Chapitre 4 : La théorie monétaire de J

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Chapitre 4 : La théorie monétaire de J.M.Keynes
SECTION 1 : La rupture avec l’école néoclassique, la théorie générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936).
Jusqu’à la théorie générale, Keynes a été un économiste néoclassique. Keynes
estime que la théorie néoclassique/la théorie quantitative sont incapables de
rendre compte de la crise de 1929. Il remet ainsi en cause la monnaie neutre et
la loi de SAY qui empêche l’apparition de crises générales.
§1 : L’introduction de l’incertitude
En 1921 F.KNIGHT publie « Risk, Incertainty and profit » dans lequel il
introduit la différence entre le risque et l’incertitude.
Dans une situation de risque il est possible de calculer la probabilité
d’apparition d’un événement, de la calculer de 2 manières :
- soit parce que le phénomène étudié suit une loi de probabilité
parfaitement connue
- soit le calcule repose sur des fréquences observées c'est-à-dire que des
phénomènes similaires ont eu lieu dans le passé.
Dans ces 2 cas la probabilité est dite objective car elle ne dépend pas des
aprioris, des espoirs ou des phantasmes de celui qui fait le calcul.
Dans une situation d’incertitude il est impossible de calculer une telle
probabilité objective concernant la survenance d’un phénomène futur parce que
soit le phénomène ne suit pas un phénomène mathématique connu soit parce que
le phénomène ne suit pas une évolution similaire dans le passé.
Pour Knight gérer des situations d’incertitudes sont des qualités particulières,
il est donc normal de rémunérer l’entrepreneur ce qui justifie le profit.
Les analyses de Knight vont être reprises par Keynes qui va approfondir
l’analyse en montrant que s’il n’est pas possible de calculer des probabilités
objectives il sera toujours possible de calculer des probabilités subjectives.
Une probabilité subjective est un degré de croyance dans lequel il est
raisonnable d’investir une action compte tenu d’un ensemble d’informations
détenu par l’agent au moment où il formule ce degré de croyance. Ces
probabilités sont subjectives car elles dépendent des connaissances, des
informations possédées par l’agent or tous les agents n’ont pas accès aux mêmes
informations donc ils vont avoir des probabilités différentes. Dans l’univers
néoclassique l’information est un bien libre et gratuit c'est-à-dire que tous les
agents économiques sont informés de la même façon donc ils vont former des
probabilités subjectives identiques. Mais Keynes se rapproche de la réalité.
Ces probabilités subjectives ne donnent pas lieu nécessairement à une mesure
cardinale mais elles n’ont le plus souvent qu’une signification ordinale. Une
probabilité cardinale est celle qui peut avoir un chiffre sûr. Une valeur ordinale
est celle où l’on peut définir un ordre. L’approche subjective des probabilités
nécessite de distinguer 2 dimensions :
- la formulation d’une estimation compte tenu des informations personnelles
- la validité que l’agent économique accorde à sa propre estimation. C’est le
degré de confiance à la probabilité qu’il vient de définir.
Keynes introduit la prise de conscience par l’agent économique qu’il peut se
tromper. Le degré de confiance que l’agent attache à une probabilité subjective
sera d’autant plus élevé que son calcule subjectif sera partagé par d’autres
agents. On introduit ici les conventions (=croyance partagée). Cette probabilité
subjective est éminemment instable car à tout moment peuvent arriver de
nouvelles informations qui détruisent le calcule précédent ou encore à tout
moment la convention peut être dénoncée ce qui amène à réviser sa propre
probabilité subjective.
Pour Keynes la crise de 1929 est due essentiellement à l’insuffisance des
investissements des entreprises or un entrepreneur décide d’investir en
comparant du coût financier de l’investissement parfaitement connu et le
rendement attendu qui lui n’est non seulement pas connu mais ne renvoie pas à
une situation de risque mais à une situation d’incertitude. Ceci est d’autant plus
vrai dans des produits totalement nouveaux. En conséquence on peut faire des
calcules d’estimation subjective pour voir dans quel branche il faut investir. Le
comportement d’investissement est ainsi instable, les entreprises peuvent donc
brutalement cesser l’investissement.
Il existe des périodes au cours desquelles les agents économiques sont
incapables de se mettre d’accord sur une convention partagée. Il y a une
incertitude si grande que les probabilités subjectives sur un événement
divergent. Dans de telles situations il devient raisonnable de ne rien décider
c'est-à-dire de suspendre tout choix d’investissement qui pourrait par la suite
s’avérer erroné. En conséquence pendant ces périodes il faut donner à son
patrimoine la forme qui engage le moins, celle qui laisse le plus de choix ouverts
dans l’avenir, cette forme c’est bien sûr la monnaie parce que c’est elle qui a la
liquidité maximum.
