engager les individus dans un travail de réflexion sur eux-
mêmes et sur leurs actions.
CCL= Observation de traces de nouveaux mouvements sociaux mais pas celui recherché.
Une serie de recherches
-luttes étudiantes: Il est vite apparu que les militants n’etaient pas porteurs d’un véritable
projet. Science et culture ne pouvait être un enjeu car elles étaient entre les mains d’une
bourgeoisie toute-puissante,
-luttes antinucléaires: la défense de la nature etait un enjeu lourd et promis à prendre de plus
en plus d’ampleur. Constat = un nouveau mouvement social existait bel et bien mais il avait une
grande difficulté à s’incarner dans une organisation et une stratégie politique. 30 ans plus tard les
choses n’ont pas changé.
-luttes occitane: nouvelle génération de militants voulant rompre avec la défense traditionnelle
des langues régionales en liant cette affirmation culturelle à des luttes économiques contre la
fermeture des usines.. Mais le thème nationalitaire n’a cessé de se déchirer entre des nationalistes
et des régionalistes. On ne peut parler de nouveaux mouvements sociaux dans ce cas.
Retour vers les ouvriers
Le syndicalisme ouvrier:
Constat = dans tous les milieux les militants avaient le sentiment d’un affaibissement de la classe
ouvriere. Ceux-ci se concentrait dans le secteur public et quelques grandes entreprises.Il apparaît
que malgré sa faiblesse, le syndicalisme se sent responsable de l’ensemble d’un monde du travail
bousculé par les mutations du capitalisme.
CCL de Dubet = La vie sociale n’est pas une pure construction subjective et à l’inverse les
acteurs ne sont pas de simple supports de positions sociales.
II-LA BANLIEUE
La galere
Desorganisation sociale: (qualifié ainsi par les sociologues de l’Ecole de Chicago)
Les jeunes expliquent que les bandes sont plus un stéréotype que la réalité, ils se considèrent eux-
même comme etant des victimes de la délinquance. Un pied dans la tradition et la famille, l’autre
dans la modernité et la rue. Aussi, chacun en appelait à l’Etat, à la mairie, aux travailleurs sociaux
afin qu’ils fassent ce que la société ne faisait plus toute seule, tout en reprochant à ces
interventions d’être de plus en plus etrangeres à la cité car ces acteurs sociaux n’y vivaient plus
depuis longtemps. Mais actions vaines.
Exclusion: Ils portent avec eux une mauvaise réputation sociale mais aussi raciale Exclusion
qui entraine des réponses assez contrastée: ce que Merton appelle le conformisme deviant:
ex:souvent il suffisait que les prisons les socialise pour que ces petits délinquants devient des
« professionnels »
La 2eme réponse= le retournement du stigmate
La rage: Cette rage provient du sentiment de se heurter à une domination sociale. L’acteur qui
donne une image à cette rage est la police: elle incarne la défense d’un monde insupportable, elle
est raciste, brutale…
Emeutes et protestation
Les emeutes ne sont pas si irrationnelles que cela. Sans cela on ne parlerait jamais des cités,
derrière la répression arrivent les aides et les politiques urbaines.
20 ans après
Les quartiers se sont « ghettoïsés » et « ethnicisés ». .Nous sommes passés à une définition
purement sociale des banlieues à une définition culturelle et social. Il n’ya plus d’élection qui ne
se joue sur l’immigration et l’insecurité ce qui laisse entendre aux habitants des quartiers qu’ils
n’ont pas leur place en France.Les jeunes se replient sur leur bande et leur territoire et parfois
même sur la tradition religieuse qu’ils réinventent.
III-LES ELEVES, L’ECOLE ET L’INSTITUTION:
Pourquoi travailler à l’Ecole?
1er registre de motivation = « habitus ». Dans ce cas le sens des études est vécu comme allant de
soi.(Mais ce n’est pas le cas pour une grande majorité des eleves).
2eme registre de motivation = l’utilité des études qui sont indispensables pour pouvoir s’en
sortir.Mais nous sommes loin de l’acharnement ascétique des anciens boursiers. Il y a aussi
l’intérêt intellectuel
Les tensions de l’experience scolaire
Les bons eleves des bonnes filières, qui sont en général issus des catégories les plus favorisées,
affrontent une epreuve une epreuve plus facile à surmonter: ils disposent des codes culturels qui
soutiennent leurs motivations et ils ont une conscience plus vive des utilités scolaires.
Les eleves moins performants et souvent moins favorisés vivent leur scolarité sous la forme d’un
ajustement minimal. « violence symbolique » très forte .
