Petit manuel pour la création de slogans ■ Quelques techniques pour créer des slogans… ► Jouer avec les mots 1) Faire émerger des sens multiples La répétition par un double sens : Exemple : Coup de cœur, pas coût de cœur (Ford) C’est trop bête d’avoir des petites bêtes (Aérosol Spray- Pax) Piège à éviter : un taux de complexité trop élevé… Exemple : Le courant ne passait plus. EDF arrive en courant, me met au courant du problème, me remet le courant. Et tout ça avec le sourire, c’est pas si courant ! 5 sens différents du mot « courant » : le récepteur a une perception trop nette de la fabrication du slogan, c’est même plus drôle… Aide à la compréhension par une image : Exemple : La fin des pompes funèbres (Slang) ; grâce à l’image, le récepteur comprend qu’on parle de chaussures… Piège à éviter : L’image est si forte qu’on ne retient que l’une des interprétations et pas l’autre qui concerne la marque ! Exemple : Pour des mécaniques qui roulent (Total) ; l’image représente des muscles bien huilés : le récepteur peut retenir une pub pour une salle de sport ? Isotopie : 2 éléments avec un fil conducteur qui font comprendre le message d’une certaine façon. Exemple : Huit briques en liquide c’est toujours bon à prendre (jus de fruits) Piège à éviter : que l’une des isotopies l’emporte sur l’autre dans notre mémoire. Exemple : ci-dessus, c’est l’isotopie financière qui l’emporte. Utilisation de mots familiers : comme on n’a pas l’habitude de les voir écrits, cela interpelle et attire l’attention. Exemple : Entre le bricolage et vous il faut que ça colle. Piège à éviter : Cela peut choquer le récepteur car il n’a pas l’habitude de voir ces mots qu’il utilise dans la langue orale par écrit. Exemple : Le café Stentor, le café bien balancé : référence au physique d’une femme… 1 2) Le choc des contraires C’est une bonne technique d’utiliser des couples de contraires dans un slogan car tout le monde en connaît quelques-uns, et visuellement, ils émergent comme 2 repères attirant notre attention. En début/fin de groupes : Exemple : Dur avec la saleté / Tendre avec les couleurs (Mir) Un paradis/ pour tous les enfers (Nissan) Il n’est pas obligatoire de mettre les contraires en début/ fin de groupes, du moment qu’ils occupent la même place dans les 2 parties de la phrase. Exemple : Ce sont aussi les petits détails qui font les grandes voitures. Répétition des contraires : encore plus d’impact ! Exemple : Il vaut mieux être petit et voir grand que grand et voir petit. Un antonyme dépendant de l’autre : permet une bonne cohabitation de deux antonymes ne vont pas ensemble… Exemple : La douce violence d’un parfum d’homme (Drakkar noir) 3) Imbriquer, faire et défaire des mots Le mot valise : c’est mélanger 2 mots. Exemple : Le loto c’est spormidable ! Piège à éviter : Un mot valise ne peut faire entrer en lui que deux mots ayant un fragment phonique commun. Exemple : Nathan+ logiciel = non Nathan + ordinateur = Ordinathan Ou confiture + compote = Confipote Jeux d’oral et d’écrit… ou déplacement des frontières des mots Exemple : Un parfum de nouveau thé (Eléphant) La logique mentale est perturbée : on s’attend à voir « nouveauté », et ce n’est pas ce découpage de mot qui apparaît ! Dim moi tout : aucun sens (dim ne veut rien dire) mais oralement on entend « dis-moi tout ». 2 La dérivation par le vide : Rappel : la dérivation = changer la nature du mot en rajoutant préfixe/suffixe, … Ex : personnifier → personnification, personnage, personne, … Mais pour un nom de marque, ce n’est pas toujours facile ! Par exemple, prenons Dior → dioreux ? dioraire ? diorique ? dioresque ? Le mieux = très Dior La dérivation par le vide, c’est placer le nom de la marque dans une position d’adjectif qualificatif par exemple. Exemple : L’année commence très Ford. De plus, l’ajout d’un affixe serait parasite dans nos mémoires et altère le nom de la marque. ► Intrusion dans une formule figée Chacun d’entre nous a en tête des formules figées : expressions idiomatiques, titres de films, de livres, de chansons, proverbes, maximes, … C’est une technique assez efficace car le récepteur connaît déjà la phrase dans laquelle est imbriqué le nom de la marque. Attention : le nombre de syllabes doit être le même dans le remplaçant et le remplacé. Exemple : Expressions idiomatiques : Prends tes Dim à ton cou Hansaplast tout nouveau tout bobo Je suis dans tous mes Etam Maximes/proverbes : En avril, ne te découvre pas d’un Dim Vivre de Woolite et d’eau fraîche Titres de films : Dolce Gervita Chaussures Eram et bottes de cuir Love Flory Pièges à éviter : - le terme remplacé est connoté négativement. Exemple : Aux urnes citoyens ! (PS) « armes » = négatif - Il y a une mauvaise compatibilité sémantique entre le remplaçant et le remplacé. Exemple : Faites-lui un gros colin (De Dietrich) - Ne pas trop défigurer la formule figée de départ… Exemple : Tendre ou bien cuit on peut choisir (Micro ondes) > Boire ou conduire il faut choisir… 3 ► Structurer le son du slogan C’est important car quand on lit un slogan, il y a une petite voix intérieure qui l’oralise et le récepteur « l’entend ». En vers et en rimes : efficace car c’est une structure familière. Exemple : Sortez du troupeau // roulez en Polo (VW) Donnez des ailes // à vis Diesels (Total) Les deux segments ne doivent pas forcément être de la même longueur ; on peut avoir le nom de la marque et un vers qui rime avec ce nom. Exemple : Nectar Un plaisir rare (Jacques Vabre) Structure avec anti-rimes : audace ! Exemple : Choisissez bien. Choisissez BUT. C’est par qui ? C’est Parker ! Structure avec répétition à l’initiale : Exemple : Du pain. Du vin. Du Boursin. Plus haute. Plus forte. Plus belle (NRJ) Structure à fuite : Exemple : Des pâtes, des pâtes, oui mais des Panzani ! Les deux premiers fragments sont égaux, et le troisième est plus long et plus rapide. Allitérations (répétition de mêmes consonnes) et assonances (répétition de mêmes voyelles) : Exemple : Vittel vous aide à retrouver la vitalité qui est en vous. André, le chausseur sachant chausser… 4