I, Genèse d’une mission – 2, Visitation
2 Visitation Mission
Marie de la Passion
« Marie est apôtre,
la première apôtre de Jésus »
« Il me parle » n°281, 15 décembre 1885
« Pressée par la charité de Jésus Christ (2 Co 5, 14),
Marie se levant s’en alla en grande hâte par les montagnes en une ville de Juda.
en entrant dans la maison de Zacharie, elle salua Élisabeth (cf Lc 1, 39-47) […].
Tâchons de conquérir cette liberté sainte des enfants de Dieu
qui suppose une telle purification de l’être humain
qu’il ne forme plus en toute vérité
‘ qu’un même esprit avec le Seigneur ’ (1 Co 6, 17). »
Méditations t. 3, 2 juillet
« Marie apparaît dans ce mystère comme une vraie arche d’alliance,
portant en elle non plus les tables de la loi, mais l’auteur de la loi,
l’Emmanuel, venant faire avec l’humanité l’alliance de l’amour.
À peine conçu, il commence l’œuvre d’universelle propitiation. [...]
Marie est l'arche de paix, la Missionnaire qui porte Jésus . »
Méditations t. 2, 2 juillet Visitation
« Le mystère de la sanctification de saint Jean Baptiste dans le sein de sa
mère se révèle à nos âmes avec une simplicité digne de la divinité qui l’opère.
Devenu le Temple du Saint Esprit, le précurseur sera le témoin du Christ et
de son alliance avec l’humanité. [...] Il est le témoin du premier prodige du
Verbe incarné, mais Marie en est l'instrument
Méditations t. 3, 2 juillet.
« Dès que Marie,
[arche de paix, la Missionnaire qui porte Jésus], apparaît, [...]
avec Jean Baptiste le genre humain tressaille de bonheur,
car l’ennemi a été écrasé pour la première fois par le femme.
Aussi Marie chante sa victoire dans l'admirable cantique du
Magnificat.
Déjà, ô Marie, vous travaillez à étendre le règne de votre divin Fils
et préludant à notre vocation missionnaire, vous devenez notre
modèle. »
Méditations t. 3, 2 juillet
« À la vue de tant de merveilles, chantons avec Marie le Magnificat. »
Ibidem
I, 2
2
Constitutions
[Art 10]
Envoyées à notre tour,
et vouées à la mission universelle
selon nos priorités,
nous nous y engageons
d’une manière spécifique dans l’Église,
livrant nos vies
en disponibilité totale comme Marie,
et puisant notre dynamisme apostolique
dans l’Eucharistie [Art 36]
I, 2
3
« Nous ferons les missions à la manière de Marie. Par Jésus »
1
.
- Pour Marie de la Passion, c’est donc en regardant Marie que nous apprendrons notre
manière de « missionner ».
- Reprenant le récit de Luc nous l’avons laissé, nous allons essayer maintenant de
saisir quelques grandes lignes de cette forme mariale de la mission , dans son jaillissement
premier : Lc 1, 39-56.
- Nous utilisons ici la traduction faite à partir de l’original grec par Sr. Jeanne d’Arc O.P.
au plus près du texte, et aussi celle de la TOB.
- Remarquons tout de suite que le récit est au présent, ce qui lui donne une grande force
d’évocation, et en même temps d’actualité.
- Dans notre lecture méditée, nous allons répartir le texte en 4 parties , essayant d’y
découvrir quelque chose de ce qu’il a à nous dire comme FMM :
I. Vt. 39 L’initiative missionnaire de Marie.
II. Vts. 40-45 - Une rencontre familière qui évangélise :
a. 40-41 - Marie et Élisabeth se rencontrent.
b. 42-45 Elisabeth prophétise.
III Vts. 46-55 Le Cantique de Marie.
IV Vt. 56 - Le séjour de Marie et son retour chez elle.
I L’INITIATIVE MISSIONNAIRE DE MARIE (1, 39).
« 39 - Marie se lève en ces jours-là.
Elle va vers le haut- pays, en hâte,
dans une ville de Juda. »
Un premier coup d’œil nous révèle déjà des chose intéressantes :
Ce verset est un pont entre Annonciation et Visitation; il appartient aux deux récits,
qui sont inséparables et s’appellent mutuellement.
