Références bibliographiques[·] concernant les ethnosciences

Module Ethnoécologie et Environnement Edmond Dounias
Année universitaire 2004-2005 Introduction aux ethnosciences
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Module Ethnoécologie et Environnement
29 novembre - 3 décembre 2004
Introduction à l’étude des ethnosciences
Définitions, champs d’application, bibliographie
COMPLEMENT DE L'EXPOSE INTRODUCTIF
par Edmond Dounias
Ethnoécologue à l’IRD
John W. Harshberger (1869-1929)
Botaniste (taxinomie et floristique)
Premier à faire usage du terme “ethnobotanique”
Les ethnosciences (au pluriel) sont les savoirs et savoir-faire naturalistes d’une société, le plus souvent à tradition orale, à
l’égard de son environnement physique et matériel. Ce sont ce que les Anglo-saxons appellent ‘folk sciences’ ou ‘aborigene
sciences’. Une expression française désuète les qualifie de ‘sciences populaires’.
Le terme science n’est pas anodin, et a suscité des polémiques lorsque le concept d’ethnosciences a fait sont apparition
dans les années 50.
Science, du latin ’scientia’, signifie ‘savoir’ donc ‘connaissance’. La science étant essentiellement une mise en ordre de
l’univers, les classifications de cet univers opérées par les sociétés traditionnelles ne peuvent être considérées autrement.
Malgré tout, jusqu’à la fin des années 70, les savoirs indigènes sont encore catalogués de ‘pré-scientifiques’ voire
s’opposant à la science ‘académique’. Certains évoquent pudiquement des ‘visions du monde’ ou parlent ‘d’histoire
naturelle’.
Le désaccord sur l’emploi du terme ‘science’ est à l’origine d’une autre confusion qui persiste à ce jour : l’emploi du mot
ethnoscience (au singulier) pour évoquer le champ pluridisciplinaire qui se consacre aux ethnosciences, les sciences
naturalistes élaborées par les peuples indigènes.
Ces sciences indigènes sont :
- ancrées dans les cultures qui les ont instruites ;
- reçoivent rarement une expression écrite ou une systématisation consciente.
L’influence des représentations sur le comportement d’une société à l’égard de son environnement n’est pas l’apanage des
sociétés traditionnelles. Ce que l’on étiquette souvent de ‘mythes et croyances’ lorsque l’on fait références aux sociétés dites
‘traditionnelles’, anime encore les sociétés modernes jusqu’aux plus hautes sphères de la prise de décision.
Références bibliographiques
concernant les ethnosciences
Anonyme 1985, Barrau 1982, 1984a, A984b, 1986, Bulmer 1971, Dollfus 1977, Friedberg 1987, Harrison 1992, Hunn 1989, Mauri 1985,
Meilleur 1987, Monod 1968, Poirier 1990, Revel 1990, Scheps 1993, Sturtevant 1964.
Toutes les disciplines incluses dans le champ de l’ethnoscience n’ont pas eu la même audience, loin s’en faut.
L’ethnoastronomie, l’ethnominéralogie et l’ethnométéorologie frisent la confidentialité. L’étude des savoirs relatifs aux
végétaux supérieurs prédomine largement celle des autres plantes et de la mycologie. L’ethnozoologie est très peu
couverte, l’ethnoentomologie n’en est qu’à ses débuts…
Le tableau ci-après se veut très synthétique, et est donc très incomplet et ... inexact. Nous avons été contraints de
compartimenter des domaines qui sont généralement indissociables dans les perceptions locales : la distinction entre culture
matérielle et immatérielle est une aberration. De plus, les formes d’expression dites artistiques, par delà de leur aspect
esthétique immédiat, sont des modes de communication abolissant toute frontière entre le monde physique et matériel,
l’imaginaire et le surnaturel.
Les références citées figurent toutes dans la sélection bibliographique fournie à la fin de ce document. Cette bibliographie est organisée
en 2 parties : ouvrages et article à portée théorique, puis publication à vocation plus méthodologique.
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Les champs les plus concernés par le présent module d’enseignement sont l’ethnobiologie (regroupant les sciences locales
relatives aux plantes et aux animaux), l’ethnoécologie et l’ethnoagronomie, en ayant bien à l’esprit que ces compartiments
sont totalement arbitraires.
