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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE Le territoire et les hommes -
Géographie
Article écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER, Catherine LEFORT, Laurent VERMEERSCH
Les États-Unis d'Amérique se classent au quatrième rang mondial par leur superficie (9 385 000 km2)
depuis qu'ils ont réuni aux quarante-huit États qui les composaient traditionnellement l'Alaska en 1959 et les
îles Hawaii en 1960. Leur population, qui est estimée à 302 millions d'habitants en 2007, les place au
troisième rang (bien que très loin), derrière la Chine et l'Inde.
Opposant de puissantes montagnes à de vastes plaines, étendus par le prolongement de l'Alaska jusqu'aux
latitudes arctiques et se ramifiant au sud par la Floride presque jusqu'au tropique, ils disposent d'une gamme
de variétés climatiques, et donc de possibilités naturelles, exceptionnelles . Mais leur territoire, également
riche en ressources multiples tant végétales que minérales, a aussi fait l'objet d'une remarquable et efficace
mise en valeur, et cela explique leur puissance économique qui n'est surpassée par celle d'aucun autre État.
I - Le milieu naturel
Les plaines côtières atlantiques et les Appalaches
À l'est, des plaines côtières bordent l'Atlantique. Elles apparaissent avec netteté à partir de la latitude de New
York ; au nord, elles sont en partie recouvertes par la mer et réduites à quelques îles ; au sud, elles s'étendent
de plus en plus largement jusqu'à la presqu'île de Floride. Leur pente est très douce et elles se terminent vers
l'Océan par une côte que découpent de larges estuaires et qui se prolonge sous forme de longues flèches de
sable (cap Cod, cap Hatteras). À l'intérieur, ces plaines sont dominées par un léger talus dont l'ampleur
augmente vers le sud et qui constitue le rebord du piémont appalachien. Au sud, la plaine s'élargit
pratiquement à toute la péninsule de Floride, bombée en un léger plateau ne dépassant pas 50 à 60 m
d'altitude et frangée sur toutes ses rives par des îles, des marais, des dunes et des récifs coralliens. Au-delà de
la baie de Tampa, les plaines côtières orientales se confondent avec celles qui bordent le golfe du Mexique.
Entre ces plaines côtières et celles de l'intérieur s'étend un vaste bourrelet montagneux, désigné sous le nom
général d'Appalaches. Cette ligne de hauteurs commence dans l'île de Terre-Neuve, s'allonge en Nouvelle-
Écosse et dans le Nouveau-Brunswick, au Canada, forme l'ossature de la Nouvelle-Angleterre et se prolonge
jusqu'au sud d'Atlanta, tout près du golfe du Mexique. On peut la suivre sur 3 600 km. Les mêmes
plissements ont constitué cet ensemble qui se divise en deux parties, coupées par les vallées de la Mohawk et
de l'Hudson entre le lac Ontario et New York. En Nouvelle-Angleterre, un plateau de 350 à 400 m est
entaillé par des vallées en gorges, troué de lacs et dominé par des reliefs résiduels constitués de roches dures
(mont Monadnock qui a donné son nom à ce type, 1 050 m). Vers l'ouest, plusieurs noyaux montagneux sont
séparés par des vallées parallèles nord-sud (White Mountains, qui renferment le point culminant de la région
: le mont Washington avec 2 090 m ; Green Mountains ; Taconic Mountains). Au sud de la coupure, les
orientations nord-est - sud-ouest l'emportent, formant cinq bandes à peu près parallèles : le Piémont à l'est,
sorte de plateau de basses collines ; les Montagnes Bleues (Blue Ridge), crêtes étroites et boisées et vallées
alternées, dominées par le plus haut sommet de l'est des États-Unis (mont Mitchell, 2 037 m d'altitude) ; la
région des crêtes et des vallées, la véritable zone du « relief appalachien » classique ; le plateau
appalachien, qui porte le nom d'Alleghanys au nord (400 à 700 m d'altitude), où il a été fortement raboté par
les glaciers, et de Cumberland au sud ; enfin, un dernier gradin, où ont été sculptés par l'érosion de vastes
bassins comme ceux de Nashville et de Lexington, s'enfonce progressivement vers l'ouest sous les Plaines
centrales. À l'exception de quelques intrusions granitiques, cet ensemble montagneux s'est formé à la même
époque par des terrains primaires plissés et faillés. Après leur formation, ces grands plis ont été soumis à de
longues phases d'érosion qui les ont nivelés en plusieurs pénéplaines superposées, et ils ont été disloqués à
maintes reprises par de puissantes fractures. Cette montagne a été un véritable laboratoire de géographie
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physique : c'est dans le nord qu'ont été étudiées pour la première fois les glaciations dans l'hémisphère
occidental, tandis que le géographe américain W. M. Davis a élaboré sa fameuse théorie de l'évolution
cyclique du relief en considérant des surfaces aplanies étagées si fréquentes dans la région.