En peu de mots, beaucoup de choses sont dites.
« Marie se lève » - « elle va...en hâte ». Après le récit d’accueil d’une mission, c’est un
récit d’action immédiate et spontanée.
Lorsqu’il s’agira plus tard de l’envoi des apôtres ou des disciples, ils y sont
nommément et expressément envoyés par le Christ. Ici, aucun récit d’envoi. Mais on
peut comparer cette initiative de Marie après la « théophanie » de l’Annonciation
elle est devenue mère du Messie, à celle de Jésus partant au désert puis en Galilée
poussé par l’Esprit, après en avoir reçu l’onction messianique [cf Lc 4, 1, 14].
Toutes les expressions sont porteuses de sens :
Elle « se lève... » : Le verbe emplo est celui qui s’applique à la résurrection.
Devenue, par laction de l’Esprit, mère de Jésus, elle a reçu elle-même comme une
naissance à une vie nouvelle, celle de sa mission.
«... en ces jours- » : Lindication de temps est plus précise qu’il ne semble : Marie a
été avertie [cf 1, 36] qu’Élisabeth en est à son sixième mois; par ailleurs, le verset de
conclusion [56] nous apprend qu’elle va rester auprès de sa parente « quelque trois mois ».
Cela signifie quelle part tout de suite. Du reste, le texte ajoute quelle ne traîne pas en chemin :
1
« Il me parle... » n° 268, 18 décembre 1888.
I, 2
4
« Elle va...en hâte ».
Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. En voici quelques-unes:
- Le devoir d’aide à sa parente qui est âgée, et dont elle pressent qu’elle aura besoin
de son assistance - les « œuvres de miséricorde » font partie de la loi mosaïque.
- L’intuition que « le signe » donné par l’ange a quelque chose à voir avec la
maternité miraculeuse dont elle est bénéficiaire elle-même: si son fils est le Messie
attendu, celui d’Élisabeth pourrait être le nouvel Élie qui doit préparer le chemin
devant lui [cf Ml 3, 23-24 et Annonce à Zacharie : Lc 1, 15-17].
- Le besoin de partager avec elle la joie et l’action de grâces pour les merveilles
opérées par Dieu grâce à elles, dans leurs familles et dans leur peuple...
- Si l’on compare ce départ en mission avec celui des disciples il y a peut-être encore,
comme pour eux, une autre raison à la hâte de Marie, même si elle ne le discerne pas
clairement : lurgence de lannonce de la Bonne Nouvelle. - Cf Lc 10, 4 :
« ... n’échangez de salutations avec personne en chemin. ». Note de la TOB : « Les
salutations orientales sont interminables. Or le message est urgent - cf 2 R 4, 29 ».
Et Marie est devenue servante de ce message.
« ...vers le haut pays, ... dans une ville de Juda » .
Les indications de lieux, elles aussi, sont importantes.
- «Le haut pays » est celui où, sur le mont Moriyyah, se trouve la Demeure de Dieu,
symbolisant sa présence (« Shekhina ») parmi son peuple [Cf 2 Ch 5, 14]. Il s’oppose
à Nazareth, d’où arrive Marie, bourgade ignorée de la « Galilée des Nations » [cf Is
8, 23 ; 9, 1 ; Mt 4, 15-16], d’où « rien de bon ne peut sortir » [cf Jn 1, 46 ; 7, 42].
Or celle qui en vient, petite et pauvre , est elle-même devenue sacrement vivant de
la présence divine, demeure de Dieu .
- « Une ville de Juda », tribu d’où est issu le roi David, ancêtre du Messie à naître.
Cette tribu est devenue si importante qu’elle a donné son nom au peuple Juif
Yehudi ») ; étymologiquement : Peuple de l’Action de Grâces, de la Louange.
Marie et Élisabeth, qui sont ici toute louange, accomplissent bien la vocation qui est
celle de leur peuple.
2

Jean Paul II, à l’aube du troisième millénaire, rappelle à tous les baptisés
l’urgence de la mission. Comment répercuter cet appel ?
