SCMTM
Rapport de mission « les amis du Cameroun »
02 au 05 juillet 2014
Dixième mission à Douala.
1 personne au départ :
Pr DUBOIS Philippe
Départ de Bruxelles (SN Brussels Airlines)
Motivation et organisation du voyage
Faisant (tardivement) suite à nos propositions de 2011 (voir rapport de mission 2011), le Dr C. Njall nous
contacte au printemps 2014 pour solliciter une formation de l’équipe d’anesthésie dont elle a récemment eu la
responsabilité.
Limité dans nos disponibilité à court terme, mais désireux d’y donner suite et d’évaluer la situation actuelle à
l’hôpital Laquintinie avant d’organiser une formation adaptée, un court séjour est organisé début juillet.
Malheureusement, le Dr Njall tombe malade et est en incapacité de travail pendant plusieurs mois, limitant nos
échanges et l’organisation de la mission.
Déjà réservée, vols payés, la mission est maintenue.
Une réservation à l’hôtel Prince de Galles est effectuée, et un Visa touristique obtenu.
Le Pr DUBOIS effectuera le voyage et ses déplacements à Douala de manière autonome.
A l’hôpital Laquintinie, le Pr DUBOIS s’adresse au secrétariat de Direction et entre rapidement en contact avec :
Dr DISSONGO, Directeur
Dr MBANGUE, Conseiller Médical
Et dans le bloc opératoire et service des soins intensifs avec :
Dr NGOUATNA, anesthésiste réanimateur
Dr AMENGLE, anesthésiste réanimateur, arrivé avec son collègue en avril 2014.
Dr BEMA, anesthésiste réanimateur, bien connu de nos missions
Mme BIKAI, major du service des soins intensifs
Mme ?, major des infirmiers anesthésistes
L’accueil est fortuitement facilité (et agrémenté) par la cérémonie de nomination des majors de l’institution,
permettant de rencontrer l’ensemble des personnes concernées au cours du repas donné pour l’occasion.
Une visite du service des soins intensifs et du quartier opératoire est aisément organisée, ainsi que quelques
réunions de travail avec les responsables des services.
Hôpital Laquintinie en juillet 2014 (saison des pluies)
Bloc opératoire
Le grand bloc est toujours hors service. Les travaux de réfection sont en cours (toit ok, carrelage en attente).
Nouveaux scialytiques installés, nouveaux lavabos (non raccordés), 3 autoclaves de stérilisation (donation
Maasstad 2012 ?, 1 seul est encore opérationnel), climatiseurs, circuit O2 et électricité à vérifier,…
Deux salles d’opération, adjacentes aux urgences, servent encore de manière provisoire…depuis 2009.
L’activité chirurgicale y reste limitée (60-80 interventions par mois, urgences comprises).
Le matériel d’anesthésie est rare et limite hors d’usage. N’est en général utilisée (en ventilation manuelle ou
spontanée) que la plus vieille table d’anesthésie, vaporisateur halothane, sans chaux sodée, avec de nombreuses
fuites. Un seul monitoring (ECG, TA non invasive, pulse oximètre) est partagé entre les deux salles d’opérations
et les USI. Les manipulations indélicates et transports fréquents auront bientôt raison de lui…
Des discussions tenues avec les anesthésistes ressortent
Un besoin criant d’investissement en matériel de base pour permettre la réalisation d’anesthésie
générale (circuit manuel/spontané, vaporisateur halothane-isoflurane, chaux sodée, respirateur simple).
Du matériel disposable spécifique est difficile à trouver (sondes trachéales pédiatriques par exemple).
Les drogues sont achetées par les patients, avec une grande variabilité -inopportune.
Un usage régulier (et satisfaisant) de la rachianesthésie (aiguilles 22-24 G)
Absence de réalisation de blocs nerveux périphériques. Pas de stimulateur nerveux. Pourtant, les deux
nouveaux anesthésistes connaissent ces techniques.
Cathéters périduraux placés dans de rares indications, bolus postopératoires intermittents.
Difficultés majeures dans la prise en charge des patients pédiatriques, surtout les plus petits. Du
matériel inadapté, un manque de formation, et une prise en charge postopératoire insuffisante
concourent à une mortalité importante.
