Introduction

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Introduction:
la ville, toujours synonyme de crise depuis le moyen âge où elle était considérée
comme le lieu de tous les péchés et de la décrépitude humaine, ne commença à être
réhabilitée qu'au XIXème siècle avec, par exemple, la réhabilitation de la ville de Paris par
le baron Haussmann. Mais cette action entraina elle aussi une crise avec l'exclusion des
populations pauvres de la ville intra muros pour les déplacer dans la banlieue parisienne;
ce schéma, repris par presque toutes les villes entraina une crise sociale à laquelle
s'ajouta l'urbanisation qui voyait le milieu rural se vider au profit de la ville de plus en plus
engorgée. Il fallut alors dés 1894 avec la loi Siegfried commencer à construire des
logements sociaux, construits par des organismes aidés par l'État, pour accueillir cette
nouvelle population souvent pauvre, venue en masse: Ces logements furent appelés
Habitats à Bon Marché. Dans le cadre de la Reconstruction d'après guerre, une loi de
1949
transforme les HBM en HLM, les actuelles habitations à loyer modéré, qui
deviendront peu après l'outil principal de l'État pour lutter contre la crise du logement de
l'après-guerre,survenue notamment par l'immigration, au moyen notamment des grands
ensembles et des zones à urbaniser en priorité, habitations construites médiocrement et
sans identité architecturale par urgence et par économie. ceci donna lieu à des barres et
des logements sans vie, malgré quelques expérimentations de grands architectes comme
Le Corbusier ou Tony Garnier. Aujourd'hui donc, l'idée que l'on se fait des logement
sociaux est très péjorative par leur architecture et par leur tissu économico-social souvent
pauvre, et l'État s'attelle donc à changer le paysage architectural de ces logements, en
imposant tout d'abord aux communes, par la loi Solidarité et Renouvellement Urbain votée
en 2000, de consacrer au moins 20% de leurs constructions neuves à des logements
sociaux trop peu présents pour de plus en plus de demandes; en mettant en place des
normes pour une grande qualité de logement, et en faisant appel à de nouveaux
architectes novateurs en la matière par le lancement de concours architecturaux.
Quelles réponses sont donc proposées, au niveau architectural, à la crise du logement
social? Nous verrons que les projets, pour répondre aux demandes qui se font ressentir,
essaient de réhabiliter des logements existants, veulent concilier logements individuels et
collectifs et s'intéressent aux préoccupations environnementales.
I- Réhabilitation des logements
existants
Aujourd'hui, face à la dégradation de plus en plus en forte des logements sociaux,
beaucoup de communes essaient de trouver des solutions rapides et devant être efficaces
pour réhabiliter les quartiers dits "sensibles" : ils vont alors procéder à la destruction
brutale de grands ensembles. Détruire les barres et les tours peut être une bonne solution
à court terme pour redorer le blason de certaines communes dont le tissu économique et
social s'était appauvrie, et cela peut être payant politiquement au niveau des électeurs.
Mais à long terme, le quartier ou les logements sociaux qui ne peuvent pas tous être
détruits et reconstruits feront face aux mêmes problèmes; c'est pour cette raison que
certains architectes proposent non pas de reconstruire mais de réhabiliter un bâtiment
déjà existant, en lui donnant une réelle identité architecturale et en faisant en sorte qu'il
réponde au désir de ses habitants d'avoir une meilleure qualité de vie.
L'exemple de la réhabilitation de la tour Bois-le-Prêtre de 17 étages située dans le
XVIIème arrondissement de Paris est un très bon exemple de cette volonté de recycler un
habitat en l'adaptant au mode de vie actuel. Cette tour construite entre 1959 et 1969 par
Raymond Lopez, très connu pour ses architectures durant la période de Reconstruction, et
déjà réhabilitée dans les années 90, a encore fait l'objet d'un projet de transformation sous
l'impulsion de l'OPAC qui lança en 2005 un concours d'architecture dans le but de montrer
qu'une opération de réhabilitation pouvait se montrer moins onéreuse qu'une démolitionreconstruction. Les organisations architecturales qui ont réussi à faire accepter leur projet
sont Frédéric Druot Architecture et Lacaton et Vassal Architectes qui proposent
d'augmenter la surface des 97 logements en prolongeant de 3 métres les planchers. Ainsi,
chaque logement est étendu sur l'extérieur par un «jardin d'hiver» et un balcon construits
grâce à une charpente métallique extérieure montée à sec, permise par la façade légère
d'origine facilement démontable. Cet épaississement des façades permet aussi de faire
environ 50% d'économie d'énergie en isolant thermiquement les logements.
Nous pouvons donc voir que les architectes du projet essaient de respecter le déjà
existant en prenant en compte les qualités que peut avoir le bâtiment issu des grands