Homologie
La relation pédagogique semble fortement dérégulée. Les eleves ne seraient pas motivés et pour
les eleves, les enseignants ne le sont guere plus. Quant au sentiment d’etre méprisé, c’est la chose
la mieux partagée. Individualisation et subjectivation de l’enseignant. Défense rigide de la
bureaucratie par les enseignants.
Le déclin de l’Institution (= dans le sens d’instituer)
L’école est prise dans un processus de désenchantement affaiblissant le caractère « sacré » des
principes qui la fondent. L’école perd le monopole qu’elle avait arraché à l’Eglise: construire une
image ordonnée du monde. Massification de l’école démocratique: elle n’est plus un ordre
régulier mais prend en compte les problèmes d’adolescence…Donc déclin du programme
institutionelle ( different d’un déclin de l’école)mais qui ne concerne pas que l’école.
IV-JUSTICE SOCIALE:
Critique de l’égalité des chances:
Jusqu’en 1960, l’élitisme républicain permettait aux meilleurs eleves des classes moyennes et
populaires d’acceder au collège et lycée grâce à leurs compétences. Apres 1960, c’est l’égalité
des chances qui a prévalu avec la massification et la justice méritocratique. Cela pose de sérieux
problèmes car très difficile à réaliser et de plus, ne prevoit rien pour ceux qui ne réussissent pas.
Rawls et le principe de différence ie l’école doit garantir un niveau de compétences et
connaissances elevé pour les élèves les plus faibles.De plus concept cruel car ceux qui ne
réussissent pas ne peuvent s’en prendre qu’à eux-même. Donc problème de l’école juste (voir
polycop)
L’injustice au travail
Le travail est un echange qui rémunère en fonction des compétences et non en fonction du labeur
de chacun.
D’apres Weber le travail est un vecteur essentiel de la créativité humaine.
Chacun a le sentiment de justice en soi donc chaque travailleur mobilise tous ses principes de
justice des qu’l est conduit à dénoncer les injustices dont il se sent victime. Or au travail personne
n’est parfaitement égalitariste mais il revient à chacun de dire s’il se sent alliené ou épanoui dans
son travail.
Critique des injustices:
-Critique de l’exclusion, de la pauvreté et de la précarité qui tracent une sorte de frontière
intérieure à la société opposant les inclus aux exclus. Meme si la plupart des travailleurs
acceptent une hiérarchie des salaires et de revenus, ils condamnent l’extrême pauvreté et
l’extrême richesse.
-Critique égalitaire (au nom de l’égalité des chances) les inégalités sont juste tant que l’égalité
des compétiteurs est assurée.
L’économie morale des injustices:
Pas de passage automatique du sentiment d’injustice à l’action collective car pluralité du
principe de justice, par dignité les individus refusent de se considérer eux-même comme des
victimes.
Qui est responsable?
En général, les personnes s’en prennent au « système ». Par exemple un employé va accuser le
capitalisme plutôt que son patron.
V-L’EXPERIENCE SOCIALE:
La société et l’action
La société : Idée fondamentale de la pensée sociologique. 3 caractéristiques
-Moderne, on l’oppose à la tradition la communauté
- « organique » (Durkheim) prise dans un processus continu de rationnalisation
- individualiste et égalitaire (Tocqueville)
Risques encourus par la société: anomie (Durkheim), desenchantement (Weber) , tyrannie
(Tocqueville). La société est un système et un conflit regulé
L’action sociale: concept inventé par la sociologie. L’acteur est le système car il agit selon les
besoins ou les loi du système.
Correspondances affaiblies
Inégalités multiples: d’autres registres d’inégalités se superposent à ceux des classes sociales:
inégalités de genre, inégalités de sexe, de génération…De plus, les attitudes culturelles, les choix
politiques, la maniere de vivre, les gouts sont de moins en moins directement corrélés aux
position de classe des individus et chacun apparaît plus singulier et plus multiple.
La socialisation troublée: La « crise » des institutions designe la transformations des processus
de socialisation qui ne procèdent plus totalement du « clonage» des individus que l’on anticipait.
Chacun s’affirme comme un sujet interpretant largement les rôles qui lui sont dévolus
Le paradigme de l’action: plusieurs paradigmes
Weber: ce qu’on appelle système est un effet d’agrégation plus ou moins complexe de conduites
individuelles. Boudon: rationalité de l’acteur qui optimise ses intérêts en fonction des contextes
d’action, des ressources dont il dispose et de croyances elles aussi rationnelles. A l’inverse:
sociologie compréhensive dans laquelle l’interaction individuelle est au fondement de la vie
sociale.
