Causes de la richesse de la Suisse - HEC Lausanne

publicité
Economie nationale
Professeur: Jean-Christian Lambelet
Assistant: Antonio Fidalgo
La Suisse est-elle un pays aussi riche
qu’on le dit ?
Barrelet Louise
Coudray Stéphanie
Sparber Georg
Economie nationale
Tables des matières
1. Introduction
3
2. La notion de richesse
4
3. La pertinence de la parité du pouvoir d’achat
pour déterminer la richesse des nations
5-9
4. Le Profil économique de la Suisse
10 -11
5. Les causes de la richesse suisse
11 - 20
5.1 Le travail
5.1.1
Caractéristiques
5.1.1.1
Le taux de participation
11
5.1.1.2
Le chômage
11 – 12
5.1.1.3
L’immigration
12 – 13
5.1.1.4
Les horaires
13
5.1.1.5
L’éducation et la formation en Suisse
13 – 14
5.1.1.6
Le salaire
14 - 15
5.1.1.7
La syndicalisation
15 - 16
5.1.2
Conséquences du marché de l’emploi sur la richesse
5.1.2.1
PIB par heure de travail
16
5.1.2.2
Productivtié
17 - 18
5.2 Le capital
5.2.1
La formation de capital
18
5.2.2
L’épargne
19
5.2.3
L’importance des investissements suisses à l’étranger
19 - 20
6. L’évolution récente de l’économie suisse
20 - 22
6.1 La récession et la stagnation des années 90
20 – 21
6.2 L’adaptation de l’économie suisse
21 – 22
7. Conclusion
22 -23
8. Bibliographie
24
2
Economie nationale
1. Introduction
La Suisse a la forte et douloureuse réputation d’être un des pays les plus riches au monde,
ceci est totalement compréhensible car les Suisses, eux-mêmes, ont cette impression. Il est
vrai que le niveau de vie en Suisse est très élevé, nous avons d’excellentes infrastructures,
un très bon niveau de formation, un système de santé parmi les meilleurs d’Europe, un
système politique stable et d’autres domaines performants.
Nous ne pouvons nier cette richesse car les chiffres seraient contre nous. En effet, si l’on
prend les PIB par habitant mesurés à l parité de pouvoir d’achat pour comparer la richesse
des différents pays de l’OCDE, la Suisse se trouve parmi les plus riches. Si on en crée un
indice (OCDE = 100) celui de la Suisse est de 123, derrière le Luxembourg (176), les EtatsUnis (152) et la Norvège (124) mais devant l’Allemagne (106), l’Autriche (110) et la France
(98) chiffres pour 1999. Voir graphe ci-dessous.
Mais nous méritons cette richesse car les Suisses travail beaucoup plus que tous leur
voisins de l’Union Européenne. Malheureusement l’image de la Suisse est toujours celle d’un
pays où les opulentes banques réalisent leur gagne pain sur le malheur des autres que ça
soit le blanchiment de l’argent, provenant du trafique de drogue ou de l’évasion fiscale de
quelques dictateurs africains, ou même de l’affaire des fonds juifs.
Dans ce dossier, nous allons déterminer quelles sont les causes de la richesse suisse tout
en relativisant cette même richesse.
3
Economie nationale
2. La notion de richesse
La Suisse est-elle aussi riche qu’on le croit? Cette question en tant que sujet principale de
cet exposé demande avant tout une claire détermination de la notion de richesse, cette
notion ayant trop de connotations dans la vie pratique et même scientifique qu’on ne pourrait
sincèrement commencer une discussion à son titre sans explication préliminaire. Il faut bien
distinguer la nature des définitions qui existent pour la richesse.
La richesse, dans le langage courant et chez les économistes, peut être conçue comme un
flux ou un stock. Elle peut se définir comme "la valeur de tous les actifs financiers … moins
tous les engagements financiers". Définie ainsi la richesse comme stock pose des problèmes
divers. D’une part, il est presque impossible de trouver des informations économiques
pertinentes concernant les actifs financiers d’un pays et d’autre part, nous nous intéressons
à la performance économique qui elle se mesure par des indicateurs de flux. Nous préférons
parler de la richesse en tant que flux, qui va s’exprimer en fonction du revenu, qui est le
générateur principal de fonds propres. Cette manière de déterminer la richesse présente
quand même des inconvénients. Il y a des biens et services permanents sans revenu
comptabilisé dans les comptes nationaux qui n’entrent donc pas dans notre calcul (par
exemple les tableaux de maître ou les bijoux).
Notre position s’oppose néanmoins clairement à la définition qu’on vient de citer avant et qui
à nos avis a pour objet plutôt la notion de fortune que de richesse. Nous allons utiliser l’idée
de richesse autrement que dans la signification déjà occupée par le concept de la fortune.
L’aspect fondamental intrinsèque à la richesse est qu’elle est liée et représentée par un
certain niveau de vie correspondant. Or, le niveau de vie dans une économie dépend en
premier lieu du revenu et non pas de la fortune. La richesse ne dépend de la fortune
qu’indirectement via les revenus que celle-ci génère. Cela devient encore plus évident si on
ne considère plus un individu mais une unité économique plus grande comme un pays. Pour
parler de la richesse de la Suisse, il est indispensable de la concevoir strictement comme
flux, représentant un certain niveau de bien-être. Ceci permet de confronter la Suisse avec
son contexte international sous les aspects déjà mentionnés.
Tout en sachant qu’il existe encore des nombreuses facettes dans la signification de ce mot
il nous ne reste qu’à insister sur la nôtre, au moins en référence avec l’exposé qui va suivre.
