1 Rapport final sur l’accompagnement des équipes des centres sociaux du Ministère des affaires sociales1 PLAN IIIIIIIVV- MÉTHODOLOGIE THÈMES TRAITÉS ANALYSE QUALITATIVE DES ACQUIS ET DE LA DYNAMIQUE CRÉÉE DANS LES GROUPES DIFFICULTÉS SOULEVÉES PAR LES PARTICIPANTS RECOMMANDATIONS Ce rapport a été rédigé par le Dr Chawki Azouri et Mayssa’ el Hussaini à partir des différents rapports d’activités produits par les consultants et des réunions de co-vision entre les consultants supervisés par le Dr Azouri et Mayssa’ El Husseini. Les parties : difficultés rencontrées par les équipes et Recommandations, ont été élaboré à partir de ces réunions et du rapport qui a été fait par Mona Korban. 1 1 2 I MÉTHODOLOGIE Organisation du contenu théorique et de l’approche avec le Dr Azouri : ► contenu théorique : la formation se déroule autour de deux axes principaux 1. l’intervention psychosociale en situation de crise : mise en place d’un plan d’action avec des bases communes à tous les centres sociaux, en respectant la différence de fonctionnement relative à chaque région/centre. 2. l’accompagnement des membres des équipes dans leur fonction d’accompagnateurs auprès des familles qui ont recours aux centres sociaux : la fonction receptrice des accompagnateurs. Au delà de ces deux axes de la formation, les demandes de chaque groupe seront pris en consideration et intégrées dans les sessions de formation (demande de thèmes spécifiques tournant autour de ces 2 axes) ► Approche : pour un bon fonctionnement de la dynamique dans la formation, il est important de respecter l’approche de chaque consultant en fonction du groupe qu’il accompagne. Toutefois, nous avons défini des principes de base que les consultants sont tenus à respecter 1. Une approche dynamique du groupe de participants : ■ Première séance : - Rencontre avec les participants où chacun s’introduit, introduit son centre, les activités du centre et les ressources et réseaux disponibles dans sa région. - Définition des objectifs de la formation et du cadre. - Echange autour des thèmes proposés et des demandes de thèmes annexes. ■ 4 séances autour des thèmes de la formation où l’approche est théoricopratique. ■ 2 séances de follow up pour consolider les acquisitions et évaluer la formation. 2. Les groupes de Nabatiyeh et Baalbek seront conduits par deux consultants psychologues/psychothérapeutes, et les groupes du Sud et du Nord, seront conduits par une consultante. Ceci a été défini selon le choix des consultants. Recrutement des consultants et préparation des termes de références, des contrats et de la formation avec eux : ► Les consultants psychologues/psychothérapeutes ont été choisi parmi les consultants de ICARE. ► préparation de leurs Termes de Référence et des contrats via ICARE (parallèlemement aux contrats avec le MoSA) 2 3 ► Des réunions de préparation ont été conduites individuellement et en groupe pour définir l’approche, les points essentiels et les notions de bases du contenu de la formation, ainsi que pour la préparation des rapports à faire sur les séances et des documents à préparer pour les participants. Tout au long de la formation, nous avons effectué des : ► Follow up des consultants pour la définition du contenu de chaque séance ► Rapports des séances envoyés au MoSA (Dr Mariam Ibrahim) et àl’UNICEF (Maha Damaj) ► Evaluation continue de la formation afin d’adapter l’approche et le contenu tout au long de la formation 3 4 II – THÈMES TRAITÉS : Nabatiyeh : Groupe I- consultante : Mona Korban Groupe II- Consultant : Elie Abu Chakra Tronc commun groupe I et II : I - le trauma, ses causes, ses incidences et comment y faire face : 1- Les situations qui provoquent un trauma 1.1 Quelles sont ces situations ? 1.2 Les possibles réactions 1.3 Les conséquences du trauma sur la santé de l’individu 1.4 Pourquoi un trauma peut causer des difficultés psychologiques 1.5 Comment y faire face ? (les questions qu’on doit poser, les interventions immédiates, quand orienter chez des spécialistes) 2- L’exemple des déplacés 2.1 Ce que vivent les déplacés 2.2 Assurer les besoins primaires 2.3 L’équilibre psychique des déplacés 2.4 Ce qu’on doit prendre en considération dans l’intervention 2.5 Comment renforcer la santé psychique des déplacés 3- L’exemple des catastrophes naturelles 3.1 Leurs conséquences sur la sante psychique de l’individu 3.2 L’importance de prendre en compte le côte psychologique dans l’intervention immédiate II - Suite sur le thème du trauma, de la guerre, des symptômes et des modes d’intervention / Présentation de trois cas cliniques et de la modalité de travail avec eux : 1- C’est quoi un trauma ? 