Agay (Saint-Raphael) - 26 – 29 juin 2010

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Ecole d’été organisée par SEDYL (Structure et Dynamique des Langues) en partenariat avec le LLACAN et le CRLAO – Agay - 26 – 29 juin 2010
Samedi 26 juin
9h-12h30
Dimanche 27 juin
Lundi 28 juin
Phrase complexe (coord. S. Vassilaki)
Alexandru Mardale : Remarques comparatives
sur le supin et l'infinitif en roumain
Outi Duvallon : La particule finnoise –hAn :
comment un pronom logophorique devient-il un
connecteur de justification ?
Deth Thach: kɑː : de l'intra- à
l'interpropositionnel
Denis Paillard : A propos de la phrase complexe
avec coordonnant
Mardi 29 juin
Nominalisations (coord. S. Vassilaki)
Préfixation
(coord. Denis Paillard)
Katharina Haude : Subordination en
movima:
référence à des événements et états
Odile Lescure : Nominalisation et
subordination dans une langue caribe des
Guyanes
Francesc Queixalos : La nominalisation
en sikuani
Hélène Le Guillou de Penanros La
préfixation verbale en lituanien
Denis Paillard : le verbe préfixé
comme prédicat complexe
Deth Thach (en collaboration avec D.
PAILLARD) Contribution à l’étude
sémantique et syntaxique du verbe
en khmer.
Déjeuner
12h30- 14h
14h-16h00
Phrase complexe (suite)
première conférence 17h-19h :
Anton Antonov
(INALCO/CRLAO/SeDyL): Vers
une typologie et une diachronie
de l'allocutivité
S. Gadjeva : l’article défini en bulgare
Agnès Ouzounian : Le joncteur t'e en arménien :
diachronie et synchronie
Jean-Bosco Sima : le syntagme nominal
bantou
Sophie Vassilaki : Le joncteur pou du grec
moderne : diachronie et synchronie
Deth Thach et Dara Non : Deux verbes
copulatifs en khmer
Pause, puis diner à 19h
20h3021h45
Stéphane Robert
(LLACAN)
Jacqueline Vaissière (Sorbonne-Nouvelle)
Guillaume Segerer
Konstantin Pozdniakov (LLACAN)
Les acquis de la phonétique française
La linguistique cognitive :
(théorie et méthodes expérimentales)
Linguistique quantitative : un monde
ouvertures et enjeux
à découvrir
Comité de programmation : Anaïd Donabédian, Sophie Vassilaki, Konstantin Pozdniakov, Anton Antonov, Denis Paillard, Christine Bonnot.
Conférence
Résumés :
CONFERENCES :
Jacqueline Vaissière (Laboratoire de Phonétique et de Phonologie)
Une plateforme multisenseurs au service d’une modélisation intégrée en phonétique et phonologie (en parole normale et pathologique).
Il est un fait établi que les tendances universelles dans les variations des sons dans le temps et dans l’espace ou les asymétries récurrentes au sein des
systèmes sonores sont largement explicables par la combinaison d’un ensemble de facteurs physiologiques, articulatoires, acoustiques, aérodynamique et
perception (PA3P) et par l’interaction entre les paramètres segmentaux et suprasegmentaux, qui exercent sur chaque système des influences
contradictoires qui tendent à le désorganiser : l’état d’une langue résulte de l'interaction entre l’action centrifuge du système phonologique, tendant à la
symétrie, et l’action centripète des facteurs phonétiques PA3P. Le laboratoire LPP a mis en place une plate-forme multisenseurs pour l’étude de la parole
normale et pathologique, dont le but est de fournir des données pour alimenter des modèles d’interaction entre les paramètres et de participer à une
modélisation intégrée en phonétique et phonologie. Elle permet d’étudier de façon non invasive en parallèle les mouvements de tous les organes de la
parole (et donc les corrélats phonétiques de tous les traits phonologiques) et leurs conséquences acoustiques et aérodynamiques: 1) les mouvements de la
langue (échographie, palatographies statique et dynamique), 2) les états de la glotte et les mouvements des plis vocaux (EGG, EPGG
–brevet LPP), 3) les mouvements du voile du palais (mesures aérodynamiques avec un masque sans distorsion acoustiques – brevet LLP, système EVA d’Aix
en-Provence, accéléromètre, micro nasal), 4) mouvements des lèvres et du visage (système Qualisys avec capteurs infrarouges et possibilité de 60
marqueurs). La plateforme a une extension à l’Hôpital Pompidou, pour des techniques plus invasives, nécessitant souvent la présence d’un médecin :
fibroscopie, endoscopie avec tube avec caméra ultra-rapide, « nasographie » (appareil fait maison). Elle est complétée par un ensemble de systèmes de
synthèse courant, et par le modèle articulatoire de Maeda, et par une station classique pour des études de perception. Une partie des instrumentations,
semi-invasives, est localisée à l’hôpital européen George Pompidou. Le but de cette présentation est une introduction à la plate-forme, instrumentation
après instrumentation. Des études sur des langues particulières de familles très diverses pourraient être menées et contribueraient à alimenter une base de
données physiologiques originale pour l’étude typologique et les universaux. Nous rappellerons succinctement les apports de la phonétique française
(théorie et méthodes expérimentales), entre la fondation de la phonétique expérimentale par l’Abbé Rousselot, à la fin du XIX° siècle
à nos jours.