4
Economie nationale
3. La pertinence de la parité du pouvoir d’achat pour déterminer la
richesse des nations
Cette partie de l’exposé est consacrée à la discussion sur l’application de la théorie des
"parités de pouvoir d’achat" (PPA) dans le champs de la comparaison des flux de richesses
entre les nations. On y comprend par richesse déjà la notion restreinte, qui la considère
comme directement dépendante du revenu national. La tâche à accomplir est de mettre la
Suisse en relation avec des autres nations et cela en appliquant une méthodologie, qui
permet d’obtenir des résultats proches de la réalité des consommateurs plutôt que des
comptabilités nationales. Une fois mis en évidence les raisons pour analyser les PPA des
diverses nations deux applications différentes de l’idée des PPA seront présentées,
notamment celle du magazine The Economist et celle de l’OCDE. Tout d’abord nous
présentons une explication générale des principes et hypothèses de la théorie des parités du
pouvoir d’achat.
La loi économique fondamentale qui est à la base de la notion des PPA est celle de la nondifférence des prix impliquant l’impossibilité qu’un bien puisse être vendu à des prix
différents à des endroits différents. C’est donc essentiellement la notion d’arbitrage qui
pousse vers l’équilibre des pouvoirs d’achat en sa fonction régulatrice pour les niveaux des
prix. En théorie, les PPA ne sont fiables qu’au moment ou les possibilités d’arbitrage se
réduisent à néant. Pour expliquer le fonctionnement et les calculs qui déterminent les chiffres
PPA on utilise ici les PPA absolues définies par l’équation: P = E*P’. P et P’ désignent les
deux niveaux de prix lors de la comparaison entre deux nations, respectivement les prix
nationaux et les prix étrangers. E étant le taux de change nominal de PPA à une date
précise (d’où PPA absolue), il se définit comme le niveau requis du cours de change pour
équilibrer le rapport entre les prix des deux pays. Il est clair et important pour l’analyse
annoncée que les niveaux des prix peuvent être déterminés de façon plus ou moins
sophistiquée selon les choix et les conditions scientifiques. La qualité de l’analyse est
évidemment dépendante de l’exactitude de la détermination des niveaux des prix.
L’idée des PPA n’existe pas seulement dans la forme absolue mais il y a aussi le concept
des PPA relatives. Les PPA relatives s’obtiennent par les différences premières de la PPA
absolue (P=E+P’). Elles expriment donc le pourcentage de variation requis par le taux de
change nominal pour égaler la différence de taux d’inflation. Les PPA permettent ainsi
d’établir un système de taux de change alternatif à celui de taux de change courants
déterminés sur les marchés financiers. Pourquoi les taux de change PPA sont-ils plus
pertinents pour la mise en relation de la richesse de pays différents?
5
Economie nationale
Comme cité précédemment, la richesse est prise dans le sens où elle correspond à un
certain niveau de vie et aussitôt que l’on parle de ces niveaux de vie la relation entre les prix
et les biens sont absolument nécessaires. Les PPA mesurant les prix respectifs pour un ou
plusieurs biens donnés sont donc indispensables pour notre comparaison de la Suisse avec
l’étranger du point de vue de la richesse. Mais avant, il faut se rendre compte que la
détermination du niveau de prix peut générer un conflit avec les exigences et les conditions
de base dans la théorie des pouvoirs d’achat.
Les biens non commerciaux sont aussi
nécessaires pour pouvoir sérieusement calculer les taux de change PPA. Comment parler
alors de l’équivalence des prix si le bien n’est pas négociable? La solution apparaît évidente.
On étend simplement le champ de l’hypothèse de la non-différence des prix aux biens non
commerciaux. Une autre simplification est faite dans le domaine des quotas et des frais de
douane qui sont négligés. Une dernière hypothèse est la condition d’homogénéité absolue
des biens conçus.
Maintenant nous cherchons à donner une première idée intuitive où se situe la Suisse en
contexte international utilisant le fameux Big Mac index de l’Economist. Le panier de biens
nécessaire pour déterminer les taux de change PPA se limite ici à un seul bien totalement
homogène: le Big Mac. Le Big Mac PPA est le taux de change qui implique que ce dernier
est de même valeur dans tous les pays où il est produit. L’année passée, un Big Mac coûtait
$ 2.54 aux Etats-Unis et CHF 6.30 en Suisse. Le taux de change PPA d’un dollar était donc
de 2.48 CHF/$ en même temps que le taux de change courant nominal était de 1.73 CHF/$.
Le franc suisse se présentait, dans la liste des monnaies européennes, comme la devise la
plus surévaluée de toutes, notamment de 44 points de pourcentage, suivie de loin par la
couronne danoise, surévaluée de 15% et la livre sterling, surévaluée de 12%. Les 44% ne se
veulent pas un indicateur précis du niveau de vie suisse. Malgré les simplifications
restrictives du Big Mac index, le franc suisse apparaît comme étant, tout de même, une
monnaie fortement surévaluée. On peut néanmoins supposer, pourquoi il est pertinent
surtout pour la Suisse, de comparer son PIB aux autres, en le pondérant par un taux de
change PPA et non pas par le taux de change courant, qui n’est pas toujours représentatif
du niveau de vie. Le consommateur s’intéresse d’abord à ce qu’il peut acheter avec son
argent dans son propre pays et il impose ainsi la liaison entre son niveau de vie, qui dépend
de la consommation et donc du revenu et de sa richesse.
Dans le cas de la Suisse, il est très clair que l’application des taux de change PPA donne
une image plus fidèle et réaliste de sa richesse que ne le fait le taux de change courant.
Celui-ci est soumis à des spéculations et à des manipulations (pensons à la variation du taux
d’intérêt), au moins du point de vue du consommateur orienté vers les biens et leurs prix.
6
Economie nationale
Nous avons expliqué jusqu’ici les avantages majeurs de la parité de pouvoir d’achat en tant
qu’instrument de conversion des PIB exprimés en monnaies nationales dans une seule
monnaie commune de référence. La notion de PPA est utilisée par la plupart des
économistes d’aujourd’hui à cause de ces avantages et aussi par l’OCDE, l’organisation
chargée entre autres de l’analyse des indicateurs économiques de ses pays membres, qui
se sert des PPA pour établir ses tableaux comparatifs des économies nationales. Le calcul
des PPA par l’OCDE se fait cette fois beaucoup plus sincèrement que le Big Mac index. Afin
de pondérer les PIB, le panier de biens et services est un échantillon de tous les biens et
services couverts par le PIB, à noter les biens commerciaux, les services gouvernementaux,
bien d’équipement, etc. Il s’agit de plus de 3’000 facteurs qui influencent le calcul des PPA.
