de nombreux éléments des théories anarchistes notamment (Marx, 1968)
. Ainsi, il considère que la
démocratie politique et économique devra s’appuyer sur « des conseils ouvriers », des comités d’usine et « des
comités de quartiers » sur la révocabilité des élus, sur l’élection des fonctionnaires comme cela à pu se faire
durant la commune de paris de et ce jusqu’à aboutir «au dépérissement de l’Etat » (Leduc, 1989 : 135-156). Ce
sont ces idées qui sont à la base de la planification démocratique, du socialisme autogestionnaire.
Le positionnement de Marx dépasse donc l’opposition entre le « coopérativisme » et l’étatisme »,
l’opposition entre Proudhon et Lassalle (d’orientation stalinienne), « l’un laissant dépérir l’autogestion faute
d’une vision politique globale, l’autre la tuant en érigeant l’Etat en démiurge de la société » (Leduc, 1989 : 215).
Le socialisme autogestionnaire, va donc tenter d’unifier et de dépasser cette opposition.
Jean Rous nous rappelle que « l’autogestion fut reprise par le syndicalisme révolutionnaire français avec
Pelloutier. Il est vrai que le mot ‘’auto’’ n’y figurait pas encore. C’était toujours la gestion par les collectivités de
base, non par l’Etat, générateur de bureaucratie. Jaurès fit sienne cette conception et son socialisme était un
équilibre des Communautés de base, se gérant librement ». Après Marx son travail sur la commune, « Lénine
reprit cette idée dans son livre « l’Etat et la Révolution », mais la révolution russe ne put la réaliser » (…). En
France, dès 1946, nous en avions fait la base de la Gauche Socialiste. Nous avons fondé, dans cet esprit, la
revue : « La Pensée Socialiste » qui se considérait comme un cahier du travailleur au service de
"apprentissage de la gestion. On verra que ce qu’on appelle aujourd’hui l’autogestion était déjà notre stratégie
maîtresse (Rous, 1975)
.
La CFDT propose à son congrès de 1970 une alternative à la société capitaliste : le socialisme
autogestionnaire. Des courants socialistes (PSU, Objectif socialiste, CERES) ou issus du trotskisme (AMR) se
réclament alors également de l’autogestion. Après l’avoir combattu, le PCF adopte cette thématique le 7
novembre 1977. Les 14 thèses pour l’autogestion » du C.L.A.S. ont été rédigées en 1974 par Victor LEDUC et
adoptées, après quelques amendements mineurs par le Comité de liaison pour l’autogestion socialiste. Le
CLAS regroupait notamment l’Alliance marxiste révolutionnaire, les Comités d’initiative communiste, le Parti
socialiste unifié (PSU) (CLAS, 1974)
.
La dimension autogestionnaire dans la pensée de Marx
Lucien Goldman, un théoricien du marxisme (1970)
a cherché à redonner sa place à l’autogestion au sein
du Marxisme. Il relève chez Marx une approche fondée aussi sur la liberté des individus, sur lequel vont
d’ailleurs s’appuyer les socialistes autogestionnaires dans les années 1970. Certains auteurs tentent, tel
Corcuff (2003)
de faire ressortir chez Marx, le rôle de l’individu. D’autres tel Victor Leduc (1989)
cherchent à
réhabiliter l’importance des théories de la liberté et de l’autonomie chez Marx.
Chez Marx, les principes de liberté des individus et des groupes ne sont pas mis de côté et rejoignent en
partie les idées anarchistes de Proudhon. Le socialisme autogestionnaire a tenté une synthèse de ces deux
courants que sont le socialisme d’Etat (Marx) et le fédéralisme autogestionnaire de Proudhon.
Sur le plan de la production, ce dernier consiste dans la création d’une « démocratie économique
mutualiste : les agriculteurs sont propriétaires d’une parcelle qu’ils exploitent, et ils s’associent avec d’autres au
sein d’ensembles coopératifs, eux-mêmes inclus dans une fédération agricole. Le secteur industriel devrait,
quant à lui, être composé de multiples propriétés collectives concurrentes entre elles mais associées en une
MARX Karl, La Guerre civile en France, 1871 Editions Sociales, 1968.
ROUS Jean, « Socialisme francais et autogestion », Ethiopiques numéro 1
revue socialiste de culture négro-africaine, janvier 1975.
C.L.A.S., 1974, Les 14 thèses pour l’autogestion, http://alterautogestion.blogspot.com/2009/10/quatorze-theses-pour-
lautogestion.html
GOLDMAN Lucien, 1970, Marxisme et sciences humaines, Idées, NRH.
CORCUFF Philippe, 2003,, La Question individualiste, Stirner, Marx, Durkheim, Proudhon, Editions le Bord de l’eau.
LEDUC Victor, 1989, Aliénation ou autogestion, le dilemme de notre temps, La Brèche,