1.1 Définition 1.2 Symptômes généraux 2- Présentation détaillée des symptômes 2.1 Les symptômes chez l’enfant 2.2 Les symptômes chez l’adulte 3- Comment faire face au trauma ? 3.1 Les moyens de s’aider soi-même 3.2 Les moyens d’aider l’enfant 3.3 Suggestions pratiques pour aider un enfant qui a perdu un proche. 4- Présentation du concept de la résilience et d’un cas clinique 5- Présentation de trois cas cliniques et de la modalité d’intervention auprès d’eux. Thèmes traités selon la demande des groupes : 4 5 Groupe I : III - Abus sur l’enfant : 1- Les différents abus 1.1- Abus affectif ou émotionnel 1.2- Abus physique (violence) 1.3- Abus sexuel 2- Les causes de l’abus 2.1- D’une personne proche 2.2- D’une personne étrangère 3- Les conséquences de l’abus sur l’enfant 3.1- Les conséquences sur la sante physique 3.2- Les conséquences sur la sante psychique 3.3- Les conséquences sur le rendement scolaire 3.4- Les conséquences sur la sexualité 4- Quand faut-il se douter d’un abus chez l’enfant ? 4.1- Abus affectif ou émotionnel 4.2- Abus physique 4.3- Abus sexuel 5- Comment faire face a cette problématique 5.1- Les questions qu’il faut poser à la personne qui fait le signalement 5.2- Les questions qu’il faut poser à l’enfant 5.3- Directives pour les différents entretiens 5.4- Ce qu’il faut remarquer durant les entretiens 5.5- Quand orienter et chez qui 5.6- Comment aider l’enfant IV - Les troubles du comportement de l’enfant : 1- Différence entre problème de conduite et trouble de comportement 1.1- Problème de conduite 1.2- Critères pour parler de trouble du comportement 1.3- Critères pour parler d’hyperactivité 2- Pourquoi les enfants se comportent mal ? 3- Comment intervenir auprès de ces enfants ? 3.1- Les questions a poser a la famille 3.2- Les questions a poser a l’enfant 3.3- Quelques recommandations pour les entretiens 3.4- Contrat de conduite 3.5- Quand référer chez des spécialistes ? 4- Discipline et sanction 4.1- Une discipline efficace 4.1.1- Les objectifs de la discipline 4.1.2- Qu’est ce qui rend la discipline efficace ? 4.2- Prévenir les troubles de comportement 4.3- Les signes avant-coureurs d’une situation explosive 4.4- Comment agir une fois le comportement installé 4.5- Sanctions prévues en cas d’un comportement agressif 4.5.1- Comportements qui impliquent des sanctions 4.5.2- Formulation des directives et des demandes 5 6 o 2 grands types de directives o Formulation de demande addressee a l’enfant 5- Techniques préventives et éléments de sensibilisation des travailleurs sociaux dans leur intervention Groupe II : III – Plan d’action psychosocial dans les situations extrêmes 3.1 Description de la nature de travail de chaque participant et de son centre 3.2 L’impact des situations critiques sur la santé psychique 3.3 Le rôles des travailleurs sociaux dans l’exécution de ce plan 3.4 Les activités de groupes et le référencement 3.5 Quelques repères à consulter IV – L’intervention du travailleur social dans le milieu scolaire 4.1 La population cible 4.2 La relation avec l’administration de l’école et les enseignants 4.3 Prévention des troubles psychologiques liées à des situations stressantes 4.4 Le référencement Tronc commun Groupes I et II : V - Présentation et discussion de cas cliniques préparés par les participantes 1- Cas d’Afaf : Etat de peur et d’angoisse 2- Cas de Hoda : Personnalité émotionnellement labile VI - Travail proposé par les participantes : 1- Elaboration d’une grille de rencontre/questionnaire et travers cette grille, nous avons parlé des différents stades du développement normal de l’enfant et de la limite entre le normal et le pathologique. 