ECONOMIE ET
SECURITE
171 ESCEW 06 F bis
Original : anglais
Assemblée parlementaire de lOTAN
SOUS-COMMISSION SUR LA COOPERATION ET LA
CONVERGENCE ECONOMIQUES EST-OUEST
LA PERIODE DE TRANSITION EN UKRAINE
RAPPORT
MARGUS HANSON (ESTONIE)
RAPPORTEUR
Secrétariat international novembre 2006
Les documents de l’AP-OTAN sont disponibles sur son site internet, http://www.nato-pa.int
171 ESCEW 06 F bis
i
TABLE DES MATIERES
I. INTRODUCTION ......................................................................................................... 1
II. LES DÉVELOPPEMENTS POLITIQUES : CHANGEMENT DE GOUVERNEMENT
ET DIMENSION ENERGETIQUE ............................................................................... 2
III. L’ÉCONOMIE ............................................................................................................... 6
IV. LES PRIVATISATIONS ............................................................................................... 9
V. LES ÉCHANGES COMMERCIAUX ET LA PLACE DE L’UKRAINE DANS LA
DIVISION MONDIALE DU TRAVAIL ......................................................................... 11
VI. LES RELATIONS DE L’UKRAINE AVEC L’EUROPE ............................................... 13
VII. LES RELATIONS DE L’UKRAINE AVEC LES ÉTATS-UNIS, LE CANADA ET
L’OTAN ..................................................................................................................... 17
VIII. LES RELATIONS DE L’UKRAINE AVEC LA RUSSIE ET LE PROBLÈME DE
L’ÉNERGIE ............................................................................................................... 19
IX. CONCLUSIONS ........................................................................................................ 20
X. BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................... 24
171 ESCEW 06 F bis
1
I. INTRODUCTION
1. Bismarck aurait dit un jour de l’Italie de l’après Risorgimento qu’elle ne constituait guère plus
qu’une « expression géographique », impliquant par là que l’identité nationale de cette nouvelle
puissance européenne s’avérait quelque peu suspecte. Il y a des moments la Russie et l’Occident
semblent utiliser des termes relativement similaires pour qualifier l’Ukraine. Il est un fait que l’échec
des efforts déployés par l’Ukraine de l’après-sécession en vue d’initier une transition véritablement
démocratique et orientée vers le marché a semblé confirmer le bien-fondé de ce point de vue plutôt
dédaigneux. Au cours de la première décennie de l’expérience nationale post-soviétique de l’Ukraine,
l’Occident semble avoir davantage manifesté un intérêt de pure forme pour sa vocation européenne
que cherché à la renforcer. Jusqu’à récemment encore, l’Occident n’avait jamais envisagé l’Ukraine
comme un partenaire potentiel, tandis que nombreux étaient ceux qui, en Russie, ne s’étaient jamais
résignés à une véritable indépendance ukrainienne. La « Révolution orange » et ses pénibles
retombées forcent toutefois de nombreuses personnes à revoir leurs suppositions de longue date sur
ce pays.
2. Si les politiciens occidentaux ne semblent pas avoir accordé beaucoup d’attention aux
événements survenus en Ukraine au cours de la décennie écoulée, il apparaît aujourd’hui d’une façon
générale que les enjeux de la transition dans ce pays sont plutôt élevés. La « Révolution orange » de
l’année dernière a d’ailleurs confirmé l’existence d’une véritable impulsion démocratique en Ukraine,
impulsion qui avait certainement été présente au cours des premières années de la transition, sans
jamais avoir pu s’exprimer pleinement.
3. Bien que les Etats d’Europe centrale se soient vu offrir la perspective d’une adhésion à l’UE et à
l’OTAN en récompense de leurs réformes diligentes pour parvenir à la démocratie et à l’économie de
marché, aucune offre sérieuse de ce type n’avait été faite à l’Ukraine après sa déclaration
d’indépendance, rendant ainsi sa transition d’autant plus difficile. Ces réticences à considérer
l’Ukraine comme un membre potentiel de la communauté occidentale et européenne des nations
tendaient à renforcer la position de ceux qui, en Ukraine, éprouvaient de fortes suspicions à l’encontre
de l’Occident. Ceci ne semblait que justifier le scepticisme occidental. Après une décennie
d’indépendance, les réformateurs libéraux démocratiques n’avaient que bien peu de réalisations à
inscrire à leur actif et une situation malsaine élargissait définitivement le fossé entre les aspirations
démocratiques de nombreux Ukrainiens et la réalité de la vie quotidienne.
