CHI 013a – Histoire de la Chine moderne 3
Pourquoi et comment les Mongols ont ils pu s’imposer ?
Tout part de Temudjin, héritier d’une tribu mongole, qui parvient à battre toutes les autres tribus.
Dans la tradition, l’Ulus (nation mongole) n’existe que lorsque l’une des tribus parvient à dominer
toutes les autres. Une grande réunion est alors organisée, sorte d’AG géante, au cours de laquelle
un « grand Khan » est élu. En 1206, Temudjin est choisi et prend le nom de Gengis Khan
(Empereur de l’océan).
On peut dire qu’il a eu 3 idées de génie :
1. battre tous les autres ce qui lui a permis de devenir Grand Khan,
2. comprendre que pour unir l’Ulus, plutôt que de laisser se battre entre elles les tribus, il
valait mieux les unir en les envoyant se battre «contre le reste du monde » et lancer un
programme de « conquêtes ininterrompues ». On peut dire que tant que cette dynamique
a été maintenue, l’unité Mongole s’est maintenue,
3. donner à l’Ulus une loi organique (la grande Yasa) qui n’existait pas et qui couvre tous les
aspects notamment la conduite des affaires familiales, régionales, nationales,
internationales, commerciales sur les plans civil et politique.
Par ailleurs la mise en place d’un vaste réseau de routes, avec des systèmes de péage qui
produisent beaucoup de revenus a permis au système de perdurer. On peut considérer que
l’empire sino-mongol est un empire commercial, d’origine militaire, donc très organisé et efficace.
Il couvre alors plus de la moitié du monde connu !
Pour revenir à la Chine, avant les Yuan, celle-ci s’était repliée au sud du Yangzi. Au nord on avait
un ensemble de « royaumes tampons », non Han, en particulier les Jin autour de Pékin.
Les mongols prirent très facilement cette Chine du Nord, mais mirent 50 ans à dominer la Chine
du Sud. Il faut dire que les Chinois étaient très bons en « génie militaire » et en fortification de
ville, alors que les Mongols n’y connaissaient pas grand-chose et durent faire appel à des experts
militaires externes. Par ailleurs les Chinois avait un grand savoir faire traditionnel pour tout ce qui
concerne l’administration.
Gengis Kahn ne voulant pas faire appel à des Chinois, il se tourne vers ceux qui, non chinois,
avait été formés par ceux-ci : les Ouïgours. Ils en font des auxiliaires au niveau militaire et
administratif. Par ailleurs il prend la langue Ouïgour pour transcrire le Mongol qui n’était alors
pas une langue écrite. En gros, avant cette décision, les mongols n’avaient pas de vecteur de
transmission de leur culture. Notons au passage qu’ils n’avaient pas de religion, ie de système
structuré et organisé, mais seulement du « chamanisme local ». Cela expliquera en partie leur
grande ouverture aux autres religions, acceptant facilement celles-ci (il n’était pas rare qu’un Khan
ait des épouses ou des concubines musulmanes, chrétiennes, bouddhistes, nestoriennes … même
si la famille des Gengiskhanides favorisa assez amplement le bouddhisme lamaïque). C’est ainsi
que Kubilaï, qui pressure fortement le peuple et les lettrés, va favoriser les grands propriétaires
terriens laïques ainsi que les monastères bouddhiques, allant jusqu’à les exonérer des taxes
foncières, et même parfois à leur permettre de les collecter pour les garder à leur profit ! Cela ne
manquera pas de créer des situations conflictuelles qui contribueront à la chute des Yuan.
Si, à court terme, cette intégration à l’empire mongol a coûté cher à la Chine, à moyen et long
terme elle lui a été bénéfique par l’ouverture qu’elle a représenté et la circulation qu’elle a permis.
A cette occasion, les échanges « internationaux » ont conduit à développer les billets à ordre. Mais
ceux-ci proliférant, il a fallu l’organiser et cette normalisation a conduit à la création d’une sorte
de monnaie fiduciaire. Toutefois celle-ci était gagée sur le métal (la Chine était tri-métallique : or,
argent, cuivre) et une mauvaise maîtrise de ce nouveau système produisit inflation, vidage des