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Jeudi 31 mars 2016
AMBASSADE DE FRANCE EN BULGARIE
LA PRESSE BULGARE 4149
La grève
Les médecins traitants protestent contre la
politique de santé
Les ripoux
Deux policiers trafiquants de stupéfiants
arrêtés à Sofia
La communication
règnent les « spécialistes de la
com », la liberté de la presse est le grand
absent
Cette revue de presse, qui ne prétend pas à lexhaustivité, se
limite à présenter des éléments publiés dans les médias bulgares.
Elle ne reflète en aucun cas la position de lambassade ou du
gouvernement français.
© Tous droits de diffusion et de reproduction de cette revue de
presse sont réservés à lAmbassade de France en Bulgarie
La grève
Les médecins traitants protestent contre la
politique de santé
Depuis lundi dernier, les médecins traitants
sont en grève dans plusieurs régions
bulgares. Hier, les protestations ont gagné
nombre de grandes villes dont Bourgas,
Dobritch, Khaskovo, Pleven, Sandanski,
Silistra, Stara Zagora, Targovichté, Vidin,
ainsi que la région de Sofia. Aujourd’hui,
les médecins de Sofia, Plovdiv et Varna
ont arrêté leur travail pour quelques heures.
Le chaos régnant dans la réglementation de
la médecine de ville augmente non
seulement la charge de travail des
médecins, mais les expose constamment à
des confrontations avec leurs patients. La
goutte qui a fait déborder le vase est
l’entrée en vigueur de dispositions
nouvelles qui, bien qu’encore non publiées,
sont censées être appliquées à partir du 1er
avril. Le ministère a fait depuis marche
arrière en ajournant les changements pour
2017.
Hier, deux rencontres ont eu lieu entre les
protestataires et le ministre de la santé. Un
consensus a été atteint sur à peine 4 des 19
revendications formulées, mais rien n’a été
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consigné par écrit. Parmi les problèmes les
plus difficiles à gler figurent la durée
minimum d’une consultation chez le
médecin traitant (15 minutes selon
l’assurance-maladie, mais selon les
médecins c’est souvent trop), l’obligation
d’informer le patient sur les médicaments
les moins chers ou complètement gratuits,
la réduction de la paperasse (nombre de
copies délivrées par le médecin), etc.
En outre, la grande question du
financement par l’assurance-maladie de la
médecine de ville reste entière. A la veille
des protestations, le ministère de la santé
ne prévoyait qu’une modeste augmentation
de 2 millions de leva par rapport à 2015, le
budget des soins paramédicaux étant de
180 millions de leva et celui de
l’assurance-maladie de 3,2 milliards de
leva. Face au mécontentement généralisé
des médecins, l’augmentation prévue pour
2016 a été réajustée à 13 millions de leva.
En outre, sous la pression, le ministère a
consenti à augmenter de 158 000 le
nombre des consultations gratuites pour les
enfants (une consultation tous les mois
pour les bébés et une seule par an pour les
enfants en bas âge).
Dans une déclaration rendue publique
aujourd’hui, l’Union bulgare des médecins
(UBM) appelle tous les médecins à une
manifestation nationale le 6 avril, devant le
Conseil des ministres, et à la suspension
dans les hôpitaux des soins à caractère non
urgent « en raison des règles confuses
d’évaluation et de rémunération du travail
des médecins ».
Pour l’instant, l’ordre des médecins ne
demande pas la démission du ministre de la
santé. Selon le président de l’UBM,
Ventsislav Grozev, « une démission ne
résoudra pas les problèmes. En revanche,
les excuses que le ministre doit aux
médecins sont une chose qui s’impose
entre collègues ».
Sega critique le ministre de la santé pour la
mise en place chaotique des réformes et
pour sa dernière décision de les reporter à
2017 (séparation des soins en deux
paquets, introduction de l’empreinte
digitale du patient en tant que moyen
d’identification, modification des
modalités de remboursement des
médicaments, etc.) « Le seul changement
qu’on verra mis en œuvre à partir du 1er
avril, c’est l’introduction de la cartographie
nationale des lits d’hôpital, quoique la
carte hospitalière ait subi elle aussi
plusieurs métamorphoses, de sorte que le
nombre des lits et des unités à supprimer a
été sensiblement réduit. Tout le reste ‘sera
ajourné’. Une façon de dire ‘échouera’.
Après tous les menaces, sermons et
promesses prodigués par lui, le ministre
Moskov a échoué. Une fois encore, il n’y
aura aucun changement réel », conclut
avec amertume Sega.
Les ripoux
Deux policiers trafiquants de stupéfiants
arrêtés à Sofia
« Sous prétexte d’avoir trouvé de la drogue
dans une chambre d’étudiant à la cité
universitaire deux flics arrêtent un
étudiant, le harcèlent, le rackettent pour
enfin parvenir à le contraindre à devenir
leur dealer de drogue, trouver des filles qui
vendent de la drogue et se prostituent à la
fois. A la suite d’un signalement adressé
au parquet par le malheureux étudiant, les
bœuf-carottes lancent une enquête qui
aboutit quelques mois plus tard à
l’arrestation des flics. L’un essaie de
s’enfuir en tirant sur ces collègues. Il sera
accusé d’avoir demandé des dessous-de-
table en abusant de sa fonction, alors que
son complice - de vente et de distribution
de stupéfiants.»
