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L’EUROPE ET LE MONDE DOMINE (1850-1939)
Les mots ayant aussi une histoire et un sens bien précis pour cette question, il faut
bien distinguer :
-la colonisation : la domination exercée par les métropoles coloniales sur des territoires
extra-européens ; le terme renvoie à l’organisation et à l’exploitation de ces territoires, mais
également à la mise en cause de cette domination. Elle repose sur une triple égalité.
1/une inégalité politique : la colonie a des obligations sans réciprocité : par exemple
aucune liberté syndicale en France avant 1945 alors qu’elle est reconnue par la Rép en
1884 (sous peine d’emprisonnement et d’amende). Par ailleurs le gouverneur a la possibilité
de juger en même temps qu’il exécute les décisions administratives, donc il n’y a pas de
séparation des pouvoirs. Il fait passer devant son propre tribunal ceux qui commettent des
infractions.
2/une inégalité économique : maintien d’un régime de travaux forcés (quasi-corvée) malgré
l’abolition de l’esclavage et ce jusqu’en 1946. Les colonies sont victimes d’une fuite des
capitaux (le « brain » britannique). Cette inégalité ne se réduit pas aux territoires colonisés
mais s’étend, entre autres, à l’Amérique latine drapeau mis à part, l’Argentine est avant
1914, une colonie britannique » écrit R.Rémond), à la Russie les Européens détiennent
des parts dans les mines de Donetz, la métallurgie et le textile à St Petersbourg et Moscou.
Tous sont soumis au « pacte colonial ».
3/une inégalité culturelle : exportation de la civilisation sans réciprocité. « Le monde a été
à l’école de l’Europe » écrit R.Rémond.
-le colonialisme : la doctrine, l’idéologie qui préconise l’établissement et le développement
de colonies, considérées comme une source de puissance pour la nation qui les possède.
-le système colonial : l’ensemble des acteurs qui participent au processus de colonisation,
et croient ou non au colonialisme, ainsi que leurs motivations, leurs arguments. Ces acteurs
consolident une domination territoriale par une présence économique aussi agressive que
leur influence culturelle.
-l’impérialisme : domination exercée par les nations industrialisées sur les autres Etats ;
idéologie qui justifie cette domination.
En 1815, l’Europe est en plein recul. Elle ne conserve alors que des lambeaux
d’empire sauf la Grande Bretagne qui s’est appropriée les dépouilles de ses voisins (elle
prend le Cap, puis Ceylan aux Hollandais). Les colonies espagnoles se sont émancipées
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entre 1810 et 1825. L’opinion est alors contre la colonisation. Il faut donc avoir à l’esprit, ainsi
que le dit R.Rémond, que la colonisation « ne procède pas d’une volonté systématique des
Etats, ne se déroule pas selon un plan préconçu, une vue d’ensemble ». En fait c’est une
succession désordonnée d’initiatives privées. Les ambassadeurs de l’Occident sont alors les
missionnaires (catholiques et protestants) et les gociants (par ex en All Bismarck est
hostile à l’expansion coloniale et ce sont les chambres de commerce de Hambourg et Brême
qui diffusent le « modèle » germanique).
On distinguera pour l’étude de ce processus historique 3 phases :
-1830-1910 et surtout 1870-1910 : la mise en place des empires coloniaux, le processus de
conquête.
-1910-1945 : la mise en valeur, l’extension et l’utilisation des colonies dans le cadre des
guerres
-1910-1980 et surtout 1945-1965 : la remise en cause du système colonial qui conduit à
l’indépendance ces colonies, entre 1947 (Inde) et la fin des années 1980 (Namibie).
En France cette période de l’histoire est devenue un enjeu de mémoires et les
héritiers des minorités soumises à ce processus de colonisation demandent d’une certaine
manière « réparation », reconnaissance des méfaits du système colonial (loi Taubirat de
1997), entraînant au contraire parfois un raidissement idéologique (loi de 2005 sur le « rôle
positif de la colonisation »). Cette « aventure coloniale » est devenue, au fil du temps, un
« passé qui ne passe pas ».
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Etude de cas : l’Europe s’enthousiasme-t-elle pour la « course au clocher » au début
du XXè siècle ?
QUESTIONS PRELIMINAIRES :
Correspondant au I-
1) à l’aide des documents 2 page 86, 3 page 87, 1 page 90 et 4 page 91, recensez en les
classant les arguments des défenseurs de la colonisation en France au début du XXè siècle.