4. Qui plus est, nombreux sont ceux qui, en Occident, ont longtemps refusé de reconnaître les
enjeux stratégiques de l’évolution démocratique en Ukraine. Celle-ci constitue un grand pays
potentiellement prospère, en raison de ses richesses naturelles, de son emplacement stratégique et
du bon niveau d’éducation de sa population. A certains égards, il s’agit davantage d’un pays mal
développé que sous-développé. Si elle était plus fermement installée dans le club des nations
démocratiques, l’Ukraine pourrait devenir une source essentielle de stabilité en Europe orientale et
véritablement contribuer à la prospérité et au bien-être de l’Europe dans son ensemble. Une Ukraine
faible, non démocratique et économiquement chancelante poserait cependant une série de dilemmes
susceptibles de saper la stabilité régionale. Il n’est guère surprenant que des pays comme la
Pologne, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, qui ont connu un considérable succès dans
l’orchestration de leur propre transition économique et politique au sein d’un cadre euro-atlantique,
éprouvent un intérêt particulier pour la transition ukrainienne. Ils demandent instamment à leurs
partenaires européens de davantage s’engager vis-à-vis de l’Ukraine et en ont fait une priorité de
leurs politiques étrangères respectives.
171 ESCEW 06 F bis
2
5. Les préoccupations des voisins occidentaux et septentrionaux de l’Ukraine ne sont pas sans
objet. D’aucuns prétendent qu’une Ukraine démocratique et indépendante pourrait aller jusqu’à
contribuer à déterminer l’évolution démocratique de la Russie elle-même (Rihard Piks), tandis qu’une
Ukraine affaiblie représenterait un vide stratégique au cœur de l’Europe. Certains pourraient même
l’envisager comme une invitation permanente à une renaissance d’une sorte de grand empire russe,
caractérisé par une orientation nettement non démocratique. Selon les argumentations, une Ukraine
forte et démocratique contribuerait à étouffer toute tentation revancharde en Russie et pourrait
constituer un modèle pour d’autres anciennes Républiques soviétiques en crise, incluant la Moldova
et le Bélarus, nettement non démocratique. Elle créerait une nouvelle zone de dynamisme
économique en Europe orientale, dont les réussites auraient de superbes retombées en termes
politiques, économiques et stratégiques. Il apparaît donc que les enjeux de la transition démocratique
de l’Ukraine sont très importants.
II. LES DEVELOPPEMENTS POLITIQUES : CHANGEMENT DE GOUVERNEMENT ET
DIMENSION ENERGETIQUE
6. L’évolution politique post-soviétique de l’Ukraine s’est avérée lente et douloureuse. Les
premières années d’indépendance ont été marquées par le rôle de premier plan joué par les anciens
apparatchiks soviétiques et la persistance de structures gouvernementales, de pratiques et d’attitudes
typiques d'une certaine élite antithétiques avec la mise en place d’une démocratie moderne.
L'enthousiasme des gouvernements occidentaux pour l’élection de Leonid Koutchma, a rapidement
décliné face à la persistance de pratiques douteuses dans un pays qui était auparavant une
démocratie. Ces pratiques incluaient une corruption omniprésente, des forces de sécurité non
contrôlées et le recours à l’intimidation, voire à la violence, contre les opposants au gouvernement. En
2000, Transparency International présentait l’Ukraine comme l’un des pays les plus corrompus au
monde, la classant en 88e place sur une liste de 90 Etats. (Woronowycz) En dépit de cela, en 2004
et 2005, Freedom House accordait à la démocratie ukrainienne une note de 4,5 sur une échelle de
1 à 7, 1 est la meilleure note. (Soloneko) Dans son dernier rapport, il affirmait que c’était la
société la plus libre de l’ex-Union soviétique, hormis les Etats baltes, et que les tendances allaient
dans le bon sens, tant du point de vue politique que des libertés civiles. (http://www.eng.for-
ua.com/news/2006/09/08/140347.html)
7. Il est clair que la « Révolution orange » a marqué un changement radical dans la vie politique
en Ukraine et une percée fondamentale de la démocratie. L’administration Youshenko arrivée au
pouvoir après ces événements a proposé un nouvel ordre du jour étendu, focalisé sur la stabilisation
macroéconomique, la transition institutionnelle, ainsi qu’une plus grande intégration à l’UE et au
marché mondial. (Tiffin) Au cours de l’année écoulée, l’on a constaté une nette amélioration des
droits de l’homme, de la liberté des médias et une ouverture générale de la société, en dépit d’une
instabilité persistante au sein de la coalition, de problèmes de corruption persistants, de l’échec des
efforts du gouvernement en vue d’entamer un agenda de transition et aux revers électoraux subis par
la coalition lors du récent suffrage.