Guillaume Segerer, Konstantin Pozdniakov (LLACAN-Inalco)
Linguistique quantitative : un monde à découvrir
Prenant comme point de départ notre article paru en 2007dans Linguistic Typology (Pozdniakov & Segerer : Similar Place Avoidance: A Statistical Universal,
LT 11-2, pp. 307-348), nous proposons une exploration des techniques statistiques appliquées à la linguistique. A l'aide de nombreux exemples tirés de
travaux récents, nous entendons montrer que l'application de techniques simples, lorsqu'elle est menée correctement, permet de faire des découvertes
inattendues et des prévisions rigoureuses, aussi bien pour la description synchronique des systèmes que pour les études diachroniques.
Anton Antonov (INALCO/CRLAO/SEDYL)
Vers une typologie et une diachronie de l'allocutivité
Je m’intéresse à l’allocutivité définie comme l’encodage morphologique de l’interlocuteur dans une forme verbale donnée alors même que ce dernier n’est
pas un actant du verbe. Cette définition du terme est notamment celle que l’on utilise dans le cas du basque qui possède un éventail complet de formes «
allocutives » qui encodent un interlocuteur de 2e personne du singulier (qui n'est pas un argument du verbe), en distinguant deux formes à chaque fois qui
sont fonction du sexe de l’interlocuteur. Ce fait est d’autant plus intéressant que le basque est complètement dépourvu de la catégorie du genre par
ailleurs, et qu’elle ne semble pas a priori reconstructible pour la proto-langue. Par ailleurs, en basque, l’utilisation d’une forme allocutive est obligatoire dès
lors qu’on utilise le pronom dit « familier » de 2e personne du singulier, dont l’utilisation relève de contraintes sociolinguistiques différentes selon les
dialectes, et qui n’est pas le pronom de 2e personne par défaut. Toujours est-il que du moment que ce pronom est utilisé, toutes les formes verbales dans le
discours, à l’exception de celles apparaissant dans les subordonnées, les énoncés exclamatifs ou interrogatifs, présentent automatiquement ces formes
allocutives qui tiennent compte du sexe de l’interlocuteur.
Des formes morphologiquement semblables existent en bedja et en tchétchène, mais le phénomène ne semble pas présenter le même niveau de
grammaticalisation. Par ailleurs, le datif dit "éthique" de nombre de langues indo-européennes pourrait être envisagé comme une des étapes dans le
processus de grammaticalisation qui a donné naissance aux formes allocutives du basque. Dans cet exposé, je me propose de présenter les données, les
hypothèses et les premiers résultats d'une étude en cours sur la typologie et la diachronie de ce phénomène
ATELIER PHRASE COMPLEXE
9h00-9h45 Alexandru Mardale (INALCO & SeDyL FRE 3326)
Remarques comparatives sur le supin et l'infinitif en roumain
(présentation basée sur un article écrit avec Elena Soare, paru dans FdL n°30/2007, pp. 141-152)
Notre contribution se propose d’examiner les propriétés d'une forme verbo-nominale du roumain, le supin, par comparaison avec l’infinitif nominalisé et
d'autres formes verbo-nominales. Dans un premier temps, nous montrons quelles sont les différences entre les noms verbaux authentiques et le supin, et
nous proposons une analyse morphologique de cette forme. Dans un deuxième temps, nous analysons les propriétés d’interprétation du supin et de
l’infinitif nominalisés. Les deux nominalisations ne se prêtent pas aux deux types de lecture connus comme événementielle et résultative depuis Grimshaw
(1991). Alors que l’infinitif admet les deux, le supin n’admet que la première. Cette différence sera mise en corrélation avec la structure aspectuelle de ces
nominaux, à savoir avec l’existence d’un Aspect syntaxique (dans le cas des nominalisations infinitives) et avec l’existence d’un Aspect hérité du verbe-base
(dans le cas des nominalisations supines). Enfin, nous arriverons à la conclusion que les structures analysées ici ne présentent pas le même degré de
"perfection nominale", en raison d'une dérivation différente, d’une part, et de l’existence d’une structure fonctionnelle différente, d’autre part.