Soins intensifs adultes
Le service est bien tenu, propre et rangé. A ce titre, il mérita le diplôme d’excellence du meilleur service de
l’hôpital en 2013.
Le personnel est présent au chevet des patients (AVC, sepsis, choc hémorragique,…).
De nombreux appareils biomédicaux sont présents dans le service, mais aucun n’est utilisé :
2 Respirateurs Siemens (dont un semble fonctionner)
1 Respirateur Drager Evita (fonctionne mais manque un piège à eau)
1 analyseur de gaz sanguins (disposables périmés)
Monitorings ECG-TA-oximètre à de nombreux postes, mais non connectés aux patients.
Pousse-seringues
Une défectuosité des appareils est systématiquement invoquée pour justifier leur non utilisation. Mais la raison
exacte de panne est rarement connue, et non répertoriée. Un local rassemble de nombreux appareils hors
d’usage. Le service de maintenance ne semble pas donner satisfaction, ni pour le diagnostic ni pour la réparation
de ces appareils. Au-delà de ces problèmes techniques, il semble que le personnel ne soit pas habitué ni confiant
à l’usage des monitorings et des respirateurs, n’accordant que des soins de base aux patients (perfusion
périphérique, oxygène).
L’infrastructure se détériore progressivement. De nombreuses prises électriques, d’alimentation en oxygène ou
d’air comprimé ne sont plus fonctionnelles limitant encore l’utilisation des appareils du service.
Actions à venir
Le développement effectif et durable de l’anesthésie réanimation à l’hôpital Laquintinie me semble dépendre
d’un indissociable triple engagement :
1. l’institution doit procurer aux médecins et infirmiers du service du matériel adapté à la pratique de leur
spécialité. En particulier, un respirateur équipé de vaporisateur (permettant l’usage de sévoflurane ou
d’halothane pour les inductions pédiatriques) et un monitoring de base (ECG, tension non-invasive et
pulse oximètre) doivent être disponibles dans chaque salle où se réalise des anesthésies générales.
2. Un service de maintenance compétent doit être disponible au moindre appel pour détecter et réparer la
plupart des pannes pouvant survenir au cours de l’usage courant des appareils électroniques.
3. Le personnel médical et infirmier doit lui-même acquérir les compétences nécessaires à l’utilisation
adéquate de ce matériel spécialisé, comme à l’interprétation des données qu’il procure. Un soin attentif
doit être porté à son utilisation quotidienne pour prévenir tout dommage.
Dans le respect de cette perspective, et comme rappelé dans nos rapports précédents, l’asbl SCMTM resterait
disponible pour proposer au personnel de l’hôpital Laquintinie des formations spécifiques, tant à Douala qu’en
Belgique (CHU Dinant Godinne) le cas échéant. Compte-tenu de la situation actuelle, nous encourageons
préférentiellement :
La formation continue des médecins et infirmiers des soins intensifs à la prise en charge du patient
intubé et sédaté (ventilation mécanique, sédation IV continue, soins infirmiers au patient intubé,…).
La formation des infirmiers anesthésistes à l’utilisation de matériel d’anesthésie adap, qui devrait
précéder toute volonté de développement du bloc opératoire. En particulier, une formation à la prise en
charge des petits enfants n’aurait de sens que si elle était proposée conjointement aux médecins et
infirmiers pédiatres, anesthésistes et réanimateurs pédiatriques, avec du matériel spécifiquement
dédicacé à ces patients fragiles.
Un biotechnicien belge reste disposé à se rendre à Douala, après avoir accueillit à Mont-Godinne un de
ses homologues camerounais et définit ensemble une formation adaptée à ses propres connaissances et
aux besoins spécifiques de l’hôpital Laquintinie. Le choix de la personne (et son niveau de compétence
préalable) est cependant crucial pour la faisabilité et la pérennité du projet !
Vous remerciant pour votre accueil, et l’intérêt que vous porterez à nos propositions concrètes, le choix et
l’initiative des éventuelles futures missions reviennent à la Direction de l’hôpital Laquintinie.
Pr Dubois Philippe
Président SCMTM
Responsable de la mission « Les amis du Cameroun »
Solidarité et Coopération Médicale au Tiers-Monde
CHU Dinant Godinne
Avenue Therasse, 1
5530 Yvoir
Belgique
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