2- Recensement des centres et des organismes qui présentent des services spécialisés : Les participantes ont pris l’initiative de mettre en commun les noms des différents centres spécialisés qu’elles connaissent dans leur région pour les aider dans leur orientation des cas qu’elles peuvent rencontrer dans leur travail : régions de Nabatié, Tyr, Marjeyoun, Sarafand et de Saida. Baalbeck Groupe I – Consultante : Mona Korban Groupe II – Consultante : Sophia Maamari Tronc commun- Groupes I et II 6 7 I - Le trauma, ses causes, ses incidences et comment y faire face (cf. Détails du plan cité plus haut) II - Suite sur le thème du trauma, de la guerre, des symptômes et des modes d’intervention / Présentation de trois cas cliniques et de la modalité de travail avec eux (cf. Détails du plan cité plus haut) III - Les troubles du comportement de l’enfant (cf. Détails du plan cité plus haut) Thèmes traités selon la demande des groupes : Groupe I IV - Abus de l’enfant (cf. Détails du plan cité plus haut) V - Présentation et discussion de cas cliniques préparés par les participants : 1- Cas de X : Enurésie d’un enfant 2- Cas de Y : Trouble du comportement et agressivité d’un garçon VI- Suite de la présentation et discussion d’un cas clinique préparé par une participante : le cas d’un deuil chez l’enfant. Et suite à ce cas, nous avons abordé 2 thèmes : - Le deuil chez l’enfant (critères, manifestations, modalités d’intervention, etc.) et de la différenciation entre deuil normal et deuil pathologique. - Les modalités d’intervention dans la société en général et dans une communauté en particulier pour opérer un travail d’intervention efficace. Groupe II IV - L’adolescence V - Etude de cas : - Cas X : difficultes de comportement - Cas Y : pré-adolescence et acquisition de l’identité sexuée VI – Etude de cas : - Cas W : travail de deuil chez l’enfant et signes psychopathologiques Région du Nord Consultante : Nathalie Der Sahaguian I – Les troubles d’apprentissage 1.1- Diagnostic 1.2- Intervention 1.3- Orientation 1.4- Discussion de cas II- Situation de guerre : effets et réactions chez les enfants et les adolescents 2.1- La santé psychique des enfants et des adolescents 2.2- Réaction de repli 2.3- Trouble du comportement 2.4- Autres troubles psychologiques 2.5- Le soutien psychosocial : le rôle des éducateurs ou des professionnels dans le cadre scolaire III- Les troubles psychologiques chez les femmes 7 8 3.1- Troubles d’anxiété : symptômes et moyens de soutien psychosocial 3.2- Dépression : symptômes et moyens de soutien psychosocial 3.3- Post Partum IV- Traumatismes 4.1- Les symptômes post-traumatiques 4.2- L’angoisse 4.3- La répétition de l’évènement traumatique 4.4- Les phobies 4.5- Comment faire un entretien avec une personne traumatisée V- La mort et le deuil 5.1- Le deuil chez l’enfant 5.2- Peur, colère et culpabilité face à la mort 5.3- L’accompagnement de l’enfant 5.4- Le concept de mort chez les enfants de 0 à 3 ans ; 6 ans ; à l’adolescence 5.5- Les rituels d’enterrement et la préparation de l’enfant Région du Sud Consultante : Nathalie Der Sahaguian I- L’abus sexuel 1.1- L’abus et l’attouchement sexuels 1.2- Le sentiment de culpabilité chez l’enfant 1.3- La réaction des parents 1.4- « ce n’est pas la faute de l’enfant » 1.5- la difficulté d’en parler 1.6- L’approche de l’assistante sociale 1.7- L’entretien avec un enfant abusé II- Les troubles psychologiques chez l’adulte 2.1- Définitions : Troubles anxieux ; Dépression ; Dépression Post Partum ; Psychoses 2.2- Troubles Post Traumatiques : La difficulté de parler d’un incident traumatique Les symptômes Le temps de latence L’approche de l’assistante sociale La création de mécanismes protecteurs pour le soignant dans une situation de PTSD Le rôle de la communatué dans le soutien des personnes en souffrance dans une situation de guerre 2.3- Les conseils psychosociaux adéquats à la personne en difficulté 2.4- L’orientation chez un spécialiste de santé mentale 2.5- la préparation d’un programme de prévention à la communauté III- Les troubles psychologiques chez les femmes. 