2)à l’aide des documents 6 page 87 et 4 page 89, recensez en les classant les arguments
des adversaires de la colonisation en France et en Angleterre à la même époque.
Correspondant au III-
3)doc 3 page 90 : pourquoi parle-t-on souvent d’un « échange inégal » pour définir le
système d’échanges colonial ?
4)A l’aide du document suivant et du tableau 2 page 90, peut-on dire que les Français
investissent massivement dans leurs colonies ? Qu’en déduisez-vous ?
5)A l’aide des documents 1 et 2 page 94, et 4 page 95, montrez que les colonies sont pour
les métropolitains source d’une certaine fascination.
2EME PARTIE : REPONDEZ A LA QUESTION POSEE EN TETE DE CETTE ETUDE DE CAS.
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1) à l’aide des documents 2 page 86, 3 page 87, 1 page 90 et 4 page 91, recensez en les
classant les arguments des défenseurs de la colonisation en France au début du XXè
siècle.
-économiques : exploitation à bas coût de plantes tropicales (coton, thé en Inde, cacao, café,
arachide, caoutchouc en Afrique) ou de minéraux plus ou moins précieux.
-culturels : élever, civiliser, le lourd fardeau de l’homme blanc
-stratégiques : le manque d’espace, la présence militaire en dehors des frontières
2)à l’aide des documents 6 page 87 et 4 page 89, recensez en les classant les
arguments des adversaires de la colonisation en France et en Angleterre à la même
époque.
-relativiser l’argument civilisationnel : l’argumentaire était celui des Prussiens quand ils ont
battu les Français.
-ce n’est pas une bonne affaire sur le plan économique : expéditions militaires, entretien
coûte cher, présence lointaine onéreuse aussi.
-moraux : recul de la civilisation en fait, retour à l’esclavage, croyance en une hiérarchie des
races dont procèdent ensuite des régimes autoritaires. Exemple de la diffusion de
l’alcoolisme aussi. Horreur des chantiers mangeurs d’hommes décrits par A.Londres.
CORRESPONDANT AU III-
3)doc 3 page 90 : pourquoi parle-t-on souvent d’un « échange inégal » pour définir le
système d’échanges colonial ?
-on importe plus qu’on exporte donc le commerce est structurellement excédentaire
-ce n’est pas toujours une bonne affaire, en effet les Hollandais n’arrivent pas à rentabiliser
leur colonie des Indes néerlandaises.
4)A l’aide du document suivant et du tableau 2 page 90, peut-on dire que les Français
investissent massivement dans leurs colonies ? Qu’en déduisez-vous ?
-relative stabilité, moins de 10% avant 1914 dans les colonies, légère augmentation après
guerre car passage au communisme de la Russie stoppe les placements à l’est. Le plus la
colonie est proche, le plus on investit. Le plus la colonie comporte des contingents
européens, le plus on investit. Sinon, peu d’investissements productifs.
-Volonté de ne pas développer le pays notamment de ne pas jeter les bases d’une industrie
industrialisante.
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5)A l’aide des documents 1 et 2 page 94, et 4 page 95, montrez que les colonies sont
pour les métropolitains source d’une certaine fascination.
-orientalisme : influence dans la peinture qu’elle soit académique (Eugène Giraud ici) ou
avant-gardiste (fauvisme de Van Dongen)
-publicité = médias de masse : avec les stéréotypes du bon nègre toujours rieur (encore plus
ou moins en vigueur aujourd’hui)
-fréquentation des musées, succès des expositions coloniales qui perdurent malgré la
décolonisation.
I-POURQUOI LE DESIR EUROPEEN DE DOMINER LE MONDE REAPPARAIT-IL ALORS ?
1) En quoi la colonisation est-elle le fruit de l’industrialisation ?
-L’industrialisation amène une croissance inédite de la production industrielle : les
colonies constituent un débouché pour éviter ces crises de surproduction et s’assurer un
commerce extérieur stable et une rentrée de devises. A cette époque le commerce extérieur
des puissances européennes pèse 8650 millions de dollars. Les colonies fournissent par
ailleurs une main d’œuvre bon marché qui exploite des produits agricoles souvent exotiques
ou miniers. Cette tendance lourde persiste et s’aggrave en période de crise économique : ce
n’est pas un hasard si la course au clocher s’emballe après le krach de Vienne en 1873. il
faut trouver des débouchés pour des produits que les acheteurs habituels ne veulent plus.
On retrouve le même réflexe au moment de la crise de 1929 et au sortir de la Seconde
Guerre mondiale, où le principal réflexe est d’investir dans les colonies.
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