Serge R. Nicolas. http://psychologieethistoire.googlepages.com. 2006
d’autant plus souhaitable que je n’avais jamais, de propos délibéré,
appliqué ces vues à une espèce prise séparément. ». Cette conception, qui
implique une grande proximité entre l'Homme et les autres primates, ne
fait évidemment pas l’unanimité. Il est, en particulier, difficile d’admettre,
même si Darwin n’a jamais dit cela en ces termes, que « l’Homme
descend du singe ». Le contexte de l’Angleterre Victorienne n’est guère
favorable, et il faut remarquer que, même parmi les partisans des thèses
évolutionnistes, nombreux sont ceux qui, pour rester dans le convenable,
préfèrent se référer plus ou moins timidement à une intervention divine.
Ernst Mayr (1989, p. 353) fait remarquer que, durant la première moitié
du 19ème siècle, les savants anglais cherchent fortement à allier la science
et le dogme chrétien.
L’évolution biologique sera cependant progressivement admise
par un certain nombre de chercheurs. Mais, dans The Descent of Man,
Darwin bouscule une autre barrière, celle qui sépare l’esprit animal de
l’esprit humain. Il affirme clairement : « Mon objectif dans ce chapitre est
de montrer qu’il n’existe aucune différence fondamentale entre l’homme
et les mammifères supérieurs pour ce qui est de leurs facultés mentales ».
Cette affirmation que les différences entre la psychologie humaine et celle
des autres espèces ne sont pas de nature mais de degré pose problème. En
particulier, ceci ne peut être accepté par les psychologues de l’époque
pour qui le comportement humain, la psychologie humaine, n’a rien de
commun avec ce que l’on trouve chez l’animal.
On rejoint là les préoccupations de Spalding. Le problème n’est
pas dans le contrôle du comportement. On commence à comprendre et à
admettre le rôle fondamental du cerveau, aussi bien chez l’animal que
chez l’homme. Le vrai problème se situe au niveau de l’origine des
comportements. Sont-il enracinés dans le passé évolutif des espèces
comme le propose la théorie de Darwin ? En d’autres termes sont-ils, au
moins partiellement, instinctifs, indépendants de l’apprentissage ? A
l’inverse sont-ils essentiellement dépendants de l’expérience individuelle
comme le proposent les psychologues de l’époque ?
En fait, on se trouve à ce moment dans une impasse. Si l’idée de
l’Evolution finit par être progressivement acceptée, comme le signale
Mayr (1989, p. 343), ceci ne s’accompagne cependant pas du choix et de
l’adoption d’une théorie explicative des mécanismes. Pourtant, une
explication basée sur d'hypothétiques modifications comportementales au
cours de la phylogenèse ne suffit plus, pas plus que l'affirmation de