ensembles «genre» pas toujours très bien vu, et aussi les remarques des habitants qui a
d'ailleurs poussé au choix de l'extension par l'extérieur qui évite le déménagement de la
plupart des locataires. De plus cette action de réhabilitation a coûté 100 000 euros par
appartement au lieu de 170 milles euros prévus pour un neuf, montrant ainsi que
économie de coût ne rime pas toujours avec médiocrité architecturale.
Dans cette optique de réhabilitation, d'autres bâtiments ont été réaménagés comme
le bâtiment du marais en 2008 situé dans la rue Turenne qui ne correspondait plus aux
demandes actuelles de logement: ce site comportant un mur aveugle complètement
insalubre entouré d'une étroite bande de terrain d'1,5 mètre sur 25 environs protégée par
un grillage bas propice à l'entassement d'ordures, a été pris en charge par un maitre
d'œuvre de logements sociaux: la SIEMP qui a confié a Chartier-Corbasson architectes le
soin de réaménager ces logements dont la réhabilitation a coûté cher par leur ancienneté
(Fin XVIIIème siècle). Ces architectes ont réussi à construire sur le petit espace vide
disponible un nouvel agencement de balcons renouvelant le genre, puisque les balcons se
retrouvent sur les côtés des logements et non plus sur rue ou sur cour. Le rideau de fer
très contemporain n'est pas destiné à recouvrir la forme du mur pignon d'origine qui reste
encore visible, mais valorise plutôt ce mur.
Pour changer l'image des logements sociaux, d'autres idées sont encore concrétisées
II-
Conciliation
de
logement
individuel et collectif
L'image des logements sociaux est, pour la plupart, celle de bâtiments collectifs,
sans identité, dépersonnalisés, dans lesquels les habitants ne peuvent pas se reconnaître
et où ils ont l'impression de perdre leurs repères. Face à ce malaise, les maitres d'œuvres
essaient d'expérimenter de nouveaux projets qui n'hésitent pas à faire un mélange des
genres entre l'habitat individuel, qui donne à ses habitants un endroit complètement
personnel, et l'habitat collectif propre aux logements sociaux souvent regroupés.
Toujours à Paris, lieu de toutes les expérimentations au niveau des logements sociaux, et
plus précisément, à quelques centaines de mètres de la tour Bois-de Prêtre, un projet de
20 logements sociaux a vu le jour en 2006 à l'initiative du maître d'ouvrage Paris Habitat,
l'OPAC de Paris. Ce projet conduit par l'agence d'architecture Fantastic Stéphane Maupin
est une véritable nouvelle initiative dans la rue Pierre-Rebière où aucune habitation
sociale n'était présente. Ce bâtiment qui entre au sein d'un ensemble de 9 immeubles de
différents architectes, arrive à mettre en place des logements sociaux en plein cœur de
Paris en prenant le parti de réduire la rue de 25 à 12 métres pour permettre d'implanter un
bâtiment entre le trottoir et le cimetière des Batignolles. Le projet, au niveau architectural,
veut symboliser la lente mue du logement social collectif vers le logement social individuel
que l'on avait abandonné après-guerre; cette idée est illustrée par un bâtiment qui revêt à
sa base une façade de béton complètement austère avec des fenêtres sèchement
percées, un socle de béton qui s'échancre en forme de M pour laisser place à une série
de petites terrasses se faisant face et se terminant par des toits en bâtière donnant aux
appartements des allures de maisonnettes. Ce bâtiment avec le socle en forme de
monolithe blanc repoussant et les «maisons» apparentes en haut du bâtiment permet de
proposer une solution alternative à ces deux modes d'habitation classiques en faisant une
sorte d'hybridation des deux genres, qui permet dans le même temps l'appropriation de
son «chez-soi» et l'apprentissage du «vivre ensemble», deux valeurs importantes pour
une meilleure qualité de vie; de plus cette alternative répond aussi problèmes de densité
amenant toujours à la création d'immeubles, par la création d'espaces dans le bâtiment luimême.
D'autres projets tendent à aller plus du côté de l'habitat individuel, tout en gardant
une certaine typologie des habitats collectifs qui est le regroupement des logements.
L'exemple à Serillan prés de Bordeaux de 14 maisons construites de 2002 à 2006 est
pertinent car il veut s'inscrire dans le paysage rural, pavillonnaire des alentours tout en
gardant l'esprit de logements sociaux collectifs. Ces maisons installées sur pilotis par 2,
mélangent espace semi-privé matérialisé par des jardins individualisés et des espaces
aménageables à son grès en dessous des pilotis pour donner une identité à son habitat et
le personnaliser, et espace public. Ces logements individualisés qui donnent l'impression
de coûter plus cher que des immeubles n'ont coûté que 1000 euros le m² pour une
moyenne de 1700 à 2000 euros le m², grâce à l'emploi de matériaux industriels comme
l'acier pour la structure, ou le métal, et la standardisation de la structure.
III-
Les
préoccupations
environnementales
Pour ne pas créer une ségrégation dans l'accès au développement durable, les
