Pathologies thyroïdiennes : Les pathologies thyroïdiennes sont constituées de deux grands groupes : Il s’agit de motifs fréquents de consultation. Dysfonctions thyroïdiennes : – Hypothyroïdie – Hyperthyroïdie Nodules thyroïdiens et goitres : – Tumeurs bénignes – cancers I. Rappel sur l’organisation de l’axe thyréotrope : Hypothalamus TRH Hypophyse T4 T3 TSH Thyroïde T4 T3 T4-TBG T3-TBG FT4 FT3 Foie T4 T3 RT3 En clinique, pour faire un diagnostic on dose la TSH et la T3 et T4 libre. Mais TSH est le plus important pour la thyroïde, car T3 et T peuvent être modifiés par des pathologies extrathyroïdiennes. Sémiologie - Chapitre VIII : Pathologies thyroïdiennes - p. 1 / 7 II. L’hyperthyroïdie : A. Signes cliniques : Ces signes sont variés et généraux, ils ne sont pas constants chez tous les malades : - Nervosité - Thermophobie (chaleur constante) - Amaigrissement malgré que le malade a toujours de l’appétit, voir encore plus qu’avant. - Tremblements des extrémités - Tachycardie (palpitations intermittentes) - Diarrhées motrices (augmentation de transit intestinal : 2 à 3 selles molles par jour) Tous ces signes sont souvent discrets et ne sont pas toujours remarqué par les malades. B. Examens : Signes généraux : Pouls Poids Accélération cardiaque et troubles du rythmes possibles Examen de la thyroïde : Réalisation : On se place derrière le patient qui est assis ou couché puis on palpe la thyroïde qui normalement ne peut pas se sentir. On fait avaler sa salive au patient car normalement lors de la déglutition elle monte puis redescend. On recherche des goitres (augmentation de volume de la thyroïde) Ou des nodules, ganglions, des allopathies… Signes extracliniques : Exophtalmie : il s’agit d’une protrusion du globe oculaire hors de l’orbite (en avant) liée à une augmentation du contenu de l'orbite, globe oculaire exclu. Celle-ci peut être plus ou moins marqué chez les patients. Toutes les personnes atteintes de pathologies thyroïdiennes n’ont pas forcément une exophtalmie. En effet, on retrouve ce signe extra thyroïdien principalement dans la maladie de Basedow. Il s’agit d’une maladie auto immune. Sa gravité selon son ampleur peut mettre en jeu le pronostic visuel. Sémiologie - Chapitre VIII : Pathologies thyroïdiennes - p. 2 / 7 Normalement, la paupière supérieure recouvre l’iris de moitié, on voit bien qu’ici ce n’est pas le cas. Des œdèmes palpébraux sont aussi présents et plus ou moins importants. Il faut savoir que l’on traite de façon appropriée ce problème, en plus par exemple d’un traitement hyperthyroïdien. C. Etiologie de l’hyperthyroïdie : Maladie de Basedow : (grave) Femme jeune de 20 à 40 ans Maladie auto immune : Anti-corps qui stimulent le récepteur de la TSH de façon constante. Goitre diffus (non constant), vasculaire. On parle souvent de goitre soufflant car du sang passe à l’intérieure de la thyroïde et on peut l’entendre au stéthoscope. Quand on pose la main, il y a un frémissement. Exophtalmie pathognomonique dans 10 à 50% des cas et dans 5 à 10% des ces cas il faut une prise en charge spécifique. Cette exophtalmie est liée aux anticorps. Adénome toxique : Tumeur bénigne se développant au sein de la thyroïde qui échappe au contrôle de la TSH. Cette tumeur n’est en générale présente que dans une partie de la glande mais cela suffit à provoquer une hyperthyroïdie. Auto immunisation Autonomisation d’une partie de la glande (mutation somatique du récepteur à la TSH) Prédominance féminine mais il ne s’agit pas d’une maladie auto immune. Le nodule est parfois palpable Goitre multi nodulaire toxique : hyperfonctionnel = plusieurs zones de la thyroïde deviennent autonomes Femmes après 60 