Histoire contemporaine de France. La France du 19ème siècle

Histoire contemporaine de France.
La France du 19ème siècle.
Introduction :
- octobre 1813 : le 1er empire est la veille de s’effondrer pour des raisons militaires sous les
coups de la coalition européenne que Napoléon 1er a réussi à dresser contre la France. Cette
coalition européenne comprend l’Autriche, la Prusse, l’Angleterre et la Russie.
L’empereur sent que sa fin politique est proche. Il déclare en octobre 1813 : « après moi la
révolution ou plutôt les idées qui l’ont faite reprendront leur cours, ce sera comme un livre
dont on ôtera le signet en recommençant la lecture à la page où on l’avait laissée. »
Cet aveu sonne comme un constat d’échec : en 1799, quand il avait prit le pouvoir, Bonaparte
avait déclaré aux français : « la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencé, elle
est finie. »
En 1813, il se rend compte qu’il n’a pas tenu sa promesse, que son régime ne s’est pas
profondément implanté, et que le calme politique que la France a connu pendant 15 ans est le
résultat de l’autoritarisme : la poigne de fer. Ce calme n’est qu’illusion.
La prophétie s’est révélée exacte, puisqu’entre 1814 et 1875, la France a été le théâtre de
révolutions, d’insurrections et de troubles répétés.
- en 1830 : révolutions.
- février et juin 1848 : révolutions.
- en 1851 : coup d’Etat sanglant.
- mars 1871 : nouvelle révolution : la Commune de Paris.
- la France du 19ème siècle : pays incapable de trouver une stabilité politique. La France
expérimente deux monarchies constitutionnelles : la Restauration de 1814 à 1830. Et la
monarchie de juillet de 1830 à 1848. Le pays enchaîne sur la 2ème république (de 1848 à 1851).
Puis c’est le deuxième empire (de 1852 à 1870). Ensuite entre 1870 et 1875, la France hésite
entre une Monarchie ou une république. Finalement c’est la troisième république qui
l’emporte en 1875 (république parfaitement républicaine en 1879 alors que les républicains
gagnent les élections.) C’est seulement après la troisième république que la France trouve une
relative stabilité institutionnelle.
Le cycle constitutionnel de 1814 à 1870 rappelle celui qu’on a connu entre 1789 et 1804 :
monarchie constitutionnelle, puis république, puis empire. On peut considérer que la France
refait sa grande révolution, elle met plus longtemps, et c’est moins violent.
Cette instabilité politique est un lien direct avec la révolution de 1789 et l’Empire.
De 1789 à 1804, sont les années qui lèguent un héritage très riche, complexe et parfois
contradictoire. Cet héritage fascine les français du 19ème siècle. « Tyrannie des souvenirs
révolutionnaires » qui s’applique sur le responsable politique comme sur le citoyen. De
nombreux écrits apparaissent, écrits politiques, historiques consacrés à la Révolution. Et les
auteurs sont les grands noms de la classe politique du 19èmes siècle : GUIZOT. THIERS.
TOCQUEVILLE. LAMARTINE. BLANC. Les souvenirs révolutionnaires sont omniprésents.
L’héritage révolutionnaire va diviser les Français. Cet héritage dresse une carte politique de la
France : il existe un clivage majeur entre ceux qui rejettent la révolution et ceux qui
l’admettent.
Ceux qui rejettent la révolution : ce sont les nostalgiques de l’Ancien régime, des
monarchiques restés fidèles aux Bourbons. On les appelle les ULTRAS, ou légitimiste. Ils
sont progressivement minoritaires.
Ceux qui acceptent la révolution : cette catégorie n’est pas homogène. Elle est divisée en deux
courants qui se rattachent chacun à une des périodes de la révolution. Il y a les admirateurs de
1789 attachés au libéralisme (les libéraux). Et qui ne seraient pas contre une monarchie à
condition qu’elle soit modérée, limitée et qu’elle garantisse l’égalité de tous devant la loi.
Mais ils ne veulent pas de démocratie, ils pensent que ce serait trop précipité.
A côté des libéraux, il y a les nostalgiques de 1792, c'est-à-dire des années républicaines et du
projet politique que cette période a pu porter à travers la constitution du 24 juin 1793
(constitution de l’an 1). Rappelons que cette constitution ne fut jamais appliquée, mais qu’elle
était l’idée d’une parfaite démocratie politique, voir même une démocratie sociale.
En gros, à l’intérieur même de la catégorie de personnes qui acceptent la révolution, il y en a
qui serait pour une démocratie absolue, et d’autres pour une monarchie limitée.
Il y a aussi les nostalgiques de la période napoléonienne. Nostalgiques de l’idée de grandeur
de la France.
Ainsi, on voit bien que l’accord est impossible à trouver, entre les partisans de l’ancien régime
et les partisans de la révolution. Toute inclinaison trop forte vers l’ancien régime amènerait
une révolution.
A partir de 1830, il faut trouver une entente entre les héritiers de la révolution. Ça prendra 45
ans pour avoir une république modérée et conservatrice.