Cette zone montagneuse située à faible distance de la côte orientale, qui constitue incontestablement une
sorte de barrière, est d'une importance majeure dans l'histoire et dans la vie économique des États-Unis. Au
début, elle a servi de protection aux colonies naissantes contre les entreprises des Indiens ; ensuite, les
principaux passages ont canalisé les communications vers les Grands Lacs et le Centre-Ouest et ont favorisé
la concentration de l'activité propice au développement des villes correspondant à ces trouées, comme New
York, Philadelphie, Baltimore. Enfin, sur ses flancs, existent de vastes gisements houillers, tandis que ses
eaux ont favorisé le développement des villes, celui des industries et actuellement la production
d'hydroélectricité : c'est dans ces replis montagneux que New York dispose des énormes ressources en eau
dont elle a besoin, et la vallée du Tennessee a été le premier exemple au monde de l'aménagement global
d'un bassin fluvial.
La dépression centrale
Le centre des États-Unis est occupé par une vaste dépression entre les Appalaches à l'est et les Rocheuses à
l'ouest. Cette région de plaines, d'une monotonie parfois désespérante quand on la parcourt sur quelques
centaines de kilomètres, correspond pourtant à des ensembles différenciés soit par leurs structures, soit par
les phénomènes climatiques passés qui y ont plus ou moins violemment imposé leurs marques. On peut
distinguer la région des Grands Lacs et de leurs bordures, les plaines du Mississippi et du Missouri moyen,
la coupure de l'Ozark et des monts Ouachita, les Grandes Plaines au pied des Rocheuses et les plaines
bordières du golfe du Mexique.
L'action des glaciations quaternaires a poussé son atteinte extrême jusqu'au niveau du confluent Missouri-
Mississippi. Toute la région septentrionale en a été plus ou moins marquée. Les Grands Lacs en constituent
l'élément le plus visible : ils couvrent 245 000 km2. Parmi les plus importants, on compte le lac Supérieur
(83 000 km2, 307 m de profondeur maximale, 183 m d'altitude) , le lac Huron (59 500 km2, 222 m, 177
m), le lac Michigan (58 100 km2, 266 m, 177 m), le lac Érié (25 900 km2, 64 m, 175 m) et le lac Ontario (18
760 km2, 225 m, 75 m), mais ils sont accompagnés de milliers de lacs plus petits. Leur différence d'altitude a
nécessité des travaux d'aménagement pour en faire une magnifique voie navigable. Malgré leur profondeur,
ils ne sont pas surcreusés au-dessous du niveau de la mer, sauf le lac Ontario. La masse d'eau considérable
qu'ils renferment joue un rôle capital à la fois sur le climat des régions périphériques et sur la vie
économique locale. Ils se vident du côté de l'Atlantique par le chenal du Saint-Laurent, resserré entre le lac
Ontario et Montréal, où le fleuve coupe le bouclier canadien qui réapparaît au sud sous la forme du petit
massif rond des monts Adirondacks. En effet, la région des lacs occupe, au point de vue structural, une zone
de contact entre le vieux socle du continent, le « bouclier canadien », la plus grande unité structurale de
l'Amérique du Nord, qui borde leurs rives septentrionales, et les terrains plissés du Primaire puis du
Secondaire qui recouvrent le socle vers le sud et qui servent de cadre aux lobes méridionaux. L'existence de
ces immenses étendues lacustres est due à un triple phénomène : la structure des plissements affectant les
roches primaires et dessinant un vaste bassin centré entre le lac Michigan et le lac Huron ; une érosion
fluviale ancienne qui avait creusé dès la fin du Tertiaire des dépressions ; l'action des glaciers venant du
plateau canadien qui ont façonné, raboté et érodé toute cette morphologie antérieure en y laissant des zones
surcreusées, occupées maintenant par les eaux, et de longs chapelets de moraines qui dessinent des arcs
parallèles aux rivages, par exemple au sud du lac Michigan.
