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Chômage et politiques de l'emploi
Avant d'analyser les politiques de l'emploi mises en oeuvre dans les différents pays
développés, il apparaît utile de revenir sur la notion même de chômage.
1 / la notion de chômage :
Définition du chômage :
Le terme même de chômage couvre des situations qui ne sont pas identiques d'un pays à
un autre : ainsi, une personne qui travaille une heure seulement en un mois n'est pas considéré
comme chômeur au Japon alors qu'il le sera en France.
Pour pouvoir effectuer des comparaisons internationales, il a été nécessaire d'établir une
définition internationale du chômage, ce qui a été fait par le Bureau International du Travail
qui propose la définition suivante :
Un chômeur (au sens du BIT) est donc toute personne qui, apte à travailler, est sans
emploi et en recherche un.
Pour être considéré comme chômeur, il faut donc :
être capable d'occuper un emploi (en avoir l'age par exemple)
être sans emploi, c'est à dire être disponible immédiatement
rechercher un emploi, c'est à dire être capable de prouver avoir entrepris des
démarches dans le but de trouver un emploi.
Sont donc exclus de cette définition : les personnes qui n'ont pas l'âge légal de travailler
(soit parce qu'ils sont trop jeunes ou trop âgés), les personnes ne pouvant obtenir un travail
immédiatement (les étudiants en cours de scolarité...) et les personnes n'ayant pas d'emploi
mais n'en cherchant pas activement (les mères au foyer...).
De plus, l'emploi recherché doit être un emploi durable à temps complet, et il faut en France
être inscrit à l'ANPE pour être comptabilisé comme chômeur.
Le taux de chômage :
Le taux de chômage d'une population se définit par rapport à la population active.
En économie, la population active se définit comme étant « l’ensemble des individus
exerçant ou déclarant chercher à exercer une activité rémunérée » (INSEE).
La population active représente alors la quantité de facteur travail disponible dans une
économie à un moment donné. Elle regroupe donc les personnes ayant un emploi (population
active occupée) et celles n’en ayant pas, mais en cherchant un (les chômeurs).
On peut analyser le chômage comme étant la différence entre d'une part, la population active
disponible dans une économie à un moment donné, et d'autre, la population active occupée
qui représente la quantité de facteur travail utilisée dans une économie.
2/ Le chômage et ses origines :
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La difficulté a comprendre et donc à lutter efficacement contre le chômage réside
notamment dans le fait que le phénomène du chômage donne lieu à des interprétations
économiques divergentes les unes des autres sur les causes du chômage.
Ceci tient en partie au fait que le chômage en tant que variable économique, recouvre des
formes très diverses.
Les différentes formes du chômage :
On distingue en général 3 formes principales de chômage qui sont :
Le chômage naturel : (ou chômage frictionnel)
Il ne peut y avoir aucun chômeur dans une économie. Chaque jour, des individus
démissionnent pour chercher un meilleur emploi, des jeunes arrivent sur le marché du
travail, l'indemnisation du chômage permet de fait à des individus de s'accorder un
temps de battement entre deux emplois... Le taux de chômage ne peut donc atteindre 0
% et le marché du travail correspondant au plein emploi se situe aux environs de 3,5
ou 4 %.
Le chômage conjoncturel : (ou chômage keynésien)
Le ralentissement de l'activité économique se traduit souvent par une compression
temporaire de la quantité de main d'œuvre dans une économie, les entreprises
licenciant pour ajuster leur capacité de production à la réduction de l'activité
économique. Ce type de chômage se résorbera dès le retour de la croissance
économique qui entraînera des embauches de la part des entreprises. Ce type de
chômage évolue donc en fonction du cycle économique.
Le chômage structurel :
Le chômage structurel ne dépend du rythme de l'activité économique mais plutôt de
l'inadéquation entre d'une part l'offre de travail, et d'autre part la demande de travail. Il
résulte pour partie de l'évolution des qualifications dues aux évolutions techniques qui
rend non employable une partie de la population active qui ne trouve pas dans le
même temps des emplois correspondant à leurs qualification. Le risque est que ce type
de chômage ne se transforme en un chômage de longue durée qui rendrait
inemployable à terme une partie importante de la population active qui n'arriverait pas
à se réorienter vers les secteurs susceptibles de leur offrir un autre emploi.
Interprétation :
Le taux de chômage global d'une économie peut s'analyser comme étant la somme de trois
types de chômages : le chômage naturel (environ 4 %), le chômage structurel (environ 4 % en
France selon les analystes économiques), le chômage conjoncturel (de 0 à quelques % selon le
taux de croissance de l'activité économique).
En conséquence, en phase de croissance élevée, le taux de chômage risque de ne pas décroître
en dessous du seuil représenté par la somme du chômage naturel et du chômage structurel
(seuil fixé à environ 8 % pour un pays comme la France).
