Pour conclure, la Russie, ne se considère pas comme en Europe mais elle discute les limites de
l’Europe pour ne pas que l’on empiète sur ses zones d’influence.
c) La Turquie
Souvent humiliée par l’Europe, la Turquie est appelée au XIXe « l’homme malade de
l’Europe ». Déjà, elle est attirée par l’Europe qui incarne la modernité et la prospérité.
En 1989, elle demande à entrer dans la CEE, en 1997 dans l’UE mais sans succès: le premier refus
est justifié par l’instabilité politique et le deuxième en raison du non respect des droits de l’homme
et le contentieux sur Chypre, envahie en 1974.
La Turquie persévère : Lors de la conférence de Helsinki en 1999, elle réitère son acte de
candidature, qui est alors accepté. On lui répond que la Turquie a vocation à être européenne, à
condition qu’elle soit conforme aux critères recquis et qu’elle accepte entre autres les acquis
communautaires. Les négociations officielles commencent en 2005 mais à ce jour, les discussions
n’ont été fructueuses que pour 6 chapitres sur 35, 8 posant un réel problème. Par exemple, la
Turquie refuse encore de s’ouvrir aux Chypriotes.
La Turquie, qui est une marge de l’Europe, a fait le choix de l’occidentalisation. Dès 1923, elle
devient une république, un pays laïque, et, depuis 1934, les femmes ont le droit de vote. On la
retrouve dans toutes les organisations occidentales : en effet, dans tous les domaines, la Turquie
fait le choix de l’Europe : elle est membre du Conseil de l’Europe, première institution
européenne, depuis 1949, de l’OCDE, au niveau économique, de l’OTAN (depuis 1952) au niveau
militaire et de l’OSCE au niveau géopolitique.
La Turquie fait sa première demande d’adhésion en 1959: on lui propose une association en 1963,
laissant ouverte une perspective d’adhésion ultérieure. Il s’agit de renforcer les liens commerciaux
et économiques. En 1995, on crée une union douanière entre l’Europe et la Turquie, sans qu’il
n’y ait toutefois de libre circulation des hommes, des capitaux et des services.
Mais la Grèce, la France, l’Allemagne, l’Autriche sont hostiles à l’entrée de la Turquie. Plusieurs
arguments sont invoqués par les partisants du ‘NON’:
- La Turquie doit surmonter ses relations avec ses voisins :
Elle entretient des relations très amères avec la Grèce, cette dernière faisant preuve de beaucoup
de méfiance vis-à-vis de l’ancien colonisateur.
L’occupation du Nord de Chypre par l’armée turque depuis 1974 pose aussi problème.
Le génocide arménien de 1915-1916 s’ajoute à cette panoplie de problèmes, la Turquie ne le
qualifiant « que » de massacre.
Enfin, les kurdes ne sont pas reconnus comme une minorité.
- 97,4% du territoire turc se situe hors du continent européen.
- Si les Turcs entrent dans l’Europe, ils seront le 2ieme pays le plus peuplé (71 millions
d’habitants) après l’Allemagne. Ce qui est problématique, dans la mesure où le poids
démographique détermine le poids de décision dans les institutions;
- Le fait que la Turquie soit un pays musulman vient ébranler l’identité européenne, cette dernière
reposant en partie sur la religion chrétienne. De plus, depuis Septembre 2001, on craint le choc des
civilisations.
- Enfin, si la Turquie était membre de l’UE, l’Europe aurait des frontières communes avec
l’Arménie, la Géorgie, la Syrie, L’Iran, l’Irak, pays très instables et pays d’immigration.
En dépits de ces nombreux obstacles, la Turquie se montre vraiment désireuse d’intégrer la
communauté européenne.
Recep Erdogan, premier ministre pro-européen de la Turquie le jeu de la démocratie. De plus, il
semble que le régime se stabilise, l’armée, n’ayant pas fait de coup d’État, contrairement à son
habitude.
Ainsi, la canditature turque est au centre des débats car elle pose la question des frontières ultimes
de l’Europe, du projet européen et surtout, de l’identité européenne.
La Turquie vit très mal le projet de partenariat méditerranéen inflexé par la France et l’Allemagne,
car elle y voit une façon détournée de lui refuser l’entrée en Europe.
Ces limites ne dessineraient-elles pas une identité européenne à géométrie variable ?