Pour Keynes il devient rationnel de détenir son patrimoine sous forme
monétaire dans des périodes de forte incertitude au cours desquelles les
conventions son rompues. D’autre part la monnaie permet également d’annuler le
coût que supporterait l’agent en cas d’erreur de choix patrimoniaux.
La thèse des néoclassiques est d’affirmer que les erreurs de choix peuvent
être corrigés sans coûts alors que pour Keynes les erreurs peuvent être corrigés
mais cette correction implique un coût plus ou moins élevé qui dépend de 2
éléments :
- y a-t-il ou non un marché de l’occasion pour l’actif prit en compte
-
l’actif est-il très spécifique ou peu spécifique
§2 : La viscosité des prix nominaux à court terme
Dans la théorie générale Keynes rejette l’hypothèse d’une parfaite flexibilité
des prix nominaux à la hausse comme à la baisse. Pour Fisher il pouvait se passer
une dizaine d’année. Mais néanmoins chez Keynes certains prix nominaux sont au
minimum visqueux voir totalement rigides à court terme et en particulier
visqueux ou rigides à la baisse. En cas d’augmentation de la masse monétaire les
prix nominaux ne vont pas varier tous au même rythme mais en conséquence les
prix relatifs vont se déformer.
Cette rigidité ou cette viscosité doit être précisée à 2 niveaux :
- La viscosité voir la rigidité des prix nominaux est surtout vérifiée en cas
de baisse des prix car la flexibilité en cas de hausse est généralement
acceptée par les agents économiques. Il se peut que les agents
économiques n’acceptent pas la hausse simultanée de tous les prix
nominaux c’est ce qu’on appelle l’inflation.
- La rigidité à la baisse des prix nominaux est extrêmement importante et
lourde de conséquence pour 2 prix nominaux particuliers : d’une part les
salaires nominaux et d’autre part les taux d’intérêts nominaux.
§3 : L’introduction d’un salaire monétaire : l’illusion monétaire des agents
Pour Keynes, l’offre de travail des salariés n’est pas fonction du salaire réel
mais au contraire fonction du salaire nominal. Du coup il y a bien une forme
d’illusion monétaire. Ceci est fondamental chez Keynes car cela permet
d’introduire le concept de chômage involontaire. Pour Keynes il y a chômage
involontaire si en cas de hausse du prix des biens de consommation pour un
niveau donné des salaires nominaux l’offre de travail des salariés s’établit à un
niveau supérieur à ce qu’il était avant la hausse du prix des biens de
consommation.
Salaire nominal initial en To = Wo ; indice des prix des biens de consommation
Po -> salaire initial : Wo/Po
En T1 ; ΔP > 0 -> P1 > 0 et W1 = Wo -> salaire réel en T1 = W1/P1 = Wo/P1 <
Wo/Po
Pourquoi les salariés raisonnent-ils en termes de salaires nominaux et non pas
réels ? Si les salariés raisonnent de cette façon c’est qu’ils n’ont pas accès aux
informations qui leurs permettraient de raisonner en termes de pouvoir d’achat.
Chez Keynes l’information n’est pas un bien libre et gratuit.
A l’équilibre le salaire réel W/P = F’L(L ;K) la productivité marginale du travail
Avec Y = F(K,L)
La connaissance de la productivité marginale du travail requiert 2 informations :
- le niveau de production actuel et futur de l’entreprise (Y)
- la connaissance du niveau de stock de capital (K)
Les salariés ne peuvent donc pas calculer la productivité marginale du travail, ils
ne peuvent donc pas raisonner en termes de salaire réel.
§4 : L’introduction d’une demande spéculative de monnaie
Selon Keynes dans la théorie générale, la demande de monnaie répond à 3
motifs qu’il appel les motifs psychologiques et commerciaux de la liquidité :

le motif de revenu et motif professionnel
Il trouve son origine dans la nécessité pour un ménage ou pour une entreprise
de combler l’intervalle de temps entre l’encaissement et le décaissement des
revenus. Ce motif n’est pas nouveau et est tout à fait admis par les
néoclassiques, il ne fait que renvoyer à la monnaie comme instrument d’échange.
