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Chômage et Emploi
Zvi Galor
www.coopgalor.com/french 1997
A. Introduction
L'un des problèmes les plus cruciaux de 1'homme de notre
temps est - entre autres raisons - celui de remploi, dans les
pays développés comme dans ceux en voie de développement.
La majorité des hommes et des femmes, arrivant à l'âge
ils sont capables et en droit de travailler cherchent un
emploi. Mais de trop nombreux parmi eux ne sont pas à même
d'en trouver. Une thèse (IZRAELEWICZ 13/3/93) avance, qu'au
moins pour une partie de 1'Europe occidentale, la source du
problème réside dans le fait que dans 1'économie actuelle,
il n'y a pas de travail pour tous ceux qui en cherchent et
l'offre de remploi est insuffisant. De plus dans les pays
occidentaux, les taux d'intérêt réels sont trop élevés.
L'une des réponses, généralement admise, est que la
croissance économique dans un pays amènera la création
d'emplois et contribuera à la solution du problème du chômage.
Mais il s'avère que tel n'est pas le cas. Il existe des
exemples de croissance économique n'ayant pas amené une
augmentation de 1'emploi. Au contraire, les observations
démontrent qu'en période de poussée du chômage, celui-ci ne
diminue pas comme prévu lorsque la croissance économique
revient. Aujourd'hui, en tout cas d'après Izraelewicz, le
nombre d'économistes estimant qu'une "bonne" macroéconomie
produira le plein emploi s'est restreint. Selon lui, il
s'avère que le travail n'est pas une "denrée" comme les
autres. Son prix - le salaire - n'est pas le seul et simple
résultat de la rencontre de l'offre et de la demande. Le
travail n'est pas un produit souple, le marché du travail
n'est pas parfait, et selon lui, ceci est en
opposition à la théorie de Milton Friedman.
Dans cet article, nous essaierons d'analyser remploi,
ainsi que le chômage, sous ses formes différentes. Nous le
ferons spécialement à la lumière de ce que nous observons
cette dernière décennie dans de nombreux pays, forcés
d'adopter une politique de privatisation et un programme
d'ajustements structurels. Nous essaierons d'analyser le
phénomène du chômage tel qu'il apparaît aujourd'hui dans
les pays industrialisés, et nous analyserons les réactions
de divers organismes non-gouvernementaux au problème du
chômage. Nous consacrerons un chapitre spécial à la façon
dont le problème se pose aux pays en voie de développement, et
aux programmes visant à apporter des solutions. Nous
essaierons également d'analyser les actions et les
réactions des syndicats. Cet article tente d'étudier le
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problème. Si, au cours de cette étude, des idées
apparaissent, menant à de nouvelles possibilités de solutions,
1'effort n'aura pas été vain.
B. Emploi et Chômage
Afin d'ouvrir le débat sur ce sujet, peut-être doit-on
analyser les terminologies de remploi et du chômage.
Dans ce but, nous nous appuierons sur les définitions
proposées par l'Organisation Internationale du Travail -
0.1.T. (DOSS 1988).
L'Organisation Internationale du Travail (0.1 .T. ) définit
l'emploi comme 1'ensemble des personnes au-dessus d'un
certain âge qui, dans une période définie, une semaine ou
un jour, étaient employées dans une des catégories suivantes:
- "L'Emploi salarié"
1. "Au poste de travail": comprend les personnes qui, dans la
période en question, étaient employées et recevaient, en
contrepartie de leur emploi, un salaire pécunier ou son
équivalent.
2. "Salariés, mais non au travail": comprend ceux qui
travaillent déjà, ou qui ont travaillé, et qui sont
officiellement liés à un employeur, même s'ils ne travaillent
pas actuellement à leur poste. Cette situation est dépendante
de:
- La poursuite de la réception du salaire ou traitement.
- L'assurance du retour à remploi après la période convenue.
- La période d'absence ne dépassera pas la période prévue
par la loi,après laquelle remployé devra chercher un nouvel
emploi.
La seconde catégorie d'employés:
-"Les employés indépendants"'
1."Au travail": comprend les personnes qui, pendant la
période en question, effectuent un travail pour s'assurer,
eux-mêmes ou leur famille, d'un bénéfice ou d'un revenu
pécunier, ou de son équivalent.