Tout autour de la région des Grands Lacs eux-mêmes, les dépôts glaciaires forment une couverture qui peut
atteindre plus de 100 m dans le Michigan et l'Indiana septentrional. Il n'y a guère qu'une trentaine de
milliers d'années que les glaces ont définitivement disparu de cette région. Les plaines ont ici 200 à 300 m
d'altitude : elles coïncident avec d'épaisses couches sédimentaires, allant du Primaire au Tertiaire, qui sont
presque horizontales. Le cours actuel du Missouri doit être le tracé de l'ancien chenal à la limite extrême des
glaciations. De place en place, quelques crêtes de roches dures émergent, donnant des collines comme les
Turtle Mountains (700 m) dans le Dakota septentrional. Les vallées sont molles et les lacs nombreux. À l'est
du Mississippi, c'est le même genre de paysage : relief mou et vallées qui, comme celles de l'Illinois, peuvent
atteindre 2 km de largeur.
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Au sud du confluent Missouri-Mississippi, à l'ouest, et de la vallée de l'Ohio, à l'est, les plaines n'ont jamais
été atteintes par les glaciations. Le relief, plus vigoureux, avec une série de collines hautes de 15 à 60 m, est
constitué par des bancs durs de grès légèrement redressés parmi l'ensemble des roches sédimentaires tendres.
L'écoulement des eaux se fait du nord-ouest au sud-est, selon la pente générale de la région, mais
contrairement à la pente des couches géologiques. Ces plaines sont limitées vers le sud par deux petites
montagnes marquant la frontière avec les plaines du Golfe. Ces reliefs ne sont rien d'autre que la réapparition
du plissement appalachien, orienté ici de l'est à l'ouest. Le plateau de l'Ozark s'élève jusqu'à 700 m ; c'est une
région de roches particulièrement dures plissées et faillées avec des sommets de granite et de porphyre (mont
Saint-François, mont de Boston) ; il s'allonge sur 350 km du nord au sud ; sur sa bordure, les vallées
s'encaissent en gorges de près de 200 m de profondeur. Au sud, les monts Ouachita sont séparés du plateau
de l'Ozark par la vallée de l'Arkansas : ce sont, sur 350 km d'ouest en est, des collines boisées correspondant
à des roches violemment plissées et faillées. Leur sommet atteint 900 m.
Les plaines du Golfe forment une auréole qui s'étend depuis la Floride à l'est jusqu'à la frontière avec le
Mexique à l'ouest et s'infiltre le long de la vallée du Mississippi jusqu'au confluent avec l'Ohio. Larges en
moyenne de 250 à 500 km, elles sont constituées par des couches sédimentaires allant du Crétacé au
Quaternaire le plus récent et plongeant doucement des Appalaches, à l'est, et des plateaux qui précèdent les
Rocheuses, à l'ouest, vers le Golfe. Les rebords des couches dures dessinent de vastes amphithéâtres de
lignes de côtes, séparées par des dépressions couvertes de lœss et d'alluvions, qui sont exploités par
l'agriculture et où se sont installées les villes. Les côtes elles-mêmes sont basses et formées par une
succession de lagunes, bordées par d'immenses cordons littoraux. Au centre, la basse vallée du Mississippi et
son delta s'étendent sur environ 75 000 km2 ; ils occupent un golfe important, progressivement comblé, mais
où l'affaissement continue, parfois même avec des phases violentes (tremblements de terre de New Madrid
en 1811 et 1813 et observations séismologiques). L'alluvionnement est considérable : le système du
Mississippi dépose 730 milliards de tonnes par an de dépôts solides en dissolution. Vers le sud, le delta est
immense. Des sondages en Louisiane ont atteint près de 7 000 m sans toucher la base du Miocène ; on
estime le total de la sédimentation à plus de 15 000 m d'épaisseur ; le delta s'avance progressivement dans la
mer à une vitesse de 100 m environ par an. Le lac Pontchartrain, qui s'étend au nord de La Nouvelle-Orléans,
a été fermé par la progression des alluvions. Le chenal du Mississippi atteint 30 à 60 m de profondeur depuis
Baton Rouge, ce qui explique l'importance portuaire de La Nouvelle-Orléans.