LES CHAMPS DE L’ETHNOSCIENCE
Ethnobotanique
Au sein du corpus de disciplines s’intéressant aux ethnosciences, l’ethnobotanique est de loin la plus ancienne et la plus
étudiée. C’est elle qui a dicté les grands changements qui vont s’opérer au sein de la communauté scientifique durant le
siècle écoulé.
L’Homme n’a pas attendu l’émergence de la discipline scientifique pour apprendre à classer et à utiliser les plantes. Il était
vital pour les premiers hominidés (et pour l’ensemble des mammifères), d’apprendre à distinguer les plantes :
utiles de celles à éviter ;
nourrir / stimuler ;
prévenir les maladies / soigner ;
psychoactives / poison.
A titre d’exemple, l’homme s’est - de tous temps et en tous lieux - intéressé aux substances hallucinogènes sécrétées par les
plantes, et pas seulement à des fins hédonistes... Ces substances permettent notamment :
un accès au surnaturel ;
la construction des religions, des mythes fondateurs, des totems… ;
de communiquer avec les ancêtres ;
de distinguer esprits bienveillants des malveillants ;
de construire une explication culturellement rationnelle de notre existence…
etnhoZOOLOGIE ethnoBOTANIQUE
ethnoENTOMOLOGIE ethnoMYCOLOGIE
ethnoBIOLOGIE ethnoECOLOGIE ethnoAGRONOMIE ethnoASTRONOMIE ethnoMINERALOGIE ethnoMETEOROLOGIE
CHAMPS D'INVESTIGATION
Perceptions ° Classifications et nomenclatures populaires
° Anthropologie cognitive
° Ethnolinguistique
° Education et transmission des savoirs
Ethnomédecine ° Anthropologie médicale
° Ethnobiologie médicale
° Ethnopharmacologie
Economie ° Anthropologie alimentaire
° Système de production
° Socio-économie
Culture matérielle ° Archéologie
° Ethnographie
° Technologie culturelle
Culture immatérielle ° Représentations
° Cosmologie
° Religion
Expression artistique ° Ethnomusicologie (chants, danse, musique)
° Traditi on orale : contes, cits, proverbes
° Esthétique du corps , expression corporelle
° Ornementation, peinture et art rupestre
Ecosystème ° TEK
° Anthropisation, Ecologie du paysage
° Paleoécologie
° Climatologie
° Pédologie
APPLICATIONS Agriculture
Art et artisanat
Industrie (pharmaceutique, parfumerie, teinturerie, textile etc.)
Gestion durable des ressources
Conservation de la biodiversité
Ecologie humaine
Aménagement du territoire
Intégration socio-économique de sociétés en perdition
Ecotourisme
Réhabilitation/restauration ?
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Voilà qui nous conduit très loin de la substance en tant que telle.
Le terme ‘ethno-botany’ est apparu pour la première fois aux Etats Unis, dans un article anonyme publié par le Philadelphia
Evening Telegram du 5 décembre 1895. Cet article rendait brièvement compte d’une conférence prononcée par le
professeur J.W. Harshberger, botaniste et agro-botaniste, inventeur donc du terme, à l’Association Archéologique de
l’Université locale. Harshberger définit lui-même le terme en 1896 comme “l’usage des plantes par les peuples aborigènes”.
Cette finition est à l’image du parti pris très matérialiste pour ne pas dire impérialiste - de l’époque, qui va perdurer
durant plusieurs décennies. L’intérêt à étudier ces usages est purement économique, et ce n’est qu’à l’approche des années
20 que certains chercheurs prônent de s’intéresser aux représentations du monde sous-jacentes à l’usage des plantes.
Le terme, qui n’était jusqu’alors employé que par les naturalistes, devient l’apanage des anthropologues.
La sémantique du préfixe ‘ethno’ s’en trouve sensiblement modifiée :
Ethno’ signifiait jusqu’alors que l’on décrivait l’usage des plantes au sein d’un groupe ethnique donné.
Ethno’ fait dès lors référence aux perceptions et aux points de vue indigènes sur la question. De
l’observation extérieure de l’usage, on passe à une perception intérieure et plus intime des plantes.
Les définitions de l’ethnobotanique vont se succéder. Une des plus récentes, et que nous décidons de retenir ici, est celle
proposée par Martin (1995) : Toute étude relative aux plantes, décrivant les interactions entre les populations locales
et leur
environnement naturel.
A la fin du XIX° siècle : motivations ‘impérialistes’, consistant à récolter des plantes utiles dans les sociétés traditionnelles,
pour les valoriser commercialement dans les pays développés.
