LA PERCEPTION
I ] INTRODUCTION
A PRELIMINAIRES
1) Etymologie :
- Le mot perception vient du latin percipere qui veut dire recueillir, percevoir, éprouver.
- Percipere lui-même, est un composé de capere (prendre.)
Il est intéressant de noter les mots éprouver et prendre qui dépasse un sens simplement passif. Percevoir ne
serait donc pas simplement un l’état de celui qui reçoit passivement.
2) Définitions :
- Classique : Processus d’organisation spontané de nombreuses sensations présentes ; processus par
lequel un individu appréhende un objet. La perception est donc la construction et l’organisation des
sensations.
- Moderne : (issue de la phénoménologie) acte vécu de notre corps par lequel le sujet se projette dans le
monde et y dégage des significations. La perception est la saisie d’un tout, d’une structure sous sa forme
globale, et ce, grâce au corps et au langage.
3) Première approche :
La perception apparaît comme une approche avec les objets qui nous entourent. On peut donc déjà
dégager que leur présence est évidente, et que nous pouvons glaner une somme de renseignements sur eux :
Le monde est là quoi que je puisse en penser. Certes, je peux voir quelque chose sans en être certain, et dès
lors je veux vérifier si ce que je vois et bel et bien comme je le vois. Nos perceptions ne constituent pas des
garanties suffisantes pour savoir de manière certaine ce qui est devant nous.
A priori le mot percevoir peut convenir avec n’importe quel sens, qu’il soit externe ou interne : Je
perçois la voiture qui vient au loin, je perçois le bruit du vent, je perçois ce qu’il faut sous-entendre dans ce
cours de philosophie… Dès à présent, souvenons-nous bien que l’homme est un tout agissant comme un
tout, et que les sens sont coordonnés les uns les autres.
S’il apparaît que la perception soit un tout objectif, il faut reconnaître que là-dessus, l’attention peut
s’orienter de plusieurs façons : Elle peut privilégier l’objet ou opérer un retour réflexif sur le sujet. C’est sur
cette distinction que repose l’opposition classique et moderne.
Quoi qu’il en soit, la perception est une fonction vitale : c’est la seconde réaction de l’être vivant. En
effet, perception et sensation se réfèrent aux sens, lesquels sont vitaux puisque biologiques. Grâce à eux
nous nous adaptons au monde :
« Nos sens sont très fidèles et très exacts, pour nous instruire, des rapports,
que tous les corps qui nous environnent ont avec le nôtre ; mais ils sont incapables de nous apprendre ce que
ces corps sont en eux-mêmes »
(Malebranche, De la recherche de la vérité).
La notion de perception est complexe et difficile. Elle est la pierre d’angle d’une opposition irréductible
entre ce que les philosophes actuels appellent la position classique, et la position moderne.
En réalité, la position dite classique (ou intellectualiste) est d’inspiration cartésienne, et n’est donc classique
que par opposition à la phénoménologie. Aristote et S. Thomas ne peuvent nous être secourables, que si l’on
étudie dans leur ensemble leur exposé sur la connaissance. Ce que nous ferons ultérieurement. Mais ne nous
leurrons pas, même nos deux maîtres laissent quelques zones d’ombres sur cette notion.
De plus, pour simplifier le tout, il ne faut pas, en fait admettre 2 grands points de vue différents sur la
notion de perception, mais bien plusieurs.
II ] DISTINCTIONS
L’opposition radicale qui règne entre les intellectualistes et les modernes repose sur le fait que les classiques
distinguent sensation et perception. Il est donc nécessaire de travailler rapidement la notion de sensation.
A DU SENTI AU PERCU
Etablir la distinction, nous renvoie donc à la position classique (au sens aristotélicien) et cartésienne.
Sensation et perception désignent les fondements de la connaissance sensible.
1) La sensation est-elle connaissance ?
La sensation semble être le donné le plus élémentaire, mais elle n’est pas encore la connaissance elle-
même. La sensation est ce qui est vécu immédiatement par un sujet situé dans le monde : le chaud, le froid,
le rouge, … Mais nous pouvons constater que le simple usage de ces mots censés exprimer des sensations,
trahit leur essence : une sensation exprimée par des mots est déjà interprétée, conceptualisée… comme si la
sensation pure était ineffable.