2. "Dans 1'entreprise, mais pas au travail": comprend les
personnes liées a une entreprise, un commerce, une
exploitation agricole ou un service, et qui temporairement
ne travaillent pas, pour une raison quelconque, dans la
période en question.
La définition explique également que 1'expression "travail
quelconque" se rapporte à un minimum d'une heure de
travail. Les employés en cessation provisoire de travail -
pour raison de maladie ou d'accident, période fériée ou
vacances, grève ou lock-out, congé de formation ou de
perfectionnement professionnel, congé de maternité,
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réduction de 1'activité économique, réduction de 1'activité
pour cause d'intempéries, problèmes mécaniques dans
1'entreprise, manque de matières premières ou de carburant,
ou absence temporaire - sont inclus dans la catégorie des
employés salariés, sous la condition d'un lien
officiel avec 1'entreprise.
La seconde partie de la définition de l'O.I.T. traite du
chômage (DOSS 1988).
Les "chômeurs" sont tous ceux d'un âge défini qui étaient,
pendant une période convenue:
1. "Sans travail", c'est-à-dire non-inclus dans les
définitions ci-dessus d'employés salariés ou indépendants.
2. "Disponibles au travail à tout moment", prêts à accepter
tout travail proposé, comme salariés ou employés indépendants.
3. "En quête de travail" sont ceux ayant pris des mesures
concrètes pendant une période définie afin de chercher
un emploi salarié ou indépendant. Les mesures concrètes
peuvent inclure 1'inscription à un Office de Placement
gouvernemental ou privé, une demande d'embauche dans une
entreprise, la recherche physique d'un emploi, à l'usine
dans(r)(r)
1'agriculture, sur les marchés, dans les lieux publics, par la
presse et en répondant aux offres d'emploi publiées, en
demandant l'aide de la famille et des connaissances, par la
recherche d'une parcelle, d'un domaine ou de constructions
et matériels pouvant permettre la création d'une affaire,
les demandes de crédits, de modes de financement
d'autorisations, etc...
A cette catégorie de chômage et chômeurs, il convient
d'ajouter le sens des termes "chômage visible" et "chômage
invisible".
"Sous-emploi visible":
Ce groupe comprend toutes les personnes dont le manque
d'emploi peut être observé sans difficulté. Y sont inclus
tous les salariés ou employés indépendants, se trouvant à
leur poste de travail ou non, et qui, involontairement,
travaillent moins que le temps normal de travail tel qu'il a
été défini pour le poste en question, qui sont disposés à
fournir un travail supplémentaire dans le temps disponible
et qui en sont capables. Afin d'établir le temps normalisé
des postes, il faut se - rapporter aux conditions en vigueur
dans chaque cas, dans chaque pays et sa législation nationale,
ou dans le cadre des accords collectifs en vigueur.
Le sous-emploi visible semble être caractérisé par trois
éléments convergents:
1. L'élément "temps de travail", ou longueur de la période
de travail.
C'est pourquoi sont inclus dans ce groupe ceux qui travaillent
moins que le temps normalement alloué pour leur travail.
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2. La détermination arbitraire de ce temps. Lorsqu'on
travaille dans une situation de sous-emploi, le temps de
travail est imposé et n'est pas un choix.
3. Sont inclus dans cette catégorie ceux qui cherchent ou
sont capables de chercher un travail supplémentaire pour
remplir le temps normalisé de leur travail.
"Sous-emploi invisible"
Cette situation est caractérisée par un salaire bas des
travailleurs et surtout par une productivité très
basse, bien en dessous des possibilités des travailleurs.
Ceci constitue une sous-utilisation des aptitudes des
travailleurs (DOSS 1988).
Nous reconnaissons que la société a 1'obligation de fournir du
travail à quiconque le cherche dans la mesure de ses
moyens. Du point de vue historique, le terme chômage est
relativement récent, puisque nous ne le rencontrons qu'à la
fin du 19ème siècle. En effet, en 1894, Auguste Keufer, le
fondateur de la C.G.T. en France, demandait dans quelle
mesure c'était l'affaire de l'Etat d'investir du capital afin
de fournir du travail aux chômeurs. Jusqu'en 1945, il n'est
pas fait mention d'une obligation de fournir du travail. Les
chômeurs étaient des travailleurs salariés congédiés par un
employeur. Les femmes n'étaient pas incluses dans cette
catégorie (SALAIS 10/3/93).