De plus Keynes admet que ce premier motif dépend du revenu, il en est même
proportionnel. L1 = f(Y) ≈ aY

le motif de précaution
Le motif de précaution répond à 3 besoins :
- faire face à une dépense soudaine/imprévue
- profiter d’occasion non prévue d’achats avantageux
- faire face à une obligation future libellée en monnaie
Ce motif est fonction du revenu et dépend également des institutions sociales
et financières qui vont permettre de faire face aux 3 besoins précédents sans
encaisses de précaution.
D’où L1 = (motif de revenu + motif de précaution) = f(Y) ≈ aY

le motif de spéculation
La rupture de Keynes se situe au niveau de ce motif. Ce motif de spéculation
est fonction des anticipations des agents économiques, anticipations sur
l’évolution future des taux d’intérêts à long terme. Keynes introduit le temps et
par conséquent le risque.
Il existe une relation inverse entre la variation du taux d’intérêt à long terme
et la variation du prix d’une obligation.
Exemple :
Période initiale TO : Emission d’obligation -> valeur facial 1000 euros ; i=4% ;
échéance 25 ans. -> Intérêt 40 euros par ans.
Période T1 : Nouvelle Emission d’obligations même si ce n’est pas la même
entreprise -> valeur faciale 750 euros, i=3,50%, échéance 25 ans.
Dans les 2 cas, on pose que le niveau de risque est le même. Un investisseur qui
se situe en T1 a le choix entre acheter des nouvelles obligations soit des
obligations anciennes sur le marché secondaire. A quel prix achètera-t-il
l’ancienne obligation ?
Soit Y le prix de l’obligation ancienne en T1, il faut que Y 3,5% = 40 euros d’où
Y= (40x100) / 3,5 = 1148,86 euros. Comme ca dans les 2 cas, le rendement sera
de 3,5%. En fait le prix de l’ancienne obligation va augmenter pour qu’il soit
indifférent de choisir l’ancienne ou la nouvelle obligation.
 Le taux d’intérêt a baissé alors le prix de l’obligation augmente
Resituons-nous en To. On anticipe que le taux d’intérêt va augmenter, on
n’achète pas parce qu’on s’expose à une moins-value (un prix de revente inférieur
au prix d’achat) qui risque d’être supérieur aux intérêts perçus par l’obligation. Il
choisira d’acheter ces obligations s’il n’anticipe pas une hausse future du taux
d’intérêt. Plus exactement il n’anticipe pas une hausse du taux d’intérêt telle que
celle-ci provoquerait une moins value sur la valeur du titre supérieure aux
intérêts auxquels donne droit l’achat de ce titre.
En To : Emission d’obligation valeur faciale = 1000 euros ; i =4% échéance 25ans
La moins value « tolérable » en T1 = 40 euros. Le prix minimum acceptable en T1
= 1000 – 40 = 960.
On doit calculer i de T1 tel que 960xi%=40  i = 40,960 x 1/100 = 4,16667%
L’opérateur acceptera d’acheter si le titre qu’on lui propose s’il anticipe que le
taux d’intérêt n’aura pas augmenter de 16,67 points de base.
Un investisseur qui anticipe une hausse du taux d’intérêt conservera son
portefeuille financier sous forme monétaire. S’il possède des obligations il
cherchera à les vendre avant que ces craintes de hausse du taux d’intérêt ne se
soient matérialisées. En conséquence, le portefeuille financier de l’agent prendra
uniquement la forme de monnaie.
On introduit ensuite 3 éléments supplémentaires :
- Plus le taux d’intérêt initial est faible est plus la crainte de son
augmentation future est fréquente.
- Plus le taux d’intérêt initial est faible et plus la probabilité pour qu’il
diminue est faible. En effet à un moment donné pour une conjoncture
donnée il existe une convention portant sur le taux d’intérêt minimum
c'est-à-dire le taux d’intérêt en dessous duquel les opérateurs pensent
qu’il ne sera pas possible de descendre. Plus le taux d’intérêt effectif se
rapproche de ce taux minimum et plus la probabilité pour qu’il diminue
encore est faible. A la limite si le taux d’intérêt effectif devient égal au
taux d’intérêt minimum alors la probabilité pour que ce taux d’intérêt
effectif diminue encore est de zéro. Donc la probabilité pour que ce taux
d’intérêt augmente est égale à +1. Dans une telle situation plus aucun
investisseur ne voudra acheter ou détenir des obligations.