maitres d'ouvrage ont mis un point d'honneur à créer de nouveaux logements sociaux
respectant l'environnement, qui soient les plus originaux possibles, pour montrer que ce
genre d'habitat peut aussi être le lieu de projets totalement avants-gardistes. Cette
nouvelle norme, loin de stopper la créativité des architectes, leur permet au contraire de
renouveler
l'architecture
par
de
nouvelles
expérimentations
sur
le
sujet
de
l'environnement.
L'un des projets de logements sociaux à Dunkerque est représentatif de
l'importance du respect de l'environnement dans les nouvelles architectures, car ces
bâtiments qui accompagnent la réhabilitation d'anciennes friches portuaires, sont basées
sur le développement durable qui amène à se préoccuper de la gestion de l'eau et du
recyclage de l'énergie. En effet ces bâtiments, commencés en 2005 font partie de la
construction de tout un quartier urbanisé par l'agence Nicolas Michelin & Associés qui,
essaie de mettre en place une mixité sociale par la construction d'immeubles de toute
typologie, ou d'habitats individuels veut introduire le développement durable dans les
logements sociaux. En effet, les immeubles à galbe, rappelant l'architecture séculaire
flamande construits en béton et parpaing de pouzzolane, avec une façade enveloppé de
métal, de bois est enveloppée de capteurs photovoltaïques, très importants pour une
diminution de la consommation d'énergie. La forme de l'immeuble n'a pas été choisi au
hasard car au sommet des pignons ont été mis en place des hélices qui, mues par le vent,
activent un système de ventilation naturelle des appartements. Cette identité architecturale
ne sert donc pas que d'ornement et permet aussi de récupérer les eaux de pluie aux
noues des constructions, c'est à dire dans l'angle formé par la rencontre des deux pans de
toiture. Ces installations qui pourraient être très économiques à long terme n'ont pas eu
tout de suite l'approbation de l'administration trop réticente à ces innovations, et ne
pourront être mis en place que dans les prochaines constructions, alors même qu'elles ne
coûtent pas plus cher que d'autres construction car elles sont à 1059 euros par m².
A Grenoble, l'on s'essaie aussi à l'économie d'énergie avec le bâtiment de
l'architecte Édouard François appelé Skin Wall,(peau de mur) appellation du au fait que la
façade est recouverte d'une fine membrane posée comme un drap, pour protéger et isoler
le bâtiment d'une manière très simple, plutôt que de l'isoler classiquement avec des
revêtements lourds. Cette démarche qui paraît donc simple a tout de même demandé des
études spécifiques d'un an sur la conformité aux normes. Ce bâtiment, en plus
d'économiser de l'énergie, en produit aussi avec des capteurs solaires, et utilise des
matériaux naturels comme le bois utilisé pour la construction de coursives qui amènent à
des jardins individuels sur le toit.
Conclusion:
Ainsi l'on voit que beaucoup de solutions architecturales sont présentées pour
donner une nouvelle image des logements sociaux autre que celles de barres et de tours
dénuées d'identité architecturales et synonymes de crise sociale, en essayant de
réhabiliter certains logements pour leur donner une identité architecturale, en introduisant
l'habitat individuel, vu comme plus confortable, dans l'habitat collectif, et en faisant des
logements sociaux le lieu d'expérimentations d'habitats s'insérant complètement dans le
développement durable. La cité de l'architecture & du patrimoine a d'ailleurs dédié une
exposition à ces nouveaux logements sociaux: Vers de nouveaux logements sociaux qui
montre donc 16 nouveaux prototypes d'habitats sociaux très originaux et faits par des
architectes très en vogue.
Mais on voit tout de même que malgré quelques efforts pour essayer de pallier à la crise
sociale apparue au sein de ces logements par des réponses architecturales, il n'y a pas de
réponses effectives à ces problèmes actuels puisque cela reste tout de même superficiel
car concentré sur t l'image que doit renvoyer le bâtiment. De plus, ces initiatives restent
marginales puisque ce sont seulement les grandes villes qui peuvent assurer le fort coût
dédié à l'entretien qui les mettent en place; et dans le cas de Paris on voit qu'elle ne
touche même pas aux logements sociaux de banlieue réellement en crise et s'intéresse
plutôt à la réhabilitation de bâtiments situés intra muros
Sources:
Livres:

Vers de nouveaux logements sociaux; Francis Rambert
Visites:

Vers de nouveaux logements sociaux exposition à la Cité de
l'architecture & du patrimoine
Sites:

www.lemoniteur.fr/159-culture/article/actualite/680811-la-cite-de-l-architecture-
expose-le-logement-social-d-avant-garde

http://architecte.blogs.liberation.fr/alberti/2010/01/le-hlm-nouveau-est-
arriv%C3%A9.htm

Http://www.logement.gouv.fr/article.php3?id_article=6781
-
Http://www.citechaillot.fr/exposition/expositions_temporaires.php?id=92
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