8. La « Révolution orange » a également inauguré un changement marquant dans la politique
étrangère de l’Ukraine. Cela est apparu rapidement dans les relations de plus en plus amicales de
l’Ukraine avec l’UE et l’Amérique du Nord, l’intensification des tensions avec la Russie et l’affirmation
sans ambiguïté de dirigeants politiques concernant leur engagement envers une intégration pleine et
entière aux institutions euro-atlantiques - des objectifs dont le précédent gouvernement ukrainien
avait déjà fait part en 2002. Le fait que ces changements soient intervenus à un moment la
171 ESCEW 06 F bis
3
démocratie russe semble s’affaiblir pourrait devenir une source plus grave de tensions dans les
années à venir, mais il a, de toute évidence, renforcé les enjeux.
9. En dépit de tous les développements positifs résultant d’une société civile qui exigeait
résolument une responsabilité démocratique, l’année écoulée ne peut absolument pas être
considérée comme marquée par la constance politique. La situation est d’ailleurs loin d’être stable. A
l’été 2005, le président Youshenko a démis de ses fonctions de Premier ministre son ancienne alliée
Yuliya Tymoshenko, en raison de sa mauvaise gestion de l’économie et du sentiment que nombre de
ses alliés cherchaient à acquérir les ressources précédemment contrôlées par les partisans de
Koutchma, par le biais d’une re-privatisation. (Kaminiski, 20 décembre 2005) Tymoshenko avait
effectivement remis en question de nombreuses privatisations du gouvernement précédent, une
tactique certes compréhensible sur le plan émotionnel, mais qui avait néanmoins eu l’effet d’une
douche froide pour les investisseurs, tout en divisant la coalition au pouvoir. Tymoschenko avait
promis de revoir plus de 3 000 privatisations et il n’existait tout simplement aucune loi cohérente pour
réguler le processus. (Rapport de visite de l’AP-OTAN Varsovie, Pologne, 27-28 avril 2006). Le
nouveau gouvernement de Yuriy Yekhanurov a, par la suite, veillé à fortement rassurer un monde des
affaires quelque peu abasourdi. Mais, dès le début, les jours de l’équipe de Yekhanurov étaient
comptés. Les élections du printemps 2006 ont finalement ramené les opposants à la « Révolution
orange » au pouvoir, mais dans des conditions qui prévoient que, au moins sur le papier, les principes
démocratiques de cette révolution seront préservés. Il reste toutefois à voir dans quelle mesure cela
sera effectivement le cas.
10. Des différends énergétiques avec la Russie ont contribué à saper davantage la stabilité
politique de l’Ukraine en creusant les dissensions internes. Les armes politiques étaient déjà bien
fourbies pour la campagne de ce printemps, lorsque le gouvernement fit savoir qu’il cédait aux
exigences russes de doublement du prix du gaz importé. Aux termes d’un accord conclu en 2001,
Gazprom avait accepté de vendre des quantités importantes de gaz naturel à l’Ukraine au prix de
50 dollars par millier de mètres cubes, en échange de ristournes sur les droits facturés par l’Ukraine
pour l’utilisation des gazoducs alimentant l’Europe occidentale. Quatre-vingt pour cent des
exportations de gaz russe vers l’Europe occidentale passent par les gazoducs ukrainiens. En
décembre 2005, Gazprom a soudain exigé que le prix du gaz soit porté à 160 dollars, puis à
230 dollars, tout en menaçant également de cesser d’approvisionner l’Ukraine le 1er janvier 2006 si
celle-ci n’acceptait pas ces conditions. (White, 19 décembre 2005) Aux termes du compromis final,
l’Ukraine devait acheter du gaz russe (et d’Asie centrale) à 95 dollars par 1 000 mètres cubes en
moyenne à la société d’import-export de droit suisse RosUkEnergo, qui appartient pour moitié à
Gazprom. Gazprom pour sa part devait vendre du gaz russe à RosUkEnergo pour 230 dollars, mais
la société fournira également à l’Ukraine du gaz beaucoup moins cher en provenance du
Turkménistan.
11. L’accord final prévoit une augmentation de 30 % du prix du gaz pour les ménages ukrainiens et
permet une nouvelle augmentation cette année par la Russie, en position de monopole. (Myers,
13 mai 2006) Il confère également un monopole pour la fourniture du gaz à une mystérieuse société
d’import-export, RosUkEnergo, dont l’actionnaire occulte Dmytro Firtash est accusé d’entretenir des
liens avec l’un des criminels les plus notoires d’Ukraine, Symon Mogilevich, poursuivi aux Etats-Unis
pour racket, fraudes boursières, blanchiment d’argent et d’autres chefs d’inculpation encore.
(Tom Warner, « Under scrutiny : how the trader at the centre of Ukraine’s gas dispute faces questions
about his past », Financial Times, 14 juillet 2006)
12. Inutile de dire que l’opinion publique a réagi par la consternation face à l’accord passé par le
gouvernement avec Gazprom l’année dernière et que celui-ci a certainement constitué un facteur de
1 / 27 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !