PES 2012-2013 Chap5 processus déviance 3
2/ La théorie interactionniste : étiquetage et entrepreneur de moral
21- Une critique de la définition du chapitre 4
Document 4
« La déviance est définie comme la transgression d’une norme sociale. Toutefois, les
sociologues ont rapidement perçu que le phénomène de déviance était bien plus compliqué
que cette définition ne peut le laisser penser. Edwin Lemert (1951) a distingué une déviance
primaire (transgression d’une norme) et une déviance secondaire (reconnaissance de cette
transgression par une instance). Autrement dit, il n’y a véritablement déviance qu’en fonction
de la réponse de la société à un comportement.
Mais la déviance primaire aussi doit être interrogée. Pour qu’il y ait transgression d’une
norme, il faut que cette norme soit reconnue comme telle, ce qui n’est pas certain ».
Arnaud Parienty, « Déviance et délinquance », Manuel de SES, Hatier, 2011, p 266.
Peut-on commettre une infraction, voire un crime sans être jugées déviant ?
Comment appelle-t-on ici la définition de la déviance vue au chapitre 4 ?
Quelles critiques peut-on faire à la définition vue au chapitre précédent ?
22- La déviance comme processus d’étiquetage
221- La théorie d’Howard Becker
Document 5
« C'est en ce sens que H. S. Becker /…/ définit la déviance, non pas comme une propriété du
comportement lui-même, mais comme la résultante de l'interaction entre la personne qui
commet un acte et ceux qui réagissent à et acte : "On peut considérer la déviance et les
déviants /…/ comme le résultat d'un processus d'interaction entre des individus ou des
groupes : les uns, en poursuivant la satisfaction de leurs intérêts propres, élaborent et font
appliquer (par le biais de divers appareils idéologiques, et de divers agents : entrepreneurs de
morales et "grands stigmatiseurs") des normes que transgressent les autres qui, poursuivant
également de leur côté la satisfaction de leurs propres intérêts (qui sont divergents),
commettent des actes qui seront qualifiés de déviants par les premiers." [H. Becker]. /…/ En
fin de compte, le déviant est un individu qu'un autre individu ou qu'un groupe, ayant pouvoir
de le faire, aura été stigmatisé et étiqueté comme tel. Un exemple pratique illustrant la réalité
de ce phénomène de stigmatisation, et l'imposition de rôle qu'il est susceptible d'induire (le
stigmatisé ayant tendance à conforter, en s'y conformant, l'image qu'on lui tend, et que l'on
attend de lui), nous est fourni à travers les cas d'erreurs judiciaires »
Jean-Michel Bessette, « Sociologie criminelle », dans : J-P. Durand, R. Weil (sous la direction
de) Sociologie contemporaine, Vigot, 1997, p. 613.
Document 6
« Il serait absurde de suggérer que les voleurs à main armée attaquent les gens simplement
parce que quelqu'un les a étiquetés comme voleurs à main armée, ou que tout ce que fait un
homosexuel découle de ce que quelqu'un l'a étiqueté comme tel. Néanmoins, /…/ les
conséquences qu'impliquent pour un individu, le fait d'être étiqueté comme déviant : il lui
devient plus difficile de poursuivre les activités ordinaires de sa vie quotidienne, et ces
difficultés même l'incitent à des actions "anormales" (il est ainsi plus difficile de gagner sa vie
dans un métier ordinaire quand on a un casier judiciaire, et celui qui se trouve dans cette
situation est poussé à prendre un métier illégal. /…/ On peut suggérer que la définition d'un
individu comme déviant peut, dans certaines circonstances, l'inciter à adopter certaines lignes
de conduite sans affirmer pour autant que les hôpitaux psychiatriques rendent nécessairement
fou ou que la prison transforme toujours ceux qui y passent en criminels invétérés ».
H. Becker, Outsiders : études de sociologie de la déviance, Métailié, 1985, p 43
Comment Howard Becker définit-il la déviance ?