durable et généralisé au corps propre, une manière de tenir son corps, de le présenter aux autres, de le
mouvoir, de lui faire une place, qui donne au corps sa physionomie sociale" Ainsi chacun apprécie
l'autre sur et à partir de sa propre hexis corporelle, et "les sociétés en traitant le corps comme une
mémoire, lui confient sous une forme abrégée et pratique, les principes fondamentaux de l'arbitraire
culturel".
le corps est donc un produit social et un marqueur social, il nous permet de nous reconnaître mais
aussi de distinguer, il nous permet de situer les autres dans la relation, mais aussi d'être "catalogué", il
est celui à partir duquel on va comprendre le monde social et agir sur lui, et il est pour toutes ses
raisons celui dont l'éducation ne saurait être laissée au hasard.
Le corps est donc le résultat d'une intériorisation du social dans l'individu et donc des processus qui
participent à "une mise en société" (Chamborédon, 1971) de celui-ci.
Mais il est aussi ce par quoi l'individu se différencie, s'affirme comme personne autonome en
particulier par le biais des différentes interactions qu'il peut vivre dans différentes situations, situations
dans lesquelles il met son corps en scène (Goffman, 1971) et apprend à partir de son histoire à tenir
différents rôles, à contenir son corps et à jouer de son corps, où il apprend progressivement à maîtriser
les "allants de soi" corporels propres à un milieu donné, à un rôle donné. "Les sociétés occidentales,
confrontées à la désymbolisation de leur rapport au monde, où les relations formelles l'emportent
toujours davantage sur les relations de sens (et donc de valeurs) engendrent des formes inédites de
socialisation qui privilégient le corps, mais le corps ganté de signes éphémères, objet d'un
investissement croissant" (D Le Breton, 1992). alors, l'individu, "cherche son unité de sujet en
agençant des signes où il cherche à produire son identité et à se faire socialement reconnaître".
Le corps devient ainsi à la fois le porteur d'un histoire et le lieu d'inscription des structures, à la fois le
vecteur des transformations et le support de l'identité de l'acteur, il est la résultante de l'ensemble des
processus de socialisation, processus résultant à la fois d'une intériorisation du social dans l'individu et
du produit des interactions sociales (P Garnier, 1992). S'interroger sur le corps revient à interroger le
processus de socialisation et à s'intéresser à "tous les cursus, toutes les expériences, tous les parcours
générateurs d'apprentissage ou (...) générateurs de transformation des habitus et des représentations"
(Ph Perrenoud, 1988). Le corps est alors "le lieu privilégié d'intelligibilité des procès de socialisation
(...), à la fois par l'incorporation du sociétal dans l'individuel, soit selon une logique structurelle
comme naturalisation de la règle, soit selon une logique actancielle comme interaction d'affects par
lesquels se constitue le lien social, à la fois grâce à la marge de manoeuvre dont disposent les acteurs
qui "opèrent par stratégies et tactiques au sein des systèmes de contraintes dont la détermination
complexe implique une part d'incertitude et d'indétermination" (M Drulhe, 1985).
Pour comprendre ce qui se déroule dans la situation, comment s’établissent les interactions sociales
mais aussi comment le sujet appréhende la tâche et son contexte, il devient dès lors nécessaire de
s'intéresser non seulement au corps produit mais surtout au corps producteur, "au corps ludique qui
réalise des stratégies de réappropriation et un certain déchaînement des passions" et pour cela