Si i = i min -> Probabilité (Δi<0) = 0 -> Probabilité (Δi>0) = +1
Sur le marché des titres, il y a une demande de titres = 0 et une offre de
titres > 0. C’est ce que les Keynésiens ont appelés la situation de « trappe à
liquidité ».
- Symétriquement, il existe une convention portant sur le taux d’intérêt
maximum. Si le taux d’intérêt effectif se rapproche de ce maximum alors
la probabilité pour que le taux d’intérêt augmente encore diminue. A la
limite si le taux effectif devient égal au taux maximum, la probabilité pour
que le taux d’intérêt augmente encore est égale à 0 et la probabilité pour
que le taux d’intérêt effectif diminue est égale à +1. Tous les opérateurs
chercheront à transformer leur monnaie en titres.
Synthèse : L1 = f(Y) avec L1 ≈ aY
L2 = g(i)
Demande de monnaie totale : Md = L1 + L2 = L1(Y) +L2(i)
Calculons la vitesse de circulation V :
On l’obtient en divisant la demande divisée par la production :
V = Md/Y = L1/Y + L2/Y avec L1 = aY
On a alors aY/Y + g(i)/Y d’où V = a + g(i)/Y
 Chez Keynes la vitesse de circulation n’est pas constante à cause de la
présence d’une encaisse spéculative de la monnaie
SECTION 2 : Les implications de l’analyse de Keynes
§1 : Le rejet de la théorie quantitative de la monnaie
Keynes rejette l’hypothèse de la neutralité de la monnaie c'est-à-dire qu’une
variation de la masse monétaire peut avoir une influence sur les variables
économiques réelles sans que les prix nominaux ne varient. Par contre Keynes
admet qu’en situation de plein-emploi la théorie quantitative retrouve toute sa
valeur.
Selon Keynes :
Si Y>Ype alors si ΔM>O -> ΔD>O -> ΔY>0 avec un ΔP=O et un ΔQ=ΔY
Si Y = Ype alors ΔM>0 -> ΔD>0 -> ΔY>0 avec un ΔQ = 0 et ΔP=ΔY
§2 : Le rejet de l’effet d’encaisses réelles
Pour les néoclassiques il y a une articulation directe qui repose sur l’effet
d’encaisses réelles. A cause de la croissance de la masse monétaire, l’encaisse
réelle effective devient supérieure à l’encaisse désirée et les agents
économiques vont chercher à dépenser ce supplément d’encaisses réelles non
désirée en augmentant leur demande de bien sur le marché des biens et services.
Keynes rejette cet effet d’encaisses réelles directes pour 3 raisons :
-
la présence d’un tel effet rend impossible toute crise économique de
surproduction
Marché des biens :
O > D -> ΔP<0 -> variation de l’encaisse réelle Δ(M/P) > 0 à condition que M =
constante -> ΔD > 0 c'est-à-dire qu’une crise de surproduction ne peut pas durer.
-
si l’effet d’encaisses réelles fonctionnait alors la politique monétaire
serait toujours efficace.
C'est-à-dire qu’en cas de récession il suffirait que la banque centrale augmente
l’offre de monnaie en diminuant ses taux d’intérêts directeurs pour provoquer
une reprise de l’activité économique.
ΔM > 0 (politique monétaire) mais pour Keynes ca ne marche pas tout le temps.
-
si l’effet d’encaisses réelles était toujours vérifié alors la propension
marginale à consommer serait toujours égale à +1 ou en tout cas très
proche de +1.
Ce qui conduirait à un multiplicateur Keynésien trop important donc à des
fluctuations du PIB beaucoup trop violentes par rapport à celles qui sont
effectivement constatées.
Situation initiale To :
Mo = 1000 ; Revenu national Ro = 1000 ; Co = 800 ; Propension Moyenne à
consommer PM = 800/1000 = 0,80
Situation en T1 :
M1 = 1100
R1 = 1100
C1 = 900
PM = 900/1100 = 0,818
ΔM = + 100
ΔR = +100
ΔC = + 100
Propension marginale Pm = ΔC / ΔR = 100/100 = + 1
Multiplicateur Keynésien k = 1 / 1-Pm or Pm = +1 donc k indéterminé
Si C1 = 899 on aura k = 1/1-0,99 = 100 ce qui n’est pas possible car c’est trop
important.