La sensation est trop antérieure à la perception pour qu’elle constitue un acte de la conscience pour
Descartes : je ne dis pas avoir la sensation du bleu, mais je dis voir le bleu… Mais enfin ! Peut-on voir et
connaître, si l’on n’a pas senti préalablement ? A ce titre, Aristote tient que la sensation est connaissance :
rien n’est dans l’intelligence si ce n’est d’abord passé dans les sens. Quand nous sentons, nous avons
conscience : l’homme est un tout agissant comme un tout, cf. la thèse de l’hylémorphisme.
2) Est-ce que la sensation pure existe ?
C’est à dire une sensation qui ne serait pas superposée par la perception ou la faculté de connaissance.
Les philosophes de la phénoménologie attaquent avec virulence une telle sensation. Pour eux, elle n’existe
pas, sauf dans le cas pathologique de l’agnosie, maladie qui rend incapable de reconnaître ce qui est perçu,
alors même que l’activité sensorielle fonctionne. En réalité, la sensation pure existe sans quoi, encore une
fois, toute connaissance serait impossible. Mais il est vrai que cette sensation pure n’est pas apparente dans
un sujet connaissant normal.
B NATURE DE LA SENSATION
La sensation n’est pas une connaissance : sur ce point les philosophes modernes sont d’accord. La
perception n’est pas une peinture du monde, mais une réaction biologique de l’organe sensoriel à son milieu.
L’origine de la sensation est subjective.
1) La sensation dépend de l’organe excité.
La sensation dépendrait de l’organe excité, comme le prouve le fait qu’une excitation identique
appliquée à des nerfs sensitifs différents, produit des sensations différentes. De même que différents
excitants peuvent sur un même nerf provoquer la même réaction.
Reconnaissons donc l’aspect subjectif de la sensation ; de fait, n’arrive-t-il pas souvent que quelqu’un
entende un bruit quand son voisin, ne perçoit rien.
Alors, la sensation : subjective ou objective ? Pour se dégager d’un tel dilemme, il faut se souvenir de la
nature de la connaissance sensible : c’est l’action de l’objet sur le sujet qui connaît selon son mode de
connaissant. La connaissance vient de l’action de l’objet sur le sujet. Donc la connaissance est objective
mais dépend de la nature du sujet et de ses dispositions. Tout ce qui est reçu, l’est selon le mode du
récepteur. Il y a une double réalité de la connaissance relative à l’objet et au sujet : tous les degrés sont
possibles entre objectivité absolue et subjectivité absolue.
La connaissance est une relation.
2) La sensation : synthèse mentale ?
Autre pierre d’achoppement : la sensation porte t’elle sur l’image ou sur un tout ? On se souvient de la
théorie des petites perceptions, qui tient la sensation pour une synthèse mentale, et qui ne serait pas la copie
de l’objet mais une synthèse active, une réaction originale du vivant. Telle est la théorie des philosophes de
la phénoménologie.
3) Les limites de la sensation
Les cartésiens (notamment Alain) insistent sur le fait que les organes sensoriels ne captent jamais la
totalité de l’information : il est bien des aspects que nous n’enregistrons pas (ultra-sons, ultra-violets,…) La
sensation semble découper dans le monde, son monde environnant… un « Umwelt ». Notre umwelt n’est
pas celui du chien, ni de l’abeille. Dès lors, la sensation est-elle le décalque de l’univers ? Ne reteint-elle pas
que ce qui peut intéresser l’être vivant dans son effort d’adaptation.
4) L’analyse moderne du sens commun
Comment est perçu le sens commun par les philosophes modernes ?
Ils (Descartes compris) reconnaissent le sens commun comme foncièrement réaliste, mais trop… Pour eux,
le sens commun est l’ensemble confus des croyances naturelles et des habitudes à partir desquelles nous
interprétons notre expérience immédiate de la réalité physique. Ainsi le réalisme partirait toujours du
postulat que nos perception représente la réalité des objets matériels et extérieurs, cause objective de nos
perceptions.