L’experience sociale:
L’integration sociale: nos conduites et nos pensées procèdent de la même maniere dont nous
avons intériorisé des modèles culturels, des normes, des rôles et des identités.
L’integration est plus qu’un état elle est une activité par laquelle chacun reconstruit sans cesse
cette intégration objective qui est aussi une subjectivité personelle. On y défend des positions
sociales, on y affirme des valeurs qui sont aussi des identités personnelles…
La stratégie : Quand l’individu agit d’un point de vue stratégique son identité est moins un être
à défendre qu’un ensemble de ressources mobilisables; le contrôle social est moins défini en
terme de honte ou de culpabilité qu’en terme d’opportunités et de « gaffes ».La société est alors
perçue comme un marché.
subjectivation: la société ne se réduit ni à un système d’intégration, ni à un système de
concurrence plus ou moins apaisés par des contrats, elle est percue comme un système de
domination s’opposant à l’autorealisation des acteurs: on parle d’alienation, de réification,
d’absence de reconnaissance.
Que font les acteurs?
La plupart de nos actions sont routinieres mais dernieres ces manieres d’agir se tiennent des
structures d’action bien plus déchirés, des arbitrages et des systèmes de justification. C’est en
s’intéressant à la singularité des acteurs que l’on a le plus de chances de mettre à nu la façon dont
s’agencent les « forces » et les « faits sociaux ». Chacun construit son expérience d’une manière
unique parce que les histoires et les conditions de vie ne se ressemblent pas. L’experience sociale
n’est pas un « vécu » mais une activité cognitive, normative et sociale
Des formations sociales:
La société existe quand elle se produit et se représente elle-même notamment à travers la
politique. Meme si les modalités traditionnelles de la représentation politique semblent se
« déliter », il reste que le peuple et la nation sont construits et que les campagnes électorales nous
unissent autant qu’elles nous opposent.
Critiques
Sylvain Dzimira Revue de Mauss
-Bien que ce livre s’intitule « l’experience », on etait en droit d’attendre pas qu’une simple
description mais aussi une solution aux problèmes. Or, souvent il se contente de décrire,
d’expliquer non pas selon son propre point de vue mais selon des explications déjà connus. Or le
propre de la sociologie n’est-il pas de tenter de remédier aux problème en proposant d’abord une
analyse puis une solution .
En fait, le livre n’apporte pas de solutions à ces déclins, mais des réponses. Selon l’auteur, le
déclin de la societé francaise est tout à fait normal, puisque la société bouge, se » mondialise »,
mais qu’elle fait encore référence à des cadres institutionnels intra-muraux et qui semblent
aujourd’hui être dépassé par les événements (délocalisation, voile, chômage…).
Pb de la neutralité methode
-Dubet donne une vision trop personnelle des choses.
S'il tente de se préserver selon ses propres mots de « la tentation autobiographique », l’ouvrage a
au total un allant bien particulier. Il y écrit à la première personne du singulier et raconte par
bribes des moments de sa vie.
Il a de donc plus l’allure d’un essai que d’un ouvrage universitaire, l’un de ses intérêts manifestes
étant, ce faisant, de raconter une histoire autobiographique des idées particulièrement stimulante.
Nous insistons sur le terme de « raconter » : Dubet explique l’émergence de ses intérêts
sociologiques en les replaçant dans son parcours biographique, rompant de fait avec l’habitude
sociologique de la rupture épistémologique.
A la fin de l’introduction, Dubet définit son projet comme celui de faire de façon « subjective la
sociologie de la sociologie ». Cette tonalité subjective se ressent constamment, on a l'mpression
de lire une sorte de manifeste très personnel.
Ici, on sent bien que F. Dubet se réclame même d’une neutralité axiologique sans faille.
Pourtant, tant la méthode employée que les choix théoriques ne sont pas neutres. Ne considère-t-
il pas lui-même que sa méthode d’objectivation, l’intervention sociologique, est « un exercice
démocratique exigeant ». Et comment ne pas considérer que son œuvre est de part en part
normative quand il en appelle explicitement à un programme de recherche normativement orienté
sur l’école, non pas au sens où les réponses serviraient une idéologie particulière, bien au
contraire, mais au sens où les questions posées à la réalité serait orientées par des normes et
assumées comme telles, ce qui ne préjugerait en rien des réponses qui leur seraient apportées.
Irait-il jusqu’à l’assumer? Cette position apporterait un éclairage d’autant plus précieux sur son
œuvre que sa contribution à une meilleure compréhension de la société française est
incontestable, et qu’on ne saurait donc lui reprocher d’avoir fait de la sociologie un prétexte pour
asseoir des positions idéologiques a priori..
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