Prenons le cas de la France :
PIB du 3ème trimestre 2008 = 489 millions d’euros
Consommation finale des ménages de 274 milliards d’euros
Supposons ΔM = + 1 milliards -> ΔC = 999 millions d’euros
Avec k = +100 -> ΔPIB = 100 x ΔC = 100 x 999 milliards = 99,9 milliards !
 il n’y a pas d’effet d’encaisses réelles
Le fait que Keynes rejette l’effet d’encaisses réelles ne signifie pas qu’une
variation de l’encaisse réelle ne puisse pas provoquer une augmentation de la
demande de biens mais le lien est indirect car il passe par l’intermédiaire du
marché financier ; c’est ce qu’on appelle l’effet Keynes.
§3 : L’intégration par le taux d’intérêt
On part d’une situation initiale d’équilibre qui signifie que la structure effective
du portefeuille des investisseurs correspond à la structure désirée. Pour Keynes,
la monnaie était un actif financier, elle fait partie de ce portefeuille financier,
c’est ce que Keynes appelle l’encaisse spéculative.
Imaginons qu’il y ait une augmentation de la masse monétaire. La structure des
portefeuilles financiers devient déséquilibrée c'est-à-dire que dans ces
portefeuilles, les investisseurs financiers détiennent trop de monnaie par
rapport aux titres. Ces investisseurs vont chercher à arbitrer en réduisant la
partie monétaire de leur portefeuille et donc en augmentant la partie
représentée par des titres. Ca veut dire qu’il y a un supplément de demande de
titres et si l’offre de titres reste constante alors le prix de ces titres augmente
donc le taux d’intérêt des titres long diminue. Les entreprises augmenteront
alors leur investissement ce qui provoquera bien une croissance de la demande de
biens.
ΔM° > 0 -> ΔDtitres > O or ΔOtitres = 0 alors ΔPtitres > 0 -> Δilong < 0
Du coup ΔI > 0 -> ΔY > 0 (avec ΔY = kΔI)
2 cas où la politique monétaire n’est pas utilisable :
- quand il n’y aura pas de supplément de demande de titres
- quand les entreprises n’investissent pas après la baisse du taux d’intérêt parce
qu’elles sont en surproduction parce qu’il n’y a pas de débouchés ou parce que les
entreprises n’ont pas confiance dans l’avenir
§4 : La situation de trappe à liquidité : une politique monétaire impuissante
La trappe à liquidité signifie qu’une augmentation de la masse monétaire
n’entraine pas l’augmentation de la demande de titres, le supplément de monnaie
sera thésaurisé. Pourquoi les agents refusent-ils d’acheter des titres avec ce
supplément de monnaie ?
Parce que le taux d’intérêt est déjà à son minimum c'est-à-dire que dans ce cas
les agents économiques s’attendent à une baisse du prix des obligations.
Si ilong = i min ; alors ΔM° > 0 -> ΔDtitres = 0 -> ΔPtitres = 0 -> Δilong = 0
 ΔI = 0
Le problème est que si le taux d’intérêt minimum est encore trop élevé pour que
certain agents investissent.
 il faut donc mettre une politique budgétaire (par le déficit) et non pas
monétaire
Keynes lui-même en 1936 pensait que cette situation de trappe à liquidité il n’en
avait pas d’exemple historique et pensait qu’elle pouvait très bien arriver à
l’avenir. Par exemple les Keynésiens ont accordés à cette situation une place
centrale parce que derrière ce débat il y a des enjeux idéologiques. Qu’elle est la
place de l’état dans une économie de marché ? Si comme Keynes on estime que la
trappe à liquidité est un cas théorique alors la politique économique peut se
résumer à la seule politique monétaire car si la trappe à liquidité n’existe pas la
banque centrale peut toujours baisser le taux d’intérêt pour relancer
l’investissement. Dans ce cas une banque centrale suffit et l’état n’a pas à
intervenir par son budget. Par contre les keynésiens pensent que la trappe à
liquidité est le cas le plus fréquent alors la politique monétaire est inefficace, il
faut la remplacer par une politique budgétaire et donc par le déficit du budget.
SECTION 3 : Les limites à l’analyse de Keynes
§1 : Les fondements microéconomiques insuffisants
La théorie générale ouvre une nouvelle façon d’étudier l’économie. La
macroéconomie de Keynes n’a pas de fondements microéconomiques. Les
principales conclusions auxquels Keynes arrive ne reposent pas sur de tels
comportements de maximisation sous contrainte.