9h45-10h30 Outi Duvallon (INALCO & SeDyL FRE 3326)
La particule finnoise –hAn : comment un pronom logophorique devient-il un connecteur de justification ?
Mon exposé portera sur la particule énonciative finnoise –hAn (-han ~ -hän) qui est habituellement définie comme une marque de la connaissance partagée,
glosable par « comme on le sait, il est bien connu que ». On considère qu’il s’agit là d’une valeur de base dont découlent des effets de sens divers qui varient
en fonction du contexte. Certains emplois de –hAn sont tout de même problématiques du point de vue de la définition habituelle, du fait de la difficulté de
les ramener à l’idée de la connaissance partagée. Qui plus est, une théorie récente sur l’origine de la particule (Laitinen 2002) retrace un processus de
grammaticalisation où cette idée de la connaissance partagée n’est pas mise en avant.
La particule –hAn est un élément qui ne participe pas au contenu propositionnel de l’énoncé, mais qui agit sur la façon dont l’énoncé se situe dans son
contexte, sur la façon dont il est présenté par le locuteur, etc. L’idée que soulignent les études portant sur cet élément est celle de la dépendance
contextuelle de l’énoncé qui l’abrite. Cependant, on dispose de relativement peu d’information d’ordre grammatical ou distributionnel sur les contextes
d’emploi de -hAn. Je me suis alors donné comme objectif d’étudier l’organisation macro-syntaxique des unités qui se forment autour des énoncés
comportant la particule. Cette approche est fondée sur l’hypothèse qu’il existe des régularités structurelles qui conditionnent l’emploi de -hAn.
Je me propose dans cet exposé d’esquisser un aperçu sur la particule –hAn dans un examen qui l’abordera sous trois aspects différents : 1) la présentation
de –hAn selon les grammaires, 2) deux théories sur son origine et 3) l’examen de ses emplois problématiques du point de vue la définition habituelle et
l’élaboration d’une hypothèse nouvelle sur sa valeur. Pour terminer, je reviendrai sur l’idée de la connaissance partagée.
10h30-11h15 Joseph Deth Thach (INALCO & SeDyL FRE 3326)
kɑː, de l'intra- à l'inter-propositionnel
En khmer moderne, kɑː est défini comme une particule lorsqu’il est utilisé à l’intérieur d’une proposition et comme une conjonction de subordination
lorsqu’il est placé entre deux propositions. Il est souvent rendu en anglais par ‘also, so, too, then, therefore’ (Headley: 1977) - en fait, dans beaucoup de ses
emplois kɑː ne peut être traduit en français ou anglais. Parmi les valeurs qui lui sont associées on peut citer les valeurs de conséquence, consécution,
concession, concomitance, contraste et adition. On notera qu’il est difficile de tracer une séparation nette entre emplois intra-propositionnels et emplois
inter-propositionnels.
Dans l’exposé, je montrerai qu’il est possible de rendre compte des valeurs locales telles que conséquence, consécution, concession etc. à partir d’une
hypothèse sur l’identité sémantique de l’unité. Une telle hypothèse permet de rendre compte de la continuité qui existe tant au niveau sémantique que
syntaxique entre emplois intra- et emplois inter-propositionnels.
11h15-12h00 Denis Paillard (LLF-Paris7)
A propos de la phrase complexe coordonnée
Le terme de coordination est généralement utilisé pour désigner des constructions « when there are to identifiable constituents which have the same
semantic role and together form a larger constituent » ‘Haspelmath, 2005). Dans cette perspective on s’intéresse avant tout aux coordonnants comme et,
and, … (conjonction), mais, but,..(coordination adversative) et ou, or, … (disjonction).
