marque-t-elle le grand retour du capitalisme d'Etat ?
Le match des capitalismes
Le nouvel Economiste
Philippe Plassart et Patrick Arnoux
Quand aujourd'hui économistes, philosophes et décideurs politiques s'interrogent sur l'évolution récente du
capitalisme, leur conclusion est sans ambiguïté : la prophétie de Friedman d'une planète uniformisée par la
mondialisation s'est révélée inexacte. Cette dernière entraîne au contraire la coexistence de différentes formes de
capitalisme. Si des forces de convergence demeurent, le capitalisme anglo-saxon semble montrer des signes de
faiblesse et perdre de sa force fédératrice. Il doit en effet cohabiter avec d'autres formes de capitalisme : européen
continental (comme en Allemagne et en France), familial (comme en Inde et en Chine), ou encore étatique (comme
en Russie et en Chine). Cette dernière forme interpelle particulièrement les analystes car elle est révélatrice d'une
autre tendance : les fonds souverains montrent que c'est aujourd'hui hors du marché que s'accumulent les capacités
d'investissement les plus importantes.
Également dans ce numéro
MONDIALISATION ET MARCHE DU TRAVAIL
Les emplois exportables
Finances et développement
David Coe
Si le phénomène des délocalisations n'a longtemps concerné que les emplois faiblement qualifiés exposés à la
concurrence internationale, les technologies de l'information et de la communication (TIC) rendent aujourd'hui de
nombreux emplois, en particulier dans le secteur des services, potentiellement " sous-traitables ". Le mouvement de
délocalisation de grande ampleur qui pourrait se produire toucherait dès lors également les travailleurs
moyennement et hautement qualifiés, pesant ainsi sur leurs niveaux de rémunération comme sur la sécurité de
l'emploi (effective ou ressentie) dans les pays développés. Il importera donc, estime l'auteur, afin notamment de
rendre la mondialisation plus acceptable, de dédommager les perdants de ce processus, sans toutefois créer de
désincitation au travail.
SCIENCE ECONOMIQUE
Confiance et croissance
Centre d'analyse stratégique
La confiance, dans la mesure notamment où elle permet d'intensifier les échanges et de favoriser les attitudes
coopératives, est nécessaire au développement et au bon fonctionnement d'une économie. L'étymologie de l'adjectif
" fiduciaire " - fiducia, en latin, signifie confiance - indique d'ailleurs clairement combien l'usage de la monnaie,
c'est-à-dire l'activité économique, repose effectivement sur la confiance. Plusieurs travaux économétriques tendent
du reste à confirmer la robustesse du lien entre confiance et croissance. Comme l'ont remarqué les lauréats du Prix
du livre d'Economie 2008, Yann Algan et Pierre Cahuc, dans leur essai La société de défiance, les Français se
distinguent par une confiance particulièrement faible aussi bien dans les autres que dans les institutions. Le retour de
la confiance - donc de la croissance - ainsi que la survie du modèle social français pourraient dès lors passer par une
amélioration de la transparence de l'action publique, une simplification de la réglementation (la complexité étant
souvent suspectée de dissimuler des différences de traitements importants) ou encore une réforme du système
éducatif.
DEVELOPPEMENT
L'aide au développement revisitée
Commentaire
Patrick Guillaumont et Sylviane Guillaumont Jeanneney
L'aide au développement fait, depuis quelques années, de nouveau l'objet de nombreux débats. Ce regain d'intérêt
s'est accompagné d'une augmentation de l'effort d'aide consentie par la communauté internationale. Celle-ci a fini en
effet par prendre conscience des écarts que la mondialisation avait contribué à creuser entre les pays développés et
émergents et les pays les plus pauvres. L'aide au développement continue cependant d'être victime, en particulier en
France, d'un certain nombre d'idées fausses et contradictoires. Les auteurs se proposent, afin de rendre la politique
française d'aide au développement plus efficace, d'en remettre en cause cinq parmi les plus dommageables.