Priming and unidirectional language change Anette Rosenbach & Gerhard Jäger Bregje Hofstede 3134407, TK4 1. Introduction En somme: à cause du ‘priming’, un procès asymétrique, la grammaticalisation est aussi asymétrique, c’est à dire qu’elle procède dans une seule direction. Ce procédé peut expliquer les changements diachroniques de la langue. 2. Grammaticalisation La grammaticalisation est la manière dont des éléments lexicaux deviennent des éléments grammaticaux. Un bon exemple est le verbe anglais ‘going to’ (I am going to Paris). Au début, ce verbe indiquait une motion spatiale et non temporale. Mais petit à petit, le verbe est devenu un auxiliaire exprimant la futurité et sa forme a changé en ‘gonna’ (It’s gonna rain). On cherche à comprendre la grammaticalisation. Un principe important est qu’elle ne procède que dans une seule direction et ne peut pas faire marche en arrière. Les changements ne peuvent donc pas être annulés. Mais pourquoi ? Les auteurs de ce texte proposent le mécanisme psycholinguistique de priming comme explication. 3. ‘Priming’ ‘Priming’ veut dire préactivation. L’usage d’un élément linguistique A influence l’usage, ensuite, de ce même élément ou d’un élément B qui y ressemble beaucoup. ‘Priming’ provoque donc souvent une répétition au niveau de la forme (ork, vork) ou de la signifiance (violon, guitare). 4. Études de cas Pour montrer que les changements linguistiques vont en une seule direction et sont irréversibles, les auteurs traitent deux cas bien connus. Premièrement il y a le développement des expressions spatiales en expressions temporales. On trouve ce changement dans plusieurs langues, et toujours dans cette seule direction. Partout, on présente le temps en termes d’espace. Dans la langue, on trouve deux façons de faire cela. Soit le temps est présenté comme une ligne fixe, par laquelle les gens progressent vers le futur (c’est le ‘ego’ qui bouge). Soit le temps est imaginé comme une rivière qui coule du futur au passé, passant une personne fixe. (c’est le temps qui bouge). Parfois, l’interprétation est ambigüe (qui bouge ? La personne bouge-t-elle en avance, ou le temps bouge-t-il en arrière?). Or, ces deux manières de voir existent aussi dans des métaphores spatiales : soit le ‘ego’ bouge, soit il est statique dans une espace qui change. Quand on présente une de ces deux métaphores à quelqu’un, cela influence la manière dont il va ensuite interpréter une métaphore temporelle ambigüe, comme the meeting has been moved forward two days. L’inverse est impossible : une métaphore temporelle n’influence pas l’interprétation d’une métaphore spatiale. Le ‘priming’ est donc asymétrique. Un deuxième exemple de ‘priming’ asymétrique est la réduction phonologique. Quand un élément de langue change, il devient souvent plus court, mais jamais plus long. On voit le même principe avec ‘priming’. Après préactivation par élément A, l’élément B qui suit est souvent plus courte que A (par exemple, il est prononcé plus vite). La répétition provoque donc une réduction en longueur. C’est que des éléments qui sont attendu, comme B après une préactivation dans la forme de A, sont susceptibles de réduction phonétique. On voit donc la même réduction dans la grammaticalisation aussi que dans le ‘priming’. 5. Le changement linguistique à base du ‘priming’ On a donc vu deux exemples de changements unidirectionnels, correspondant à deux exemples de ‘priming’ unidirectionnel. Mais comment le ‘priming’ peut-il changer la langue sur la longue durée ? Apparemment, l’effet du ‘priming’ s’enregistre petit à petit dans la grammaire. Certains chercheurs pensent que la grammaire ‘interne’ d’un adulte reste adaptable pendant toute sa vie. Les effets de ‘priming’ peuvent devenir structurels et ainsi devenir partie de la grammaire. On appelle cela ‘l’apprentissage implicite’. Comment la réduction phonétique, que produit le ‘priming’, peut-elle devenir une réduction phonologique ? Selon certains chercheurs, les aspects phonétiques et phonologiques d’un mot font partie des connaissances lexiques d’un individu. On suppose que tous les éléments lexiques qu’on utilise sont stockés dans la mémoire. Par exemple, quelqu’un qui a dit le mot ‘cornichon’ cent fois, aura stocké cent ‘mémoires’ de ce mot. Chaque énonciation est différente, donc l’élément lexique ‘cornichon’ de cette personne change tout le temps. A cause de cette dynamique, les effets de ‘priming’ peuvent devenir durables. Le ‘priming’ sémantique peut aussi avoir des effets durables. Souvent un concept A active le concept B, mais B n’active pas A ; le ‘priming’ est asymétrique. Or, si A active l’utilisation de B, petit à petit A va acquérir la signification de B (à côté de la signification originelle de A). 6. Priming et l’évolution de la langue L’effet de ‘priming’ asymétrique est que un élément A peut acquérir la forme/la signifiance d’un élément B. Lentement, ces changements vont former la grammaire même d’une langue. La langue connaît des procès évolutionnaires, mais les analogies linguistiques de la variation et réplication biologiques sont jusqu’ici peu claires. Or, le ‘priming’ est un mécanisme qui permet la réplication des éléments linguistiques, car il stimule la répétition. Et comme un élément A peut aussi stimuler l’usage d’un autre élément qui y ressemble, le ‘priming’ crée aussi de la variation et de nouveaux formes linguistiques. 7. Conclusion On a vu que ‘priming’, un procès asymétrique, cause l’asymétrie de la grammaticalisation, qui ne suit qu’une seule direction. Plusieurs changements unidirectionnels peuvent être liés à des effets ‘priming’ unidirectionnelles. L’article laisse plusieurs questions ouvertes et finit par suggérer des recherches nécessaires pour les répondre.