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171 ESCEW 06 F bis
démocratie russe semble s’affaiblir pourrait devenir une source plus grave de tensions dans les
années à venir, mais il a, de toute évidence, renforcé les enjeux.
9. En dépit de tous les développements positifs résultant d’une société civile qui exigeait
résolument une responsabilité démocratique, l’année écoulée ne peut absolument pas être
considérée comme marquée par la constance politique. La situation est d’ailleurs loin d’être stable. A
l’été 2005, le président Youshenko a démis de ses fonctions de Premier ministre son ancienne alliée
Yuliya Tymoshenko, en raison de sa mauvaise gestion de l’économie et du sentiment que nombre de
ses alliés cherchaient à acquérir les ressources précédemment contrôlées par les partisans de
Koutchma, par le biais d’une re-privatisation. (Kaminiski, 20 décembre 2005) Tymoshenko avait
effectivement remis en question de nombreuses privatisations du gouvernement précédent, une
tactique certes compréhensible sur le plan émotionnel, mais qui avait néanmoins eu l’effet d’une
douche froide pour les investisseurs, tout en divisant la coalition au pouvoir. Tymoschenko avait
promis de revoir plus de 3 000 privatisations et il n’existait tout simplement aucune loi cohérente pour
réguler le processus. (Rapport de visite de l’AP-OTAN – Varsovie, Pologne, 27-28 avril 2006). Le
nouveau gouvernement de Yuriy Yekhanurov a, par la suite, veillé à fortement rassurer un monde des
affaires quelque peu abasourdi. Mais, dès le début, les jours de l’équipe de Yekhanurov étaient
comptés. Les élections du printemps 2006 ont finalement ramené les opposants à la « Révolution
orange » au pouvoir, mais dans des conditions qui prévoient que, au moins sur le papier, les principes
démocratiques de cette révolution seront préservés. Il reste toutefois à voir dans quelle mesure cela
sera effectivement le cas.
10. Des différends énergétiques avec la Russie ont contribué à saper davantage la stabilité
politique de l’Ukraine en creusant les dissensions internes. Les armes politiques étaient déjà bien
fourbies pour la campagne de ce printemps, lorsque le gouvernement fit savoir qu’il cédait aux
exigences russes de doublement du prix du gaz importé. Aux termes d’un accord conclu en 2001,
Gazprom avait accepté de vendre des quantités importantes de gaz naturel à l’Ukraine au prix de
50 dollars par millier de mètres cubes, en échange de ristournes sur les droits facturés par l’Ukraine
pour l’utilisation des gazoducs alimentant l’Europe occidentale. Quatre-vingt pour cent des
exportations de gaz russe vers l’Europe occidentale passent par les gazoducs ukrainiens. En
décembre 2005, Gazprom a soudain exigé que le prix du gaz soit porté à 160 dollars, puis à
230 dollars, tout en menaçant également de cesser d’approvisionner l’Ukraine le 1er janvier 2006 si
celle-ci n’acceptait pas ces conditions. (White, 19 décembre 2005) Aux termes du compromis final,
l’Ukraine devait acheter du gaz russe (et d’Asie centrale) à 95 dollars par 1 000 mètres cubes en
moyenne à la société d’import-export de droit suisse RosUkEnergo, qui appartient pour moitié à
Gazprom. Gazprom pour sa part devait vendre du gaz russe à RosUkEnergo pour 230 dollars, mais
la société fournira également à l’Ukraine du gaz beaucoup moins cher en provenance du
Turkménistan.
11. L’accord final prévoit une augmentation de 30 % du prix du gaz pour les ménages ukrainiens et
permet une nouvelle augmentation cette année par la Russie, en position de monopole. (Myers,
13 mai 2006) Il confère également un monopole pour la fourniture du gaz à une mystérieuse société
d’import-export, RosUkEnergo, dont l’actionnaire occulte Dmytro Firtash est accusé d’entretenir des
liens avec l’un des criminels les plus notoires d’Ukraine, Symon Mogilevich, poursuivi aux Etats-Unis
pour racket, fraudes boursières, blanchiment d’argent et d’autres chefs d’inculpation encore.
(Tom Warner, « Under scrutiny : how the trader at the centre of Ukraine’s gas dispute faces questions
about his past », Financial Times, 14 juillet 2006)
12. Inutile de dire que l’opinion publique a réagi par la consternation face à l’accord passé par le
gouvernement avec Gazprom l’année dernière et que celui-ci a certainement constitué un facteur de