Les prix sont ceux du marché payé effectivement par le consommateur. Mais que peut-on
dire alors de la richesse suisse? On se réfère ici à un exemple d’études faites à propos du
développement économique de la Suisse de 1990 jusqu’à 1996. En 1996 la PPA du franc
Suisse était de 2,05 CHF/$. Avec le même taux de change courant (1.73 CHF/$), on trouve
le franc surévalué de 19 points de pourcentage environ.
Maintenant, on considère le PIB par tête en utilisant les indices courants des PPA pour 1990,
1993 et 1996. L’OCDE en totale est fixée à 100 (voir tableau ci-dessus).
PIB par tête en utilisant les PPA courantes (OCDE = 100)
1990
1993
1996
Allemagne
99
102
103
Autriche
103
106
108
Etats-Unis
137
136
135
France
107
103
100
Luxembourg
141
156
155
Italie
100
98
100
Norvège
108
118
124
Royaume Uni
98
94
95
Suisse
131
130
122
OCDE 25
100
100
100
(Source : Lambelet, Jean-Christian et Mihailov, Alexander: A Note on Switzerland's
Economy. Did the Swiss economy really stagnate in the 1990's, and is Switzerland really
all that rich? 1999. Créa Institute. Lausanne University. p. 8)
7
Economie nationale
La Suisse prend la troisième place en 1990 avec un indice de 131 et est seulement
dépassée par les Etats-Unis (137) et le Luxembourg (141). En 1993, la situation se détériore
légèrement pour la Suisse (130) mais garde sa position (EU: 137, Luxemb.:156). Au
contraire entre 1993 et 1996, l’indice de la Suisse a chuté jusqu’à 122 et elle est dépassée
par la Norvège (124), les EU (135) et le Luxembourg (155). La Suisse s’est rapprochée de 8
points de la moyenne de l’OCDE en trois ans. Le revenu par habitant, en Suisse, occupe le
quatrième rang dans le classement de l’OCDE.
Nous regardons un peu plus concrètement la relation des niveaux des prix par rapport aux
PIB à l’échelle internationale. En calculant les PPA (dépenses par rapport au PIB), on se
rend compte que les prix en Suisse sont d’environ 50% plus élevés que dans la moyenne de
l’OCDE. Comme la Suisse a un PIB élevé dans la comparaison internationale il n’est pas
extraordinaire qu’elle ait des prix élevés. Il existe même une règle empirique attestant cette
corrélation positive, qui est représentée ci-dessous dans le graphique.
(Source : http://www.seco-admin.ch/seco/seco2.nsf/Atts/AB/$file/f_Globalisierung.pdf. p. 87)
Le graphique présente qualitativement la dite relation positive qui se décrit comme suit : Les
pays pauvres (avec des PNB/PIB par habitant petits) ont tendance à avoir des niveaux de
prix bas, par contre les pays riches ont eux des PPA élevées. Or, la Suisse se trouve audessus de la droite de régression, c’est à dire que même en tenant compte du haut revenu
national, les prix sont proportionnellement trop élevés.
8
Economie nationale
On se contente ici de mentionner cette particularité sans entrer en détail dans ses causes
qui pourraient se trouver dans le manque de concurrence de certains produits.
Après avoir expliqué la notion de la parité des pouvoirs d’achat, nous pouvons rentrer dans
le vif du sujet.
4. Le profil économique de la Suisse
Tout d’abord, nous allons mettre en place la base économique sur laquelle la Suisse évolue
et ceci pour pouvoir ultérieurement mieux comprendre les éléments qui créent la richesse de
la Suisse.
En Suisse le tissus économique est, comme la plupart des pays européens, composé
majoritairement de petites et moyennes entreprises (P.M.E.). Selon une enquête de l’Union
Suisse du commerce et de l’industrie, en 1970 environ deux tiers des sociétés anonymes
était familiales. On sait que ces entreprises ont des problèmes de successions et de la peine
à étendre leur activité due à leur accès limité au financement et à leur manque de flexibilité.
Malgré sa taille relativement réduite, la Suisse abrite quelques-unes des plus grandes
entreprises multinationales.
La Suisse est le dix-huitième exportateur de produits dans le monde, et le treizième
exportateur de services. Les entreprises suisses ont une solide réputation de producteurs
fiables de produits novateurs et de haute qualité.
Ces excellents résultats se reflètent dans les indicateurs sociaux enviables du pays. La
Suisse jouit d’un produit intérieur brut par habitant en fonction de la parité des pouvoirs
d’achat élevé (en 1999 si l’OCDE = 100, la Suisse = 123). L’environnement économique de
la Suisse est très particulier, les éléments sont : l’existence d’une société multiculturelle, une
certaine stabilité politique, la fiabilité du système juridique, et la pratique d’une démocratie
semi-directe. Certes les bonnes performances de l’économie de l’après-guerre expliquent
aussi un bon nombre de facteurs économiques. Mais d’autre pays comme le Portugal et
l’Uruguay ont aussi développé des avantages pendant la guerre, mais n’ont pas su les
garder donc ceci n’est pas forcément une explication de la richesse suisse.
9
Economie nationale
La Suisse n’a pas ou très peu de ressources naturelles mais elle a su exploiter des niches.
En effet elle a créé des avantages comparatifs comme l’horlogerie ou la gestion de fortune
mais cela suffit-il pour pouvoir se reposer sur ses lauriers ? Pas vraiment car il faut
constamment rechercher des avantages que les autres pays n'ont pas.
La Suisse apparaît comme un pays relativement riche. Cela est notamment du aux taux
d’intérêts bas, à un taux d’épargne élevé, ceci n’est toutefois pas suffisant pour expliquer
cette richesse. La raison principale qui justifie le niveau de vie élevé en Suisse est avant tout
le fait que ses résidents travaillent beaucoup et qu’ils sont beaucoup à travailler. Nous
expliquons cet élément ci-dessous.
5. Les causes de la richesse suisse
Nous allons partir tout d’abord du principe que la Suisse est un pays riche car c’est en tout
cas le sentiment que ressentent la plupart des pays étrangers ainsi que la plupart des
ressortissants suisses. Nous allons donc en expliquer les causes principales en partant des
deux facteurs de production à savoir le travail et le capital. Avec le facteur travail nous vous
démontrerons que la Suisse n’est peut-être pas aussi riche qu’on le dit. Le mythe de cette
Suisse si prospère n’est-il pas dangereux? Ne risque t’on pas de souffrir de cette réputation
dans la communauté internationale? Nous en verrons les conséquences ultérieurement.
5.1 Le travail
Le marché suisse du travail comporte plusieurs particularités par rapport à ses voisins
européens.
5.1.1 Caractéristiques
5.1.1.1. Le taux de participation
Tout d’abord le taux d’activité des Suisses est très élevé. La part de la population active
ayant un emploi était en 1998 environ égale à 96%, ce même taux pour l’Allemagne et pour
la France était respectivement de 89% et de 86%, nettement en dessous de la Suisse. En
1996, parmi 25 pays de l’OCDE, la Suisse avait le taux de participation (calculé avec la
population totale) le plus élevé avec 55.4% suivi par l’Islande (54.8%,) le Danemark (53.6%),
le Japon et le Luxembourg.
10
Economie nationale
5.1.1.2. Le chômage
La Suisse a aussi un taux de chômage particulièrement bas. En janvier 2002, l’Office
Fédérale de la Statistique enregistrait un taux de chômage de seulement 2.6% alors que ce
taux s’élève à 7.7% pour l’Union Européenne, 5.6% aux Etats-Unis, 7.9% au Canada, 5.3%
au Japon et de 5% au Royaume-Uni. Le taux de chômage chez les moins de 25 ans et aussi
particulièrement bas. En 1998, il était en Suisse de 7% chez les femmes et de 4.7% chez les
hommes, en Allemagne ces chiffres étaient respectivement de 8.3% et 9.7% et en France de
30% et de 21.4%. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. On remarque donc que les deux pays
qui souffrent le moins du chômage sont la Suisse et le Royaume-Uni qui sont aussi les deux
pays où les horaires sont les plus élevés dans le monde industrialisé.
Plusieurs pays européens ont pris, ces dernières années, beaucoup de mesures législatives
pour réduire le chômage, on peut notamment citer la mise en place des 35 heures en
France. Mais ces lois sont inutiles voire dangereuses car au lieu de réduire le chômage on
l'augmentera : le coût du travail, pour l'employeur, sera majoré et il risquera sûrement de
licencier. On peut remarquer le même phénomène lorsqu'on renforce une loi pour rendre le
licenciement plus difficile. Les conséquences d'un tel acte sont que les employeurs hésitent
à embaucher et les contrats à durée déterminée deviennent alors monnaie courante. Par
comparaison avec d'autres pays, en Suisse, la réglementation sur l'embauche et les
licenciements fait preuve de souplesse. Cela pourrait donc être une cause du faible taux de
chômage helvétique.
11
Economie nationale
5.1.1.3. L'immigration
En Suisse, les travailleurs étrangers représentaient 17.5% (en 1998) de la population active
ce qui est assez élevé en comparaison avec les autres pays de l’OCDE, mis à part les petits
pays européens comme le Luxembourg. Les travailleurs immigrés ont toujours joué un rôle
important sur le marché suisse du travail. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Suisse
n’a essuyé aucune perte dans sa main-d’œuvre contrairement à ses pays voisins. Après la
guerre, la demande en biens et en services en provenance de la Suisse vers ses pays
limitrophes était très forte. La Suisse connut alors une forte immigration surtout en
provenance du nord de l’Italie puis de l’Espagne, du Portugal et du sud de l’Italie. Ceci a
entraîné dans les années 1960, un système de réglementation quantitative de l’immigration.
La politique de l’immigration a toujours été un sujet sensible en Suisse. L’immigration n’a
pas que des conséquences positives, certes elle apporte la main-d’œuvre dont la Suisse à
besoin surtout pour les postes non qualifiés mais malheureusement elle crée aussi des
problèmes de cohésion sociale dus à la difficulté d’intégration qu’ont parfois les immigrés.
5.1.1.4. Les horaires
Il faut aussi préciser que les Suisses travaillent beaucoup plus que leurs collègues
européens. En 1996, un Suisse travaillait en moyenne 42 heures par semaines alors qu’un
Allemand travaillait 40 heures, un Français 39.8 heures et un Italien 38.6 heures. En Suisse,
le nombre d’heures hebdomadaires varie sensiblement suivant les secteurs avec 41.7 dans
les banques, 42.1 dans l’industrie textile et 40.5 dans l’horlogerie et la bijouterie. Aujourd’hui,
les Français sont passés aux 35 heures et les Allemands travaillent en moyenne 37 heures
alors que les Suisses, n’ont pas réduit leurs horaires. En Suisse, les jours fériés sont plus
rares, le travail à temps partiel n’est pas commun et les femmes restent plus difficilement au
foyer que dans les autres pays européens. En effet, le taux d’activité des femmes était (en
1998) de 70% en Suisse, de 63% en Allemagne, de 60% en France et de 47% en Espagne.
5.1.1.5. L’éducation et la formation en Suisse
Tous les pays ne présentent pas le même niveau de développement économique, social et
institutionnel. De même, la formation et la mise en valeur des ressources humaines n’ont pas
connu partout la même évolution, pas plus que le cadre institutionnel sur lequel ces activités
se fondent. Ainsi, le système dual de formation en vigueur en Allemagne, en Autriche et en
Suisse, pays où les entreprises jouent un rôle majeur dans l’éducation et la formation,
contraste avec les systèmes fondés sur l’école qui caractérisent des pays comme la
Finlande, la France, la Suède, les économies anciennement planifiées et un grand nombre
de pays en développement.
12
Economie nationale
L’avantage comparatif de la Suisse réside justement dans la qualité de sa main d’œuvre qui
s’explique
par
les
contenus
de formation
dispensée
de
l’apprentissage
jusqu’à
l’enseignement tertiaire. Le système dual utilisé à bon escient par la Suisse, qui combine les
cours théoriques à la formation pratique et à l’expérience sur le tas, s’est avéré efficace pour
faciliter le passage de l’école au monde du travail.
L’accès à une formation supérieure est donc indispensable pour notre pays. En effet, pour
maintenir leur spécialisation et leur compétitivité, les entreprises opérant dans des créneaux
industriels doivent absolument pouvoir s’appuyer sur des personnels dont la formation inclut
une connaissance très pointue de leur secteur.
5.1.1.6. Le salaire
Les entreprises suisses offrent des salaires plus élevés que leurs homologues européens
mais en contre partie ils demandent un niveau de qualification plus élevé et un nombre
d’heure supérieure. En effet, vu la spécialisation de l’économie suisse dans des secteurs
technologiques, il est nécessaire que la main-d’œuvre soit hautement qualifiée. En général,
ce sont les conventions collectives sectorielles qui fixent les modalités du salaire, la
rémunération des heures supplémentaires et des diverses primes. Mais, cela reste toutefois,
l’entreprise et dans une moindre mesure l’employé qui détermine le salaire. Les paramètres
essentiels pris en compte pour la détermination des salaires sont la fonction exercée, la
prestation personnelle et les responsabilités. Toutefois, le salaire lié au mérite et les primes
fondées sur la prestation de l’individu ou sur celle de l’entreprise constituent une part
toujours plus significative de l’enveloppe salariale. Les modifications générales des salaires
sont convenues entre les représentants des travailleurs et la direction, en tenant compte de
la compétitivité de l’entreprise, de la situation économique générale, des conditions prévalant
sur le marché de l’emploi et du coût de la vie. La Suisse a des prix intérieurs élevés, il en
résulte donc que le pouvoir d’achat réel des travailleurs suisses est proche de la moyenne
des pays développés.
13
Economie nationale
Graphe de l'écart entre le coût pour les employeurs et le pouvoir d'achat des salariés.
En 1996
5.1.1.6. La syndicalisation
Le marché Suisse du travail est aussi caractérisé par des relations particulièrement bonnes
entre les partenaires sociaux. En effet, les syndicats et le patronat n’ont eu que peu de
conflits après la deuxième guerre mondiale. Les conventions collectives de travail, accord
passé entre employeurs et employés, interdisent en générale le recours à la grève par les
salariés et le lock-out par les employeurs. En Suisse, le taux de syndicalisation est estimé à
environ 30%, ce qui est relativement bas au niveau international. Le nombre de grèves et de
lock-out et aussi assez significatif par exemple en 1990 il y en a eu 2 en Suisse contre 1529
en France, 1094 en Italie et 9 en Autriche.
La motivation et l'engagement au travail sont particulièrement forts en Suisse. En
comparaison à 12 autres pays, le personnel helvétique est celui dont le taux de satisfaction à
l'égard de l'emploi est le plus élevé. De plus, l'absentéisme est extrêmement faible.
14
Economie nationale
Le patronat étant très fort en Suisse, le peuple à toujours rejeté les votations concernent une
diminution du temps de travail que cela soit la semaine de 40 heures (voté en 1988), l’ajout
d’une semaine de vacances ou récemment la mise en place de la semaines de 38 heures,
rejetée par le peuple suisse.
5.1.2 Conséquences du marché de l’emploi sur la richesse suisse
5.1.2.1. Le PIB par heure de travail
On peut donc légitimement se demander si la Suisse serait aussi riche qu’aujourd’hui si les
Suisses ne travaillaient pas autant. La réponse est évidemment non. Ce qui nous amène à
vouloir mesurer non plus le PIB par habitant mais le PIB par heure de travail. On divise donc
le PIB par le nombre d’heures travaillées en une année. Mais cet exercice n’est pas si simple
car les statistiques ne sont pas toujours disponibles. Le nombre de jours de vacances va
alors jouer une grande importance car les législations sont très différentes entre les pays. On
voit donc que les données changent considérablement et que la Suisse n’est plus aussi riche
que l’on dit.
Ainsi, si l’on compare le PIB à la PPA par personne employée, la Suisse obtient exactement
la moyenne de l’OCDE. Les Etats-Unis et la Norvège dépassent largement cette moyenne.
Un employé américain ou norvégien génère donc plus de revenu que son collègue suisse.
L’économie norvégienne peut produire une valeur ajoutée beaucoup plus grande que
l’économie suisse grâce à ses richesses naturelles telles que le pétrole. Les Etats-Unis
quant à eux ont été les précurseurs du travail à la chaîne permettant une productivité élevée
par travailleur, ils ont su garder cet avantage.
Si on calcule le PIB par habitant à la PPA on remarque que la Suisse à un indice de 122
(OCDE = 100) puis si nous comparons plutôt le PIB par heure travaillée toujours à la PPA la
Suisse dégringole alors dans le classement, son indice n’est alors égal qu’à 103 (OCDE =
100) (chiffres pour 1996), bien derrière la Norvège (140), la France (122) et les Etats-Unis
(113).
L’hypothèse que le haut PIB par habitant est le résultat d’un facteur travail particulièrement
important est donc vérifiée. La Suisse rentre donc dans le rang de l’OCDE. Mais il ne faut
pas oublier que ces chiffres sont basés sur des statistiques plus ou moins fragiles donc il faut
les prendre avec de pincettes. Ils existent deux manières de calculer le nombre d'heure
travaillée, la méthode directe et la méthode indirecte, la méthode directe étant plus
adéquate.