À l'ouest des Plaines centrales du Missouri-Mississippi, les « Grandes Plaines » forment une région
intermédiaire au pied des Cordillères occidentales. Elles sont larges de 200 à 400 km. Elles s'élèvent en
direction des Cordillères et, dans le sud, montent de 500 à 600 m jusqu'à près de 2 000 m ; dans le nord, leur
altitude est plus basse. C'est le véritable « piémont » des Rocheuses. Elles sont constituées par des couches
sédimentaires généralement secondaires, plissées à proximité des montagnes et ondulées vers l'est, rabotées
par l'érosion et recouvertes par d'énormes formations détritiques (cailloutis, sables localement cimentés par
des calcaires, argiles), disposées en bandes grossières suivant les anciens chenaux sortant de la montagne :
c'est la « formation des Grandes Plaines », qui peut atteindre jusqu'à 180 m d'épaisseur et daterait du
Pliocène. Celles-ci se seraient formées lors de la phase d'aplanissement qui a suivi la dernière surrection des
Rocheuses. Ces plaines ont été également façonnées par les glaciers sur les deux rives du Missouri ; au
contraire, au sud, le relief est resté plus vigoureux avec certains sommets importants comme les Black Hills
(2 209 m). Au sud du Kansas, des couches de lave ont en partie recouvert des formations détritiques ; ce sont
les mesas, dont les rebords rectilignes encadrent la vallée du Pecos.
Des Rocheuses au Pacifique
À l'ouest des Grandes Plaines commence la puissante masse des Cordillères occidentales, qui se poursuivent
au Canada et au Mexique et occupent environ 30 % de la surface de l'Amérique du Nord. C'est une zone
complexe par son relief, par les roches qui la constituent, par les étapes de sa formation. De nombreux
volcans et des tremblements de terre occasionnels témoignent d'une orogénie toujours vivace dans la zone la
plus voisine de l'Océan. On distingue plusieurs bandes parallèles de l'est à l'ouest.
Les Rocheuses dominent nettement les Grandes Plaines vers l'est, mais se prolongent par de hauts plateaux
vers l'ouest. Dans l'ensemble, les formes sont lourdes et les sommets fréquemment aplanis, même dans les
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grandes chaînes. C'est la limite de partage des eaux entre le versant atlantique et le versant pacifique. Les
formations géologiques sont de plus en plus récentes de l'est à l'ouest : le socle précambrien et sa couverture,
plus ou moins déformée, apparaissent à l'est et disparaissent progressivement sous les plissements
jurassiques et crétacés vers l'ouest ; les influences glaciaires sont très marquées (roches rabotées, cirques,
vallées en auge), tandis que le volcanisme a joué un rôle considérable : plateaux de lave qui peuvent
atteindre jusqu'à 600 ou 700 m d'épaisseur et sont découpés en canyons dans la région du Yellowstone ;
geysers fameux comme le Old Faithful qui jaillit à intervalles réguliers et fait la gloire du célèbre parc
national de Yellowstone. Les plus hauts sommets dépassent 4 000 m : monts de la Wind River (4 202 m),
Uinta (4 115 m), Elbert (4 399 m), Colorado Front Range, monts San Juan au sud-ouest. Entre ces sommets,
des bassins ou parks, vastes étendues emplies de terrains sédimentaires où les rivières s'encaissent en
profonds canyons.
.
À l'ouest des Rocheuses, une série de plateaux s'étend largement : les aspects varient en fonction de
l'altitude, de la latitude et de la puissance des chaînes qui les limitent vers l'ouest. Au nord, les plateaux de la
Columbia forment vers 1 000 à 2 000 m le piédestal des chaînes qui les dominent ; ils sont couverts de
grands épanchements de laves et ont été très sculptés par les glaciers. Au sud, le « Grand Bassin » occupe
10 % de la surface des États-Unis : c'est une région accidentée de chaînes parallèles nord-sud, séparées par
des bassins désertiques ; le drainage est endoréique : c'est la région la plus sèche des États-Unis. Dans les
creux existent souvent des lacs temporaires dont le plus important est le Grand Lac Salé. Sous ce climat,
l'érosion éolienne est très importante (dunes, grands bassins, bolsons). Au sud, les plateaux du Colorado
couvrent une surface aussi vaste que les trois quarts de la France : élevés de 1 600 à 3 000 m, ils sont
constitués par des couches à peu près horizontales tranchées par les canyons des États-Unis les plus visités :
celui du Colorado traverse la région sur 300 km par une entaille profonde de 1 000 à 2 000 m et large de 8 à
25 km. La majesté du relief, la beauté des couleurs, la pureté et la transparence de l'air font de cette région
une des plus renommées des États-Unis.