ans La physiopathologie est proche de l’adénome toxique. On observe plusieurs nodules actifs ou inactifs. Thyroïdites : Il s’agit d’une inflammation de la thyroïde qui est souvent non toxique mais va le devenir vers l’âge de 60 ans. Elles peuvent être silencieuses, De Quervain, post-partum… (post-partum : beaucoup plus rare souvent identifié grâce aux symptômes et au contexte clinique.) On observe toujours une phase de thyréotoxicose suivi d’une phase d’hypothyroïdie. En effet, l’inflammation va libérer une dose rapide et massive d’hormones puis hypothyroïdie. Les patients sont souvent vus au stade d’hypothyroïdie. C’est l’interrogatoire qui va permettre de les différencier. Sémiologie - Chapitre VIII : Pathologies thyroïdiennes - p. 3 / 7 Factice: Il s’agit d’une fausse hyperthyroïdie qui est du à l’administration d’hormones thyroïdiennes pendant un certain temps. D. Diagnostic: Biologique: Qui va permettre d’affirmer l’hyperthyroïdie La TSH est diminuée. C’est un marqueur très sensible qui est à prescrire en première intention et qui est souvent suffisant pour affirmer l’hyperthyroïdie. Les hormones T4 et T3 libre vont permettre d’apprécier la sévérité de l’hyperthyroïdie. Etiologique : Dosage anticorps anti R-TSH si positif = maladie de basedow Anticorps Anti R-TSH : sensibilité supérieure à 90%. Si ils sont négatifs alors : Scintigraphie 99Tc : Injection de Tc qui va se fixer sur la thyroïde. On obtient de zones de couleurs différentes. La forme de la scintigraphie va permettre de diriger le diagnostic. E. Principes de traitements : Antithyroïdiens de synthèse: carbimazole, PTU → pour traiter Basedow Traitement suspensif sauf pour Basedow = ce traitement bloque la synthèse des hormones thyroïdiennes mais ne guérit pas le patient. Sauf, dans le cas de la maladie de Basedow où une guérison est possible. Bien toléré mais risques : agranulocytoses, réactions cutanées… (surveillance NFS durant les premiers mois de traitement.) Problèmes de compliance des patients bien leur expliquer que même si ils vont mieux il ne faut pas arrêter le traitement ! Basedow: TTT 18 mois; rechutes 50 %→ traitement de 1ère ligne pour Basedow, on traite pendant 18mois, puis on arrête. En effet, Basedow guérit tout seul 1 x sur 2 au bout de quelques mois ou années. Traitements combinés ATS-Thyroxine Chirurgie : → pour traiter goitre ou adénome toxique (on enlève toute la thyroïde) En 2ème intention notamment en cas de rechutes de la maladie de Basedow ou lors d’un adénome toxique. Goitre volumineux, suspicion cancer Sémiologie - Chapitre VIII : Pathologies thyroïdiennes - p. 4 / 7 Risques: lésion nerf récurrent (nerf qui permet de parler), hypoparathyroïdie Hypothyroïdie définitive Rem : s’il y a 1 nodule dans 1lobe, on enlève seulement ce lobe. Le 2ème lobe permet de garder la fonction thyroïdienne. Le risque est qu’il y est une récidive mais sur le 2 ème lobe et une 2ème opération est plus délicate. Iode radioactif : → traiter goitre de la personne âgée Traitement de choix du goitre chez les personnes âgées, administration facile sans contre indications Traitement très spécifique aux troubles fonctionnels La dose administrée est plus forte que pour la scintigraphie Efficacité différée de quelques semaines à plusieurs mois Hypothyroïdie fréquente : on a du mal à doser son effet Pas de contre indication générale Remarque sur la Maladie de Basedow : On utilise un traitement combinant anti-thyroïdiens de synthèse et levothyroxine. On augmente ainsi les chances de rémission. La bonne dose d’anti-thyroïdiens étant souvent difficile à trouver, on préfère associer les deux ! Le traitement est en général équilibré en 3 