15
Economie nationale
5.1.2.2. La productivité
Tout d’abord, il faut distinguer la productivité moyenne et la productivité marginale. La
première est la fonction de production divisée par le nombre d’input et la seconde est la
productivité supplémentaire engendrée par une unité d’input. Nous allons principalement
parler de la productivité moyenne du travail.
En effet, la Suisse possède une productivité moyenne par heure de travail relativement faible
par rapport à ses voisins européens. C’est le revers de la médaille d’un taux d’activité élevé
et d’un taux de chômage faible. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène, tout d’abord, le
pays compte beaucoup d’actifs par rapport à la population totale. Il y a relativement peu de
jeunes et les Suisses partent à la retraite plus tard que dans bien d’autres pays. En plus, le
nombre d’heures de travail par actif y est très élevé.
On peut aussi approcher ce phénomène en expliquant la productivité élevée de nos pays
limitrophes. Notamment grâce à la mise en place de la réduction de l’horaire de travail, nos
voisins jouissent un taux de productivité supérieur. En effet, en adoptant cette stratégie, ces
pays ont rendu la main d’œuvre onéreuse et elle a donc été substituée par du capital. Cela
débouche donc sur des usines automatisées avec peu de collaborateurs et sur une main
d’œuvre fortement encadrée, qui doit travailler dur pour être rentable. Ce processus
engendre un taux de chômage élevé car l’économie peut continuer, malgré ce handicap, de
produire des richesses grâce à un stock de capital élevé. Ainsi, ce sont les personnes peu
productives qui subissent les désavantages de ce système. Elles ne trouvent pas d’emploi
correspondant à leurs compétences limitées, dues généralement à une formation
insuffisante.
Le fait d’avoir une productivité faible permet aux jeunes suisses relativement peu productifs
et peu formés de trouver un emploi. Ils évitent ainsi de se retrouver au chômage et de subir
tous les effets négatifs liés, notamment la déprime et la démotivation. De plus, ils acquièrent
aussi une première expérience de travail très importante pour le futur.
La Suisse possède toutefois une productivité marginale élevée surtout dans les secteurs qui
offrent des produits ou services de qualités. C’est pourquoi la Suisse a dû rapidement
trouver des « niches » pour pallier le manque de richesses naturelles. Ainsi, elle s’est
spécialisée dans la production de biens de qualités, telle que l’horlogerie et l’offre de
services spécialisés, tels que les services bancaires. Cet avantage est du et subsiste grâce à
la qualité de la main-d’œuvre, fruit d’une formation complète et complexe ainsi qu’aux
importants investissements réalisés par les entreprises en recherche et développement.
16
Economie nationale
Nous savons que le niveau de quantité de travail est étroitement lié avec celui du capital
comme le montre ce graphique de substitution capital-travail. Ce graphe indique bien que si
le prix de travail augmente fortement et par une manière artificielle (par exemple en
introduisant une loi sur les 35 heures), la quantité de travail sera réduite et la quantité de
capital augmentera. On substituera donc le travail par le capital, par exemple en
automatisant une chaîne de production. La fonction de production est de type Y = F(K,L)
K
Déplacement le long de la courbe d’indifférence
après l’introduction des 35 heures
A’
K’
A
K
L’
L
L
5.2 Le capital
5.2.1 La formation de capital
La Suisse ne dispose pas de données officielles sur le stock de capital physique. La
comptabilité nationale constitue la principale source d’information concernant la formation du
capital de Suisse. Le taux de croissance annuel moyen de la formation brut de capital fixe
pendant la période 1949-1992 se montait à 4.5% en termes réels, comparé à 3% pour le
PIB. En comparaison internationale, la Suisse est un des pays qui investit le plus par rapport
à la taille de son économie. En 1990, la part de formation brute de capital fixe dans le PIB
suisse était de 27.1%, nettement au-dessus de la moyenne de 21% de l’OCDE. L’intensité
en capital de l’économie suisse provient de l’abondance des investissements en
construction, composé en grande partie des bâtiments résidentiels.
17
Economie nationale
5.2.2 L'épargne
Il n’y a pas besoin d’ajouter que les Suisses épargnent beaucoup, cette épargne atteignait
en 1992, 101 milliards de francs, permettant ainsi à la Suisse de dégager une capacité de
financement de 21,2 milliards. Les ménages constituent le principal agent fournisseur
d’épargne en Suisse. L’excédent de l’épargne sur l’investissement est souvent cité comme
un des éléments explicatifs du niveau faible des taux d’intérêts réels suisses. Mais des pays
comme la Norvège, l’Autriche, le Japon et les Pays-bas ont aussi souvent un excédent
d’épargne tout en ayant des taux d’intérêts plus élevé qu’en Suisse. En 1990, l’épargne brute
en pourcentage du PIB atteignait 33% en Suisse, comparé à 20.6% pour l’ensemble des
pays de l’OCDE. Les entreprises suisses montrent généralement une préférence assez forte
pour le financement par l’emprunt plutôt que par l’augmentation de capital.
5.2.3 L’importance des investissements suisses à l’étranger
La réputation d’une Suisse riche peut provenir du fait qu’elle investit beaucoup à l’étranger et
de ce fait, possède des actifs dans le monde entier. Tandis que pendant les années 90,
l’économie helvétique connaissait une phase de récession, le nombre d’emplois créés à
l’étranger par des entreprises à capital suisse augmentaient plus rapidement que celui à
domicile. Par exemple, entre 1990 et 1997, l’emploi dans les banques en Suisse chutait de
11%, en revanche le nombre d’emplois à l’étranger progressait régulièrement avec un taux
de croissance de 18% en 1996. De même, au début de l’année 1994, les compagnies
d’assurances privées suisses comptaient au total 48 000 salariés dans le pays d’origine et
près de 88 000 dans leurs établissements à l’étranger.