Pour les libéraux, la république évoque un cauchemar : tribunaux révolutionnaires,
guillotines… pourtant ils vont progressivement se convertir à la démocratie. Ils considèrent
que cette dernière ne peut être qu’un passage.
Ils ne refont pas la révolution à l’identique, le contexte économique et social a changé, il est
en pleine transformation. En 1789, la France est principalement paysanne. En 1840, la France
connaît son véritable et durable décollage économique. Industrialisation du pays en 1840.
L’entrée de la France dans l’âge industriel s’accompagne de la naissance d’une classe
ouvrière qui va poser de nouveaux défis sociaux et politiques, complètement neufs.
Conséquences politiques de la classe ouvrière : cette classe ouvrière alimente une peur sociale
dans le camp des possédants. C’est la peur sociale qui faire naitre le second empire.
Chapitre 1 : la restauration : 1814-1830.
Ou l’impossible synthèse de l’ancien régime et de la révolution.
La défaite de Napoléon 1er en mars 1814 et son abdication le 6 avril vont ramener les
Bourbons en France après 25 ans d’exil.
La monarchie qui semblait avoir été bannie du pays (après l’exécution de louis 16), la royauté
est en train d’effectuer son grand retour. Le problème majeur pour tout le monde (français,
bourbons, puissances étrangères) est de savoir quel type de monarchie doit être restaurée.
Cette France de 1814 aspire à la paix mais la majorité des habitants sont attachés à quelques
points emblématiques révolutionnaires et surtout à l’égalité.
Les bourbons qui reviennent en France ne peuvent pas nier cette évidence. S’ils veulent
vraiment réimplanter la monarchie en France, ils devront composer avec la société française
née de la révolution et de l’empire.
En 1814, un homme va être chargé de relever le défi, bien qu’il n’est à priori pas le mieux
armé : cet homme c’est le frère cadet de louis 16 : le Comte de Provence dont le nom de règne
est louis 18.
En 1814, louis 18 est déjà âgé, malade, impotent, et impuissant, ainsi il ne pourra pas avoir
d’enfant. A son décès c’est futur Charles 10 qui hérite de la couronne.
Pendant 25 ans, louis 18 a été le chef de la contre révolution.
En juin 1795, la mort du dauphin est connue. Le comte de Provence se proclame louis 18 et
fait connaître son projet politique : « la déclaration de Verone. ».
Ce projet est contre révolutionnaire, il comprend : la restauration monarchique, la
condamnation des régicides (honneur à louis 16, son frère, bien qu’ils ne s’aimaient pas.)
Louis 18 est un pur produit de l’ancien régime qui a pour mission d’enraciner la monarchie en
France, en acceptant l’héritage révolutionnaire sur certains points. C’est une tâche difficile.
Louis 18 réagit intelligemment, ses 10années de règne sont marquées par la modération d’un
monarque qui a compris qu’il ne fallait pas être le roi de deux peuples.
En 1824, c’est son frère cadet qui lui succède : le comte d’Artois dont le nom de règne est
Charles 10.
Charles 10 est un roi partisan, il n’est pas modérateur. Il s’incline nettement vers la
restauration de l’ancien régime. Il déclenchera contre lui une nouvelle révolution en juillet
1830 : la révolution des trois glorieuses des 27, 28, 29 juillet 1830. Cette révolution marque la
fin de la restauration, et plus largement la fin de la monarchie dynastique et légitime.
Section 1 : le règne de louis 18.
1814-1824 : la recherche d’un compromis.
Ce règne voit la mise en place des institutions politiques qui durent jusqu’en 1830 et même un
peu au-delà, car la charte de 1830 n’est jamais que celle de 1814 modifiée.
Ce règne commence en mai 1814. Il n’est pas exempt de vices. Série d’erreurs politiques qui
vont entrainer la nostalgie de la révolution et de l’empire.
Napoléon 1er le comprend très bien, il s’évade de l’ile d’Elbe et fait son retour en France en
mars 1815. Napoléon oblige louis 18 à reprendre le chemin de l’exil pour 3 mois, période des
cent jours (de mars 1815 à juin 1815).
En juin 1815 commence la seconde restauration, et louis 18 montre qu’il a tiré les leçons de
ses erreurs, il va orienter le régime vers davantage de libertés publiques, et cherche à
gouverner avec modération.
Sous section 1 : la 1ère restauration.
Mars 1814 à mars 1815.
En mai 1814 : le retour des Bourbons n’avait rien d’une évidence, il n’était pas souhaité à
l’unanimité, ni par les français, ni par les puissances étrangères.
Louis 18 le sait et il est conscient de la fragilité de sa situation politique. Il doit alors donner
des gages de bonne volonté aux français et aux puissances européennes. Le seul souhait de la
coalition européenne : la France doit se tenir tranquille.
Pour rassurer les uns et les autres, louis 18 promulgue les lois de juin 1814, un nouveau texte
constitutionnel : la charte de 1814. Ce texte restaure une monarchie non absolue et qui tolère
des concessions fondamentales à l’esprit de la révolution.
§1 : les conditions politiques du retour des Bourbons :
Comment le retour des bourbons s’est il effectué ?