Non, il ne s’agit pas de la synopsis d’un
film américain. Il s’agit bien d’une histoire
réelle qui s’est déroulée en Bulgarie. Les
héros en sont des policiers du 7ème
commissariat de police de Sofia relevant de
la direction de la sécurité publique. « Ils
n’ont pas agi ensemble en tant qu’une
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association de malfaiteurs. Ils géraient
différents quartiers et se faisaient même la
concurrence en se dénonçant », a déclaré
Pavlin Kodjahristov, directeur adjoint de la
Sécurité intérieure au ministère de
l’intérieur (le service qui enquête sur des
faits commis par des fonctionnaires des
différents services de ce ministère) à la
conférence de presse conjointe du
ministère de l’intérieur et du parquet.
Roumiana Arnaoudova, porte-parole du
parquet, a précisé que les écoutes mises en
place par la direction de la sécurité
intérieure ont permis d’établir que Bojidar
Milev, 24 ans, qui a été le premier à avoir
racketté l’étudiant, lui avait présenté plus
tard son collègue Nikolaï Apostolov, 30
ans, « un ami qui contrôle la distribution de
stupéfiants dans le quartier du théâtre
national et qui travaille pour Zlatomir
Ivanov-le-Commando et Dimitar Jeliazkov
les - Yeux ».
Gueorgui Kostov, secrétaire général du
ministère de l’intérieur, a confirmé que les
policiers sont effectivement impliqués dans
un réseau criminel de trafic de stupéfiants
en précisant qu’il s’agit tout de même de «
policiers qui ont travaillé au plus bas
niveau de la hiérarchie de la direction de la
sécurité publique, qui jusqu’à maintenant
n’ont rien eu à voir avec les enquêtes
relatives au business de stupéfiants. Ils ont
participé à ce business ».
« Le problème de la participation du plus
bas niveau de la police au trafic de
stupéfiants est un vieux sujet. Ce n’est pas
la première fois que la direction de la
sécurité intérieure fait face à des dealers en
tenue. Le problème le plus important se
situe aux plus hauts échelons du ministère
de l’intérieur qui dissimulent la distribution
des stupéfiants », considère Tihomir
Bezlov, analyste au Centre d’études de la
démocratie, dans une analyse intitulée «
Les stupéfiants sous les épaulettes : il est
grand temps de s’attaquer aux plus hauts
échelons des policiers mafieux ».
M. Bezlov rappelle qu’on a constaté lors de
la publication de la carte de la distribution
des stupéfiants à Sofia que celle-ci
correspondait à la carte des commissariats
de police à Sofia : les chefs des
commissariats de police de Sofia
coïncidaient avec les leaders des
différentes bandes de trafic de stupéfiant.
Ce phénomène de contrôle et de
coïncidence, cas unique dans l’histoire
mondiale de la criminologie, a cessé
d’exister en 2009. Entretemps, beaucoup
de leaders de réseaux de trafics de
stupéfiants et de dealers, connus sous leurs
alias surtout pour éviter les problèmes
juridiques, ont été tués ou mis en prison.
La situation a ainsi évolué car les
différentes directions politiques et
professionnelles du ministère de l’intérieur
ont essayé de limiter l’influence de la
mafia des stupéfiants au sein du ministère.
Au prix de recours à des méthodes internes
consistant à révoquer les policiers sans trop
de bruit. En outre, les programmes de soins
à la méthadone ont diminué l’importance
de la distribution d’héroïne qui constitue
le soubassement du trafic de stupéfiants,
souligne M. Bezlov.
Des opérations comme celle qui a abouti à
l’arrestation des deux dealers en tenue ont
un effet positif. D’une part, le ministère de
l’intérieur se met à révéler des délits
commis par ses fonctionnaires tout en
assumant le risque de voir les criminels
tirer sur leurs collègues. De plus, de telles
opérations ont en général un caractère
dissuasif à l’égard d’autres policiers qui
sont impliqués dans des trafics. Cette
tendance positive impliquerait qu’on
s’attaque à des policiers des plus hauts
échelons. Certes, ceux-ci sont plus
expérimentés et connaissent les méthodes
d’enquête dont ils pourraient faire l’objet,
ce qui complique la tâche des enquêteurs. «
La situation en Bulgarie, selon mes
interlocuteurs américains et britanniques,
est comme chez eux il y a 20-30 ans »,
souligne l’analyste. « Des pouvoirs
4/5
exceptionnels ont été attribués aux services
d’enquête homologues à la direction de la
sécurité intérieure du ministère de
l’intérieur si bien que les choses ont
changé », explique Tihomir Bezlov. Mais il
y aura toujours un pourcentage de policiers
qui céderont à la pression.