À l'ouest, la bordure montagneuse du Pacifique est formée par la succession des Cordillères occidentales, qui
possèdent les plus hauts sommets et les zones les plus instables de toute l'Amérique du Nord. Au nord, la
chaîne des Cascades, ruisselante d'eau et couverte de belles forêts, associe les dômes granitiques, les chaînes
plissées et les cônes volcaniques. Au sud, la sierra Nevada s'étend sur 700 km ; le granite, qui en forme
l'essentiel, donne les sommets extraordinaires que l'on peut voir dans le parc national de Yosemite . Au
pied de ces hauteurs, une ligne de dépression court du nord au sud : elle constitue successivement le chenal
maritime du Puget Sound sur lequel est installé le port de Seattle, la vallée de la Willamette, puis la grande
vallée de Californie où coulent le Sacramento et le San Joaquin. C'est une région d'affaissement récent
puisque, en Californie, où la dépression s'allonge sur 600 km, avec 80 km de large, les dépôts quaternaires
ont jusqu'à 900 m d'épaisseur. À l'ouest, de petites chaînes de roches plissées tombent directement sur le
Pacifique. Elles peuvent atteindre 2 500 m d'altitude et le volcanisme y apparaît localement. La plaine
côtière pacifique est réduite à une étroite bande de 2 à 3 km de largeur. C'est une zone de montagne encore
en évolution comme en témoignent les fréquents tremblements de terre.
Le climat et la végétation
La masse continentale, l'orientation du relief et l'étirement en latitude sur plus de 3 000 km sont les facteurs
fondamentaux du climat. Il faut, en outre, tenir compte des courants côtiers froids qui atteignent la latitude
de New York, à l'est, et la côte californienne, à l'ouest, tandis que la vaste ouverture du golfe du Mexique a
des effets bénéfiques : combinée avec la masse énorme des terres qui l'encadrent au nord et au nord-ouest,
elle constitue une zone de forte opposition, créant des conditions favorables à une ample circulation des
masses d'air, surtout en été où l'air tropical pénètre jusque sur le revers des Appalaches et sur le front des
Rocheuses, au-delà même de la frontière canadienne. En hiver, au contraire, la disposition du relief favorise
la pénétration des masses d'air polaires sur tout l'intérieur du continent. Cet affrontement, au sein d'un même
ensemble continental, de masses d'air polaires, froides et sèches, et de masses d'air tropicales maritimes,
chaudes et humides, est propice à la formation de nombreux cyclones tempérés qui se déplacent à travers le
continent et dont la zone s'étend depuis le sud-ouest du Texas jusqu'au nord de l'Alberta. C'est ce qui
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explique la violence et les contrastes du climat nord-américain, dont les manifestations spectaculaires sont
bien connues (vagues de chaleur, coups de froid avec tempêtes de neige, cyclones).
Les climats de l'Est
À l'est, les zones climatiques forment des bandes sensiblement ouest-est qui s'arrêtent à la limite des Grandes
Plaines et se différencient surtout par les températures ; au-delà du 100e méridien, c'est la sécheresse et
l'humidité ou bien l'altitude qui jouent le rôle dominant, et les zones climatiques s'allongent plutôt du nord au
sud, sauf sur la côte pacifique où la latitude redevient le facteur principal.
