Est-on certain de l'effet anticancer des fruits et légumes ?
Absolument. Les études de population le démontrent clairement : les gens qui
mangent beaucoup de fruits et de légumes, en Asie notamment, souffrent beaucoup
moins de cancer. Ceux qui vivent le plus longtemps sont les Crétois et les habitants
de l'île d'Okinawa, au Japon, dont l'alimentation regorge de fruits, légumes et
légumineuses. De plus, les expériences en laboratoire s'avèrent concluantes. Plus
précisément : certains végétaux réduisent les risques de cancer - par exemple, les
crucifères (la famille du chou) bloquent la formation des œstrogènes associés au
cancer du sein. Mais c'est la combinaison de molécules végétales différentes qui
exerce un effet protecteur. Cela suppose un menu varié.
Certaines personnes mangent des fruits et des légumes à la tonne et
développent néanmoins un cancer. Pourquoi ?
Il y aura toujours des gens hypersensibles, désavantagés par leur bagage génétique
– le cancer frappe des enfants de trois ans, un non-sens ! Inversement, on connaît
tous des abonnés au fast-food qui ne font pas d'exercice, fument comme des
pompiers... et sont en forme à 82 ans. Il faut regarder les statistiques. Une
alimentation saine permet de mettre toutes les chances de son côté.
Donc, on en revient au Guide alimentaire canadien, qui recommande de 8 à
10 portions de fruits et légumes chaque jour...
Je le recommande aussi, mais pas pour les raisons invoquées dans le Guide, qui ne
parle que de vitamines et de fibres. Vitamines et fibres ne forment qu'une infime
minorité des composés bénéfiques des fruits et des légumes. En fait, il y a au moins
30 000 substances qui protègent contre le cancer et diverses maladies : lycopène de
la tomate, sulforaphane du brocoli... À cause de leur alimentation déficiente, la
majorité des Nord-Américains ne profitent pas de ces substances salutaires. C'est
une première dans l'histoire de l'humanité.
Une première dans l'histoire de l'humanité ? Que voulez-vous dire ?
L'être humain a évolué grâce aux femmes qui, par la cueillette, ont choisi les
produits de la nature bénéfiques pour leurs enfants. Très tôt dans l'histoire de
l'évolution, les femmes ont décidé que les pommes, les patates et le céleri étaient
comestibles. Elles ont procédé par tâtonnements, pendant des milliers d'années.
Ainsi sont nées les cuisines chinoise, indienne ou méditerranéenne.
Ces grandes traditions culinaires reposent sur une consommation importante de
fruits et de légumes et on y trouve, sous une forme ou une autre, la combinaison
bénéfique légumineuses-céréales : pois chiches et semoule de blé (le couscous) en
Afrique du Nord, fèves rouges et maïs en Amérique du Sud, soja et riz en Asie, fèves
blanches et blé en Occident. Le tout agrémenté d'un peu de viande ou de poisson.
Ces cultures ont aussi misé empiriquement sur des produits végétaux aux effets
anticancer importants : la combinaison curcuma-poivre noir en Inde, le soja en
Extrême-Orient, le thé vert partout en Asie.
On est loin de l'assiette nord-américaine typique...
La grosse pièce de viande accompagnée d'une petite patate anémique et de brocoli
trop cuit n'existe dans aucune des grandes traditions, où l'alimentation a toujours
constitué la base de la médecine. Ici, en 50 ans d'industrialisation, nous avons fait
une croix sur le savoir empirique accumulé pendant 200 000 ans. Nous avons