Si nous devions construire un robot soumis aux conditions de survie
d’un animal…
Si nous avions à construire un robot qui doive se déplacer dans l’espace
pour coïncider spatialement, et de façon alternative, avec différentes cibles
elles-mêmes en mouvement dans l’espace, comment procéderions-nous ?
Nous devrions équiper ce robot :
1°) de systèmes perceptifs qui soient les plus complets possibles, en
mesure d’enregistrer des images, des sons, des odeurs ;
2°) d’une capacité de stockage, de mémorisation à long terme de ces
informations perçues ;
3°) d’une capacité de manipulation et de comparaison des données
stockées avec des perceptions directes du monde réel, c’est-à-dire en
somme une « mémoire de travail ».
Or, sur la base d’un tel équipement, il est fort à parier que notre robot
construira des valeurs ou des représentations analogues à celles que les
humains désignent comme étant « temporelles » (« heure, durée, passé,
futur… »).
Il semble donc que devoir coïncider spatialement avec d’autres mobiles
en mouvement dans l’espace induise la construction de notions
temporelles. Il est donc possible que ces notions puisent leur origine, leur
nécessité, dans la condition animale de devoir conceptualiser ses propres
mouvements, ainsi que les mouvements et positions de la nourriture, des
partenaires sexuels et des prédateurs.
Sur la base de l’expérience menée avec notre robot, on peut proposer que
le « temps » consiste en un ensemble de valeurs numériques et de
représentations abstraites qui expriment des relations entre les propriétés
spatiales et dynamiques de différents mobiles en mouvement dans le