mois ! (donc ne pas s’étonner de trouver les deux produits sur une même ordonnance) III. L’hypothyroïdie : Installation souvent insidieuse, lente, les patients consultent tardivement Asthénie Prise de poids Constipation Frilosité Bradycardie Examen: – bouffissure du visage, faciès lunaire – myxoedème : infiltration du tissu sous cutané par une substance ≠ oedèmes hydro sodés Bouffissures des mains Myxœdème A. Etiologies: Iatrogène : Chirurgie Iode radioactif Radiothérapie externe Thyroidite lymphocytaire de Hashimoto : Sémiologie - Chapitre VIII : Pathologies thyroïdiennes - p. 5 / 7 Goitre Ac anti-TPO (thyroperoxydase) ils sont non pathologiques mais là comme marqueurs Le seul traitement possible est la compensation Thyroidite atrophique Cas particulier des hypothyroïdies congénitales : Elles peuvent engendrer des problèmes neurologiques graves chez l’enfant. Dépistage obligatoire à la naissance : on dépose une goutte de sang du nourrisson sur une feuille de buvard avec la quelle on va doser la TSH. Si traitement dès la naissance, développement normal de l’enfant. B. Diagnostic et traitements: Biologique Augmentation de la TSH Diminution de T4 Ac-anti TPO Pas d’examens morphologiques sauf cas particulier ! Traitement Substitutif : le plus souvent à vie Les doses administrées sont progressives sinon il y a un risque d’hyperthyroïdie et de problèmes cardiaques Adaptation du traitement selon le dosage de la TSH IV. Le goitre : Augmentation globale du volume de la thyroïde Peut être associé à euthyroïdie (thyroïdie normale), hyper ou hypothyroïdie Peut être homogène ou nodulaire Prise en charge dépend de: – Fonction thyroïdienne – Caractère nodulaire ou non – Gène du patient (compression de la trachée ou de certaines voies jugulaires, esthétique) Exemple d’un goitre : Sémiologie - Chapitre VIII : Pathologies thyroïdiennes - p. 6 / 7 V. Nodules thyroïdiens : Soit découvert cliniquement Soit, de + en + lors d’échographies Très fréquent: – Prévalence avec âge, 90 % après 80 ans Moins de 5 % des nodules sont des cancers Le cancer différencié de la thyroïde est d’excellent pronostic Objectif: opérer le moins de nodules bénins possible sans laisser passer un cancer de la thyroïde qui est d’évolution lente et qui se guérit très bien ! A. Démarche diagnostic : Traitement : – – – – Palpable ou non Consistance, nombre, douleurs Modifications récentes Adénopathies Biologie : TSH (souvent normal), pas de marqueur (sauf calcitonine qui montre un cancer médullaire de la thyroïde qui est rare) Echographie : Précise les caractéristiques du nodule, visualise des nodules non palpés Scintigraphie : peu d’intérêt Cytoponction : on aspire quelques cellules, examen indolore sans risques qui permettent d’obtenir une orientation bénins, cancers… L’examen peut être répété, mais il ne faut pas oublier que ce ne sont que quelques cellules et non pas un morceau de tissu Tous les nodules ne sont pas forcément cancéreux ! On envisage une opération ou non selon ces 3 examens mais la plupart des patients sont en général surveillés car l’évolution est très lente ! VI. Cancers thyroïdiens différenciés : Papillaires Chirurgie: thyroïdectomie totale ± curage ganglionnaire Iode radioactif en post opératoire pour vérifier que l’on a tout enlevé, qu’il ne reste pas de cellules ! Traitement freinateur par thyroxine. La TSH stimule la croissance des cellules normales et néoplasiques. Un surdosage en thyroxine permet d’inhiber totalement la TSH afin qu’elle ne stimule surtout pas les cellules néoplasiques. On réalise ce traitement uniquement si il y a des facteurs de risque. Sémiologie - Chapitre VIII : Pathologies thyroïdiennes - p. 7 / 7