Le 31 mars 1814 marque la fin de la campagne de France : défaite de Napoléon, les troupes
étrangères entrent dans Paris.
Le 6 avril 1814, Napoléon 1er abdique en faveur de son fils, le roi de Rome, à Fontainebleau.
Le 6 avril 1814, le Sénat (institution chérie de Napoléon 1er) prononce la déchéance de
l’empereur et fait explicitement appel aux bourbons. Ce sont les institutions françaises qui
réclament le retour des bourbons.
Pourquoi le Sénat a cette attitude ?
On n’ignore pas que l’opinion publique est lassée de l’Empire, et ce en raison des guerres, et
du fait que l’Empire est devenu synonyme de pressions fiscales. De plus l’empire est une
circonscription militaire très lourde. Et les libertés publiques disparaissent avec Fouché.
La Bourgeoisie en particulier, a vu avec une certaine satisfaction la victoire de la paix.
La Noblesse impériale veut conserver ses titres, avantages et biens dont elle est pourvue. Elle
préfère alors la restauration des Bourbons à un nouvel épisode révolutionnaire.
L’élite pense que les Bourbons c’est encore la moins pire des solutions. Donc c’est un accord
fragile, on n’est pas enthousiaste, mais faute de mieux.
Du coté de la coalition européenne, les puissances étrangères sont partagées :
L’Autriche aurait aimé une régence confiée à l’impératrice.
Les trois autres ne sont pas d’accord.
Le Tsar est peu convaincu par les Bourbons, il les trouve obtus.
Les anglais sont plus partisans pour les bourbons, mais ne veulent pas se mouiller pour les
rétablir.
La coalition n’est pas arrêtée sur une décision, donc c’est le vœu du peuple français qui va
l’emporter. Maurice de Talleyrand, ministre des affaires étrangères, le sait. Talleyrand avait
pris contact avec les monarchistes français en mars.
Le 1er avril, il avait mis sur pieds un gouvernement provisoire composé de ses amis et d’un
royaliste : l’abbé de Montesquiu. Talleyrand se pose en interlocuteur de la coalition, il
comprend qu’elle n’a pas d’idée arrêtée, ainsi il joue avec le Sénat pour préparer une
constitution d’esprit libéral dont les dispositions seraient imposées au nouveau roi.
Le 6 avril 1814, le Sénat vote à l’unanimité cette constitution.
Le sénat appelle Louis Stanislas Xavier, comte de Provence (c'est-à-dire futur louis 18), à
monter sur le trône à condition qu’il accepte préalablement ce contrat passé avec la nation que
représente la constitution sénatoriale. La tentative du sénat n’aboutit pas. Louis 18 dit qu’il a
déjà tous les droits du monarque. Louis 18 s’arrête à saint Ouen et prononce la déclaration du
2 mai 1814, dans laquelle il se dit prêt à faire des concessions à la condition qu’elles viennent
de lui et qu’elles soient faite par lui. Il assurait les français qu’il doterait la France d’un
régime représentatif.
Le roi (louis 18) a tenu parole comme en témoigne la nouvelle constitution donnée aux
Français le 4 juin 1814.
§2 : la charte du 4 juin 1814.
Ce texte a été élaboré en à peine un mois, puisqu’il devait entrer en application avant que les
différents souverains de la coalition quitte paris. Leur départ était prévu pour le 5 juin.
Ce texte constitutionnel prend délibérément le nom de charte. Et le choix de ce vocable n’est
pas innocent.
« Charte » : évoque les droits et libertés que les seigneurs du moyen âge avaient pu concéder
aux habitants des villes du 13ème siècle.
Louis 18 préfère le mot charte à celui de constitution. Car le mot constitution renvoie au
vocable révolutionnaire. Le mot charte permet de s’inscrire dans une tradition antérieure à la
révolution. Une tradition propre à la monarchie. Monarchie qui a su d’elle-même limiter ses
droits et pouvoirs.
La charte de 1814 est octroyée, c'est-à-dire donnée par le roi, de son propre mouvement, de sa
seule volonté. Ce n’est pas un contrat avec la nation.
En dépit des apparences, ce texte est un compromis.
Il s’organise en 3 volets : un préambule, un titre 1er : « le droit public des français »
(acceptation pure et simple de l’héritage révolutionnaire en matière de droits individuels), le
texte constitutionnel proprement dit.
A) le préambule de la charte :
Il est destiné aux monarchistes et à leur faire comprendre et admettre les concessions que le
roi s’apprête à faire.
C’est un texte très long, bourré de références historiques plus ou moins fantaisistes qui
s’efforce d’instaurer une fiction : celle de la continuité de la monarchie.
Tout est présenté comme si la révolution n’avait jamais existée.
Louis 18 règne déjà depuis 19 ans, il vient d’être rappelé après une longue absence. « La
divine providence » rappelle que « la monarchie n’a jamais cessée d’exister », mais alors
pourquoi faut-il faire des concessions ? Louis 18 doit justifier les concessions, et ce n’est pas
une tâche évidente. Il trouve une solution dans la réinvention de l’ancien régime. Il justifie les
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