Cependant la philosophie moderne considère le sens commun comme un obstacle que rencontre la
raison quand elle veut connaître le monde. Ils considèrent le sens commun comme une simple opinion
engendrée par les sens et qui constitue un produit nocif conduisant à l’illusion.
Ainsi, estiment-ils qu’ils faut se reporter sur une organisation rationnelle de la pensée : Descartes, Pascal,
Leibniz et Newton se posent d’abord en savant. Tous, même si leur point de vue diverge, se confrontent à la
question de l’objectivité de la science qui prend pour objet la réalité extérieure.
L’opposition entre science et sens commun apparaît dans l’analyse de la perception : qui est le mode
immédiat entre l’esprit et le monde matériel. Comment atteindre les formes objectives et universelles sous
lesquelles le monde apparaît médiatement à la pensée.
Les philosophes modernes affirment impossible toute influence réciproque entre ces deux ordres
qualitativement opposés : matériel / spirituel ; fini / infini ; hétérogène / homogène. Alors qu’au contraire, le
sens commun croit en une interaction entre matière et esprit.
C’est là, le divorce entre esprit et matière : on a créé une indépendance entre le monde physique et le monde
spirituel. De cette séparation, la physique se développe indépendamment de la considération métaphysique
et théologique (d’où que curieusement, les scientifiques actuels aiment à se transformer en philosophe :
Louis le Prince Ringuet, …)
III ] LE DEBAT PHILOSOPHIQUE
A LA THEORIE INTELLECTUALISTE
Selon la théorie cartésienne, la perception est l’acte par lequel un individu, organisant ses sensations
présentes, les interprétant et les complétant par des images et des souvenirs, s’oppose un objet qu’il juge
spontanément distinct de lui.
La perception suppose donc toute une construction mentale par laquelle les sensations vécues sont
extériorisées et interprétées : je vois des lignes et des traits, mais je perçois des maisons par exemple. Ainsi,
la perception est œuvre de l’entendement, un examen attentif exercé par la faculté de l’intelligence.
Est-ce que percevoir serait juger ? La perception serait-elle l’œuvre de l’esprit ou du moins sa
manifestation ?
1) L’extériorisation des sensations
Descartes distingue la pensée (i.e l’état de conscience) qui est intérieur, de l’objet matériel (qui se
ramène à l’étendue) lequel est extérieur.
Pour Descartes, la sensation est purement subjective dans la mesure où elle est une modification de la
conscience. Dès lors, comment puis-je percevoir un objet dans l’espace ? Comment à partir d’une donnée
inétendue et subjective de l’âme puis-je percevoir un objet étendu ?
Descartes répond : par un ensemble de jugements ! L’espace est l’objet d’un jugement et non pas d’une
sensation. Certes ce jugement s’exerce à partir de la sensation, mais dans la mesure où la perception est
jugement, la perception n’est pas sensation. La perception de la distance serait donc un acte d’interprétation.
Je ne « vois » pas la distance puisque chaque rayon lumineux, de si loin qu’il me parvienne, frappe la rétine
à bout portant. Donc la distance est interprétée. Percevoir est donc un acte purement intellectuel.
Ce jugement, cette interprétation est le fruit de l’expérience : il n’est pas inné. Cf. l’exemple de l’aveugle-
né.
Ainsi, pour les cartésiens, la sensation est le donné élémentaire provoqué par le sens suscité, elle suit
l’impression qui est produit par l’action de l’objet. Impression et sensation ne sont pas construites mais
reçues. C’est par la suite qu’intervient la perception qui elle, est construite (par un acte de l’entendement) :
le sujet interprète et synthétise la sensation. On comprend bien que la sensation est ici, un contenu primitif et
originel de la conscience, antérieur à la perception.
