RIFF Caroline -RUBERT Jean-Philippe. Lycée Lavoisier Mulhouse
L’élément chlore au service de la santé.
Lorsque Carl Scheele découvre en 1774 le chlore, il est loin de se douter que cet élément chimique et
certains de ses dérivés allaient avoir un destin hors du commun au service de l’homme et de sa santé.
Les premières utilisations du chlore sont dues à Louis Bertholet qui fabrique en 1777 une solution
d’hypochlorite de potassium (KClO) dans le petit village de Javel (qui deviendra un quartier du 15ème
arrondissement de Paris) et l’utilise pour blanchir les textiles.
C’est justement en voulant blanchir des linges et des pansements avec de l’eau de javel pour lutter
contre la « pourriture d’hôpital » que le futur Baron Percy, chirurgien des armées, utilise sans le
savoir pour la première fois le caractère désinfectant de l’eau de javel vers 1794.
Trop occupé à sauver les blessés des différentes campagnes napoléoniennes, Percy et Larrey
n’exploreront pas plus avant le caractère désinfectant de l’eau de javel.
C’est Antoine Labarraque qui découvre en 1820 les propriétés désinfectantes de l’eau de Javel (
solution d’hypochlorite de potassium) qu’il modifie en remplaçant le potassium par le sodium : l’eau
de javel moderne est en fait cette eau de Labarraque, à savoir une solution d’hypochlorite de sodium
(solution de NaClO)
Mais la pourriture d’hôpital continue à faire des ravages aussi bien dans les hôpitaux que dans les
champs de bataille, tant l’hygiène est déplorable, ainsi les médecins travaillaient ils souvent avec des
vêtements ordinaires, tachés de sang, sans se laver les mains ni changer d’instruments entre chaque
patient.
En 1847, un médecin Hongrois, Ignaz Semmelweis , remarque que les
patients traités par des étudiants qui auparavant avaient pratiqué des
dissections, avaient plus de risques d’être infectés. Il astreint son équipe à
une hygiène rigoureuse en utilisant des solutions d’hypochlorite de calcium
pour se laver les mains, et réduit considérablement notamment le nombre de
décès de femmes dus à une infection contractée lors d’un accouchement.
Mais il est décrié et renvoyé ; pour le moment personne ne sait encore que
les maladies sont transmises par des micro-organismes..
En 1860, Louis Pasteur découvre le premier que ce sont des micro-
organismes, et non l’air, qui sont responsables de la fermentation et des
infections, …et qu’on peut les détruire de différentes manières., grâce notamment aux hypochlorites.
En 1892 Albert Calmette découvrit que le bacille de Koch, responsable de la tuberculose, était détruit
par l’eau de javel. Les applications de l'eau de javel en désinfection se sont développées sous
l’influence de plusieurs collaborateurs de Pasteur, notamment Charles Chamberland.
Aussi, pour limiter la propagation de maladies graves telles le choléra ou le typhus, on les scientifiques
développent des techniques de désinfection de l’eau. Ainsi dès 1902, le chlore fût utilisé pour la
désinfection de l’eau d’Ostende en Belgique ; mais les doses de chlore sont très élevées et l’eau est
imbuvable car elle n’a pas bon goût…
L’expérience se poursuit à Paris en 1911 sans pour autant atteindre les résultats
escomptés.
Il faudra attendre 1916 et la bataille de Verdun pour parfaire le dispositif.
Le Colonel Bunau-Varilla du service des eaux de l'Armée française encerclée,
dans une zone particulièrement vulnérable aux épidémies en raison de la présence
d'une multitude de cadavres dans les cours d'eau, améliora la technique de
potabilisation de l’eau (la verdunisation) grâce à un stock réduit d’eau de javel et
une bonne dose d’imagination, l’eau obtenue étant saine et ayant bon goût.