Microbiologie – Antibiorésistance et santé publique – page 1/9
ANTIBIORESISTANCE ET SANTE PUBLIQUE
Le problème majeur de l’utilisation des antibiotiques en santé humaine et animale est qu’elle
s’accompagne de l’apparition de résistances. Le vétérinaire a, de ce fait, un rôle prépondérant dans
le contrôle des antibiorésistances en santé public.
Rappel historique : les antibiotiques ont été découverts pendant la seconde guerre mondiale
et des résistances ont été mises en évidence très précocement, pour certains d’entre eux avant même
leur utilisation clinique. Ces résistances apparaissent rapidement et enlèvent tout bénéfice à
l’utilisation des antibiotiques. Fleming avait anticipé l’apparition des résistances lorsqu’il a
découvert les propriétés des antibiotiques et avait conseillé d’en faire un usage prudent et raisonné.
Malgré cela on note une augmentation de la fréquence des bactéries antibiorésistantes au cours du
temps. En parallèle il est de plus en plus difficile de trouver de nouveaux antibiotiques car tous les
mécanismes permettant la découverte de nouvelles molécules sont épuisés.
Les antibiorésistances doivent être prises en compte à 2 niveaux :
à l’échelle de l’individu où elles conduisent à des échecs thérapeutiques
à l’échelle de la population avec des diffusions des antibiorésistances dans les populations
animales mais aussi d’espèce à espèce soit de manière directe soit par l’environnement. La
transmission de bactéries résistantes la plus étudiée, est la transmission de l’animal à
l’homme. C’est un problème majeur car les vétérinaires et l’élevage en général sont accusés
de favoriser l’apparition de bactéries antibiorésistantes qui peuvent passer à l’homme.
Questions : Peut-il y avoir transmission de bactéries antibiorésistantes de l’animal à l’homme et
quelles en sont les modalités?
Quel est l’impact de l’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire sur la santé humaine ?
Rappel : un antibiotique est actif s’il pénètre là où il doit agir (pharmacocinétique, voir les cours de
Bousquet-Melou pour ceux qui veulent plus de détails) et ne doit être ni modifié, ni détruit et doit
pouvoir se fixer sur la cible. Les antibiotiques ont un effet dose ou temps-dépendant.
1) Mécanisme et support génétiques de la résistance aux Antibiotiques
Différents types de résistances :
Les résistances naturelles : elles sont constantes au sein d’une population et l’antibiotique
n’a jamais eu d’effet sur les bactéries appartenant à ce taxon. Par exemple la résistance des
bactéries anaérobies aux aminosides (qui ne peuvent pas pénétrer dans cette bactérie car
utilisent un transporteur O2-dépendant), de même que la résistance des Gram -, des
entérobactéries par exemple, aux aminosides à cause d’un LPS assez étanche.
Les résistances acquises : elles apparaissent consécutivement à l’utilisation d’antibiotique.
Elles ne sont pas liées au taxon des bactéries.
Lorsqu’on connaît les résistances naturelles et acquises on connaît le spectre de l’antibiotique.
On parle de bactérie « habituellement » résistante ou sensible selon la fréquence de bactéries
résistantes observée lors de l’utilisation clinique d’un antibiotique donné. Un tableau donnant les
spectres des antibiotiques est présent sur le site de Bayer (valable pour les chiens et les chats), il
permet la mise en place d’un traitement : en rouge ce qui marche très bien, en blanc ce qui ne