3.1- Les troubles psychologiques observés après la guerre de juillet 06 : conséquences et actualités 3.2- L’intervention psychosociale avant de référer aux professionnels 3.3- Les entretiens aux centres sociaux : savoir faire et structuration d’un cadre adéquat 8 9 3.4- L’impact des troubles psychologiques des mères sur les enfants IV- La mort 4.1- Le vécu de la mort chez les proches 4.2- Le processus de deuil 4.3- Comment parler de la mort à un enfant V- L’accompagnement des personnes âgées et des personnes handicapées 5.1- La négligence des personnes âgées en période de guerre 5.2- Les services présentées aux personnes âgées 5.3- Les services présentées aux personnes handicapées 5.4- Construction collective d’une liste de centres de soin accessibles à la communauté 9 10 III- Analyse qualitative des acquis et de la dynamique créée de cet accompagnement : à quels besoins cet accompagnement a répondu ? Nous avons noté, dans les différentes régions, que l’apport essentiel de cet accompagnement a été la possibilité d’avoir des réponses précises aux questionnements des participants : Ils ont été particulièrement satisfaits de l’approche adoptée en définissant ensemble, en groupe, les thématiques à aborder, tout en gardant en toile de fond, l’objectif essentiel de cet accompagnement qui n’est autre que les moyens d’intervention en situation de crise afin d’assurer à la communauté une contenance aux débordements inévitables dans une situation de grande instabilité. « les participants ont exprimé leur satisfaction de cette formation qui a eu recours à une nouvelle approche, différente de celle des autres formations auxquelles ils ont assisté, où le contenu était en majorité théorique. Ils ont apprécié que nous étions partis de leurs besoins et demandes et que nous avons présenté les différents thèmes à travers de cas pratiques et d’une manière interactive »2. La présence des psychologues, « sujets supposés savoir », a été en grande partie un espace de contenance permettant aux participants d’être renforcés dans leurs fonctions, écoutés, contenus, et rassurés quant aux actions mises en place auprès de la population ayant recours aux centres sociaux. « les participants ont donné des exemples cliniques qui témoignent d’un bon sens clinique et d’une grande intuition »3. Tout au long de cet accompagnement, les participants ont pu échanger autour de leurs expériences professionnelles et personnelles. Nombreuses sont les vignettes cliniques proposées par les participants, à partir des personnes fréquentant les centres sociaux mais aussi à partir de situations rencontrées dans leurs familles ou leur entourage. « des exemples évoqués relèvent de souvenirs qui émergent, de souffrances individuelles »4. Un phénomène d’identification a été déclenché par cet accompagnement : quelque chose de cette rencontre avec les psychologues sera intégrée chez les participants et sera un outil de travail dans les centres. Les consultants ont remarqué au cours de l’évolution des séances que le groupe devenait de plus en plus un espace d’écoute et de soutien à la personne qui parle, qui expose une situation, et cherche a trouvé des réponses, des moyens, en posant des questions plus pertinentes et plus significatives dans la recherche de possibilités d’intervention. Nous pouvons considérer que les participants ont expérimenté in vivo la capacité de rêverie du groupe, contenant dont la fonction serait de recevoir les données brutes d’un participant, de les élaborer pour leurs donner un sens cohérent, qui aurait une fonction d’interprétation. Ce processus permettrait au participant, acteur social, de revenir sur le terrain avec des outils plus performant auprès de la population qu’il accompagne. 2 Mona Korban- consultante psychologue auprès des groupes des régions de Nabatiyeh et de Baalbeck Sophia Maamari- consultante psychologue auprès d’un groupe de la regions de Baalbeck 4 Ceci a été noté par les consultants de tous les groupes, dans les différentes regions. 3 10 11 La formation, dans l’approche adopté, aurait permi d’observer le rôle du groupe en tant qu’appareil de pensée : le consultant psychologue perçu comme « détenant de savoir » n’a pas de réponses recettes à une situation clinique exposée. Il va se servir de sa curiosité, ses questions, encourager les participants a laissé libre court à leurs questionnements, et c’est à partir de là que les solutions émergeront du groupe. Ce mécanisme a pu être observé à partir des études de cas, illustration clinique au thème abordé. Cet accompagnement, à partir de la constitution d’un groupe/contenant, a servi aussi d’espace de parole et d’expression : « la neutralité de l’espace proposé et le partage de certaines expériences communes ou même