Dans le Nord-Est et le Centre-Est domine le climat continental humide, aux hivers froids et aux étés frais. Le
déplacement des fronts donne un climat variable, avec de fréquentes dépressions cyclonales provoquant la
pluie ou la neige. Des nuances existent en fonction de la situation plus ou moins continentale ou
septentrionale. En Nouvelle-Angleterre, les précipitations sont abondantes toute l'année avec beaucoup de
neige en hiver, ce qui a permis la pratique récente des sports d'hiver. Nulle part la moyenne de juillet n'est
supérieure à 22 0C ; les hivers sont froids avec des températures qui peuvent tomber jusqu'à 35 0C. La
période de végétation est réduite à 120 jours ; toutes les montagnes intérieures sont couvertes de forêts. La
zone des Grands Lacs bénéficie de l'influence de ces masses d'eau, qui réduisent les extrêmes de température
mais favorisent la formation des brouillards et de nébulosité. La période de végétation atteint 160 jours ; les
précipitations sont plus faibles qu'en Nouvelle-Angleterre (60 cm contre 1 m). Si la forêt et la prairie sont
encore des formes essentielles de végétation, des conditions climatiques particulières dans les lieux abrités
permettent l'installation de cultures très spécialisées, comme les vergers et les cultures maraîchères. Quant
aux plaines centrales septentrionales, elles ont un climat beaucoup plus brutal avec des hivers glacials et des
étés très chauds ; les précipitations dépassent encore 60 cm par an, mais sont en grande partie absorbées par
l'évaporation due à l'ensoleillement. Au niveau de la frontière canadienne, plus de 60 nuits ont une
température inférieure à 15 0C ; les hivers sont longs et durent de six à sept mois. À Winnipeg, l'écart moyen
annuel atteint 38 0C (moyenne de juillet 18 0C, de janvier 20 0C). La végétation naturelle est toujours la
forêt mais, en dehors des conifères, d'autres arbres comme l'érable, l'orme, le peuplier se multiplient et, à
mesure qu'on va vers l'intérieur, la forêt devient plus claire et se mélange avec la prairie aux herbes hautes.
Depuis la région de New York, sur une partie de la plaine côtière au pied des Appalaches, et dans les Plaines
centrales du sud du Michigan au confluent du Missouri et du Mississippi, on rencontre un climat tempéré,
frais et humide. L'air polaire détermine encore les froids d'hiver (moyenne de janvier à Saint Louis, au sud
de cette zone, 0 0C) ; l'hiver est souvent marqué, surtout dans la région côtière, par le passage des
dépressions circulant du sud-ouest au nord-est. À partir du printemps, l'air tropical maritime humide prend
de plus en plus d'importance et occupe totalement la région en été. Les températures de juillet sont de 20 0C
à Toronto, 23 0C à Chicago, 25,5 0C à Saint Louis. Les précipitations atteignent 75 cm à 1,20 m et
surviennent surtout en été lorsque l'air chaud et humide du Golfe pénètre dans l'intérieur ; les orages sont
alors fréquents. C'était aussi le domaine de la forêt (chênes, châtaigniers, noisetiers), tandis que, vers l'ouest,
on trouve la prairie à grandes herbes. Les sols sont ici profonds et riches en matière organique et très
propices à l'agriculture.
Au sud, le climat subtropical humide, à étés chauds, englobe la plaine côtière des États-Unis (sauf l'extrême
pointe de la Floride, qui appartient au climat proprement tropical), les plaines du Golfe et se prolonge dans la
basse vallée du Tennessee et de l'Ohio, dans le bassin de la Red River et dans la plus grande partie de celui
de l'Arkansas. La douceur y est générale et les étés sont très chauds. Le gel n'existe pratiquement pas en
Floride du Sud et à l'extrémité du delta du Mississippi (La Nouvelle-Orléans a, en janvier, une moyenne de
12 0C). La saison de végétation dépasse 240 jours et est encore de 200 jours au nord de l'Arkansas.
Cependant, des coups de froid pénibles peuvent se faire sentir et on a même enregistré 12 0C à La
Nouvelle-Orléans. L'humidité diminue de l'est vers l'ouest ; 1,30 m sur la plaine côtière atlantique (147 cm à
La Nouvelle-Orléans, 142 cm à Miami), 75 cm à 1 m au Texas, et aussi dans l'intérieur : c'est la fameuse
Cotton Belt. À l'humidité de l'Est correspond une forêt vigoureuse et variée ; à la sécheresse de l'Ouest, une
forêt de chênes à petites feuilles, coupée de vastes clairières et qui disparaît dans l'ouest du Texas où
l'irrigation devient nécessaire à la culture.
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