2) Interprétation des sensations : perception des objets significatifs
A la suite de Descartes, Alain défend l’idée que la perception est une activité de la raison : un objet est
jugé et non pas senti. Par exemple, je dis que je perçois un cube : or je ne vois pas littéralement le cube
puisque le cube possède par définition 6 faces et 12 arêtes et qu’il m’est impossible de les voir toutes
simultanément. J’aurais au mieux la sensation de 3 faces et de 9 arêtes. Donc, lorsque je dis que je perçois
un cube, en réalité, je juge d’après les 3 faces et les 9 arêtes que c’est un cube. La perception est donc une
organisation (effectuée grâce à un travail intellectuel d’interprétation et de jugement) des données
immédiates sensibles. Le jugement est donc omniprésent dans la perception, il structure les apparences et
donne son vrai sens au réel : quand je vois des manteaux et des chapeaux, le sensible en lui-même ne me dit
pas s’ils sont des hommes : c’est le jugement qui l’affirme ! Il s’introduit dans la lecture des phénomènes et
rend possible la perception. Le jugement fonde la vérité.
Ainsi, pour Alain, la perception est une construction intellectuelle : l’objet perçu est forcément pensé (bien
plus que senti.) Mais dès lors, il convient de se poser une question fondamentale : Percevoir quelque chose,
est-ce en avoir connaissance ?
Cependant, Descartes reconnaît qu’on ne prend pas toujours conscience de l’activité du jugement
[ Pour bien comprendre cette démarche, il est nécessaire de revenir sur ce qui a été dit du volontarisme
cartésien.]
Il faut ajouter un tissu complexe de souvenirs, d’associations d’idées, de jugements,… bref, la culture et
l’expérience sont fondamentales : là où je vois une simple étagère, un autre verra un bibliothèque en
merisier de style régence.
La perception étant un ensemble de jugements, l’illusion des sens est la source de l’erreur de jugement.
L’art impressionniste pourrait être rattaché à la philosophie de la sensation pure : ainsi, l’artiste voudrait
représenter ce qu’il perçoit en dehors de toute considération globale.
3) Perception et connaissance
Dans l’acception cartésienne, la perception est un début de science puisque l’objet est jugé et pensé.
Ainsi est soulevé le problème de la naissance de nos idées, seraient-elles un produit dérivé de nos
perception ?
Ou au contraire : N’est-ce pas la connaissance de nos idées qui nous permettent de mieux percevoir la
réalité ?
Dans ce débat s’oppose l’intellectualisme de Platon et Descartes (faisant primer le jugement sur la
sensation) à l’empirisme qui suppose que la perception permet de prendre conscience de la réalité
(perception considérée déjà en elle-même comme une connaissance.)
Kant prétendait dépasser cette opposition : nos connaissances s’appliquent à la réalité perçue mais elles ne
peuvent pas entièrement dériver d’elle… ainsi il retient les propositions suivantes :
- Sur la seule perception on ne peut rien fonder, mais en même temps, on ne peut pas s’en passer.
- Ne pas confondre perception et expérience, laquelle dépasse la perception puisque cette dernière reste
enfermée dans son cadre spatial déterminé. L’expérience est le produit d’une série de perceptions
semblables ou différentes qui ont été transformé en souvenirs.
Ainsi, l’expérience se réfère au temps et la perception à l’espace.
Comprenons bien que pour Kant espace et temps sont des formes à priori de la sensibilité, i.e deux
conditions de perception, lesquelles structurent notre expérience : l’espace mettant en forme la perception
des réalités extérieures, et le temps mettant en formes la perception de notre propre conscience.
La position kantienne pose un grand problème : celui du subjectivisme. La perception serait-elle
subjectiviste ?
B LA CRITIQUE DE LA THEORIE INTELLECTUALISTE
L’axe de cette critique repose sur le fait que la perception est une donnée globale immédiate. Quand
on perçoit, on saisit d’emblée et sans juger une organisation des formes. Aussi la perception n’est pas une
synthèse de la sensation, car on ne doit pas distinguer sensation (donné élémentaire des sens) et perception
(fonction psychologique plus élaborée).
Ils accusent aussi les cartésiens d’accorder trop de poids au jugement et de délaisser exagérément le
corps ; pour eux, les cartésiens font de la perception quelque chose de désincarné. Accusant les cartésiens
d’intellectualisme, ils affirment que ces derniers privilégient la pensée conceptuelle et discursive, faisant ainsi de
la perception un début de science (puisque celle-ci est une connaissance rationnelle obtenue par démonstration.)
