Cette année-là il va exercer le pouvoir en France. Il va devenir empereur
des Français. Et voilà que dès le début de son règne, il considère l’Algérie
comme un boulet. Une entrave à la marche de la France, dans la nouvelle
page historique qu’il voudrait écrire. Pourquoi un boulet ? Parce que
l’Algérie c’est immense. L’Algérie c’est pourtant la base nord-africaine
d’une possible imprégnation européenne qui exercerait ses effets sur un
gigantesque continent. Un continent que l’on ne connaît pas. L’Afrique.
- en 1852 :
il déclare : « L’Algérie est un Royaume Arabe que la France doit
assimiler ». Arrivé à ce point de notre développement, je dois marquer un
temps d’arrêt. Et je m’interroge :
« Ca veut dire quoi ? Quels sont les mots importants de cette phrase ?
Est-ce le verbe assimiler ? Est-ce le mot Royaume ? Est-ce l’adjectif
arabe ? »
Sans aucun doute possible c’est l’adjectif « arabe » qui confère toute sa
richesse philosophique à ce propos.
Lorsqu’il utilise cet adjectif, Napoléon III avait été certainement instruit
par son entourage. Peut-être par des militaires engagés dans les
campagnes permanentes qui se déroulaient en Algérie. Cette gigantesque
terre, étendue de la Méditerranée à l’Afrique sud-saharienne dans le sens
nord-sud, est en effet une terre qui, ethniquement parlant, n’a rien d’arabe.
Elle n’est pas arabe. Or, Napoléon III déclare cependant : « L’Algérie est
un Royaume arabe que la France doit assimiler ».
C’est tout ce qu’il dit et qui ne veut rien dire d’autre que ce qu’il exprime.
Napoléon III a compris. Il a compris que ce qui fait TOUTE LA
COMPLEXITE DE L’ALGERIE est lié à la PHENOMENOLOGIE
ARABE. C’est-à-dire à la représentation à la fois idéalisée, schématique
parfois, à la représentation intellectuelle du monde arabe que se font ceux
qui s’intéressent à lui. Sans être particulièrement disciple du philosophe
allemand Kant, osons dire que les spécialistes de l’arabisme, à cette
époque, ne semblent pas s’être intéressés à la signification réelle du terme
arabe. A sa « chose-en-soi », à son « NOUMĔNE » aurait dit certainement
Kant.
« Mais sors donc vite de ton délire kantien et explique-toi plus
clairement ! » me dit-on de toute part, sur un ton dépourvu de la plus
petite aménité.
Je vais donc m’expliquer.
Pour cela, il nous faut revenir au point de départ. C’est-à-dire au message
du prophète de la Mecque et de Médine.
Mohamed, dans une grotte du Hedjaz, est destinataire d’un message divin
que lui transmet un agent de liaison de grand luxe, Djébril. L’archange
Gabriel. Donc, pas n’importe qui, s’il vous plaît !