Ce n’est que plus tard que l’on s’est intéressé à la manière dont les peuples interprètent et traitent leur utilisation des
plantes.
Aujourd’hui, la vocation est double : a/ analyses d’interactions bioculturelles complexes entre l’homme et son environnement
et b/ prétention à participer au développement des pays et régions dans lesquelles les plantes se trouvent, en promouvant
de nouvelles espèces utiles tant alimentaires, matérielles, que pourvoyeuses de substances chimiques.
La prédominance de l’ethnobotanique dans l’étude des ethnosciences est étroitement liée à l’histoire de la science en
Occident au cours du siècle écoulé. Il est important d’admettre que l’engouement actuel pour les démarches multi- pluri-
inter-disciplinaires et les prétentions de cette discipline d’interface dans le domaine de la recherche appliquée doit beaucoup
à cette histoire récente de la science occidentale en matière d’environnement. Nous indiquons ci-avant quelques repères
chronologiques permettant de suivre l’évolution de ce champ.
Les termes locales, autochtones, indigènes, traditionnelles, natives etc pour évoquer les populations naturalistes dont il est question ici,
son employés indifféremment, sans arrière-pensée idéologique ni connotation péjorative. Aucun de ces termes n’est vraiment satisfaisant.
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Extrait du site de l’initiative People and plants, cours d’ethnobotanique dispensé par Gary Martin en Thaïlande en
1999.
Ethnobotanical training in Thailand
From 15 26 July 1999, Gary J. Martin, regional coordinator for Southeast Asia, presented a course on ethnobotany for fifth
year students of the Department of Pharmacognosy and Pharmaceutical Botany of Khon Kaen University in northeast
Thailand. Its goal was to present a broad overview of ethnobotany for undergraduates, and to teach them practical methods
for carrying out ethnobotanical fieldwork. Outlines of the lectures and practical exercises are presented here, in the hope that
they will be useful to other lecturers around the world who teach ethnobotany at the undergraduate or graduate level. In
addition, there is a synopsis of the course structure, showing how lectures and practical exercises have been blended with
videos and small group discussions in this intensive course.
· Course structure
· Lectures
· Practical exercises
· Report
Lectures
The following lecture outlines summarize many of the concepts and facts presented during an upper undergraduate course
in ethnobotany at the Department of Pharmacognosy and Pharmaceutical Botany of Khon Kaen University. As can be seen
from the following list, lecture presentations on important groups of economic plants were interspersed with lectures on
ethnobotanical concepts and methodology. Although the content of each outline is variable, you will find information divided
into summaries, basic text and other readings, examples, excerpts from key references, facts, and questions for discussions.
Instructive videos, overhead and exercises are noted for some lectures. The outlines are listed in the order they were
presented in the classroom (see course outline for more information). The lectures are being constantly edited and updated
for future courses, so if you have any suggestions about these outlines, please write to Gary J. Martin at the following e-mail
address: peopleandplants@cybernet.net.ma.
Lecture outline 1. Overview of issues
Lecture outline 2. Grains, beans, pulses and nuts
Lecture outline 3. Qualitative methods
Lecture outline 4. Tubers and root crops
Lecture outline 5. Historical framework of ethnobotany
Lecture outline 6. Fruits and vegetables
Lecture outline 7. Quantitative methods: one hectare plots
Lecture outline 8. Coevolutionary framework of ethnobotany
Lecture outline 9. Salads and leaf vegetables
Lecture outline 10. Plant resource pools and plant systematics
Lecture outline 11. Spices, condiments and flavorings
Lecture outline 12. Ethnobiological classification: Categorization
Lecture outline 13. Resource valuation
Lecture outline 14. Medicines
Lecture outline 15. Ethnobiological classification: Nomenclature
Lecture outline 16. Construction and crafts materials
Lecture outline 17. Participatory research methods
Lecture outline 18. Plant resource use and sustainability
Lecture outline 19. Alcoholic beverages and drugs
Lecture outline 20. Biological exchanges
Références bibliographiques concernant l’ethnobotanique
Alexiades 1996, Anderson 1969, Anonyme 1980, Atran 1985, Balick et cox 1996, Barrau 1971, 1982, 1983, Bennett 1992, Chai 1975,
1978, Cotton 1997, Cunningham 1997, 2001, Dounias 2000, Emperaire 1996, Ford 1978, Gillon et al. 2000, Harlan 1987, Harshberger
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1896, Haudricourt et Hédin 1943, Hays 1974, Jain 1986, 1987, 1989, Marchenay 1986, Martin G. 1995, Martin M.A. 1970, 1971, 1975,
Milliken et al. 1992, Minnis 2000, Murdock 1938, Petit et Dounias 2001, Poirier 1968, Portères 1961, 1965, 1968, Prance 1991, Prance et
Kallunki 1984, Prance et Balick 1990, Randall 1987, Renaux 1998, Rival 1998, Roddick 1990, Rousseau 1961, Schultes et von Reis 1995,
Volney 1941.
