en banlieue) et à accentuer la crise financière. Les zones villa se transformèrent ainsi en des lieux à
grand taux de chômage, avec une criminalité élevée et peu de services publics efficaces.
Les politiciens populistes, arrivés au pouvoir un peu partout en Europe et aux États-Unis dès
2016-2017, ne parvinrent pas à changer fondamentalement la situation. Les politiques d’austérité et
d’immigration, elles, changèrent un peu : un moratoire sur l’immigration dans les pays de l’Union
européenne fut décidé en 2018, et une véritable zone de la mort avec champs de mines anti-
personnel et mitrailleuses automatiques fut mise en place sur la frontière entre les États-Unis et le
Mexique. Mais ces mesures furent relativement inefficaces, tout comme le protectionnisme douanier
qui ne servit qu’à renchérir le prix des biens importés. En effet, l’Europe et les États-Unis ne
fabriquaient pratiquement plus aucun bien. Le protectionnisme agricole, en revanche, fit beaucoup de
mal à l’agriculture des pays du Sud, qui entrèrent en forte crise. Les guerres civiles très meurtrières
qui éclatèrent au Mexique, en Ethiopie, au Mali, au Sénégal et au Kenya, peuvent directement être
imputées à ces politiques.
En Asie, c’est essentiellement le conflit entre l’Inde et un Pakistan, en proie à une guerre civile
larvée depuis le retrait des forces de l’OTAN d’Afghanistan, qui pesait sur la croissance de la région.
La Chine, très sensible à la stabilité du Moyen-Orient (c’est en Iran, en Asie centrale et dans les pays
du golfe Persique qu’elle s’approvisionnait en pétrole), travailla main dans la main avec les États-Unis
pour soutenir le Pakistan et éviter son effondrement. Ce faisant, elle gardait un œil sur ses armes
nucléaires qui, selon ce que disait un rapport de la CIA, étaient dans un état avancé de décrépitude et
ne pouvaient pas être utilisées. Personne ne voulut savoir si ce rapport disait vrai.
En 2020, il fallut se rendre à l’évidence : l’économie des États-Unis et de l’Europe avait
régressé en moyenne de 20%, un chiffre qui s’élevait à 50% pour les pays les plus touchés. On
appela la période 2008-2020 la « Grande Destruction ». Les économies asiatiques subirent elles aussi
de plein fouet cette longue période de récession, mais grâce à leurs marchés intérieurs, elles purent
au moins garder une certaine stabilité, voire une faible croissance.
Selon les experts, ce déclin économique eut un effet positif sur les émissions de gaz à effet de
serre. Personne ne savait avec certitude si ceux-ci avaient un réel impact sur les changements
climatiques qui se faisaient de plus en plus évidents (inondations du Mississipi/Missouri en 2016,
sécheresse et mousson tardive en Inde en 2017, hiver très rude dans le Nord de l’Europe en 2018,
ouragans dévastateurs en Australie, etc.). Les changements climatiques eurent des conséquences sur
la production de nourriture et de graves crises alimentaires commencèrent à se faire sentir dès 2017.
Des millions de réfugiés s’entassaient dans d’immenses camps de fortune à la frontière des États-
Unis ou aux portes de l’Europe. Le Maroc fut fortement déstabilisé en 2022, notamment par un
attentat contre le roi et par la montée de toutes sortes d’extrémismes parmi les réfugiés africains. On
parla de nouvelles drogues et de nouvelles religions. Le terrorisme, qui avait beaucoup diminué
pendant les années 2010, se réveilla avec une énergie renouvelée, crispant les forces armées
occidentales et asiatiques. L’attaque au gaz Sarin dans le métro de Shanghai poussa la Chine – ou fut
prétexte – à augmenter son intervention au Moyen-Orient aux côtés des États-Unis. Cette coopération
s’accentua en 2022 avec l’intervention en Arabie Saoudite, lorsque, après la chute brutale de sa
production de pétrole, le pays plongea dans une guerre civile meurtrière.
C’est justement autour des ces années 2020 que la production de pétrole, qui avait stagné
entre 2010 et 2020 commença un peu partout à chuter. Avec la pénurie soudaine, le prix du pétrole
flamba. Durant la crise économique des années précédentes, peu d’investissements avaient été faits
dans les énergies renouvelables et avec l’immense dette qui s’accumulait, peu de capitaux étaient
désormais disponibles pour des investissements lourds dans l’infrastructure. Cette pénurie soudaine
de pétrole coïncida avec la forte pénurie d’autres matières premières. Du fait de l’augmentation très
rapide du prix des engrais, la productivité agricole – qui baissait progressivement depuis le début des
années 2010 – s’effondra. Une crise alimentaire gigantesque explosa dans plusieurs pays d’Afrique,
d’Asie centrale et du Moyen-Orient, notamment en Égypte où la population entra dans une période de
famine, qui fut suivie par des violences sanglantes. Des millions de réfugiés se présentèrent à la
frontière d’Israël, ce qui causa une crise grave, qui fut réglée de manière extrême et expéditive par
« l’armée la plus morale du monde ». Des dizaines de millions de réfugiés se déversèrent sur les
plages et les ports de Chypre, de Grèce et de Turquie, ce qui entraîna des troubles très graves,