Faut-il donc revenir aux choses elles-mêmes, au monde d’avant la connaissance ?
La perception serait-elle une relation vitale de notre corps avec les choses, avec le monde ?
1) La phénoménologie de la perception
La phénoménologie décrit ce qui apparaît : le donné réellement vécu. Ses philosophes veulent mettre de
côté toutes hypothèses et théories pour regarder ce qui est vécu par la conscience. On comprendra
facilement que la phénoménologie accuse les cartésiens de poser trop de postulats et d’hypothèses (telle la
sensation pure). Pour eux, il n’est pas démontré que la sensation doit-être transformée par un travail
intellectuel pour devenir une perception. Ils récusent donc la perception comme jugement
A ce sujet, Merleau-Ponty se montre catégorique : l’acte de sentir est une communication immédiate et
vitale avec le monde. C’est le rapport de mon corps avec le monde qui organise le champ perceptif. La
sensation pure n’est donc qu’un mythe pour lui (on appréhende toujours un système de relations). Aucune
expérience ne peut nous prouver son existence. Or, c’est précisément l’expérience corporelle qui est
fondamentale. Ainsi, la perception serait un commerce corporel avec le monde : une organisation des
formes.
2) La Gestalt théorie
Différente de la phénoménologie, cette position philosophique n’en est pas moins opposée à la tradition
cartésienne : il ne faut pas différencier perception et sensation.
La Gestalt théorie, encore appelée Gestalt Psychologie, ou psychologie de la forme enseigne la distinction
suivante : la perception n’est pas un ensemble de sensation, mais la perception est forcément perception
d’un ensemble ! Nous ne groupons pas par un travail intellectuel des sensations qui furent d’abord isolées.
Les objets se découpent d’eux-mêmes, je n’ouvre pas les yeux sur un monde de lignes et de points. Ces
objets sont d’emblée organisés : c’est ce qu’ils appellent la loi de la bonne forme. Ce qui est premier dans
l’organisation perceptive, ce sont des ensembles structurels et non des éléments. Ainsi, dans une mélodie
chaque note ne compte que par la fonction qu’elle exerce dans l’ensemble : si on la transposait, la structure
du tout étant respectée, la mélodie ne change pas.
Ainsi, la part du donné dans la perception du monde est plus importante que ce qu’affirme les
intellectualistes, et l’importance de ce qui est construit, les significations acquises ne sont pas à exagérer.
Forme et matière sont inséparables (ainsi, pour reprendre l’exemple de la honte perçue, la Gestalt
psychologie enseigne que celle-ci est immédiatement saisie). Une telle position s’oppose à l’optique
cartésienne et même kantienne pour qui la sensation est la matière de la connaissance, et la perception (qui
naît du jugement) en est la forme.
3) La perception à distance
Bien que nous n’ayons pas encore travaillé la notion d’espace, il convient de dire un rapide mot sur la
distance qui pour les opposants du cartésianisme est donnée et non construite.
En effet se pose la question : la perception de la distance est-elle la conclusion d’un jugement ? Faut-il
interpréter la grandeur apparente des objets ?
Pour les gestaltistes il existe une intuition immédiate de la distance - même si celle-ci est grossière - :
ainsi, nous ne voyons pas un objet petit et flou pour conclure après raisonnement qu’il est loin… Non !
d’après les gestaltistes cet objet est vu tout de suite en profondeur. D’ailleurs les enfants qui dessinent ne
savent pas rendre cette perspective, mais pour eux tel ou tel objet est quand même plus en profondeur qu’un
autre.
La perception n’est pas une attitude analytique séparée. Cf. l’illusion de Muller-Lyer qui nous apparaît telle
parce que considérée dans son ensemble : c’est la structure globale de la figure qui détermine l’illusion
perceptive. De même, l’exemple de deux morceaux de papier de même couleur, l’un éclairé, l’autre non ; le
premier semblera être d’une couleur différente.
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