divergentes entre les participants a permis à plusieurs d’entre eux de se défouler puis d’élaborer sur certains points »5. Les participants ont retrouvé dans ce groupe un espace pour parler de la difficulté de concilier entre la vie personnelle et le travail, des difficult économiques, de leurs besoins et responsabilités qu’ils n’arrivent pas à assumer, et surtout de l’insécurité dans laquelle ils vivent dans leur quotidien. Certains d’entre eux ont même parlé de démotivation et de dépression parce qu’ils ne se sentent pas épanouis dans leur travail. Ainsi, après une mise en commun d’un vécu collectif, qui n’isole plus un participant dans ses affects, le groupe retrouve une fonction anxiolitique et motivante. La neutralité de cet espace a également permis de lever le tabou sur certains sujets tel que l’inceste et l’abus sexuel. Nous remarquons que presque dans tous les groupes le sujet de l’abus sexuel a été abordé et pensé : « le tabou de la sexualité dans la société orientale et surtout dans la société musulmane, où on ne parle pas des abus sexuels et des incestes même s’ils existent (surtout quand ces abus concernent une fille). Elles ont évoqué plusieurs exemples d’abus sexuels qui ont eu lieu récemment dans leur entourage »6. Nous soulignons surtout, comme acquis de cet accompagnement, et au delà de l’aspect théorique/formation, l’importance de la création de notion de groupe dans sa fonction contenante, pensante, et identitaire. Dans certaines régions, les consultant notent une carence au niveau du sentiment d’appartenance : quand le centre n’a pas une coloration politique précise, il se retrouve fragile au niveau de sa fonction enveloppante. Les participants se retrouvent plutôt isolés et par conséquent moins efficaces, du fait même de ce sentiment de solitude dans le travail : « en comparaison aux centres qui fournissent des services sociaux, mais affiliés à des partis politiques, où les acteurs sociaux ont un sentiment d’appartenance, les centres sociaux qui relèvent du ministère n’ont pas un sentiment d’appartenance, leur centre n’a pas d’identité »7. Comme nous l’avons souligné au début de ce rapport, l’objectif principal de cette formation est de mettre en place un plan d’action en situation de crise. Ainsi, les consultants ont travaillé avec les groupes les possibilités d’intervention en situation de crise et la « prioritarisation » des besoins, des interventions, la nécessité de la construction d’un réseau facilitant l’action dans les différents domaines pour répondre aux besoins de la population. Dans certains groupes, les participants ont exprimés une certaine déception au cours de la guerre de juillet 06 : « ils ont partagé entre eux leur frustration de ne pas 5 Mona korban idem 7 Nathalie Der Sahaguian- consultante psychologue auprès des groupes des regions du nord et du sud 6 11 12 pouvoir travailler auprès des personnes affectées par la guerre, auprès des déplacés. Ils se sentaient inutiles et que leur rôle en tant qu’agent sociaux ne leur servaient à rien »8. Cette frustration ne vient pas d’un manque d’initiative ou d’idées. Quand les consultants ont abordé ce thème, les participants ont été très créatifs dans ce qu’ils proposent et très pertinents : « les participants ont évoqués eux mêmes l’idée des centres de soins, des moyens de référer, comment dire aux parents que leur enfant a besoin d’accompagnement, l’importance de leur accueil et de leur disponibilité »9. Ils ont été réceptif à l’idée de faire un recensement sur les lieux/centres fournisseurs de services médicaux, sociaux, psychologiques. Toutefois, le fonctionnement hiérarchique constitue une entrave à toute prise d’initiative. Une équipe du centre social ne peut pas opérer en dehors de l’hiérarchie institutionnelle, et celle ci n’est pas rapide dans l’action. Une demande peut prendre des mois avant d’arriver au plus haut de l’hiérarchie et des mois pour redescendre l’échelle jusqu’au centre, permettant une mise en action. Ceci dit, les consultants ont essayé de penser avec les participants à des moyens d’actions qui peuvent se limiter à leurs capacités d’actions en tenant compte des restrictions hiérarchiques. Ces moyens dépendent largement de la capacité de chacun à puiser dans le groupe. Cette fonction