En nous appuyant sur des données empruntées à différentes langues (russe, khmer ancien et moderne, japonais, haoussa,…) nous proposerons d’étendre la
notion de coordination à d’autres types de constructions (intra- et inter-propositionnelles mais aussi discursives). La notion de ‘symétrie’ (souvent utilisée
pour décrire la coordination : « si A est coordonné à B alors B est coordonné à A ») sera (re)définie comme le résultat d’une double mise en relation.
12h00-12h30 Discussion
14h00-14h45 Agnès Ouzounian et Anaïd Donabédian (INALCO & SeDyL FRE 3326)
Le joncteur թէ, t‘ē, en arménien : diachronie et synchronie
T‘ē présente en arménien une combinaison d’emplois typologiquement peu répandue et dont la description dépasse des dichotomies telles que
subordination/coordination, discours direct/indirect.
1. T’ē est un introducteur de complétive, qui entre dans une série paradigmatique avec or ‘que’ [introducteur de complétive, de relative et de subordonnée
finale], dont il couvre une partie des emplois et avec lequel la substitution n’est le plus souvent pas agrammaticale, même si elle est parfois discursivement
peu convaincante. Il apparaît surtout dans les complétives logophoriques (contenu de parole ou de pensée).
2. Les emplois de t‘ē croisent ceux de la conjonction et‘ē ‘si’, mais plus rarement.
3. T‘ē peut introduire un contenu de parole ou de pensée dans d’autres contextes syntaxiques et avec tous les modes et modalisateurs, ce qui rapproche
l’énoncé d’un discours direct. Il peut à ce titre introduire l’expansion d’un verbe comme d’un nom issu d’un verbe de type logophorique, mais il peut aussi
lui-même fonder la logophoricité.
4. Un examen des emplois coordonnants de t‘ē à la lumière de ces emplois montre que la valeur logophorique de t‘ē y est préservée, ce qui constitue sa
spécificité en arménien moderne par rapport à et‘ē (arm. cl.).
De même, l’interrogatif composé de t‘ē, mit‘ē ‘est-ce que vraiment’, s’oppose à l’interrogatif artyok‘ ‘est-ce que’ en ce que le contenu propositionnel
introduit par mit‘ē permet de supposer une instance énonciative sous-jacente (distincte du locuteur, d’où la valeur de mise en doute), ce que artyok‘
n’implique pas.
Il semble utile a priori de distinguer t‘ē subordonnant et t‘ē coordonnant, qui apparaît, accentué, dans des structures à double focus (la corrélation peut
mettre en focus parallèle une série de noms comme une série de subordonnées, avec une série de cas intermédiaires). Ainsi, malgré cette apparente
distinction formelle (accentuation), t‘ē a donc une unité fonctionnelle dont il faut rendre compte.
14h45-15h30 Sophie Vassilaki (INALCO & SeDyL FRE 3326)
Aspects diachroniques et synchroniques du joncteur pou (grec moderne)
Dans cette communication, je me propose d’examiner certains aspects diachroniques et synchroniques du joncteur (subordonnant) invariable pou « que »
(atone) du grec moderne qui alterne (non-librement) avec trois autres joncteurs dans la subordination complétive du grec moderne : oti, pos « que »
(complétives assertives) et na « que » [ou infinitif : « je veux partir »] (complétives non-assertives). Comme il a été bien mis en évidence notamment par les
travaux de Nicholas (1999, The story of pu : The grammaticalization in space in time of a Modern Greek complementiser), l’étude de pou ne peut être
envisagée en dehors d’un cadre constitué de trois paramètres : contact de langues (aire de convergence balkanique), koinéisation des dialectes néohelléniques et effets de l’état diglossique.
Pou est issu de l'adverbe relatif-indéfini de localisation (situation/position) ópou « partout où, où que, là où (on est) » (tonique) corrélativement lié à poú
interrogatif (tonique) «où est-ce ?», selon le schéma suivant : ópou > opoú > pou. Pou sert par ailleurs de pronom relatif « universel » ( : qui, que, dont,
lequel, duquel, auquel, avec/par lequel). Le relatif pou apparaît (sous forme de ópou / opoú) vers le Ve/VIe siècle de notre ère et marque un changement
majeur dans le système de relativisation du grec : le passage d’un système flexionnel (accord avec l’antécédent) et mobile à base d’un paradigme de
pronoms qu- (hos, hostis, hosper) à une forme invariable pouvant couvrir un vaste éventail de fonctions.
Nous étudierons un corpus d’énoncés illustrant les différentes distributions (et collocations) de pou-joncteur et nous discuterons les différentes hypothèses
émises sur le mode de construction de l’identité de ce marqueur qui, bien qu’introduisant des subordinnées à verbe fini, présente certains traits relevant de
la subordonation à formes non-finies.
Lundi 28 juin 2010
9h00-9h45 Katharina Haude (CNRS, SeDyL FRE 3326-CELIA)
Subordination en movima: référence à des événements et états
En movima (isolat, Amazonie bolivienne), les phrases subordonnées complétives et adverbiales sont des syntagmes nominaux, formant des arguments et
adjoints, respectivement. Elles contiennent un article, et le prédicat est morphologiquement marqué, ce qui peut être interprété comme un indice de
nominalisation. Pourtant, les phrases subordonnées sont marquées par des catégories qui sont normalement considérées comme des signes de finitude,
relevant typiquement de la catégorie verbale : temps, personne, et aspect lexical. Aucune de ces catégories n’est marquée si systématiquement sur des
prédicats matrices. Comment est-ce que l'on peut expliquer ce phénomène peu ordinaire? Le marquage de la personne est facile à comprendre : comme il
est typologiquement courant, les phrases subordonnées sont obligatoirement possédées; c’est parce que le marquage de possession en movima est
identique au marquage de la personne sur le verbe transitif qu’il ne sert pas comme preuve à l’existence d’une nominalisation. Les deux morphèmes
« nominalisants » indiquent si le prédicat subordonné dénote un événement ou un état, ce qui n’est pas formellement différencié sur les prédicats matrices.
Le temps est marqué sur l’article en movima, qui est obligatoire dans tout syntagme nominal (avec des mots simples il indique aussi des catégories
spatiales). Comme les phrases subordonnées renvoient à des situations, qui ne sont pas temporellement stables, l’article permet une différentiation entre
trois catégories temporelles. L’exposé va comparer les propriétés de base des phrases matrices et des phrases subordonnées en movima, en discutant les
notions de nominalisation, de temps nominal, et de finitude.
9h45-10h30 Odile Renault-Lescure (IRD, SeDyL FRE 3326-CELIA)
Nominalisation et subordination dans une langue caribe des Guyanes
Le kali’na est une langue relativement bien connue grâce aux travaux de Hoff sur le Carib du Suriname (variété du kali’na parlée dans l’ouest du pays),
concrétisés dans une première description phonologique et morphologique détaillée parue en 1968, suivie d’articles morphosyntaxiques. Ils ont été repris
dans les analyses comparatives et diachroniques de Gildea (1998) sur la famille caribe. Ces auteurs reviennent dans des travaux récents sur certains aspects
des phrases et constituants phrastiques nominalisés (Gildea 2008, Hoff 2009).
Nous présenterons les phénomènes de nominalisation en kali’na, variété orientale parlée en Guyane française, en insistant sur les aspects moins décrits
et en apportant quelques données originales rencontrées dans cette variété. Les principaux points abordés concerneront (1) les ajustements qui
permettent à la langue de produire des constructions nominalisées et (2) la morphosyntaxe de ces formes non-finies qui occupent une fonction primordiale
dans la subordination, mais aussi des fonctions de constructions finies, comme phrases indépendantes. Ces dernières constructions, jusqu’à présent non
étudiées dans cette langue, et absentes du Carib décrit per Hoff, seront analysées et comparées aux formes finies des phrases indépendantes.
10h30-11h15 Francesc Queixalos (CNRS, SeDyL FRE 3326-CELIA)
La nominalisation en sikuani
Cet exposé s’inscrit dans la discussion en cours sur la relation, en particulier diachronique, entre subordination et nominalisation. Le sikuani a quelques traits
remarquables à soumettre à ce débat : aucun morphème ne s’est spécialisé dans la nominalisation ; le mécanisme est hautement régulier et productif ; les
actants sont récupérés selon des règles d’une certaine complexité, et de façon hybride (morphologie nominale / verbale) ; enfin, toutes les positions
syntaxiques des compléments (actants, adjoints du prédicat verbal, modificateurs dans le syntagme nominal) sont accessibles aux formes nominalisées, bien
que certaines de ces positions puissent également accueillir de vraies subordonnées à verbe fini.