L’ethnozoologie, formalisée 20 ans après l’ethnobotanique, nourrit les mêmes dessins. Le retard pris par cette discipline
tient au fait que l’homme a toujours eu un comportement plus “prédateur à l’égard de la faune. Le rapport à l’animal en
Occident est, à bien des égards, différent de celui que l’on entretient avec les végétaux. Et même si la faune est
pourvoyeuse de nombreux produits commercialisables (viande, fourrure, trophées, etc) la zoologie économique n’a en rien
égalé la botanique économique de la fin du XIX° siècle et ce fossé utilitariste persiste aujourd’hui. Il faut attendre que les
savoirs naturalistes indigènes intéressent par la vision du monde qu’ils fournissent pour que l’ethnozoologie acquière droit de
cité.
Quelques reres historiques
1492 La découverte du nouveau monde initie l'identification de nombreuses plantes à valeur économique élevée
par l'observation des indiens
1663 John Josselyn publie un traité sur les herbes médicinales de Nouvelle Angleterre
1860 Travaux de Ross sur les Indiens Chipewyans du Canada. Emergence de la botanique économique
1895 1er usage du terme ethnobotanique (Harshberger)
Jusqu'à la fin du XIX° seuls comptent les usages économiques des plantes
1899 1er usage du terme ethnozoologie (Mason)
1900 Première thèse soutenue en ethno-botanique
1914 Henderson et Harrington formalisent l'emploi du terme ethnozoologie
1916 Elargissement progressif du champ de recherche.
Harrington et Gilmore pnent d'aller plus loin dans la pene et la vie des peuples indigènes
1921 1ère parution du Jatba sous l'appellation "Revue de Botanique Appliquée et d'Agriculture Coloniale"
1930 Etudes moins strictement marialistes
1935 1er usage du terme ethnobiologie par Castetter.
1940 1ers enseignements en ethnobotanique
1942 1er emploi du terme ethnobotanique dans une publication en langue française
Parution des premres synthèses (Castetter, harrington,din, Jones, Schultes)
La technologie culturelle émerge en France (Hédin, Haudricourt, Mauss, Leroi-Gourhan)
1947
Première parution de Economic Botany
1950 1er usage du terme ethnosciences (Murdock)
1954 Conklin ouvre la voie à une approche émique privilégiant la perception indigène du vivant.
Conklin jette les base de l'étude de la nomenclature et de la classification autochtone.
1959 1ere allusion à la paleoethnobotanique
1960 Forte remise en cause de la botanique économique en France
1963 Portères fonde le laboratoire d'ethnobotanique au Muséum
1970 Renforcement de l'anthropologie cognitive et de l'ethnolinguistique
1971 MAB Unesco : concilier protection de la nature et développement
slogan : "à chaque société sa nature, à chaque nature sa socié"
1ers enseignements français en ethnobiologie
Emergence des études sur les classifications populaires, Berlin et Hunn en tête de file
Palaéoécologie se développe à la faveur de techniques nouvelles (palynologie)
1975 1er congs consacré à l'ethnozoologie (Pujol)
Inrêt naissant pour l'écologie du paysage autour des concepts de patrimoine, de territoire et d'écosystème
L'ethnoécologie prend son envol
1980 Emergence de structures associatives et sociés savantes
1981
La Society of Ethnobiology publie le premier numéro du Journal of Ethnobiology
La production d'ouvrages explose, et appelle de nouvelles synthèses
1988 1er congs d'ethnobiologie
claration de Bélém sur la protection des droits indigènes
de Convention sur la Biodiversité
1992 Applications pratiques des savoirs et savoir-faire indigènes
à Droits indigènes, aspects éthiques de la recherche, socioethnoécologie
nos Préservation de la biodiversité
jours Gestion durable des ressources
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