A l'heure actuelle, dans une grande partie du monde
occidental, ainsi que dans d'autres parties du monde, la
situation de 1'emploi devient de plus en plus grave. En 1993,
en Europe occidentale, dans les pays de la Communauté
Européenne, il y avait 16 millions de chômeurs, ce qui
représentait 10% de la population active. Mais ce
chiffre est une moyenne. Dans certaines régions, comme
l'Andalousie en Espagne, le sud de l'Italie, y compris la
Sicile, le chômage atteignait 30% de la population active.
En Irlande et dans le nord-ouest de 1'Espagne, le taux de
chômage se situe aux environs de 20%. En ce qui
concerne certaines régions françaises comme la Corse et
d'autres régions, une partie de l'Ecosse, ainsi que
l'ancienne Allemagne de l'Est, le taux de chômage atteint
15%. Seule l'Allemagne Occidentale se trouve au-dessous de la
moyenne avec 7% de chômage (GEOPOLIS 1/5/93).
Le système social selon lequel l'Etat paye aux chômeurs une
allocation de chômage ne fonctionne que depuis le début des
années 60, lorsque le Général de Gaulle créa l'UNEDIC
(Union Nationale pour 1'Emploi Dans l'Industrie et le
Commerce). A cette époque, il n'y avait en France que 113,000
chômeurs, le nombre le plus faible de toute l'Europe.
Par contre, en Angleterre, 1'allocation de chômage fut
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instituée dès 1911, alors qu'en Allemagne une assurance-
chômage a été payée depuis 1927.
Dans les pays d'Europe occidentale, le chômage des dernières
décennies est caractérisé par sa longue durée, c'est-à-dire
par une durée de plus d'une année. En Angleterre, le
gouvernement a justifié 1'augmentation du chômage par sa lutte
contre l'inflation (GEOPOLIS 1/5/93).
Le problème de la crise économique, causant la hausse du
nombre de chômeurs, d'une part, et 1'incapacité des états de
tenir la situation en mains, d'autre part, amenèrent au
début des années 80 une politique d'"ajustements
structurels" destinée à apporter une amélioration de la
situation économique, alors qu'elle engendra, dans la
majorité des pays elle fut adoptée, la récession. Les
pauvres, surtout dans les zones urbaines, perdirent leur
emploi, alors que dans le secteur public ainsi que dans de
nombreuses industries privées, les entreprises voyaient leur S
chiffre d'affaires diminuer. La conséquence fut
1'adoption, dans la mesure du possible, d'une politique
de privatisation de 1'économie nationale, accompagnée d'un
relâchement des contraintes gouvernementales sur la vie
économique. Dans la majorité des cas, les résultats ne furent
pas ceux escomptés, ni du côté du secteur privé, ni du côté
de l'offre.
La dépression était trop profonde, cette décennie-là, et
trop peu de moyens financiers extérieurs furent alloués au
soutien du processus par les organismes internationaux
d'assistance économique (0.1.T. 1993).
A partir de la fin des années 80, une nouvelle politique fut
appliquée dans plusieurs pays, portant le nom: Croissance et
Développement Humain. Cette politique partait en fait du
principe que les problèmes du développement et de remploi
n'ont pas de solutions rapides. De plus, les responsables
politiques essayèrent de ne pas ignorer le facteur social.
La croissance de toute économie dépend de gens en bonne
santé, bien nourris et cultivés. Un facteur supplémentaire -
le plus important - est celui de la participation des gens
eux-mêmes, au coeur même du processus économique. C'est la
reconnaissance d'un consensus national réel comme condition
première de la réussite de tout processus de
développement économique, dans quelque pays que ce soit
(0.1.T. 1933).
B-1 : Les positions keynésiennes face au problème de l’emploi
Avant la Seconde Guerre Mondiale déjà, mais surtout après,
les concepts économiques inspirés par les idées de Keynes se
développèrent. Pendant de nombreuses années, la position
principale reposant sur ses théories était très répandue,
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