cours de philosophie, d’histoire et d’économie politique dans les universités de Bonn
et de Berlin (1864-1865). De retour en France, il choisit l’économie politique ; il
publie des articles dans la Revue nationale (1865) du leader libéral et orléaniste
Édouard Laboulaye, entre à la rédaction de la Revue des deux mondes (1869) sous le
patronage de François Buloz et adhère à la branche française de la Ligue
internationale et permanente de la paix fondée en 1867 par Arlès-Dufour, Michel
Chevalier, Jean Dollfus et Frédéric Passy. Son mariage en 1870 avec Cordélia
Chevalier, fille du célèbre économiste saint-simonien Chevalier, lui permet d’élargir
son réseau relationnel et d’approcher les cercles du pouvoir. Il collabore au Journal
des débats (1871) et débute une carrière professorale en obtenant d’Émile Boutmy la
chaire des finances de la toute nouvelle École libre des sciences politiques (1872). En
1878, il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques où Chevalier
siège depuis 1851 ; en 1879-1880, il reprend au Collège de France la chaire
d’économie politique occupée par Chevalier depuis 1840 – et avant lui par les
libéraux Jean-Baptiste Say et Pellegrino Rossi –, poste qu’il conserve sans
discontinuer jusqu’en 1916. Conseiller général dans l’Hérault pendant près de vingt
ans – là encore, il succède à Chevalier
–, fondateur, éditorialiste et directeur de
l’hebdomadaire libéral L’Économiste français de 1873 à 1916
, il rédige une vingtaine
de livres dont le plus célèbre – De la colonisation chez les peuples modernes –
connaît pas moins de six éditions entre 1874 et 1908
; cet ouvrage lui vaut d’être à la
fois reconnu comme un des grands théoriciens de la colonisation française et comme
l’économiste qui a entraîné le libéralisme français sur la voie de la colonisation,
Il est élu conseiller général du canton de Lunas, dans l’arrondissement de Lodève, de 1877 à
1895 et de 1901 à 1907. Il se présente sans succès aux élections législatives de 1878, 1881,
1885 et 1889.
En réalité, Leroy-Beaulieu reprend en 1873 le titre d’un journal fondé dix ans auparavant
par le saint-simonien et fouriériste Jules Duval, fervent partisan de la colonisation française
en Algérie (voir son livre Les colonies et la politique coloniale de la France, Paris, A.
Bertrand, 1864). Sous sa direction, L’Économiste français se voulait l’organe « des colonies,
de la colonisation et de la réforme par l’association et l’amélioration du sort des classes
pauvres ». Parmi les 16 fondateurs de la seconde version de l’Économiste français, on
trouve, outre Leroy-Beaulieu, des hommes d’affaires et des députés de Bordeaux, Paris,
Marseille, Lyon et Le Havre. Le nouvel hebdomadaire a donc une assise à la fois libérale et
régionale. L’absence de représentants de Lille ou de Rouen s’explique peut-être par la
faiblesse des idées libérales dans ces deux grandes villes.
L’état moral et intellectuel des populations ouvrières et son influence sur le taux des
salaires, Paris, Guillaumin, 1868. Recherches économiques, historiques et statistiques sur les
guerres contemporaines, Paris, Lacroix-Verboeckhoven, 1869. L’administration locale en
France et en Angleterre, Paris, Guillaumin, 1872. La question ouvrière au XIXe siècle, Paris,
Charpentier, 1872. Le travail des femmes au XIXe siècle, Paris, Charpentier, 1873. De la
colonisation chez les peuples modernes, Paris, Guillaumin, 1874. Traité de la science des
finances, Paris, Guillaumin, 1877. Le développement du socialisme d’Etat et le rachat des
chemins de fer, Paris, F. Debois, 1880. Essai sur la répartition des richesses et sur la
tendance à une moindre inégalité des conditions, Paris, Guillaumin, 1881. Le collectivisme,
examen critique du nouveau socialisme, Paris, Guillaumin, 1884. L’Algérie et la Tunisie,
Paris, Guillaumin, 1887. Précis d’économie politique, Paris, Delagrave, 1888. L’État moderne
et ses fonctions, Paris, Guillaumin, 1890. Traité d’économie politique, Paris, Guillaumin,
1896. Le Sahara, le Soudan et les chemins de fers transsahariens, Paris, Guillaumin,
1904. L’art de placer et de gérer sa fortune, Paris, Delagrave, 1906. La question de la
population, Paris, Alcan, 1913. La guerre de 1914 vue en son cours chaque semaine d’août
1914 à fin juillet 1915, Paris, Delagrave, 1916.