La publicité des opérations contre la
corruption policière est un sujet
controversé dans les pays d’Europe
occidentale dans la mesure celle-ci est
sensée éroder la confiance dans les forces
de l’ordre. Son rôle dissuasif est cependant
souligné par les défenseurs de la thèse
contraire. En Bulgarie, il est difficile de
l’éviter car ce sont les collègues des
policiers arrêtés qui vont eux-mêmes
informer leurs amis journalistes, conclut
Tihomir Bezlov. (tous journaux,
mediapool.bg)
La communication
Là où règnent les « spécialistes de la
com », la liberté de la presse est le grand
absent
Dans les pages de Sega, le journaliste
Svetoslav Spassov s’indigne des multiples
difficultés savamment dressées par les
spécialistes d’une certaine forme de
« communication » qui n’ont d’autre but
que d’empêcher l’accès des journalistes à
l’information.
Sur le plateau de Nova TV (voir notre
revue du 22 mars), le premier ministre
avait récemment déclaré qu’en Bulgarie, il
n’y avait pas de politiciens corrompus et
que le pays surpassait la Roumanie sur tous
les critères. Ou encore que ni lui, ni le
GERB n’avaient rien contre les médias,
voire contre les critiques des médias
d’opposition. « Quelle que question que
vous me posiez, je n’ai aucun problème
pour vous répondre », avait-il déclaré à
Nova TV. Si M. Borissov s’illusionne sur la
disposition du plus grand parti bulgare à
laisser libre champ aux médias de faire leur
travail, il est grand temps que quelqu’un lui
ouvre les yeux, observe M. Spassov.
M. Borissov, lui-même, est passé maître en
matière de communication. Un jour, peut-
être, on étudiera son talent à esquiver les
questions embarrassantes en orientant
l’entretien vers les autoroutes, les milliards
recouvrés par le fisc, les filières criminelles
démantelées... Mais son parti reste
enchaîné par un ordre hiérarchique strict
dans ses relations avec la presse. Par
exemple, les 84 députés du groupe
parlementaire doivent recevoir au préalable
la permission du service de communication
du GERB (et non de M. Tsvetan
Tsvetanov, ni de son adjointe à la tête du
groupe) s’ils veulent s’exprimer devant les
médias. Il ne manque pas de cas comiques
le député X consent à donner une
interview sur une question qui lui tient à
cœur et, quelques minutes après, le
journaliste se voit contacter par le service
de presse qui veut annuler le rendez-vous :
soit M. le député est trop pris, soit ce n’est
pas le bon moment.
Le spécialiste de la communication est
celui qui décide de qui s’exprime, quand et
devant quels médias. En Bulgarie, il n’est
presque pas possible d’interviewer un
leader politique sans que le service de
presse n’examine les questions ou ne
coordonne les réponses. Le GERB, le
MDL et d’autres partis politiques
appliquent fidèlement cette règle. Seules
exceptions : le Front patriotique, le quota
citoyen du Bloc réformateur et deux non-
inscrits, Gueorgui Kadiev et Velizar
Entchev. Après avoir interviewé la
personnalité politique, le journaliste doit
envoyer, avant de procéder à la
publication, les réponses. Ce qu’il reçoit
ensuite, c’est son travail complètement
refait : parfois non seulement les réponses
sont réécrites, mais aussi les questions !
Des batailles titanesques se livrent entre les
chargés de communication et les rédactions
des journaux sur la photo de la personnalité
à mettre ou le titre à retenir.
5/5
Dans les médias audiovisuels, le journaliste
est censé se borner aux questions
préalablement établies (le plus souvent
schématiques) et surtout ne pas répliquer.
Sinon, l’invité ne mettra plus les pieds chez
lui !
Le soir, à la télévision, les spectateurs
voient un ministre ou un chef de groupe
parlementaire sur lequel sont braqués
d’innombrables microphones. Mais il n’y a
qu’un ou deux journalistes qui posent une
question sensée, les autres ne font que
prendre des notes passivement.
Lorsque M. Borissov affirme que personne
dans son parti ne crée d’obstacles aux
médias, il faut lui rappeler la loi sur l’accès
à l’information publique. Ce texte, plein
d’embûches, prévoit par exemple que
l’autorité questionnée peut répondre dans
un délai de quatorze ( !) jours à compter de
l’enregistrement de la demande
d’information. Un délai rarement respecté
et cela, pour des informations qui en
principe doivent être accessibles au public.
Que gagnent les gouvernants de cette
obsession à contrôler l’information ? Rien.
L’absence d’information crée un terrain
propice aux rumeurs et aux intrigues.
D’autre part, même les campagnes de
presse les plus dirigistes (sur la taxe
« week-end », les vignettes pour les
véhicules, etc.) ont tourné court devant
l’indignation et la défiance des citoyens. Et
que dire de la réforme judiciaire ? Il n’y a
pas un seul citoyen qui n’en soit informé.
Alors pourquoi le GERB ne veut-il plus en
parler, ni entendre des critiques ? (Sega)
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