![](//s1.studylibfr.com/store/data-gzf/6c828c2ecd40f25f53524b8766383bc6/1/001438824.htmlex.zip/bg2.jpg)
de la monnaie sur le marché des biens et services vient toutefois limiter l’efficacité souhaitée
de la politique budgétaire. Celle-ci entraîne dans ce cadre des contre-effets en apparence
classiques (effet d’éviction) qui doivent être « compensés » par une politique monétaire
expansionniste. Mais les artisans de la tentative de synthèse entre Keynes et les classiques ont
cherché à réduire encore l’étrangeté de Keynes vis-à-vis des classiques, en montrant que le
« bouclage » en question faisait resurgir (par le chas de l’aiguille) la possibilité d’un auto-
ajustement de l’économie vers le plein-emploi, via la baisse des salaires monétaires. A l’issue
des travaux de la synthèse (sous sa forme AS-AD), il ne reste plus de Keynes que l’idée de
l’efficacité de la politique monétaire.
3. La révolution monétariste.
Les monétaristes vont se charger de liquider ce dernier héritage. Il s’appuient sur la courbe de
Phillips (la relation statistique, reconnue par les keynésiens, entre la hausse des prix et des
salaires, d’un côté, et la réduction du chômage, de l’autre) pour en faire une lecture
radicalement anti-keynésienne. Ils inversent la causalité supposée entre l’inflation et le
chômage. A court terme, disent-ils, les politiques monétaires « keynésiennes » sont efficaces
parce qu’elles augmentent l’inflation, et prennent ainsi par surprise les salariés qui ne se
rendent pas compte que cela fait baisser leur salaire réel : l’embauche est relancée. Mais à
long terme les salariés ne se font plus prendre, et la monnaie retrouve sa neutralité classique.
Le chômage s’établit alors toujours spontanément au niveau que déterminent les
imperfections du marché du travail. C’est la théorie du taux de chômage structurel. Pour lutter
contre le chômage, il faut réduire les « rigidités » du marché du travail.
4. Les nouveaux classiques et les nouveaux keynésiens
Les nouveaux classiques ont encore radicalisé le message du monétarisme en montrant que la
politique monétaire n’est pas seulement inefficace à long terme, mais qu’elle l’est également à
court terme… parce que les agents anticipent correctement les effets des politiques
économiques (les agents sont monétaristes !). C’est la révolution des anticipations
rationnelles. De leur côté, les néo-keynésiens, faisant leur deuil de la possibilité d’expliquer le
chômage par les insuffisances de la demande effective (puisque l’on ne peut y remédier par
des politiques de demande), ont cherché à établir la possibilité d’un chômage involontaire en
imputant les rigidités de prix et de salaire au comportement rationnel des agents. Ces deux
écoles ont contribué un peu plus (à la suite du monétarisme) à rabattre les questions d’emploi
et de chômage sur le fonctionnement du marché du travail.
5. Les contours d’un « nouveau consensus »
Au terme de ces controverses, il se dessine un nouveau consensus en macroéconomie, qui met
en avant la conception d’un chômage structurel déterminant le taux de croissance potentiel de
l’économie. Ce nouveau consensus prend cependant acte de l’impossibilité de contrôler
l’inflation en jouant sur la « quantité de monnaie offerte », impossibilité qui a signé l’échec
dans les faits du monétarisme. La monnaie est endogène et le contrôle de la masse monétaire
passe par la demande (la fixation des taux d’intérêt). Sur ce point théorique important, les
tenants du nouveau consensus font allégeance (sans le reconnaître) aux Post-keynésiens. Mais
leurs objectifs restent classiques : maîtriser l’inflation en provoquant la récession par la
hausse des taux d’intérêt. Le rôle de la politique monétaire consiste toujours à faire en sorte
que l’économie ne s’éloigne pas durablement de son taux de croissance potentiel. La lutte
contre le chômage se joue plus que jamais sur le marché du travail.