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association de malfaiteurs. Ils géraient
différents quartiers et se faisaient même la
concurrence en se dénonçant », a déclaré
Pavlin Kodjahristov, directeur adjoint de la
Sécurité intérieure au ministère de
l’intérieur (le service qui enquête sur des
faits commis par des fonctionnaires des
différents services de ce ministère) à la
conférence de presse conjointe du
ministère de l’intérieur et du parquet.
Roumiana Arnaoudova, porte-parole du
parquet, a précisé que les écoutes mises en
place par la direction de la sécurité
intérieure ont permis d’établir que Bojidar
Milev, 24 ans, qui a été le premier à avoir
racketté l’étudiant, lui avait présenté plus
tard son collègue Nikolaï Apostolov, 30
ans, « un ami qui contrôle la distribution de
stupéfiants dans le quartier du théâtre
national et qui travaille pour Zlatomir
Ivanov-le-Commando et Dimitar Jeliazkov
– les - Yeux ».
Gueorgui Kostov, secrétaire général du
ministère de l’intérieur, a confirmé que les
policiers sont effectivement impliqués dans
un réseau criminel de trafic de stupéfiants
en précisant qu’il s’agit tout de même de «
policiers qui ont travaillé au plus bas
niveau de la hiérarchie de la direction de la
sécurité publique, qui jusqu’à maintenant
n’ont rien eu à voir avec les enquêtes
relatives au business de stupéfiants. Ils ont
participé à ce business ».
« Le problème de la participation du plus
bas niveau de la police au trafic de
stupéfiants est un vieux sujet. Ce n’est pas
la première fois que la direction de la
sécurité intérieure fait face à des dealers en
tenue. Le problème le plus important se
situe aux plus hauts échelons du ministère
de l’intérieur qui dissimulent la distribution
des stupéfiants », considère Tihomir
Bezlov, analyste au Centre d’études de la
démocratie, dans une analyse intitulée «
Les stupéfiants sous les épaulettes : il est
grand temps de s’attaquer aux plus hauts
échelons des policiers mafieux ».
M. Bezlov rappelle qu’on a constaté lors de
la publication de la carte de la distribution
des stupéfiants à Sofia que celle-ci
correspondait à la carte des commissariats
de police à Sofia : les chefs des
commissariats de police de Sofia
coïncidaient avec les leaders des
différentes bandes de trafic de stupéfiant.
Ce phénomène de contrôle et de
coïncidence, cas unique dans l’histoire
mondiale de la criminologie, a cessé
d’exister en 2009. Entretemps, beaucoup
de leaders de réseaux de trafics de
stupéfiants et de dealers, connus sous leurs
alias surtout pour éviter les problèmes
juridiques, ont été tués ou mis en prison.
La situation a ainsi évolué car les
différentes directions politiques et
professionnelles du ministère de l’intérieur
ont essayé de limiter l’influence de la
mafia des stupéfiants au sein du ministère.
Au prix de recours à des méthodes internes
consistant à révoquer les policiers sans trop
de bruit. En outre, les programmes de soins
à la méthadone ont diminué l’importance
de la distribution d’héroïne qui constitue
le soubassement du trafic de stupéfiants,
souligne M. Bezlov.
Des opérations comme celle qui a abouti à
l’arrestation des deux dealers en tenue ont
un effet positif. D’une part, le ministère de
l’intérieur se met à révéler des délits
commis par ses fonctionnaires tout en
assumant le risque de voir les criminels
tirer sur leurs collègues. De plus, de telles
opérations ont en général un caractère
dissuasif à l’égard d’autres policiers qui
sont impliqués dans des trafics. Cette
tendance positive impliquerait qu’on
s’attaque à des policiers des plus hauts
échelons. Certes, ceux-ci sont plus
expérimentés et connaissent les méthodes
d’enquête dont ils pourraient faire l’objet,
ce qui complique la tâche des enquêteurs. «
La situation en Bulgarie, selon mes
interlocuteurs américains et britanniques,
est comme chez eux il y a 20-30 ans »,
souligne l’analyste. « Des pouvoirs