II - UNE RENCONTRE FAMILIÈRE QUI ÉVANGÉLISE (1, 40-45)
De grandes choses pour le monde vont maintenant se dérouler dans le cadre banal de la vie
quotidienne.
a) Vts. 40-41 : MARIE ET ÉLISABETH SE RENCONTRENT
« 40 Elle entre dans la maison de Zacharie
et salue Élisabeth.
41 - Or, quand Élisabeth entend
la salutation de Marie,
l’enfant tressaille dans son sein,
et Élisabeth est remplie d’Esprit Saint. »
2
Ce signe indiquera dans le texte sur la Visitation, les interpellations missionnaires.
I, 2
5
Deux petits versets qui, dans leur brièveté, évoquent la soudaineté et la simplicité des
interventions de Dieu par l’Esprit Saint dans l’histoire humaine. Interventions qui
bouleversent l’existence en quelques instants, comme va en témoigner le long concert de
louanges où les voix des deux femmes se répondent.
Jetons d’abord un regard d’ensemble sur ce texte :
Le premier verset met en avant Marie, et le second Élisabeth. Marie a l’initiative.
Élisabeth est accueil.
Cependant, elles ne sont pas seules nommées. Dans ces quelques lignes, sont
rassemblées cinq des six personnes dont il sera question dans l’acte qui se joue. Au
sixième acteur : la Parole de Dieu faite chair en Marie, il sera seulement fait allusion au
verset 43. Ce n’est pas le moment pour lui de se faire entendre. Il est encore caché et
inaudible. Mais c’est sur lui que repose l’Esprit, acteur principal de cette scène et qui
va agir par Marie comme plus tard dans l’Eucharistie, il agira par l’Église et ses
membres.
En fait, nous assistons ici à une véritable « Pentecôte domestique »
3
, qui annonce et
prépare la future Pentecôte de l’Église [cf Ac 2, 1ss] . Elle nous fait d’emblée saisir la
signification de la mission du Verbe dans son Incarnation : donner au monde l’Esprit
qui fait vivre de la vie du Père.
Quatre des personnes nommées sont des acteurs - actifs ou passifs - dans la scène qui
se joue. La cinquième, Zacharie, n’en fera pas partie. Pourquoi est-il mentionné ici ?
À cette question, plusieurs réponses possibles :
- La plus simple et la plus évidente : il est le père de l’enfant à naître. Un enfant
engendré selon les lois de la génération humaine, inséré par son père dans la tribu
sacerdotale de Lévi , mais qui va être promis par une seconde naissance, à une autre
vocation.
- C’est chez lui que la scène se passe.
- Mais ici, l’accent porte sur « sa maison » autant que sur lui-même. En milieu sémite,
« la maison » est un terme très riche. Il désigne « le foyer », « la famille », et plus
précisément encore « l’épouse », « la mère».
Même si Zacharie n’est pas présent au moment de l’événement, son foyer devient
alors à l’image de la « tente de la rencontre » au désert du Sinaï, une demeure sur
laquelle repose la Nuée, et qui est envahie par elle [cf Ex 40, 34].
Son fils à naître tressaille et son épouse prophétise au contact de Marie, portant
son Fils oint d’Esprit Saint.
Or, le texte est clair à ce sujet : la présence de l’Esprit est « contagieuse ». Cette
présence purifie, sanctifie, vivifie, dynamise. Sans doute trouvons-nous
l’explication de la conversion de Zacharie, qui n’est donnée nulle part ailleurs. En
effet, cette mention de « la maison de Zacharie » est placée par Luc entre la scène
de son manque de foi au Temple, lors de son service sacerdotal [cf Lc 1, 5-22], -
et celle où, après la naissance de son fils, sa langue libérée par la foi se délie, pour
obéir à Dieu et nommer, à la suite d’Élisabeth, son fils : « Jean » [cf Lc, 63].
Après quoi, rempli lui aussi d’Esprit Saint, il se met à prophétiser [cf Lc 1, 67-79].
Il n’est plus alors au Temple, mais « dans sa maison », devenue demeure de la
‘Shekhina’.
À noter d’ailleurs que sans aucun doute, à ce moment-là, Marie se trouvait encore
3
Cf. Jean Paul II, 31 mai 2001, fête de la Visitation : « La rencontre entre la Madone et sa cousine Élisabeth est
comme une sorte de ‘petite Pentecôte’.»
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