contenante, enveloppante, reconnaissante du groupe est fondamentale pour l’activation des actions entreprises par les équipes des centres sociaux. Là où d’autres équipes agissent motivés par une identité politique, une sorte d’idéologie captivante et mobilisatrice, les équipes des centres sociaux ont besoin d’agir, mobilisés par un sens que leurs donnent leurs actions, au delà de celui qu’est la fonction de survie financière. Pour celà, ils leur faut absolument une reconnaissance. Ainsi, la fonction du ministère, du directeur, n’est pas uniquement une fonction surmoique et hiérarchique, mais une fonction contenante à son tour, reconnaissante des efforts de chacun et des initiatives des équipes. Nous reviendrons sur ce point dans les parties sur les difficultés soulevées par les groupes et les recommandations à l’adresse du HCC et du MoSA. 8 9 Mona Korban Sophia Maamari 12 13 IV- Les difficultés rencontrées par les acteurs sociaux : Tout au long de cet accompagnement, les participants ont exprimés leurs frustrations et leur sentiment d’impuissance face à des obstacles qui dépassent leur motivation et leur désir d’agir à travers leur fonction d’acteurs sociaux. Les consultants regroupent ces difficultés qui ressortent dans les différentes régions : Le manque de moyens, de support et de soutien dans leur lieu de travail Moyens très limités dans le travail sur le terrain : certaines régions, notamment le akkar, souffrent d’une absence totale de lieux de soin gratuit auxquels les acteurs sociaux pourraient référer les personnes en demande. Initiatives personnelles refusées ou interdites de part le fonctionnement institutionnel en l’absence d’alternatives : l’institution interdit des prises de décision ou des actions basées sur des initiatives personnelles mais n’offre pas non plus une présence qui peut combler les manques de moyens. Manque d’esprit d’équipe dans le travail : chacun est isolé dans sa fonction. Manque d’encouragement et de gratification symbolique. Abence de continuité dans leurs interventions. Manque de formation de certains membres de l’équipe Absence de fiches de postes pour chaque fonction Absence de coordination entre les différents partenaires et au sein de l’institution Manque d’objectifs fixés Manque de personnel dans certaines régions/centres V- Recommandations : La nécessité de faire des formations sur une longue durée (entre 2 et 3 ans) et que les séances soient étalées sur une longue période avec des intervalles de temps réguliers pour permettre aux participants d’essayer de mettre en pratique les informations qu’ils reçoivent et discuter avec eux les difficultés qu’ils rencontrent Créer dans le cadre du travail des équipes des centres sociaux des espaces de paroles, d’expression et de partage d’expériences et que cet espace soit animé par un intervenant extérieur à leur cadre de travail Travailler, à travers des groupes de formation/accompagnement, sur la motivation du personnel, leur créativité, leur investissement des taches qui leurs sont proposées et leur engagement dans leur travail Les aider à alimenter leur désir d’innover dans leur travail, de mettre en place les idées qu’ils ont, étant donné la précarité des moyens qui leur sont présentés et du système bureaucratique de leur administration qui les démotive et les empêche d’aller plus loin, maintenant tout le système dans une sorte d’inertie Travailler sur la mise en place et l’élaboration d’un lien de confiance et de crédibilité avec leur structure de travail Faire un recensement de toutes les structures qui travaillent dans le domaine social, dans les différentes régions libanaises, en ciblant leur vraies activités sur le terrain et la qualité de ces activités. Ce travail peut être effectué par le personnel des centres sociaux 13 14 Au niveau des activités psychosociales, il y a un besoin de : - formation d’animateurs de quartier - penser des activités dans chaque région pour créer un lien entre les « jeunes » qui rentrent en conflit les uns avec les autres selon leur appartenance politique/religieuse - formation à des activités d’animation qui peuvent se faire au niveau du quartier, engageant les jeunes et les adultes Les participants ont demandé de continuer ce type d’accompagnement en maintenant les groupes déjà formés 14