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Le chômage étant la conséquence d'un déséquilibre sur le marché du travail, les politiques de
lutte contre le chômage agissent à la fois sur la demande globale de travail, l'offre globale de
travail et sur le fonctionnement même du marché du travail.
1 / la réduction de l'offre de travail :
La quantité de travail offerte dans une économie dépend de deux facteurs :
- d'une part le nombre de personnes cherchant un travail à un moment donné.
- d'autre part la quantité de travail que peut effectuer un salarié à un moment donné.
Soit une quantité d'offre de travail mesurée en nombre d'heures/semaines égale à :
offre de travail = population active*durée hebdomadaire légale du travail.
La réduction de l'offre de travail passe donc :
La réduction de la population active :
Cette réduction de la population active s'est fait d'une part en abaissant l'âge de la
retraite à 60 ans, ce qui a exclu du marché du travail les classes d'âge comprises entre
65 et 60 ans. Des formes plus ciblées d'incitation de départ en retraite anticipée pour
les classes d'âge comprises entre 55 et 60 ans permettent par ailleurs d'étendre cette
mesure à une nouvelle génération d'individus. De plus, on assiste aussi à une entrée
retardée sur le marché du travail de la part des jeunes générations suite à un
allongement de la période de formation (poursuites d'études).
Une analyse de la structure démographique de la société française montre par ailleurs
que les classes d'âge nombreuses issues du Baby-boom ne seront pas intégralement
compensées par les nouvelles générations qui sont moins nombreuses. La réduction de
la population active va donc s'accélérer au cours des prochaines années de manière
naturelle.
Le problème posé par ce type de mesure concerne les organismes de prestations
sociales qui ne disposent pas de moyens financiers suffisant pour financer dans le futur
les pensions retraites versées à un nombre croissant de bénéficiaires et ce sur de plus
longues périodes.
La réduction du temps de travail :
Si un individu travaille moins longtemps qu'avant, alors il "libère" des heures de
travail qui devront être réalisées par un autre salarié. La réduction du temps de travail,
en réduisant le volume horaire par travailleur entraîne donc une diminution de l'offre
globale de travail.
Le passage aux 35 heures (au lieu de 39) se traduit ainsi par une diminution de près de
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10 % de l'offre de travaille sur le marché du travail national. Cette réduction peut aussi
être obtenue en augmentant le nombre de semaines de congé payés.
2 / L'accroissement de la demande de travail :
Cette approche recouvre en fait deux types de mesures d'inspirations différentes :
des mesures de relance de l'activité de type keynésien :
La demande globale de travail dépend en partie de l'activité économique présente mais
aussi des anticipations des agents économiques concernant l'activité future. Les
entreprises n'offriront plus d'emplois que si elles anticipent une augmentation de leur
activité. L'Etat peut donc dans ce cas être amené à mener une politique de relance de
type keynésienne afin de soutenir l'activité et donc d'augmenter les offres d'emplois.
L'Etat peut aussi de lui-même accroître la demande de travail en pratiquant une
politique active d'embauche de fonctionnaires, ou en mettant en place des mécanismes
d'incitation à l'embauche. La mise en place du dispositif emploi-jeunes par exemple a
pour but de développer l'embauche en direction des jeunes actifs qui sont en moyenne
plus touchés par le phénomène du chômage que les autres groupes d'âge en France.
Des mesures structurelles de type classique :
De plus, l'état cherche à enrichir la croissance économique en emploi en modifiant les modes
de régulation du marché du travail. Cette démarche est liée au fait que le marché du travail
apparaît comme moins réactif aux évolutions de l'activité économique que certains marchés
du travail étrangers. Les raisons d'un tel phénomène semblent liées aux divers rigidités qui ont
été introduites afin de réguler le fonctionnement du marché du travail (création d'un SMIC,
autorisations administratives de licenciement...).
La recherche d'une plus grande flexibilité suit le credo libéral qui s'est imposé notamment
dans les pays anglo-saxons et qui prône une plus grande fluidité du marché du travail. L'Etat a
donc progressivement supprimé certaines barrières administratives qui allaient à l'encontre
d'un fonctionnement "normal" du marché.
La conséquence d'une telle démarche est la précarisation croissante du marché du travail qui
se matérialise entre autre par un accroissement important des formes d'emploi précaires
(CDD, temps partiel...).
Les politiques de lutte contre le chômage en France se caractérisent de plus en plus ces
dernières années par la multiplication des types d'intervention qui cherchent à combattre le
sous-emploi en agissant à la fois sur l'offre et la demande de travail. Ces politiques ont eu
notamment des effets structurels importants en ce qui concerne le fonctionnement même du
marché du travail qui se rapproche progressivement des modèles anglo-saxons afin d'accroître
la réactivité du marché du travail.
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