11h15-12h30 Discussion, conclusions et perspectives
ATELIER PREFIXATION
Trois exposés de 50 minutes et 30 minutes de discussion(s)
Hélène LE GUILLOU DE PENANROS La préfixation verbale en lituanien: un système complexe mobilisant plusieurs plans de variation
En lituanien, l'adjonction d'un préfixe à une base verbale est source de déterminations de la base verbale réparties sur 4 domaines:
1. L'aspect: l'adjonction d'un préfixe à une base verbale d'aspect processus donne dans certains cas un verbe de même sens mais d'aspect
événement:
kepti (cuirepro) / iškepti (cuireévé)
pirkti (acheterpro)/ nupirkti (acheterévé)
skaityti (lirepro) / perskaityti (lireévé)
2. Les déterminations quantitatives ou qualitatives du procès:
laukti (attendre) / išlaukti (attendre tout un certain temps)
skinti (cueillir) / priskinti (cueillir beaucoup)
pinti (tresser) / papinti (tresser un peu)
3. Les phases du procès: le préfixe peut avoir une valeur inchoative, résultative, terminative:
kalbėti (parler) / prakalbėti (commencer à parler)
linguoti (bercer) / užlinguoti (réussir à endormir en berçant)
judėti (bouger) / pajudėti (se mettre à bouger)
4. Les nouveaux lexèmes: le verbe préfixé à un sens très différent de celui auquel correspond la base verbale. Sa distribution peut également
être très différente.
aiškinti (expliquer) / išaiškinti (dépister)
dėti (poser) / padėti (aider)
galėti (pouvoir) / nugalėti (vaincre)
Le système est complexe dans la mesure où il y a douze préfixes en lituanien et que :
1. tous les préfixes n'ont pas les mêmes valeurs (si la plupart des préfixes sont représentés dans les 4 domaines cités ci-dessus, ils n'ont par
exemple pas tous de valeur inchoative)
2. un même préverbe n'a pas la même valeur avec toutes les bases verbales avec lesquelles il se combine (on leur reconnaît entre 3 et 16
valeurs selon les préfixes).
Le traitement traditionnel de la préfixation en lituanien consiste à définir chaque préfixe en établissant un classement ordonné des différentes
valeurs qu'il peut avoir selon la base verbale avec laquelle il se combine. Paulauskas (1957) opère une distinction entre valeurs lexicales et
valeurs grammaticales du préfixe. Les valeurs lexicales sont elles-mêmes réparties en valeurs fondamentales (spatiales), valeurs dérivées et
valeurs exceptionnelles. Cette présentation morcelée des fonctions du préfixe, outre les différents problèmes qu'elle pose (détermination du
nombre de valeurs, primauté du spatial sur le notionnel, désémantisation du préfixe dans les cas des valeurs grammaticales), néglige l'identité
du préfixe.
Nous proposons un modèle alternatif de description de la préfixation dans la mesure où il traite de façon unifiée les différentes valeurs du
préfixe. Ce modèle pose qu'un verbe préfixé est un prédicat complexe, issu de la combinatoire entre les prédicats que sont le verbe et le
préfixe. On considère en effet que le préfixe est une forme de prédicat : plus précisément c’est un relateur de type X R Y. Par ailleurs, on définit
l'identité sémantique de chaque prédicat par une Forme Schématique qui permet d’articuler directement cette identité à sa variation. Enfin on
distingue plusieurs plans de variation mettant en jeu la syntaxe du verbe préfixé d’une part, les différentes combinatoires entre les schémas
prédicatifs associés au verbe et au préfixe d’autre part, les différents modes de lexicalisation des composantes de la relation établie par le
préfixe (X et Y). On montrera, à travers l'exemple du préfixe iš-, comment un tel calcul se met en œuvre et rend compte des valeurs observées.
Denis PAILLARD. La préfixation en russe : le verbe préfixé comme prédicat complexe.
