Carte de Jijel (Gigeri) en 1664.
Appelés à la rescousse par les habitants d'Alger, les frères Arudj Barberousse et Khayr ad-Din Barberousse
débarquent à Jijel en 1514 et font de la ville leur base arrière pour organiser la lutte contre les Espagnols
chrétiens qui avaient occupé par la force plusieurs villes de la cote algérienne, et depuis Jijel , ils recrutèrent les
soldats et préparèrent les munitions et les armées avec lesquels ils libérèrent Béjaia en 1516 puis Alger en 1518
et toutes les autres villes occupées par les Espagnols comme Cherchell et Mostaganem, à l'exception d'Oran.
Et en reconnaissance de l'aide apportée par les jijeliens à l'installation des ottomans en Algérie, ceux-ci leur
accordèrent durant toute la période ottomane en Algérie des privilèges dont ne jouissaient pas les autres
algériens, comme par exemple le privilège de pouvoir porter des armes en ville, qui n'était réservé qu'aux
janissaires et aux jijeliens.
Sous les Ottomans, la ville de Jijel devint un important port pour l'activité corsaire, elle était la ville de
beaucoup de corsaires de renom, connus dans toute la régence d'Alger à l'époque. Elle était rattachée au Beylik
de Constantine, qui représentait le tiers Est de l'Algérie (régence d'Alger), et comptait un grand nombre de
janissaires de l'armée ottomane, souvent originaires d'Europe de l'est, chargés de maintenir l'ordre et de prélever
l'impôt, et dont il existe aujourd'hui encore de nombreux descendants à Jijel, avec des noms de famille à
consonance turque, la ville reçut aussi aux XVIe et début du XVIIe siècles grâce à ses corsaires un certain
nombre de réfugiés musulmans d'Espagne, mais dont on ignore avec précision le nombre et l'impact ethnique et
socio-culturel réel sur la population de la ville.
Durant cette période aussi, l'activité des Marabouts (Mrabtines) connut son rôle le plus important, et la ville
compte de nombreux saints patrons vénérés à ce jour et qui datent de cette époque , comme Sidi Ahmed
Amokrane et Yemma Mezghitane, époque qui fut riche en activité religieuse, spirituelle et mystique, à travers
notamment la forte implication des zaouias dans la société et l'émergence de différents courants religieux
spirituels comme le soufisme et ses différentes "voies" (tariqa) dont la plus connue et pratiquée à Jijel et sa
région était la "Tariqa Rahmaniyya" .
Et en 1664, les français sous Louis XIV tentèrent d'occuper la ville, avec une expédition maritime dirigée par le
Duc de Beaufort, ils y débarquèrent en juillet 1664 avant d'être repoussés par la résistance des habitants de la
ville et de ses environs, et complètement défaits le 31 octobre de la même année, mais seulement la moitié
d'entre eux pourront regagner la France, les autres seront faits prisonniers à Jijel, convertis à l'islam et mélangés
à la population, ou rendus à leurs familles contre une rançon. [6]
Colonisation française (1839-1962)
Le 13 mai 1839, neuf ans après la chute d'Alger , les troupes françaises s'emparèrent de la ville de Jijel. Ils
s'établirent à Dusquens et construisirent le fort Dusquens qui devint plus tard la première CPE ou commune de
plein exercice. Les émissaires de l'Émir Abdelkader bien accueillis, furent suivis par toute la population de la
région. La lutte populaire dura jusqu'à en 1842.
Les insurrections armées reprirent en 1845-1847-1851. Celle de 1851 fut la plus meurtrière.
En 1856, un terrible tremblement de terre frappa Jijel. Seuls deux femmes et trois enfants périrent dans la
catastrophe. La vieille cité marquée par plus de 20 siècles d'histoire fut détruite et sur ses restes fut construit un
port militaire.
La ville de Jijel est intégrée au département de Constantine en 1848 puis érigée en commune en 1860 et de
nombreux colons européens y furent installés par l'administration coloniale française.
Durant la guerre d'indépendance, la ville de Jijel faisait partie de la Wilaya 2 du FLN , et ses maquis abritèrent
le QG de cette wilaya et jouèrent un rôle important durant la guerre, notamment grâce à la densité du couvert
végétal et au relief accidenté de la région.