proscrit la discrimination fondée notamment sur le sexe tandis que le second reconnaît
expressément l'égalité entre les hommes et les femmes.
Bien entendu, un exposé de la situation qui a prévalu pendant des siècles permettrait de
mieux comprendre tout le chemin parcouru au cours du dernier quart de siècle. Mais d'excellentes
études existent déjà sur le sujet
. Qu'il suffise de dire que pendant trop longtemps la Justice
canadienne s’est montrée sourde et aveugle face aux victimes de crimes sexuels. Des mythes et
stéréotypes qui servaient de justification à des règles de droit iniques
devaient être dénoncés
afin de donner aux victimes d'agression sexuelle un accès à la justice que trop de barrières
systémiques rendaient illusoires. Mais encore fallait-il que les règles de droit soient modifiées, ce
qui ne fut pas chose facile, le législateur et les magistrats canadiens étant demeurés jusqu'à
récemment étrangement imperméable à l’analyse de la différence entre les sexes lorsqu'il est
question de droit pénal.
Il faut cependant reconnaître qu’au cours du dernier quart du vingtième siècle, le
Parlement a voté plusieurs lois en vue d’une répression plus efficace des crimes à caractère
sexuel et d’une protection accrue des droits des victimes d’agression sexuelle. Cependant, le
Voir Boyle (Christine L. M.), Sexual Assault, Toronto, Carswell, 1984. MacFarlane (Bruce A.),
«Historical Development of the Offence of Rape», dans Wood & Peck (editors), 100 Years of the
Criminal Codes, Ottawa, Association du Barreau canadien, 1993, pp. 111-187.
Telles l’exigence de corroboration du témoignage de la victime ou la mise en garde quant à sa crédibilité
réduite en cas d’absence de plainte spontanée. Pour un exposé critique de ces règles, voir Néron (Josée),
«L'égalité a-t-elle une existence légale? Le droit criminel et les femmes victimes d'agression sexuelle»,
dans Dagenais (Huguette ) (dir.), Science, conscience et action, Vingt-Cinq ans de recherche féministe au
Québec, Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 1996, p. 261-276, aux p. 264-265.Voir également
Boisvert (Anne-Marie), «Le droit pénal: barème de la condition féminine? - Le cas de l'agression
sexuelle», dans Femmes et Droit - 50 ans de vie commune et tout un avenir, Journées Maximilien-Caron
1991, Faculté de droit, Université de Montréal/Éditions Thémis, 1993, pp. 281-310.
De nombreuses études et analyses effectuées par des chercheuses féministes auront permis d’identifier
ces mythes et stéréotypes qui sont décrits et analysés dans la dissidence de la juge L’Heureux-Dubé, dans
l’arrêt R. c. Seaboyer, [1991] 2 R.C.S. 577.