Nous défendrons l’hypothèse qu’en russe et en français un verbe préfixé est un prédicat complexe, produit de la combinatoire entre la base et
le préfixe, considéré comme un prédicat à deux places. Dans le cadre de cette combinatoire, un élément a de la base est reconstruit dans
l’espace du préfixe. Concernant le russe, nous montrerons que la dérivation d’un verbe perfectif par préfixation d’une base (le plus souvent
imperfective) n’est pas un phénomène d’ordre aspectuel, contrairement à l’usage qui en est fait très souvent dans la littérature consacrée à
l’aspect.
Deth THACH (en collaboration avec D. PAILLARD) Contribution à l’étude sémantique et syntaxique du verbe en khmer. À propos de trois
préfixes : / b+ nasale/, /pʰ-/, et /pr-/
Les préfixes / b+ nasale/, /pʰ-/, et /pr-/ ont toujours été traités par les grammairiens et les linguistes spécialistes du khmer comme des
allomorphes servant à former, à partir d’une base verbale monosyllabique, des causatifs (voir Jenner (1969) et Lewitz (1967, 1968 et 1969)). Or
force est de constater qu’il existe des bases verbales en khmer à partir desquelles il est possible de former deux, voire trois verbes préfixés
différents. L’objectif du présent exposé est de cerner d’une part l’apport sémantique de chacun des trois préfixes à la base verbale, et d’autre
part, les changements syntaxiques entre les verbes préfixés et les bases verbales.
Nous défendons l’hypothèse que ces trois préfixes ont une propriété commune à savoir l’agentivation du procès exprimé par la base. Mais
selon les préfixes en jeu, le statut de l’agent n’est pas le même :
- avec / b+ nasale/ : l’agent est le valideur du procès exprimé par la base : le verbe préfixé est du type accomplissement avec une syntaxe
SVO ;
- avec /pʰ-/ : l’agent est dans un rapport d’extériorité au procès exprimé par la base : dans ce cas, on peut parler de construction
causative.
- Avec /pr-/ : l’agent est un argument du procès mais le procès exprimé par le verbe préfixé n’est pas interprété comme un
accomplissement.
Cette hypothèse sera confrontée aux données où pour une même base on a deux ou trois verbes préfixés et à celles où seul un des préfixes est
possible.
EXPOSES INDIVIDUELS :
Snejana Gadjeva (Inalco)
L’article défini en bulgare
L’article défini postposé est un des traits caractéristiques de la langue bulgare qui, d’un côté, le distingue des autres langues slaves à flexion casuelle
morphologiquement complexe et qui, d’un autre côté, le rapporoche typologiquement des langues balkaniques, en occurence l’albanais et le roumain.
Cet exposé présente la première étape d’une recherche en cours visant à cerner les convergences et les divergences dans l’expression de la définitude par
l’article défini dans les langues balkaniques dont il est typique. Ainsi, il fait le point sur l’appartition, la morphologie et les valeurs sémantiques de l’article
défini en bulgare.
SIMA MVE Jean-Bosco, LLACAN-CNRS (UMR 8135)
Etude comparative du systeme nominal possessif en français standard et en fang ntumu (a 75) : morphologie et syntaxe.
Dans ce travail nous faisons une approche transversale entre une langue du sud (le fang ntumu A75) et une langue du nord (le français standard) qui
présentent des prédictions structurales homogènes. A la lumière des données de notre analyse, nous associons ces prédictions à des principes de
constituance où dépendances morphologiques et dépendances syntaxiques seraient intimement liées. Nous proposons d’expliquer ces contraintes dans le
cadre de la grammaire générative et plus précisément de la théorie X-barre et de la morphologie distribuée.
Dara Non (LLF) Paris Diderot, Joseph Deth Thach (SEDYL) INALCO,
Étude de deux verbes copulatifs en khmer : kɨː et ciɜ
Il existe quatre façons en khmer pour rendre la construction N1+être+N2 du français. Nous pouvons avoir soit N1
2, soit N1+kɨː+N2, soit N1+ciɜ+N2, soit
N1+ kɨː-ciɜ+N2.
L’objectif de notre présent exposé est d’explorer les données afin de cerner les différentes interprétations et emplois de ces quatre constructions. Dans un
premier temps, nous allons examiner tous les emplois et valeurs de kɨː et de ciɜ lorsqu’ils ne sont pas en concurrence. Dans un deuxième temps, nous
analyserons les contextes où ces quatre constructions sont en concurrence. Enfin, nous proposerons des caractérisations sémantiques et syntaxiques pour
chacun des deux verbes copulatifs étudiés.
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