Dans l’industrie des machines et métaux près de 40% de la main d’œuvre est employée à
l’étranger. Au total, les entreprises implantées à l’étranger avec des investissements
étrangers directs suisses employaient 1,4 millions de salariés en 1996, soit 37% de la
population helvétique. La plupart de ces emplois étaient et le sont toujours le fait d’une
poignée de multinationales suisses. L’emploi dans des entreprises dotées de capitaux
suisses dans les pays d’Europe centrale et orientale a presque doublé en 4 ans attestant des
investissements étrangers directs suisses dans la région. En 1996, près de 5% des emplois
des entreprises étrangères possédant des capitaux suisses se trouvaient dans les pays
d’Europe centrale et orientale, 6.4% dans les pays nouvellement industrialisés d’Asie et
7.8% dans les économies émergentes d’Amérique latine.
Même les PME suisses manifestent un intérêt croissant pour une présence plus intensive à
l’étranger par le biais d’investissements directs, d’accords de coopération ou d’alliances
stratégiques.
18
Economie nationale
En 2000, près de deux tiers des PME jugent ces options nécessaires pour atteindre leurs
objectifs commerciaux. Cela est dû en grande partie à la récession des années 90 de la
Suisse qui les a motivées à poursuivre le processus de délocalisation commencé dans les
années 80.
Les Suisses investissent donc passablement à l’étranger et de ce fait véhiculent une image
de richesse aux pays bénéficiaires de ces capitaux.
6. L’évolution récente de l’économie suisse
6.1 La récession et la stagnation des années 90
La Suisse connu en 1990, pour la première fois, un taux de chômage significatif. Cette
année marqua l’entrée de la Suisse dans un cycle de stagnation et récession. Elle fut
étonnamment la seule touchée par ce phénomène, les autres pays de l’OCDE n’ont pas
connu ce même malheur. Leur PIB continua à croître normalement tandis que le taux de
croissance du PIB suisse ralentit considérablement et devint même négatif. La comparaison
devient encore plus flagrante si l’on compare le PIB par habitant. Voir annexe Plusieurs
causes qui divergent selon les opinions expliquent la récession de la Suisse durant cette
période.
Pour certains c’est la politique monétaire menée par la BNS qui est responsable. En effet, le
début des années 90 a été marqué par un resserrement significatif de la politique monétaire,
à la suite d’une flambée d’inflation. Les taux d’intérêts ont été relevés de 3 pour cent à plus
de 8 pour cent. Pour combattre une inflation récalcitrante et la faiblesse du franc suisse, les
taux d’intérêt à court terme sont restés élevés jusqu’au printemps 1992, faisant ainsi
augmenter le coût réel de l’investissement. Entre juin 1992 et janvier 1994, les taux d’intérêt
ont fortement baissé. Mais, la crise du Système monétaire européen de septembre 1992 a
provoqué une forte appréciation du taux de change effectif réel. L’autre choc monétaire subi
par l’économie suisse s’est produit en décembre 1994 lorsque la crise mexicaine a provoqué
une nouvelle appréciation du franc suisse. En conséquence, la compétitivité des exportations
suisses au niveau des coûts s’est détériorée.
Pour d’autres, le problème est dû au resserrement de la politique budgétaire. Face à la
détérioration des finances publiques constatée au début des années 90 (en 1993, le déficit
total du gouvernement représentait 3,8% du PIB, contre un solde équilibré en 1990), le
19
Economie nationale
gouvernement a institué des mesures fiscales drastiques en 1994. Il a augmenté les
cotisations à l’assurance chômage et à l’assurance maladie et, plus important encore, il a
institué la TVA. Après ces changements, les recettes fiscales sont progressivement
remontées de 27% du PIB en 1993 à 29.5% en 1997 et à 28.9% selon les estimations en
1998. Ces mesures auraient entraîné une réduction du pouvoir d’achat de l’ordre de 1-1.5%
du PIB.
Ainsi pour démontrer l’effet négatif de ces deux mesures, une étude a été menée portant sur
les politiques monétaire et fiscale du pays entre 1993 et 1996. Elle démontre que la
croissance réelle du PIB aurait été supérieure si le franc suisse ne s’était pas apprécié audelà de sa valeur vers le début de l’année 1993, s’il n’avait pas été institué de TVA et si les
impôts directs et les cotisations aux assurances sociales étaient restés à leur niveau de
1993. Selon ces hypothèses, le PIB réel de la Suisse, au lieu de stagner, aurait pu croître de
3.5% au total, sur la période 1993-96.
Mais, Jean-Marc Natal a publié une étude qui démontre que la politique monétaire menée
par la BNS n’est pas la cause de la récession mais bien la « déprime » des consommateurs
suisses « leurs blues », leur insécurité et donc leur comportement défensif. Pour aboutir à
cette affirmation, M. Natal a construit un modèle de l’économie suisse en utilisant une
technique relativement nouvelle et avancée. (Nous n’allons pas l’expliquer car ce n’est pas le
sujet de cet exposé).
La Suisse connaît comme tout pays des cycles de récessions. Sa richesse, soi-disant,
importante ne l’a met aucunement à l’abri de ce genre d’événements.
20
Economie nationale
6.2 L’adaptation de l’économie suisse
La Suisse n’a cependant pas subi la crise sans réagir elle a su profiter de plusieurs
changements économiques. On peut aujourd'hui affirmer qu'elle s'est sortie de cette situation
difficile.
Suite à la libéralisation des services financiers décidée lors des négociations commerciales
multilatérales du cycle d’Uruguay ouvertes en 1986, la Suisse a entrepris des réformes. Le
secteur bancaire suisse s’est donc considérablement consolidé. Beaucoup de banques
régionales et d’épargne furent racheté par les banques cantonales ou par des grandes
banques. Plusieurs fusions entre établissements de même taille eurent lieu. Entre 1988 et
1997, le nombre de banque en Suisse chuta donc de 626 à 394. Le point culminant de cette
tendance fut indéniablement la fusion UBS – SBS.