J.TOBIN (1958) pense que l’agent économique va chercher le risque de son
portefeuille financier parce qu’il a une forte aversion pour le risque. Ce que
montre Tobin c’est que cette réduction du risque sera obtenue par une
diversification du portefeuille et en particulier ce portefeuille devra intégrer un
actif sans risque non rémunéré. L’actif sans risque et sans rendement c’est la
monnaie. On retrouve ainsi la conception de Keynes mais au niveau
microéconomique. Tobin a fortement modifié la pensée de Keynes pour arriver à
ce résultat. En effet Tobin parle de risque et donc de probabilité alors que
Keynes était dans un univers d’incertitude.
Pour Keynes certain prix nominaux sont soient visqueux soient rigides mais il ne
l’explique pas, il se fonde sur l’histoire économique. Cette hypothèse sera reprise
par la nouvelle économie Keynésienne (années 1970) qui donne des fondements
microéconomiques à la viscosité ou à la rigidité des prix (il peut y avoir des
problèmes d’information, de la concurrence imparfaite, la présence du coût
d’étiquetage…).
Cette critique n’est pas très importante car Keynes pose les bases de la
macroéconomie et les travaux de Tobin ne remettent pas en cause la pensée de
Keynes.
§2 : Une conception étroite de la préférence pour la liquidité
L’agent chez Keynes a le choix entre détenir des titres long (obligations) et
détenir de la monnaie. Mais c’est trop superficiels puisqu’il existe aussi des
titres courts (bons du trésor, certificats de dépôt).
Liquidité monétaire : choix entre détenir de la monnaie et des obligations à long
terme.
Liquidité financière : choix entre détenir des obligations à long terme et des
titres à court terme.
Ceci est important parce qu’on se rend compte d’une sphère financière qui n’est
pas celle de Keynes. Keynes se limite à la liquidité monétaire car il est dans un
univers de finance direct. Alors qu’on est plutôt dans un univers de finance
indirect car il existe des transformations d’échéances.
Keynes met l’accent sur la finance directe parce que pour lui la monnaie n’a pas
de substitut ce qui explique sa liquidité maximum mais aussi parce qu’en 1936 en
Grande Bretagne la finance indirecte n’était pas très développée.
La prise en compte de la finance indirecte/de la quasi-monnaie modifie-t-elle
profondément les conclusions de Keynes ? Non mais pour les Keynésiens qui
mettent l’accent sur la trappe à liquidité s’effondre car ils mettent l’accent sur
la seule liquidité monétaire. En effet dans la liquidité financière la trappe à
liquidité n’existe plus.
On s’aperçoit de plus qu’il y a toute une gamme de taux d’intérêts, il faut au
minimum distinguer les taux courts des taux longs. On retrouve la thèse de
Keynes, la politique monétaire n’est pas efficace si une diminution des taux
d’intérêt à court terme provoquée par la banque centrale ne sera pas suivie par
une diminution des taux de long terme.
icourts dépend de 2 variables :
- inflation constatée
- politique monétaire de la banque centrale (la banque centrale contrôle des
taux courts).
ilong dépend aussi de 2 variables :
- inflation anticipée
- crédibilité de la politique monétaire (degré de cohérence inter temporelle)
Du coup : ΔiCT < 0  ?  ΔiLT < 0 est-ce qu’une baisse des taux courts aura une
répercussion sur les taux long, donc parfois la politique de Keynes peut ne pas
être efficace.
§3 : L’absence d’analyse des comportements d’offre de monnaie
Dans la théorie générale n’analyse pas le comportement d’offre de monnaie.
Keynes pose que l’offre de monnaie est réputée exogène. Pour Keynes l’élasticité
de production de la monnaie est nulle, c’est nécessaire pour que la monnaie ait
une liquidité maximale. De plus Keynes pensait que la banque centrale contrôlait
parfaitement le comportement des banques commerciales donc que l’offre de
monnaie échappait aux banques commerciales. Keynes accordait un très grand
pouvoir à la banque centrale dans sa capacité à contrôler la masse monétaire mais
il ne lui accordait pas les mêmes pouvoirs dans sa capacité à faire varier les taux
d’intérêts et en particulier de long terme.
ΔM° (parfaitement sous contrôle de la Banque centrale) -> ΔiCT (aussi sous
contrôle de la banque centrale) -> (le pouvoir de la banque centrale s’arrête ici)
ΔiLT.
Il y a une troisième raison : il estimait que la théorie monétaire avant lui avait
bien analysé le comportement des banques et surtout il pensait que l’incapacité
de la théorie néoclassique à expliquer la grande crise de 1929 ne venait pas d’une
insuffisance de l’analyse de l’offre de monnaie mais au contraire d’une
insuffisance d’analyse de la demande de monnaie.
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