propose une « théorie expressionniste cohérente du
langage » avec sa notion du « possible » intercalée entre
les formes substancielles et les mots.
Le langage – matériau dont l’Ethique se constitue –
signale aussi son échec.
David Savan, dans son article daté de 1958 – Spinoza
and Language - , estime que, compte tenu de sa
conception du langage, Spinoza lui-même ne pouvait
pas tenir l’Ethique pour une simple exposition de la
vérité. En effet, si les mots ne sont rien d’autre que des
« mouvements corporels », (EII, P.XLIX, S.) s’ils « sont
issus de l’expérience et ne se réfèrent qu’à elle »
(PXVIII, S.), « il ne nous est pas plus possible de
découvrir et d’exprimer la vérité avec des mots qu’il
n’est possible au somnambule de communiquer avec le
monde éveillé. »
Reprenant l’angle d’attaque inauguré par Leo Strauss
dans La persécution et l’art d’écrire (1952), il relève
certaines contradictions apparentes du texte spinozien et
affirme, non sans ironie, que ces contradictions sont
voulues et marquent l’inadéquation fondamentale du
langage à la compréhension et à l’expression du vrai.
Par exemple, à propos de la définition de la substance
« qui est en soi et se conçoit par soi » (EI, Def.III), il
relève que le verbe « être » est à rapprocher du terme
« étant » dénoncé comme un transcendantal dans EII,
P.XL, S, que le terme « concevoir » est un universel