Claire Guélaud. Le Monde 10.09.08 | 14h41 •
Le déficit commercial français n'en finit pas de se creuser. Malgré
le sensible repli de la facture énergétique, il a atteint 4,83 milliards
d'euros en juillet - et 48,7 milliards en cumulé sur les douze
derniers mois -, a annoncé, mercredi 10 septembre, la direction
générale des douanes et des droits indirects. La veille, l'Allemagne
avait fait état d'un excédent commercial de 13,9 milliards, certes en
voie de contraction, mais suffisamment élevé pour être en ligne
avec les performances de 2007. Cette année-là, l'excédent
commercial allemand battait des records à 174 milliards d'euros,
tandis que le déficit français frisait les 40 milliards.
Une facture énergétique "considérable". Le renchérissement de
l'or noir est un des facteurs de la dégradation du commerce
extérieur de la France, qui a renoué avec les déficits en 2005 après
plus de dix années consécutives d'excédent. "Entre 2002 et 2006,
écrit Marion Cochard dans la Revue de l'OFCE de juillet 2008, le
prix du pétrole a doublé avant de se stabiliser en moyenne
annuelle en 2007". "Le déficit énergétique français est passé de
20,5 à 44,1 milliards d'euros entre 2002 et 2007, et est responsable
à 50 % du creusement du solde commercial français sur la
période", écrit l'économiste. Au demeurant, les exportateurs
allemands font face à la même envolée que les Français.
L'appréciation de l'euro. En cinq ans, la monnaie européenne
s'est appréciée de plus de 50 % par rapport au dollar. Cette
appréciation, indique un rapport du Conseil d'analyse économique
sur la politique de change de l'euro, "a des effets contradictoires
sur l'économie" mais globalement négatifs sur la croissance de la
zone euro. L'industrie est la principale exposée à la hausse du
change : Airbus et EADS en savent quelque chose, qui accélèrent
l'externalisation de leur production vers des pays de la zone dollar
ou à faible coût de main-d'oeuvre. Mais là non plus, l'Allemagne
n'est pas mieux lotie que son voisin français.
L'essentiel de la différence entre les deux pays ne tient pas à la
structure sectorielle ou géographique de leurs exports. Elle réside,
analysent MM. Fontagné et Gaulier, dans les performances
comparées de leurs exportateurs qui offrent les mêmes produits,
sur les mêmes marchés et souvent sans différenciation de gamme.
"Sur l'ensemble de la période 1995-2000, la France a abandonné
17 % de sa part de marché mondiale initiale, contre seulement 2 %
pour l'Allemagne", précisent-ils.
Un décrochage de compétitivité qui date de 2000. Après avoir
été longtemps à la traîne, l'Allemagne a fait le choix à partir du
début des années 2000 de la désinflation compétitive. "Les coûts
salariaux unitaires allemands ont été réduits de 10 % depuis 2002",
souligne Marion Cochard.
Questions
1) Quelle situation connaît la
France par rapport à
l’Allemagne ?
2) Quelle est la responsabilité
du pétrole dans cette
situation ?
3) L’appréciation de l’euro a-t-
elle des conséquences
négatives pour notre
commerce extérieur ?
4) Cette appréciation n’a-t-elle
pas aussi des effets positifs
pour notre économie ?
5) Quels arguments utilise
l’auteur pour affirmer que les
deux explications
précédentes (la hausse du
baril de pétrole, l’appréciation
de l’euro) ne sont pas les
principales explications ?
6) Quelle raison est alors
évoquée ?
7) Y a-t-il des risques à
gagner en compétitivité par la
réduction des coûts salariaux
?