De plus, les banques élargirent leur champ d’activité. Ainsi, poussées par la concurrence sur
le marché national, les banques cantonales se lancèrent dans des activités lucratives en
offrant des services de banques d’investissements et ajoutant de nouveaux produits à leurs
services bancaires aux particuliers.
21
Economie nationale
Une autre tendance fut celle de l’intégration des services, par exemple la banque et
l’assurance, qui s’illustre notamment dans la fusion entre le Crédit Suisse (banque) et la
compagnie d’assurances Winterthur. Dans le secteur secondaire, la fusion Ciba Geigy Sandoz a donné naissance à une multinationale gigantesque de la pharmacie : Novartis.
Ces derniers temps, la Suisse serait en recul par rapport aux autre pays européens. En effet
les chiffres du dernier recensement de la population affirment que la richesse de la Suisse
tendrait à s'éparpiller notamment à cause du fait que la population suisse à crû du 5.9% alors
que ce taux fut inférieur dans la plupart des pays de l'OCDE. Ainsi la croissance du PIB par
tête à été très inférieur (3.3%) à celui des principaux pays européen. Il faut toutefois prendre
ces chiffres prudemment car il y a des divergences dans les différents modèles
économétriques. L'Office Fédérale de la Statistique n'a pas encore intégré les nouvelles
statistiques. La Suisse ne serait donc pas aussi à la traîne que ce que l'on dit.
7. Conséquences et conclusion
Nous allons débattre maintenant des différentes conséquences que la réputation de la
richesse suisse engendre. Cette croyance est néfaste à plusieurs égards pour la Suisse.
Nous citons ci-dessous quelques exemples.
Si la Suisse faisait partie de l’Union Européenne, cela lui coûterait environ 3 milliards de
francs par année, car les contributions à l’U-E demandées à chaque pays membres se
calculent au niveau du PIB/habitant à la parité des pouvoirs d’achat.
La Suisse accueille beaucoup de requérants d’asile face à la pression internationale, qui
insiste sur le fait qu’un pays riche se doit d’accepter plus d’étrangers que les autres. Pour
1000 résidents, la Suisse héberge 5.75 requérants d’asile, ce qui représente un des plus
haut d’Europe. En Allemagne par exemple, où la population est dix fois plus élevée qu’en
Suisse le nombre de requérants d’asile y est seulement plus du double.
Cette opulence est certainement aussi une des raisons pour lesquelles les banquiers suisses
ont dû payer de grosses sommes, qui se montent à environ 1.25 milliards de dollars, dans
l’affaire des fonds juifs.
22
Economie nationale
L'avantage de la Suisse sur les autres payé européen est le travail fournit par la maind'oeuvre, celui de la Norvège, le pétrole. Il est évident, qu'il existe une différence entre avoir
des sous-sols regorgeant d'or noir, du à un hasard géologique, et avoir une richesse produite
à la sueur de la main-d’œuvre. Travailler beaucoup représente aussi une forme de richesse,
elle est sûrement méritée mais la Suisse a tout de même les moyens d'accueillir plus de
requérants d'asile que ses voisins européens . De la même façon, la base de la taxation
fiscale se fait sur le revenu imposable, et il n'est aucunement tenu compte du nombre
d'heure effectuée. Faudrait-il alors aussi changer la manière de calculer les impôts? Il est
sûre que la pensée d'un pays riche nuit à la Suisse car au fonds elle n'est pas aussi riche
que l'on veut bien le croire, mais il sert à rien de s'apitoyer sur notre sort car dans l'absolu les
Suisses ont tout de même un niveau de vie excellent.
Dans l’avenir, il est tout de même peu probable que les statistiques de richesses se fassent
sur la base du nombre d’heures travaillées et non plus sur la base du nombre d'habitants.
23
Economie nationale
8. Bibliographie
Livres:
1) Blanchard, Olivier et Cohen, Daniel: Macroéconomie, 2001, Pearson Education, Paris
2) Girardin, Michel: Cycles conjoncturels en Suisse et aux Etats-Unis. Thèse, 1991, unil hec,
Lausanne
3) Mattei, Aurélio, Microéconomie, Librairie Droz, 2000, Genève-Paris.
4) OCDE, département des affaires économiques et statistiques, Parités de pouvoir d'achat
et dépenses réelles, OCDE, 1985, Paris.
5) Schoenenberger, Alain et Zarin-Nejadan, Milad : L'économie Suisse, que sais-je, Presse
Universitaire de France, 1994, Paris
Articles:
1) Artigot, Florencio, Le dernier recensement de la population montre que les Suisses sont
moins riches que les Européens, Le Temps du jeudi 24 janvier 2002.
2) Bureau international du travail, La Suisse, Etude sur les dimensions sociales de la
mondialisation,www.seco-admin.ch/seco/seco2.nsf/Atts/AB/$file/f_Globalisierung.pdf,
Genève
3) Croissandeau, Matthieu, France: le déclin... quel déclin, Le nouvel observateur du 30
janvier 2002.
4) Lambelet, Jean-Christian et Mihailov, Alexander: A Note on Switzerland's Economy. Did
the Swiss economy really stagnate in the 1990's, and is Switzerland really all that rich? 1999.
Créa Institute. Lausanne University.
5) Lambelet, Jean-Christian, Sept années de vaches maigres:pourquoi?, Cash du 27 octobre
1997.
Sites Internet
1) www.seco-admin.ch
2) www.oecd.org/EN/faq/o,,EN-faq-513-15-no-no-322-0,FF.htm
3) www.economist.com/markets/bigmac
4)www.oecd.org/oecd/pages/home/displaygeneral/0,3380,FR-document-20-nodirectorateno-1-23989-20,FF.html
5) www.statistik.admin.ch/stat_int/fint_eu.htm
24
Téléchargement